— Par Michèle Bigot —
Dieudonné Niangouna s’invite et nous invite de ce côté. Du miroir, du réel, du continent? Probablement tout cela en un seul en scène – un « tout seul », selon sa propre expression- où le récit autobiographique, l’expérience théâtrale et le vécu politique sont étroitement entremêlés, indissociables.
Dido (allonyme et raccourci de Dieudonné) est au fond de son bar, comme au fond de son exil. Il est exilé de son pays, le Congo-Brazzzaville, comme il est exilé du théâtre, son autre patrie. Il « fourgue du stand-up à répétition » dans son bar-théâtre et échange avec les clients, tous activistes afro-africains qui ne cessent de le harceler. Sa parole est alors peuplée d’une polyphonie où s’entremêlent les arguments des activistes, le récit de l’explosion du théâtre de Brazzaville , la plainte des victimes, les accusations portées contre lui, sa propre culpabilité d’exilé et la nostalgie de sa vie familiale. Le harcèlement des autorités, les tiraillements de sa conscience, les reproches des activistes, tout ce déferlement de paroles à lui adressées le submergent et finisent pas l’isoler de lui-même.