Mars 2021 : Un week-end dédié aux femmes, dès avant le 8 mars

– par Janine Bailly –

Communiqué de France Antilles : Ce 8 mars, la Journée internationale des Droits des Femmes est relayée par la plupart des chaînes de télévision. Des Antilles jusqu’aux confins de la Terre, les femmes s’expriment dans le monde entier, par le biais du tube cathodique. Le programme est ici, extrait de “France-Antilles Le Mag” du week-end.

Aux origines

Selon le site internet officiel du 8 mars, l’origine de la Journée internationale des droits des femmes s’ancre dans les luttes ouvrières, et dans celles des suffragettes… dans les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail, et l’égalité entre les hommes et les femmes. Des manifestations qui agitèrent la Russie, l’Europe et le monde occidental, au début du XXe siècle.

Officialisée par les Nations-Unies en 1977, la “Journée Internationale des Femmes” est aujourd’hui une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Une journée qui reste d’une brûlante actualité, car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer ! Chronologie du Mouvement par AmnestyInternational

« La “Journée de la Femme” n’existe pas ! Dites plutôt “Journée des femmes” » : pourquoi la “Journée des droits des femmes” n’est pas la “Journée de la femme” ? Selon Mathilde Larrère, historienne française, « ce qui ne va pas, c’est le singulier… On peut ici rappeler ici les prises de position très claires de ministres telles que Najat Vallaud-Belkacem, Laurence Rossignol ou plus récemment Marlène Schiappa, qui ont insisté sur le fait qu’il s’agit bien de la “Journée internationale des droits des femmes”, et non pas de la “Journée de la femme”. L’argument avancé est que le singulier renvoie à un processus d’essentialisation, niant par là même la multiplicité des femmes, et la dimension combative. »

Littérature : 100 femmes exceptionnelles réunies dans un ouvrage

Mélina Gazsi, co-auteur avec Suzanne Kestenberg du livre Elles ont été les premières,100 femmes exceptionnelles, nous parle de celles qui, dans cet ouvrage, sont mises à l’honneur : « Le choix était difficile, c’est un choix qui est même personnel évidemment, il y a des figures incontournables même si on les a revues et qu’on les connaît par cœur : Marie Curie, Simone Weil… Mais il y a également beaucoup d’inconnues … Il y a des femmes qui ont été extraordinaires et qui ont donné leurs noms à des rues, à des stations de métro, même si elles sont très peu… Ces femmes avaient un certain culot, elles s’affirmaient sans aucun problème, mais on ne les a pas laissées tout à fait libres… »

Présentation par ses auteurs de l’ouvrage, paru le 4 mars 2021, préfacé par Julie Gayet « Aujourd’hui, c’est encore un secret assez bien gardé : les filles réussissent mieux à l’école que les garçons ! Et pourtant, devenues adultes, cela se gâte, disent les statistiques. Dans la vie professionnelle, les femmes perdent alors souvent leur place de premières. Eh bien, justement, nous avons eu envie de faire changer, de faire chanter les statistiques… et montrer que, même devenues grandes, même quand les statistiques n’existaient pas, même lorsqu’elles n’allaient pas à l’école ou qu’elles y allaient moins, les femmes ont souvent été des Premières !

Nous avons donc voulu rendre hommage à toutes celles qui ont été les premières. Parce que les Premières, ça vaut bien une fête.  Dans ce livre, vous irez à la rencontre de quelque 100 femmes. Premières à faire le tour du monde en 1766, à voyager dans l’espace en 1963, à obtenir en 1910 un brevet de pilote d’avion ou le permis de conduire en 1898… Ou bien à recevoir en 2014 la médaille Fields, l’équivalent du prix Nobel de mathématiques. Ou encore à devenir en 1960 cheffe d’État. À inventer qui le lave-vaisselle en 1886, qui un programme informatique en 1842, qui un traitement de texte électronique en 1968. Ou encore à créer en 1929 un musée aujourd’hui incontournable… Et encore, et encore !

Parmi cette centaine de femmes, quelques-unes sont connues. D’autres, la plupart d’entre elles, parfaitement oubliées, voire inconnues ! Ce livre vous donne l’occasion de les découvrir… Se plonger dans les portraits de ces femmes, c’est assurément s’accorder un moment jubilatoire de découvertes, de retours sur l’histoire, de drôleries, d’espoirs et de rébellions, de sympathies, de combats, de victoires et de passions. »

Un exemple, d’après Franceinfo : Clara Zetkin, la créatrice injustement oubliée d’une Journée Internationale pour les Femmes

Angela Davis : « En stratège, Clara Zetkin a ouvert la voie vers un monde délivré du suprématisme masculin. Loin d’être une observatrice impartiale, c’était une militante très engagée ; une vraie pionnière. »

Florence Hervé, journaliste, historienne et féministe franco-allemande, qui a publié Je veux me battre partout où il y a de la vie,¹ revient sur l’histoire de la militante féministe Clara Zetkin. Elle nous rappelle ce 8 mars que « tout ce que les femmes ont aujourd’hui dépend de femmes comme Clara Zetkin. »

La création d’une « Journée internationale des femmes » est proposée pour la première fois en 1910, par Clara Zetkin, lors de la 2e Conférence internationale des femmes socialistes, qui se tient à Copenhague, au Danemark, et réunit des centaines de femmes venues de 17 pays. Aussitôt adoptée, l’idée s’inscrit alors dans une perspective révolutionnaire et servira en premier lieu la lutte pour le droit de vote des femmes. Si le principe est  voté, il l’est sans fixer de date.

Clara Zetkin, journaliste, était une des grandes  féministes socialistes d’origine allemande. Elle venait d’une famille très attachée aux idéaux de la Révolution française. Elle avait même un côté français puisque son grand-père était officier de l’armée d’occupation napoléonienne. Son père était instituteur, sa mère femme au foyer (…). Ce qui était très important chez Clara Zetkin, c’est qu’elle venait de la région de Leipzig, où il y avait de grandes grèves des travailleuses du textile. Elle était donc confrontée aux injustices, à la misère de ces ouvrières. Ce sentiment qu’elle ressentait très fortement a joué un rôle dans ses choix, ainsi que  le fait d’avoir, via une amie russe, accès aux cercles socialistes : c’est là que Clara Zetkin a rencontré son futur compagnon, russe, Ossip Zetkin. D’Allemagne, il a été chassé parce qu’il était socialiste, et de 1878 à 1890, ils ont été interdits dans le pays (…). Tout cela a poussé Clara à s’engager dans l’action. En France, elle a été sensibilisée au mouvement socialiste, elle a aussi commencé à s’intéresser aux mouvements féministes. En 1889, elle a fait son premier grand discours sur les travailleuses, où elle parlait des conditions de l’émancipation de la femme.

Clara Zetkin ne prêchait pas, elle agissait. Morte en 1933, elle a été complètement oubliée en France, alors qu’elle était très connue dans les années 1920. Elle était socialiste, puis communiste à la fin de sa vie. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle est tombée aux oubliettes. En revanche en RDA, elle était une héroïne alors qu’en RFA, les mouvements socialistes, communistes et féministes étaient interdits.

Ce qui ne se voit pas et ne se nomme pas n’existe pas : c’est très important de dire qui était cette femme, pourquoi elle s’est battue, quels étaient ses combats. Et par rapport à nous, pourquoi c’est important aujourd’hui de continuer sa lutte !

Week-end de manifestations en France avant le 8 mars 

Des centaines de personnes, des femmes très majoritairement, ont manifesté dans plusieurs villes de France, samedi 6 et dimanche 7 mars.  À Paris, Lyon, Montpellier, Quimper…  Un week-end de manifestations féministes, avant la Journée internationale des droits des femmes ce lundi 8 mars. Dans la capitale, le rassemblement s’est tenu place de la République à l’appel de « On Arrête Toutes », un collectif d’associations féministes. Environ 300 personnes se sont rassemblées pour défendre « à l’international » les droits des femmes et les appeler à faire « grève de tout », ce lundi.

Dénonciation du sexisme et du patriarcat, lutte contre les violences faites aux femmes et contre les féminicides, lutte contre des inégalités salariales encore renforcées par la pandémie, défense du droit à l’avortement contesté dans de nombreux pays y compris en Europe… tels sont les thèmes qui ont été retenus dans plusieurs grandes villes de France. 

Et pour finir…

Un quiz pour tester quelque peu nos connaissances !  Que savons-nous en réalité des femmes ?


  1. Le livre Je veux me battre partout où il y a de la vie : En plus d’être féministe, celle qui a inventé la Journée internationale des femmes était aussi révolutionnaire, pacifiste et antifasciste, députée pendant treize ans et amie fidèle de Rosa Luxemburg. Ce livre, coordonné et introduit par la journaliste Florence Hervé, rassemble des lettres, des discours et des textes théoriques, une biographie et des portraits par différents auteurs de celle qui voulait se battre « partout où il y a de la vie».

    Textes initialement publiés dans l’ouvrage Batailles pour les femmes, édité par Gilbert Badia (Éditions sociales, 1980), traduits de l’allemand par Gilbert Badia, Régine Mathieu et Jean-Philippe Mathieu et entièrement révisés par Marie Hermann.

    Textes inédits en français traduits par Marie Hermann. Illustration de couverture originale de Maya Mihindou.


Sur Youtube, le bel hommage 2021 de la poétesse martiniquaise Nicole Cage à ses sœurs, les femmes de Martinique et du monde ! 

 

Fort-de-France, le 8 mars 2021