620 search results for "Cri de mes racines"

Un écrivain sans dieu

— Par Alain Freixe —

mickael_gluckPoésie. Michaël Glück revisite en poète le premier livre de la Torah, la Genèse. Aux sept jours attendus, il ajoute la nuit qui les a précédés.

Dans la suite 
des jours, de Michaël Glück. L’Amourier éditions, collection « Poésie », 490 pages, 26 euros. Sur la table des libraires, voir Dans la suite des jours, de Michaël Glück, édité par l’Amourier, impressionne. Pour un pavé, c’en est un ! Et sous celui-ci, les pages ! 490 au total ! Michaël Glück et ses éditeurs ont choisi de regrouper les sept volumes parus entre 1996 et 2008 : Jour un, le Lit, la Table, le Couteau, le Berceau et la Tombe, l’Échelle, le Repos, soit sept méditations écrites dans les marges de la Bible, sur les bords du livre. Michaël Glück, « ce lecteur et écrivain sans dieu », comme il aime à se définir lui-même, et son éditeur ont choisi d’ajouter un huitième livre.

Et c’est le chaos qui resurgit. Non pas le désordre mais la fente première : l’inarticulé, l’irrévélé, l’irrésigné. La séparation fondatrice. « Au commencement est la nuit / toujours la nuit », « la nuit sans nom », Albe la blanche, si c’est là un des noms de ce qui serait espace lisse et blanc d’avant tout signe.

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S’attaquer aux racines du dérèglement mental

— Par Robert Saé —
folie1-Identifier le problème
On n’a pas besoin d’avoir fait des études de psychologie ou d’être psychiatre pour comprendre que ce sont des dérèglements mentaux de même nature qui amènent, en Inde, des individus à violer en meute une jeune fille avant de l’assassiner, aux USA, des lycéens ou des employés à massacrer leurs camarades ou collègues au fusil mitrailleur, en Irak, des illuminés à décapiter des villageois ou des journalistes. Nous sommes tous révulsés par ces exactions abominables, et nous nous posons la question : « comment de telles dérives sont-elles possibles? » Ce qui est sûr, c’est qu’une claire compréhension des mécanismes qui conduisent à ces comportements criminels ne nous sera pas portée par les médias dominants. Au contraire, agents de plans inavoués, ceux-ci se mobilisent pour alimenter des réactions purement émotionnelles face aux événements qu’ils compartiment, hiérarchisent et instrumentalisent.
En réalité, au-delà, des paravents idéologiques ou religieux, des motivations exprimées ou inconscientes, de la spécificité des victimes touchées, les ressorts qui conduisent des individus à commettre de telles atrocités relèvent avant tout de leur propre dérèglement mental.

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Métaspora : au-delà de l’identité ou l’ouvroir anthropologique de l’écrivain des Tropiques

— Par Paultre Pierre Desrosiers —

metaspora-2

« Celui qui n’a pas de patrie acquiert une autre liberté. »
– Stefan Zweig, Le Monde d’hier

Métaspora. Essai sur les patries intimes de Joël Des Rosiers est le fruit d’un long et pertinent travail de réflexion qui se donne pour ambition de s’ouvrir aux expériences sensibles, aux modifications des pratiques et des représentations que les « égarés » produisent, car issues des richesses inépuisables de la confusion du monde et de l’enchevêtrement des cultures. C’est que la mondialisation des idées, des biens et de la littérature est un phénomène déjà ancien. Goethe jadis rappelait son espoir de la transfiguration du réel par une Weltliteratur (littérature mondiale). De l’univers contemporain souvent hybride et animé de complexités diverses dont une histoire postcoloniale toujours pesante, Des Rosiers rapporte des utopies culturelles et des fulgurances esthétiques qui congédient la suprématie du local sur l’universel, de l’origine instinctive sur la pensée mûrie⋅ Au fil de lectures et de compagnonnages qui vont bien au-delà des références communes : de la philosophie à la littérature, de la peinture contemporaine à la photographie puis du cinéma à la musique urbaine et à la politique, l’auteur s’empare de toutes les formes de la culture dominante dans une érudition héritée de Borges, fragmentaire et profondément poétique⋅

Lire aussi : Tanella Boni : Métaspora.

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Yannick Vérrès  » Racines Carrées » expression libre

— Par Christian Antourel —

verres-2Le design va de l’objet fonctionnel à l’objet baroque, en passant par tous les états du flexible, du modulable et du turgescent. Du joli grille pain à l’utopie absolue savoir mettre de la folie dans la matière. Seules comptent la démarche, les traces de la pensée, l’influence cachée du novateur. Yannick Vérrès a en lui du rêve, du temps de la patience, et comme en musique il invente sa propre grammaire. Les épousailles de l’art et de la technique où formes et symboles font écho à l’industrie et la nature, harmonisent des critères esthétiques et fonctionnels. Son travail enchante par sa candeur et sa légèreté. Peut-être parce qu’il est conçu de façon instinctive, directement du dessin à l’objet. Deux en un, objet utile et beau, voilà ce que propose Yannick Verrès⋅ Pour cette exposition, il compose une série de meubles, tables, tabourets, tables basses, bancs qui explore la relation entre le bois et le métal. Bien plus que du mobilier, ces modèles sont en fait des sculptures fonctionnelles, pièces uniques épurées, réalisées dans une recherche de style⋅
Ses espaces habitent les quotidiens, pas l’inverse.

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Métaspora, essai sur les patries intimes, de Joël Des Rosiers

"là où l’espérance fait défaut, l’âme se dessèche et s’exténue"

— Par Tanella Boni(*) —

joel_des_rosiersPoète, essayiste, psychiatre et psychanalyste, Joël Des Rosiers publie en novembre dernier Métaspora, Essai sur les patries intimes(1). Une publication parue chez Tryptique à Montréal, comme l’ensemble des titres de l’auteur depuis 1987. Joël Des Rosiers est récipiendaire de nombreux prix parmi lesquels, en 2011, le prix du Québec Athanase-David pour la qualité exceptionnelle de son œuvre. Focus sur son dernier essai.

Il y a d’abord la couverture, avec un titre énigmatique, comme souvent chez Joël Des Rosiers – Métaspora, Essai sur les patries intimes – énigmatique parce qu’il attire le regard et convoque, déjà, l’entendement comme dirait quelque philosophe.

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Richard-Viktor Sainsily Cayol : Rhizomes hybrides ou la poïétique d’un syncrétisme

"L'art rhétorique"

— Par Christian Antourel et Ysa de Saint-Auret —

sansily-cayol-1D’une modernité mélangée d’héritage, Richard-Viktor Sainsily Cayol nous parle d’un fruit de racines multiples, de mélanges d’influences qui aboutissent à la création ultime : « La plus belle performance humaine : un syncrétisme »

Son œuvre apporte une ivresse du regard. Diversités, fantaisies mises à mal des langages de la plastique. Il donne à voir une brillance, un style unique et une forme de démesure, dans des postures d’absence et de fixité. Finalement, c’est du gâteau, beau, accessible, bien ficelé et juste assez étrange, pour titiller le spectateur trop rigide. Un art de l’intelligence et de l’exploit formel un art qui surmonte naturellement des contraintes formidables, c’est d’abord ça. Mais cette prouesse, plus subtile encore, laisse flotter dans l’air une part de mystère sucré, impossible à cerner, une ambiance d’énigmes mathématiques, des sous entendus, du sous- texte, vu dans le sens de l’émotion, pensée dans le registre de la nuance qu’il revisite avec une pertinence et un sens de l’actualité qui laisse pantois. Car son monde est parfaitement en adéquation avec la « Schizofrénésie» mise en scène.

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Paroles d’un écrivain

A propos de Richard-Viktor Sainsily Cayol

— Par Maryse Condé —
expo_clement_05-2014Richard-Viktor Sainsily Cayol, créateur-protéiforme, tantôt peintre, tantôt sculpteur, est lié à moi écrivain par le fil d’une parabole magique. Nous caressons tous les deux le même grand vieux rêve qui a hanté tant d’artistes caribéens au cours de plusieurs années. Nous voudrions que la création soit plurielle, pluridimensionnelle, c’est-à-dire que plusieurs arts s’épanouissent dans l’intimité du même individu et se traduisent presque malgré lui par des
expressions diverses et différentes.
Nous nous sommes rencontrés à deux reprises mémorables. D’abord, alors que je le connaissais très peu, il s’est emparé de l’héroïne d’un de mes romans, Tituba, mi-femme, mi-sorcière, que je croyais solidement ancré dans la seule tradition littéraire. Il lui a donné des formes plastiques et par conséquent une vie nouvelle, indépendante de moi. Ensuite nous nous sommes rencontrés à la Désirade, Désirada, l’îlot cher au cœur des marins de Christophe Colomb qui voyaient se lever une nouvelle aube d’espoir et qui est aujourd’hui un lieu secret et préservé. C’est lui qui a sculpté La Liseuse, statue qui orne la cour du collège qui porte mon nom.

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Aimé Césaire, Lam, Picasso. « Nous nous sommes trouvés » : chefs-d’oeuvre, mode d’emploi

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

cesaire&lam&picassoL’un des aspects les plus remarquables de la vie de ces trois  hommes est la chance de s’être trouvés et d’avoir su donner à  cet élan la force d’un étendard. Car, « quand le monde fléchit autour de soi, quand les structures d’une civilisation vacillent, il est bon de revenir sur ce qui, dans l’histoire, ne fléchit pas, mais au contraire redresse le courage, rassemble les séparés, pacifie sans meurtrir. Il est bon de rappeler que le génie de la création est, lui aussi, à l’œuvre, dans une histoire vouée à la destruction. »

Suivant la chronologie de leur vie, tout   parcours  Picasso  Lam Césaire
se doit d’aboutir  à un idéal, celui où l’illusoire et le réel se rencontrent, se heurtent, se laissent saisir par le même regard.

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Les combats des femmes ont engendré les droits des femmes !

« Résister à l’oppression est un droit naturel » Louis Delgrès

1944, vous dites ? Eh oui les femmes obtiennent le droit de vote et à cette date se crée en Martinique, comme en Guadeloupe, en Tunisie, au Vietnam, c’est-à-dire dans toutes les colonies françaises de l’époque, une section de l’Union des femmes Françaises.

 La section Martinique a ses racines au parti communiste  avec des femmes comme Jane Léro, Fernande Ursulet. Elle recrute dans les masses laborieuses et surtout là où se trouvent des municipalités communistes. En même temps se crée « La femme dans la cité » avec Paulette Nardal, qui, elle, recrute dans les classes moyennes et dont l’un des objectifs est de former de bonnes femmes d’intérieur.

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Haïti, Guadeloupe, Dominique : nouvelles écritures théâtrales

 — par José Pliya* —

arlequin-2Le point commun entre les trois territoires à explorer sous l’angle des « nouvelles écritures théâtrales », c’est la Caraïbe. Cette partie du monde a, entre autres singularités, ces insularités multiples, ces langues en archipels : français, anglais, espagnol, créole… À ce titre, on peut dire que le deuxième point commun entre nos trois territoires est la langue créole qu’ils ont en partage. Cela est important, car, comme nous allons le voir, cette langue créole – dont la caractéristique est le mélange d’idiomes, le croisement de formes syntaxiques, la transversalité d’imaginaires linguistiques – reflète assez bien la réalité des scènes théâtrales de ces trois îles, et même de la Grande Caraïbe.

Haïti : entre ancrage local et aspiration à l’universel

Dans le foisonnement artistique perpétuel qui frappe le spectateur qui découvre cette île, le théâtre a toujours eu une place importante. Les années 1970-1980 sont dominées par la figure de grands metteurs en scène comme Syto Cavé et, surtout, le regretté Hervé Denis. Avec eux, le théâtre est une affaire de troupe, de famille et de grands textes du répertoire haïtien (Jacques Stephen Alexis) ou caribéen (Simone Schwarz-Bart, Aimé Césaire) qui sont créés et joués un peu partout dans le monde.

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« Moi Cyrilia, gouvernante de Lafcadio Hearn 1888. Un échange de paroles à Saint-Pierre de la Martinique » , texte Ina Césaire, mise en lecture Yna Boulangé

Vendredi 27 janvier / 19h / Médiathèque du Saint-Esprit

“Sé bèf douvan ki bwè dlo klè !”

Monsieur Hearn avait déjà sorti son petit cahier noir. Cette fois-ci, j’osai lui demander la raison de ce que je considérais comme une indiscrétion.
“La curiosité est mon métier, Cyrilia. J’ai dans l’idée que la phrase que vous venez de prononcer est un proverbe de chez vous, domaine qui me passionne… Quel est son sens ?”
“ C’est le boeuf qui est arrivé le premier qui a droit à l’eau la plus claire” signifie que, contrairement à ce que vous venez d’affirmer, les mieux placés sont toujours lesprivilégiés !”

[…]

– Quelle chaleur, ma fille ! On se croirait en plein carême et je meurs de soif !
– Voilà que je manque à tous mes devoirs ! Tu prendras bien un peu de café ou d’eau de coco ?
– N’aurais-tu pas plutôt une petite goutte de shrubb * ?
– Du shrubb, au beau milieu de la matinée ?
– Il est certes un peu tôt, mais tu sais bien que c’est mon péché mignon !

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Sonmiziksonpawol d’Annick Justin Joseph

— Par Selim Lander —

Il y a longtemps qu’Annick Justin Joseph porte ce projet d’hommage au musicien martiniquais Henri Brival (1933-), artiste lamentinois qualifié d’« extravagant », ce qui ne l’a pas empêché de voyager à travers le monde avec son « bwa ronflé » (ou « wonflé), instrument de son invention composé d’une caisse en bois (isorel) que l’on caresse avec un bâton et qui produit des sortes de barrissements. Sur la scène du théâtre municipal de Fort-de-France, un de ses disciples faisait la démonstration de cet instrument aussi rustique qu’original.

Sonmiziksonpawol mêle les chants, la danse et les chansons, par exemple « Alexandre pati » de Léona Gabriel-Soïme (dite « Estrella », 1891-1971), qui introduisit la biguine à Paris, et écrivit et interpréta de nombreuses chansons, en particulier cette fameuse « Alexandre pati » dont il reste d’ailleurs un enregistrement par elle-même. Cette diversité est l’un des atouts de Sonmiziksonpawol, une pièce servie ici par des interprètes appréciés des Martiniquais, y compris James Germain, grande voix d’Haïti, qui s’est produit à plusieurs reprises chez nous et qui impressionne toujours.

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Avignon 2019 : récapitulatif des comptes rendus

Le festival à l’heure des bilans

Le « IN » : faire mentir les fatalités

La 73e édition du Festival d’Avignon s’est achevée pour les spectateurs dans la nuit du 23 au 24 juillet, célébrant d’une certaine manière en aînée les 60 ans du ministère de la Culture, cette utopie réaliste d’un accès égalitaire aux œuvres. Il faudra encore quelques jours à l’équipe du Festival d’Avignon pour terminer, démonter, entretenir, ranger ce grand théâtre. Les histoires individuelles ont raconté la grande Histoire, les spectacles ont dialogué de l’un à l’autre, esthétiquement comme politiquement, dessinant une dramaturgie de la programmation. Des triomphes du Brésil, de Chine, de Russie, de France ou de Grande Bretagne, ont soulevé les salles et nous avons accompagné de nouvelles générations d’artistes accueillis par les spectateurs avec une curiosité passionnée, faisant une fois encore du Festival d’Avignon ce carrefour unique de productions légendaires et d’annonces de demain. Ce public d’Avignon, multiple, divers, fervent, fidèle, exigeant, militant aussi, était présent pour les spectacles comme pour les rencontres, revendiquant le plaisir sérieux de partager la recherche, l’engagement, l’histoire, le sens.

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Le Rire et le Couteau de Pedro Pinho : une odyssée postcoloniale, sensuelle et politique

— Par Sarha Fauré —

Avec Le Rire et le Couteau, Pedro Pinho signe une œuvre aussi ambitieuse que déroutante, un film-fleuve de 3h30 qui prend racine en Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise devenue un théâtre d’interrogations brûlantes sur l’héritage colonial, le pouvoir, le désir et l’identité. Dès les premières images, un Occidental en transit, l’ingénieur portugais Sergio Coragem, s’engage sur une route poussiéreuse au cœur d’un paysage aride. Chargé par une ONG d’évaluer les conséquences écologiques d’un projet routier, il s’enfonce rapidement dans un monde qui échappe à ses cadres, ses repères et sa prétention à comprendre.

Sergio, figure du néocolon progressiste, croit au départ pouvoir conjuguer conscience postcoloniale et bonne volonté occidentale. Mais ce fragile équilibre est mis à l’épreuve dès son arrivée. Les ratés logistiques (panne de voiture, inconfort climatique, déplacements absurdes) deviennent le reflet d’un désalignement plus profond, un corps étranger déplacé dans un système de forces qui le dépasse.

Dans ce pays où les rapports Nord-Sud ne cessent de se réactiver sous des formes aussi économiques que charnelles, le film évite soigneusement la caricature ou la dénonciation frontale.

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Appel aux dons de l’Association Martinique Images (AMI)

Pour que vivent les contes créoles, pour que perdure la mémoire du peuple.

“Yé Krik ?” — “Yé Krak !”

C’est par ces mots que commence le conte créole. Ce simple échange entre le conteur et la cour (le public) fait jaillir des images, des souvenirs, des symboles, et surtout la parole vivante des peuples caribéens.
Le conte créole n’est pas seulement un récit pour faire rêver les enfants. Il est une mémoire. Un outil d’apprentissage. Un acte de résistance. Il est l’un des derniers trésors vivants d’un héritage venu d’Afrique, façonné dans l’épreuve de l’esclavage et nourri de l’imaginaire caribéen.


AMI : Dix ans au service de la parole vivante

Depuis près de 10 ans, l’Association Martinique Images (AMI) s’engage avec passion pour préserver, transmettre et faire rayonner l’art du conte créole en Martinique et au-delà.
Créée par le conteur Valer’Egouy, AMI rassemble chaque année des dizaines d’artistes : conteurs, musiciens, comédiens, plasticiens, dans des spectacles, veillées, résidences, ateliers et festivals.

Des événements gratuits ou accessibles à tous, organisés dans les quartiers, les écoles, les bibliothèques, les salles de spectacle et parfois même… sous la lune, au cœur de la nuit martiniquaise.

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Haïti en 2025 : une spirale de violence incontrôlable et un État en déliquescence

— Par Jean Samblé —

Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine. Le pays, déjà miné par des décennies de crises politiques, économiques et sociales, est désormais plongé dans une spirale de violence sans précédent, principalement orchestrée par des gangs armés qui ont progressivement étendu leur contrôle sur de larges portions du territoire. Les derniers rapports de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dressent un constat accablant : entre janvier et juin 2025, plus de 3 141 personnes ont été tuées, portant le total des assassinats à 4 864 en neuf mois, sans compter les milliers de blessés et les centaines d’enlèvements signalés.

Une violence qui se propage au-delà de la capitale

Si Port-au-Prince reste l’épicentre de l’insécurité, la situation se détériore rapidement dans les provinces, notamment dans les départements du Centre et du Bas Artibonite, jusqu’ici relativement épargnés. La ville de Mirebalais, par exemple, a vu 100 000 habitants fuir face aux attaques à répétition des gangs depuis début 2024. Plus récemment, 27 500 personnes ont été déplacées en moins d’une semaine dans cette même région, à la suite d’attaques dans la zone de Sarazin, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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Œuvres spoliées, mémoire confisquée : le combat pour la restitution du patrimoine culturel

— Par Jean Samblé —

Depuis plusieurs décennies, la question de la restitution des œuvres d’art et des objets patrimoniaux expropriés pendant la colonisation ou au gré d’expéditions militaires agite les relations entre les anciennes puissances coloniales et les États spoliés. Ce débat, longtemps cantonné aux cercles d’historiens ou de diplomates, occupe désormais le devant de la scène politique et culturelle. Face à l’exigence croissante de réparation symbolique et de justice historique, des gestes de restitution se multiplient en Europe. Mais ces actes, encore trop souvent limités et juridiquement contraints, peinent à répondre aux enjeux profonds qu’ils soulèvent : souveraineté culturelle, mémoire collective, rôle des musées, universalité du savoir et reconnaissance des traumatismes coloniaux.

Une spoliation de masse aux origines coloniales

De l’Afrique à l’Asie, en passant par le Moyen-Orient, des dizaines de milliers d’œuvres d’art, de statues, de manuscrits, de objets sacrés ou rituels ont été extraits de leurs contextes d’origine au cours des XIXe et XXe siècles. Par pillage pur et simple, par acquisition sous contrainte ou par le biais de traités inéquitables, ces objets ont rejoint les vitrines des musées européens, devenant des trophées d’un empire ou les symboles d’une domination.

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Respire, Humanité

Appel pour une civilisation du discernement

— Présenté par Pierre Pastel — Sociologue, auteur de « Je veux parler à un humain »1 —

Introduction

« Je veux parler à un humain » n’était pas un cri isolé.

C’était un murmure universel porté par des milliards d’âmes lucides, parfois silencieuses, souvent invisibles, mais pleinement conscientes de l’état alarmant de notre monde.

Aujourd’hui, je m’adresse à elles, à vous, à nous,

À celles et ceux qui refusent de voir notre humanité diluée dans les logiques de guerre, de domination et d’illusion.

Le moment est venu de reprendre la main sur la gouvernance mondiale, non pour imposer,

mais pour construire un vivre-ensemble radicalement nouveau, fondé sur la lumière, la lucidité, l’interdépendance sacrée.

Nous devons conjuguer nos structures profondes et nos intentions stratégiques, pour faire émerger un monde où l’on ne respire plus la peur, mais la vie partagée.

C’est dans ce souffle que s’inscrit cet appel.

Une voix claire, adressée à toutes les consciences —

et en premier lieu à celles et ceux qui détiennent les leviers du monde.

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West Side Favela

Roda favela, m.e.s. Laurent Poncelet, Cie Ophélia théâtre et O Grupo Pé No Chao, Festival d’Avignon, Le 11 Avignon 24.07.2025

— Par Michèle Bigot —

Sur scène, 12 artistes venus des favelas de Recife. Dans une explosion de danses, de musique et de lumière, ces jeunes artistes (moyenne d’âge 20 ans) nous offrent le plus délicieux et le plus revigorant des spectacles. Laissez de côté le doute, la peur, et la désespérance liés à la situation politique. Ils viennent de Recife, ils vivent dans une favela, ils peinent à trouver de l’eau, on leur coupe l’électricité, ils se battent pour vivre et ils nous donnent une leçon d’énergie, d’espoir. Ils ont pour eux une jeunesse et une force inextinguible, une énergie qu’aucune force de police ne peut réprimer. Leur histoire est celle de luttes, de drames, de tueries mais aussi de solidarité, de liens familiaux puissants. Ils incarnent le renouveau, ils sont portés par la force de leur art, leur musique, leur danse, leur poésie. A toujours devoir faire face aux discriminations, au racisme, à l’homophobie et aux attaques des milices d’extrême droite, ils ont acquis une puissance indomptable.

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Une île, deux fidélités

Pourquoi en l’absence de fibre patriotique, c’est désormais l’économie qui doit primer en matière de catalyseur du développement de la Guadeloupe ?

— Par Jean-Marie Nol, président du cercle des économistes de la Guadeloupe —

L’histoire de la Guadeloupe, tissée de conquêtes, d’appropriations, d’esclavage et d’assimilation, n’a pas encore permis l’émergence d’une nation avec un sentiment patriotique au sens classique du terme. Ce constat, loin d’être une opinion isolée, plonge ses racines dans un héritage colonial profondément ancré et toujours perceptible dans les structures économiques et sociales de l’île. Depuis le 28 juin 1635, date de la prise de possession de la Guadeloupe par la France, la construction identitaire du territoire s’est faite sous le sceau de la domination. Après l’extinction du peuple premier, la Guadeloupe est née colonie. Cette naissance brutale, marquée par l’extermination des populations autochtones Kalinagos, la traite négrière et la mise en esclavage de milliers d’Africains, a laissé en héritage une société fragmentée, dépendante financièrement et économiquement , assistée socialement où l’idée de nation n’a jamais réellement pu émerger jusqu’à aujourd’hui et a fortiori s’imposer au peuple .

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54ᵉ Festival Culturel de Fort-de-France

Du 27 juin au 26 juillet 2025 Thème : Enracinement


Un mois de célébration de la culture en Martinique

Pour sa 54ᵉ édition, le Festival Culturel de Fort-de-France, organisé par la Ville et le SERMAC, met l’accent sur les racines culturelles martiniquaises, caribéennes et africaines, tout en offrant une scène à la création contemporaine et à la diversité artistique. Ce rendez-vous incontournable des grandes vacances propose une programmation foisonnante de concerts, pièces de théâtre, ateliers, expositions, spectacles pour enfants, danse, humour et arts visuels. Télécharger le programme détaillé en bas de page.


INAUGURATION OFFICIELLEJeudi 3 juillet à 19h30

Grand Carbet du Parc Culturel Aimé Césaire

La cérémonie d’ouverture baptisée « Mi Nou La » est pensée comme un show résolument “nous”, avec Jean-Luc Guanel et ses invités : Céline Flériag, Suzy Trébeau, Demwazel Dys, J-M. Galva… Dans un esprit de communion, de musique et de fierté collective, ce moment marque le début officiel du festival.

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« Histoire (dé)coloniale de la philosophie française : de la Renaissance à nos jours » de Thierry Hoquet

Histoire (dé)coloniale de la philosophie française : de la Renaissance à nos jours, de Thierry Hoquet, est un ouvrage audacieux qui revisite l’histoire de la philosophie française sous un angle inédit et essentiel : celui de la colonisation et de ses effets profonds sur la pensée. Hoquet, philosophe engagé et historien des idées, interroge les liens entre la philosophie française et l’histoire coloniale, et ouvre une réflexion critique sur la manière dont les grands textes philosophiques ont été influencés, voire façonnés, par les rencontres avec les peuples colonisés.

L’ouvrage s’ouvre sur une question provocante, inspirée des travaux d’Edward Said : « Et si la philosophie française n’existait pas sans la colonisation ? » Cette interrogation n’est pas un simple procès contre les penseurs français, mais un appel à réexaminer leur pensée à la lumière des contextes historiques et des rapports de domination qui ont traversé la France et ses colonies. L’auteur prend ainsi le pari de reconstituer une histoire de la philosophie française non pas comme une série d’idées abstraites enchaînées les unes aux autres, mais comme une discipline qui s’est construite au gré des interactions, des confrontations et des résistances face à l’Autre, notamment l’Autre colonisé.

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« KOLÉ VWA pou linité » – Une expérience musicale collective pour célébrer la Fête de la Musique !

Samedi 21 juin de 15h à 18h Salle Aimé Césaire (Plateau) de Tropiques-Atrium

Entrée Gratuite, mais l’inscription est obligatoire.


Qu’est-ce que « KOLÉ VWA pou linité » ?

« KOLÉ VWA pou linité » est une chorale éphémère, un événement musical qui se déroule dans le cadre de la Fête de la Musique, un moment parfait pour célébrer l’harmonie et l’unité à travers le chant collectif. L’idée ? Créer ensemble un moment unique de partage, sans aucune pression ni pré-requis en termes d’expérience musicale. C’est un appel à toutes et à tous, peu importe votre niveau, pour vous joindre à un collectif enthousiaste, dans une ambiance décontractée et bienveillante !


Le Concept : Chanter Ensemble, Partager un Instant Magique

Cet événement, inspiré des pratiques populaires aux États-Unis et en Europe, se veut avant tout un moment de convivialité et de plaisir. Pas besoin de savoir chanter à la perfection, ni d’avoir de connaissances en musique : l’objectif est de se laisser porter par l’énergie collective et de vivre la joie du chant en harmonie. Vous ferez partie d’un groupe qui s’unira pour répéter et interpréter une chanson, sans pression et sans jugement.

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La face cachée du soutien aux associations

— Par Les Vélos Marin Martinique 
Souvent présentées comme un levier essentiel, les subventions sont censées financer des projets, encourager la participation citoyenne et renforcer les dynamiques territoriales. Mais notre expérience avec Les Vélos Marin Martinique nous a confrontés à une réalité bien plus complexe. Loin d’être un simple appui, ces financements conditionnent en profondeur l’orientation des associations. De manière implicite, parfois insidieuse, ils les poussent à se conformer à des logiques souvent éloignées des besoins réels du terrain. Cette dynamique transforme des objectifs qui devraient être , endogènes et ancrés dans les réalités sociales, en projets standardisés . Les critères de sélection de dossiers sont rigides, et le suivi ainsi que la communication des institutions offrant ces financements sont eux-mêmes impersonnels et déconnectés. Ces éléments limitent, voire empêchent, des approches ou des initiatives pourtant porteuses d’un fort potentiel de transformation sociale. Plutôt que de soutenir ces dynamiques organiques, les subventions tendent à les orienter, à les influencer, et de plus en plus souvent, même dès la genèse d’un projet, à les dénaturer.

Un constat de terrain, notre propre expérience

Le contexte local nous a conduits à adopter un modèle basé sur la gratuité, non par idéologie, mais à la suite d’une observation des réalités du terrain.

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L’éphéméride du 5 juin

Mort de Marcel Lollia dit « Vélo » le 5 juin 1984

Marcel Lollia dit Vélo, né le 7 décembre 1931 et mort le 5 juin 1984, est un percussionniste guadeloupéen, maître tanbouyé (joueur de tambour) de la Guadeloupe.
Biographie
Marcel Lollia fait ses débuts à Pointe-à-Pitre, auprès du grand maître Carnot, François Mauléon. Joueur de tambour ka, ou gwoka, respecté, Vélo a inauguré une école de cet instrument typiquement guadeloupéen.

Marcel Lollia, communément appelé Vélo était et est resté dans les pensées de tous comme étant un personnage hors du commun. Il faut embrasser les différentes facettes de sa personnalité pour vraiment comprendre qui était cet homme « inspiré par Dieu pour libérer les Guadeloupéens de l’esclavage à travers son Gwo Ka » : Il était, à la fois, nomade, professeur, poète, orateur inspiré, et aussi, un percussionniste de talent.
Malgré sa rapide notoriété, il émanait de son être une sincère simplicité.
Il vivait avec très peu d’argent et n’avait pas de maison. C’est une certaine « madame augustine » qui l’hébergeait.
Vélo ne savait ni lire, ni écrire, pourtant ces textes étaient articulés comme de la poésie.

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