Janine Bailly

Au théâtre : « Paroles Citoyennes », le festival des récits contemporains

Mise à jour du 12 avril : Outre que le texte d’Edward Snowden est particulièrement éclairant, la mise en espace réalisée pour le Festival a fait de sa lecture par Pierre Deladonchamps un véritable spectacle. Les représentations en ligne continuent, dès ce lundi, avec sept autres propositions citoyennes !

Jean-Marc Dumontet, producteur de spectacles et fondateur de Paroles citoyennes, voulait absolument que le festival ait lieu, en dépit de la fermeture des salles : « Le maintien du festival, en ligne, permet de faire travailler une cinquantaine d’artistes et de techniciens alors que le secteur est à l’arrêt depuis un an… Rien ne remplace le spectacle vivant, cette expérience unique de s’assoir dans une salle de théâtre et de partager un spectacle. Il est évident que l’expérience est différente. Il n’empêche que grâce à Facebook et ses 40 millions de comptes, on peut toucher un panel extrêmement important, plus large que d’habitude ». Un festival visible à La Martinique, contrairement à d’autres – Festival de Films de Femmes, festival Vues d’Afrique etc. – étrangement signalés « contenus non disponibles dans votre région », et même pour certains « visibles en France »(sic) ! 

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Mission Bern : « Un rendez-vous incontournable pour tous les amoureux du patrimoine »

Le Loto du patrimoine fait des heureux en  Martinique : le projet des propriétaires de la Villa Didier, à Fort-de-France, a été retenu auprès de dix-sept autres, proposés par toutes les régions de France. « Avec le soutien financier de la Mission Bern, la Villa Didier signe son acte de renaissance ! » (France Antilles)

À l’occasion de cette quatrième campagne de restauration de la Mission Patrimoine, Roselyne Bachelot-Narquin, Ministre de la Culture, se réjouit du succès de l’entreprise : « Je suis particulièrement fière des dix-huit sites emblématiques que nous avons sélectionnés avec Stéphane Bern et les équipes de la Fondation du patrimoine : ils reflètent bien la diversité du patrimoine français – on y trouve des édifices religieux comme des bâtiments civils, agricoles, industriels ou militaires, en passant par des maisons de personnalités célèbres, mais aussi quelques châteaux… L’originalité de la démarche du Loto du patrimoine est qu’elle part du terrain. Ce sont les habitants eux-mêmes qui proposent des projets de sauvetage d’un monument de leur environnement. Cette action a déjà permis de sauver des centaines de trésors en péril, souvent non classés ou inscrits aux monuments historiques et ne pouvant légalement, de ce fait, bénéficier d’une aide directe de l’État pour leur restauration.

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L’Afrique, dans l’œil des photographes

Une exposition, un livre, pour connaître l’histoire du Mozambique, et pour approcher autrement le continent africain
Mário Macilau et le Mozambique : la photographie peut-elle servir à exorciser les fantômes d’un pays ?

Cette question occupe une grande place dans le travail de Mário Macilau¹ qui, à travers ses séries photographiques, scrute l’histoire récente du Mozambique². Né en 1984, arrivé à la photographie un peu par hasard, passé « de l’univers de la rue à celui des galeries », il commence à photographier la capitale, Maputo³, après la guerre civile (1977-1992), alors qu’il fréquente les enfants errants de la ville. « Au début, je considérais l’appareil photo comme un jouet, à cause des polaroïds, ça me semblait étrange. Mais après les accords de paix, en 1992, les ONG et les missionnaires étrangers ont quitté le Mozambique en laissant derrière eux des appareils photo et des caméras ». Le jeune homme tente alors sa chance professionnellement. « Puisque tout le monde cherchait du travail en pleine reconstruction du pays, je me suis dit “pourquoi pas” ? », explique-t-il. Il s’intéressera dès lors aux marginaux et aux « fantômes de l’histoire », verra ses photographies publiées dans la presse, et sera connu à l’international !

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De la cérémonie 2021 des “Molières”, et de la fermeture des salles de spectacle…

– par Janine Bailly –

Théâtres occupés, “Molières” bloqués ? La 33e édition de la cérémonie aura-t- elle lieu ? Une opération “Coups de théâtre !” sera-t-elle programmée à la télévision ?

À la Martinique

Si nous avions jusqu’alors le rare privilège de garder salles de spectacles et de cinéma ouvertes, si le Festival des petites Formes, proposé par la structure Tropiques-Atrium-Scène nationale, a pu se dérouler jusqu’au bout sans encombre, l’information tombée ce mardi 30 mars vient refermer sur nous l’espoir. La situation se dégradant, les cas de Covid explosant – suite à des « vidés » de Carnaval (voir sur le site Montraykreyol) ? suite à des manifestations où le masque et la distanciation physique n’étaient pas forcément de rigueur ? –, la fermeture des salles au public est annoncée, et devrait – pour le moment – durer du 1er au 19 avril 2021. Une information donnée, selon Martinique Première, aux organisateurs de spectacles hier soir, lundi 29 mars. Des mesures qui devraient être également renforcées par la prolongation du couvre-feu. Chez nous aussi, voici que, seule, la “servante” reste autorisée à veiller au cœur de salles éteintes !

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Résister : « Les Zébrures de printemps ».

D’après un reportage de Anaïs Heluin, pour le site Sceneweb

Malgré les contraintes actuelles, l’équipe de la manifestation culturelle Les Francophonies – Des écritures à la scène a maintenu ses Zébrures du printemps, du 20 au 28 mars 2021, mais uniquement pour un public de professionnels.

Le festival, dédié aux écritures francophones, prend la suite des Nouvelles Zébrures organisées par les Francophonies jusqu’en 2019, année de la nomination d’un nouveau directeur : le metteur en scène, conteur et comédien burkinabé Hassane Kassi Kouyaté, qui tient avec ce rendez-vous à « mettre en valeur les processus d’écriture d’auteurs francophones aux origines et aux esthétiques très diverses ». Pour en accompagner ensuite certains jusqu’à la mise en scène, et programmer les spectacles issus de cette recherche dans le cadre des Zébrures d’automne. En Limousin, les Francophonies ont de la suite dans les idées !

Ci-dessous, deux belles propositions à côté de huit autres, dans lesquelles l’écriture s’offre en partage avec un minimum d’artifices, et qui illustrent bien la vision de la francophonie souhaitée par Hassane Kassi Kouyaté : résolument diverse, ouverte au monde.

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Olivier Py, paroles d’espoir :  Avignon, coûte que coûte !

« On est porté par l’énergie de l’espoir »

Finalement, Olivier Py dirigera un Festival de plus. Ainsi en a décidé la pandémie. La 75e édition de ce festival, qu’il pilote depuis 2014, devait être pour lui la dernière. Mais, en cette période tourmentée, la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot a jugé bon, à l’automne, de le maintenir pour une année supplémentaire à la tête de la manifestation, celle de l’année 2020 ayant été annulée. L’auteur-metteur en scène aura donc assumé finalement, si tout va bien, huit étés avignonnais… Il ambitionne pour juillet 2021, la tenue d’une édition « exceptionnelle, de relance et de combat ». Un festival animé d’un fort désir de penser le monde dans le temps d’après : il y serait question d’utopie, de dystopie, d’apocalypse parfois, dans un esprit qui s’apparente souvent à la science-fiction. « Se souvenir de l’avenir » est d’ailleurs la bannière du festival 2021. Elle a beaucoup plu à Edgar Morin, qui la reprend pour la soirée du 13 juillet dans la Cour d’honneur. Beau geste de la part d’un penseur qui entre dans sa centième année !

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Adeline Flaun : Le Festival des petites Formes, section adultes

« Moi Dispositif Vénus », création d’Adeline Flaun : pour les grands, on vous dit !

– par Janine Bailly –

De la dystopie, imparfaitement aboutie et selon laquelle, dans une société futuriste le corps physique idéalisé des femmes serait devenu la “marchandise” suprême, irriguant de ses potentialités sexuelles des réseaux sociaux exclusivement dédiés au commerce et de la chair et de Vénus, on retiendra avant tout qu’elle permet un dispositif d’écrans orientables et mobiles, sur lesquels se projettent des silhouettes aux formes exacerbées, se mouvant en dimensions agrandies, et qui sur le plateau prennent à intervalles plus ou moins réguliers le relais de la comédienne, une voix langoureuse susurrant alors ce que, selon les clichés en vogue, sont censées dire à leurs “clients” de virtuelles péripatéticiennes… Une phrase revenant en leitmotiv, – dont je n’ai pas gardé les mots mais le sens – pour affirmer qu’ensemble “elle et lui” ont passé un bon ? un beau moment ?

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Célébration : le centenaire du Prix Goncourt 1921 décerné à René Maran

– par Janine Bailly –

Il faut sortir de l’oubli un écrivain injustement retourné dans l’ombre ! En effet, le prix Goncourt n’a pas empêché René Maran de sombrer quelque peu dans l’oubli. Il serait noble que les Caribéens, les Guyanais en particulier, et les Africains, se réapproprient et mettent en valeur les nombreux chefs-d’œuvre littéraires qui racontent leur histoire. (Éric Amiens, journaliste)

Hommage dans la Caraïbe

♦ Afin de rendre un bel hommage à René Maran, ce 22 mars, Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale Martiniquaise, a reçu à Tropiques Atrium à Fort-de-France, élèves et enseignants : « C’est avec beaucoup de sympathie que j’accueille cet auditoire composé de jeunes pour rendre hommage à René Maran… J’ai jugé indispensable que la CTM honore et préserve la mémoire de cet écrivain, qui a prouvé que la littérature peut être au service de la vérité et de la justice (…) Son roman contredit tous ceux qui prétendaient, et continuent encore à soutenir, que leur soi-disant mission civilisatrice avait un autre but que le pillage et la domination ». Pierrette Leti-Palix, Professeur de lettres, a souligné l’importance de cette manifestation  : « Un jeune Martiniquais va se reconnaître dans ce texte parce qu’il aborde des questions humaines.

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Musique : TOUT’ KOULÈ, l’album de Patrick JEAN-ELIE 

L’artiste :  auteur, compositeur, interprète, musicien 

Patrick Jean-Elie passe son enfance à Ajoupa-Bouillon, en Martinique, dans les années 60. C’est un touche-à-tout : la lutherie, l’électronique puis l’informatique, il est avide de toutes les évolutions technologiques, et les applique à la musique. La guitare devient son instrument de prédilection, bien qu’on le retrouve souvent dans les petits groupes de kadans et de konpa du quartier, derrière une cloche, une conga ou une basse. C’est la musique brésilienne qui l’inspire d’abord le plus, alors qu’il baigne dans les rythmes de biguine, de mazurka, mais aussi du merengue, et ensuite du reggae et du jazz. 

Dans les années 80, pendant ses études d’informatique, il joue et chante sur les marchés, dans les piano-bars de Marseille et Aix-en-Provence, des chansons de la Caraibe et de chanteurs à texte, français et étrangers. Le verbe et la poésie du monde sont essentiels à sa culture, comme la lutte contre les inégalités et les oppressions. Il rencontre des musiciens du monde entier, pendant qu’il apprend les bases de l’harmonie jazz avec le guitariste marseillais Jacky Barreau. 

Il revient au pays en 1993, pour y créer son entreprise de services informatiques professionnels, AITEC, présente aujourd’hui dans toute la Caraibe.

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À paraître, de Mérine Céco : « Le Pays d’où l’on ne vient pas »

Annonce sur le site Montraykréyol 

La littérature féminine martiniquaise, qui faisait, jusqu’à tout récemment, pâle figure à côté de son alter ego guadeloupéen, s’affirme d’année en année. Avec Térez Léotin, Ina Césaire, Nicole Cage, Suzanne Dracius, Christiane Sacarabany, Jala, Anique Sylvestre, Gaël Octavia, Nady Nelzy-Odry… et tant d’autres, elle trace son chemin, certes dans un relatif silence médiatique, lentement mais sûrement, cela avec une vigueur et une inventivité surprenantes : le 25 mars 2021, le nouveau roman de Mérine CécoCe pays d’où l’on ne vient pas, qui paraît aux éditions Écriture, sera disponible en librairie.

Biographie brève : extrait de Mondesfrancophones

Corinne Mencé-Caster, de son nom de plume Mérine Céco, née en 1970 à La Martinique, est une universitaire et écrivaine française (romancière, essayiste…).

Elle suit en parallèle des études de philosophie et de littérature. À 22 ans, elle est agrégée d’espagnol puis docteur en sciences du langage (1996). Elle commence sa carrière à l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), en 1994, en tant qu’attachée temporaire d’enseignement et de recherche. Elle devient ensuite maître de conférences (1997-2007), puis professeur des universités, en 2009 doyen de la Faculté de lettres et de sciences humaines sur le pôle Martinique.

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 À voir sur France TV, le spectacle « Noire », de Tania de Montaigne

– par Janine Bailly –

À voir sur France 5, le vendredi 19 mars 2021 à 20h50. À revoir sur Culturebox, en diffusion gratuite depuis le 8 mars, et ce jusqu’au 09/12/2021. 

Le spectacle Noire, d’après le roman Noire-La Vie méconnue de Claudette Colvin, adapté et mis en scène par Stéphane Foenkinos, était accueilli au Théâtre du Rond-Point, à Paris, en juin 2019 puis en septembre 2020. Tania de Montaigne s’est emparée de son propre texte, donnant voix à ce personnage qui « a tout permis mais qu’on a oublié ». Pour que revive sous nos yeux l’histoire, la comédienne s’accompagne de films, d’archives, de voix et de témoignages qui situent ce parcours, nécessaire et singulier, dans son contexte. Elle fait entrer l’auditoire dans l’intime de son héroïne. Le spectacle Noire avait été initialement porté à la scène au Centre national de création d’Orléans, en décembre 2016.

La critique de Joëlle Gayot dans Télérama :  « Ce n’est pas du théâtre, c’est mieux ! L’histoire n’a pas retenu son nom ? Tania de Montaigne fait d’elle l’héroïne d’un spectacle. Ce n’est pas du théâtre, c’est mieux : un témoignage revenu du passé, et qui donne vie aux invisibles. »

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Jean Cocteau vu par Pedro  Almodóvar : « La Voix humaine »

Deux ans après Douleur et Gloire, le cinéaste espagnol adapte librement la pièce en un acte de Cocteau dans un court-métrage d’une trentaine de minutes où Tilda Swinton, en amante éconduite, embrase l’écran, plus altière et incandescente que jamais. The human voice-La Voix humaine¹ sort en DVD et VOD, le 19 mars 2021.

D’après Patrick Tardit  dans « Infodujour »

Tilda Swinton² donne son physique atypique, sa « pâleur », son « mélange de folie et de mélancolie », à son personnage, une femme seule, abandonnée, quittée par son amant… Si de celui-ci, jamais on n’entendra  les répliques, ou les questions, il nous sera cependant loisible, par la grâce de la réalisation, de l’imaginer…

Synopsis : Trois jours que les valises de l’homme sont faites et prêtes à partir, après quatre années de bonheur. Trois jours qu’elle l’attend, qu’elle attend de ses nouvelles, mais il ne viendra même pas chercher lui-même ses bagages. En complet bleu, elle sort acheter une hache, avec laquelle elle va s’acharner sur le costume sombre de l’absent posé sur le lit ; en ensemble rouge, elle pioche dans les pilules entassées dans le tiroir de sa table de chevet.

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Traduire ou ne pas traduire, telle est la question !

– par Janine Bailly –

La polémique récente concernant la traduction en langue néerlandaise de la poétesse noire américaine Amanda Gorman par une écrivaine blanche, oblige à se reposer la question des limites de ce qui serait un rapport identitaire aux textes à traduire, élargissant ainsi un vieux débat autour de l’idée que la traduction serait une trahison. Une trahison qui deviendrait double si, aux problèmes de culture et de langue, s’ajoutait celui de la couleur de peau !

Naissance d’une polémique, d’après le Journal Le Monde

André Markowicz, écrivain et traducteur de Dostoïevski : « Personne n’a le droit de me dire ce que j’ai le droit de traduire ou pas. »

À l’origine, un poème, The Hill We Climb /  La colline que nous gravissons, un poème écrit et lu par la jeune poétesse et militante afro-américaine Amanda Gorman, à la demande de Joe Biden, pour le jour de son investiture. Un poème patriotique, whitmanien, avec citations de la Bible, accents de gospel et de slam, et appel aux bons sentiments, comme le genre l’exige. Ce poème-là, du jour au lendemain, allait devenir célèbre, et se verrait appelé à être traduit dans toutes les langues du monde.

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« Bernarda Alba from Yana », être femme, toujours et sous tous les cieux !

Spectacle par Le Grand Théâtre Itinérant de Guyane, au théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France. Adaptation et mise en scène d’Odile Pedro Leal.

– par Janine Bailly –

Ce qui sans doute fait la force et l’intérêt de Bernarda Alba from Yana, adaptation de La casa de Bernarda Alba du dramaturge espagnol Federico Garcia Lorca, c’est son intemporalité, ou son universalité. Un paradoxe assumé, puisque l’intrigue se déroule en une sorte de huis clos, qu’elle ne sortira jamais de la maison ou du domaine de Bernarda – si ce n’est que le reste du monde sera entrevu par les fenêtres des chambres, tour à tour permises ou interdites, seules ouvertures sur l’extérieur concédées par la tyrannie d’une mère promue, au décès de son second mari, chef incontesté de la cellule familiale. Paradoxe assumé, puisque les passions mises en scènes, les déchirements qu’elles entraînent, allant jusqu’à faire imploser un cercle exclusivement féminin, furent sous tous les cieux et de tous temps, du domaine de la tragédie ; qu’aussi la critique sociale sous-jacente à l’histoire pourrait se concevoir aujourd’hui autant qu’autrefois… Que sont suggérées, par une simple paire de longues bottes noires posées sur une chaise en ouverture de spectacle, les amours ancillaires du maître de maison… Que l’argent se révèle parfois être le moteur des actions humaines, et des choix qu’en dépit de ses sentiments intimes on se croit tenu de faire… et qu’enfin la distribution des comédiennes et comédien, multiple par la couleur de peau et les origines, donne l’idée d’un peuple guyanais mêlé, où l’on vivrait sans préjugés « raciaux » d’aucune sorte…

Sous la férule de leur mère, elles tentent de vivre, les cinq filles recluses dans le giron qu’on dit protecteur, et qui pour une longue période de deuil selon la tradition vient de se refermer sur elles, interdites les robes et dentelles trop frivoles, interdite la poudre de riz sur le visage, que d’un brutal revers de main Bernarda balaiera !

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« Be Natural-l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché », de Pamela B. Green

Mardi 9 mars à 16H, salle Frantz Fanon. Un documentaire instructif autant qu’émouvant, pour tous les amoureux des femmes et du cinéma ! 

– par Janine Bailly –

Be Natural, l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché (États-Unis, 2018, 1h42) ressuscite une figure de femme encore trop souvent méconnue, et dont l’œuvre, comme si on l’avait voulu maintenir prisonnière dans l’ombre des hommes, a trop longtemps été occultée.

Alice Guy, la Française qui débuta comme secrétaire chez Gaumont avant d’en devenir la directrice artistique, s’étant un jour emparée d’une caméra a écrit et réalisé le premier film narratif de l’histoire du cinéma. Pionnière audacieuse, d’abord reconnue puis longtemps ignorée, elle sort aujourd’hui de l’ombre grâce à ce documentaire de Pamela B.Green.

Alice Guy, jeune et jolie femme, qui dans un monde d’hommes avait su s’imposer, sans craindre d’innover ni de battre en brèche les tabous et injonctions de son époque, celles faites à son sexe plus particulièrement… Dans un court-métrage de sept minutes, intitulé Les Résultats du féminisme, que peut-on voir en effet ? Des hommes qui se fardent, paradent dans leurs beaux habits, s’occupent des tâches ménagères , du repassage et des enfants, pendant que les femmes, au café, boivent, fument et draguent, volant même au secours d’un pauvre garçon qui se fait importuner… Et la scène se passe en 1906 !

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Mars 2021 : Un week-end dédié aux femmes, dès avant le 8 mars

– par Janine Bailly –

Communiqué de France Antilles : Ce 8 mars, la Journée internationale des Droits des Femmes est relayée par la plupart des chaînes de télévision. Des Antilles jusqu’aux confins de la Terre, les femmes s’expriment dans le monde entier, par le biais du tube cathodique. Le programme est ici, extrait de “France-Antilles Le Mag” du week-end.

Aux origines

Selon le site internet officiel du 8 mars, l’origine de la Journée internationale des droits des femmes s’ancre dans les luttes ouvrières, et dans celles des suffragettes… dans les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail, et l’égalité entre les hommes et les femmes. Des manifestations qui agitèrent la Russie, l’Europe et le monde occidental, au début du XXe siècle.

Officialisée par les Nations-Unies en 1977, la “Journée Internationale des Femmes” est aujourd’hui une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Une journée qui reste d’une brûlante actualité, car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer !

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« Outrage », un film pour parler différemment des hommes et des  femmes. 

Lundi 8 mars à 20H30 et Lundi 15 mars à 16h00, à la Salle Frantz Fanon de Tropiques-Atrium

Tropiques Atrium propose, en lien avec la Journée nationale des luttes pour les droits des femmes, un film américain de fiction, Outrage , réalisé en 1950 par Ida Lupino.

Ida Lupino (1914 ou 1918- 1995) et le monde du cinéma

Grande actrice américano-britannique des années 40 et 50, Ida Lupino s’imposera à Hollywood comme l’une des rares femmes scénaristes, réalisatrices et productrices de son époque. Elle raconte comment, dans ce métier, elle a eu l’impression de s’ennuyer sur les plateaux de tournage, alors que « quelqu’un d’autre semblait faire tout le travail intéressant ». Avec son mari, l’écrivain Collier Young, elle fonde donc la compagnie The Filmakers, alternative au modèle des studios hollywoodiens, ce qui lui permet de traiter en toute indépendance des thèmes peu conventionnels, souvent absents dans ces décennies-là des écrans américains.

Outrage est une commande d’Howard Hughes pour la RKO. Voici un film dont le scénario traite d’un sujet particulièrement inhabituel et hardi pour l’époque, à savoir les traumatismes subis par une jeune femme, victime d’un viol.

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Femmes de Martinique, fanm doubout : le programme d’un week-end prolongé

La journée internationale des droits des femmes est inscrite dans l’agenda international le 8 mars. Cette année, la journée tombant un lundi, les autorités et autres associations ont décidé de fêter les femmes durant tout un week-end prolongé, par des manifestations diverses, qui peuvent aller du vendredi 5 au lundi 8 mars. Les occasions de plébisciter les actions des fanm doubout seront nombreuses et variées : théâtre, exposition, film, mise en lumière des artisanes et créatrices, etc.

Union des Femmes de Martinique, communiqué publié le 02/03/202 :  un collectif pour “hisser” haut les droits des femmes ! L’UFM propose deux rendez-vous inédits, les 7 et 8 mars !

À l’occasion de cette journée spéciale, l’UFM appelle au rassemblement le plus large possible afin de poursuivre activement la lutte pour les droits des femmes. « C’est ensemble et solidairement, autour d’une idée, celle de l’urgente nécessité de continuer à se mobiliser pour revendiquer nos droits, que nous ferons avancer notre société ! »

Dimanche 7 mars : à 14 h, les féministes et symapthisant·es sont invité-es à participer à une visio-conférence internationale, en présence de nombreuses féministes du monde : « Oliwon latè, fanm ka goumen » , à l’Hôtel de la CTM

♦ En présence d’Angela Davis et 16 autres féministes de 17 pays différents : Dominique, Sainte-Lucie,  Trinidad, République Dominicaine, Haïti, Guadeloupe, Guyane, Brésil, Argentine, états-Unis, Algérie, Sénégal, Nouvelle Calédonie, Océanie, Kurdistan, France.

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La saison estivale 2021 au Théâtre du Peuple de Bussang

Simon Delétang a dévoilé le programme de la saison estivale de son Théâtre, dans les Vosges. Une saison qui se déroulera du samedi 3 juillet au dimanche 5 septembre 2021.

-– par Janine Bailly –-

« L’annulation de la saison d’été 2020 a été un profond traumatisme, mais nous avons appris de cette période et ne nous laisserons plus surprendre », explique Simon Delétang, metteur en scène, comédien, et depuis octobre 2017 directeur du Théâtre du Peuple de Bussang. À la sortie de l’été, début septembre 2020, il avait mis en scène Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, de Stig Dagerman, sous la forme d’un oratorio électro-rock, avec le groupe Fergessen (Michaëla Chariau et David Mignonneau), originaire de Saint-Dié-des-Vosges. Ce spectacle, entre deux confinements, avait été pour le public une véritable bouffée d’oxygène. Il sera repris pendant cette saison estivale. Stig Dagerman, né Stig Halvard Jansson, le 5 octobre 1923 à Älvkarleby, mort le 4 novembre 1954 à Danderyd, fut un écrivain et journaliste libertaire. Il reste l’un des auteurs suédois les plus importants des années 1940.

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Sur France Musique, « L’invité du jour : Olivier Py »

« Il n’y a pas de logique sanitaire à la fermeture des salles, c’est donc une injustice »

Au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, Olivier Py met en scène La Voix humaine de Poulenc, sur un livret de Jean Cocteau, et une création mondiale, sur un livret qu’il a lui-même écrit, Point d’Orgue du compositeur Thierry Escaich. L’occasion pour lui d’évoquer aussi l’avenir du Festival d’Avignon, qu’il dirige.

À voir en ligne fin mars, les opéras

La création de Point d’orgue met en miroir La Voix Humaine de Francis Poulenc, offrant une résonance actuelle à cette œuvre phare du XXe siècle. Le spectacle, par lequel Poulenc “dialogue” avec le compositeur Thierry Escaich, sera disponible sur France Musique le 27 mars, et disponible en VOD sur le site du Théâtre des Champs-Élysées.

Olivier Py retrouve pour cette nouvelle production la soprano Patricia Petibon¹, avec qui il aime collaborer : « Elle est comme ma petite soeur…. Elle est éblouissante et a une beauté surnaturelle. Elle donne à cette partition de “La Voix humaine” quelque chose de nouveau, débarrassé du mélodramatique, quelque chose de plus cru, violent et parfois drôle ».

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Petit aperçu du festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2021

– par Janine Bailly –

Un Festival pour nous parler d’aujourd’hui, des autres et de nous !

Présentation :

Du vendredi 29 janvier au samedi 6 février se tenait, en France à Clermont-Ferrand, le Festival International du Court Métrage. Un festival comme tant d’autres condamné par la pandémie à se dérouler en ligne. Puisque dans une grande partie de l’Europe, la culture est, depuis une année déjà, tenue sous cloche, et qu’à la différence de La Martinique où je réside, les salles de cinéma restent, “là-bas”, désespérément obscures, au sens tragique du terme désormais ! Le Festival de Clermont-Ferrand est aujourd’hui la plus importante manifestation cinématographique mondiale consacrée au court métrage. En terme d’audience et de présence professionnelle, c’est le deuxième festival de cinéma en France, après celui de Cannes. Il a permis de découvrir de nombreux réalisateurs qui se sont ensuite lancés dans le long-métrage avec succès – Klapisch, Podalydès, Jeunet, Zonca, Giannoli… Sur le site Arte.tv, il est possible de voir comment se créent les affiches du festival.

Le court métrage, un format souple, qui doit rester inférieur à une heure, pouvant aller d’une poignée d’instants à une durée de cinquante-neuf minutes.

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« Allen v. Farrow » : un documentaire à regarder pour tenter de comprendre ?

Tenter de faire surgir la vérité, ou relayer l’accusation ? Au sujet de ce film en quatre épisodes, réalisé par Kirby Dick et Amy Ziering, et dans lequel les accusations d’agression sexuelle de Woody Allen à l’encontre de sa fille adoptive Dylan refont surface, la question semble se poser. Quoi qu’il en soit, on peut penser qu’en réalisant Allen v. Farrow, les deux documentaristes ont voulu contribuer à lever le voile sur la culture du viol et de l’inceste qui pèse sur Hollywood, comme sur l’ensemble de la société – c’est en effet une des motivations qui sous-tendait déjà leurs autres réalisations.

Depuis les années 90, la polémique qui oppose Mia Farrow à Woody Allen, divisant la famille et les amis en deux clans ennemis, est exposée sans retenue, parfois même avec indécence dans les médias. Une polémique qui a rebondi en janvier 2018, dans le contexte des révélations suscitées par le mouvement #MeToo. En appelant à la conscience de ce mouvement, Dylan renouvelait alors les accusations contre son père. Moses Farrow, quant à elle, apportait une nouvelle fois son soutien à Woody Allen, dans un long post détaillant plusieurs faits propres à innocenter son père… Si l’on aime, avec raison, les films du réalisateur new-yorkais, en France plus encore que dans son propre pays où il est désormais mis au ban de l’industrie cinématographique, on finit  pourtant par se demander qui est l’homme en lui, et ce qui l’aurait poussé à commettre de tels actes indignes sur l’une de ses filles adoptives.

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Racine à l’honneur : Mithridate, deux fois !

—  par Janine Bailly —

À époque tragique, théâtre crépusculaire. Quand la culture, faute de public, est tenue pour perdurer de se réinventer, on obtient le “film de théâtre­”, ici une coproduction inédite du Théâtre National de Strasbourg et de la chaîne éphémère Culturebox. Une création qui permet à Mithridate, la tragédie de Jean Racine, d’entrer au foyer de chaque  téléspectateur qui le désire. Une pièce du dramaturge classique moins connue et moins jouée que d’autres, mais qui en cette étrange saison se tient deux fois “sur les tréteaux”, car travaillée aussi, de différente façon, à La Comédie Française. 

Que penser du “théâtre filmé” ?

Le “film”, dont Stéphane Pinot assure la réalisation, est produit par la Compagnie des Indes. Si la situation sanitaire le permet, la pièce sera jouée sur la scène  du Théâtre National de Strasbourg du 7 au 18 juin. De la tragédie racinienne, qui n’a pu être représentée en novembre dernier au TNS, cette version filmée est désormais disponible sur la plateforme France.tv, et ce jusqu’au jusqu’au 23 août 2021. Elle sera visible aussi, le 5 mars, sur la chaîne France 5.

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Steve McQueen : « Cette série était un devoir »

« Small Axe, la série coup de poing nommée aux Golden Globes, un chef d’œuvre en cinq actes » 

Steve McQueen, le  réalisateur britannique oscarisé pour Twelve Years a Slave en 2013, propose, sur la plateforme Salto, une anthologie de cinq films pour raconter le racisme qu’a rencontré la communauté noire et antillaise, à Londres, des années 60 aux années 80. Dans le  long-métrage qui lui a valu une réputation bien méritée,  il disait déjà la descente aux enfers d’un homme noir, devenu esclave dans le Sud des États-Unis, au XIXe siècle. Aujourd’hui, il choisit avec soin cinq histoires de vie, cinq histoires authentiques de harcèlement, de racisme, de discrimination et d’injustice, mettant  en scène la communauté de ces immigrés caribéens, partis de leur terre d’origine pour rejoindre l’Angleterre, et parfois aider à la reconstruire.

Télérama : En mettant en lumière des événements souvent absents des livres d’histoire britanniques, et en reconstituant avec soin les conditions de vie de la communauté caribéenne londonienne sur deux décennies, McQueen délivre une œuvre puissante, nécessaire, où l’esthétique est toujours au service du politique.

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Les diffusions en direct du Théâtre de la ville  :  « Un furieux désir de bonheur »

— par Janine Bailly —

Vendredi 26 février. Samedi 27 février à 15 heures (heure de Paris), sur Facebook  et Youtube

En direct, car il ne s’agit pas à proprement parler de “théâtre filmé”, les acteurs jouant à chaque représentation sur la scène, devant une salle privée de spectateurs, jouant jusqu’au simulacre du salut final. Un salut inhabituel, angoissant presque d’être offert et vu dans un si total silence !  Pendant ce mois de février, le Théâtre de la Ville à Paris poursuit son engagement envers la jeunesse, les soignants, les enseignants. Après J’ai trop d’amis, Nos amours bêtes, Alice à travers le miroir, Alice et autres merveilles, voici donc Un furieux désir de bonheur, diffusé en direction des familles, des hôpitaux, des centres de loisirs, et des écoles qui ne sont pas en vacances.

En écho à Olivier Letellier, qui pour présenter ce nouveau  spectacle s’appuie sur la formule « Oser dire ses désirs », Emmanuel Demarcy-Mota, directeur de la structure, initiateur  dès le premier confinement de l’opération “Les Directs”, nous rappelle une fois encore que le théâtre, s’il est empêché, continuera en dépit de la fermeture des établissements au public :  « Rien ne nous arrêtera dans notre désir,  nous ferons tout pour ne pas avoir peur ».

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