Le 25 janvier, journée nationale contre le sexisme

S’attaquer aux racines du sexisme : Un état des lieux, des défis et des solutions »

À la veille de la première Journée nationale contre le sexisme, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) publie son rapport annuel intitulé « S’attaquer aux racines du sexisme », mettant en lumière la persistance de cette problématique dans la société française. Ce document souligne que le sexisme prend naissance dans trois incubateurs puissants : la famille, l’école, et le numérique.

Selon une enquête réalisée en novembre 2023 auprès d’un échantillon représentatif de 3 500 personnes de 15 ans et plus, neuf femmes sur dix déclarent avoir personnellement subi une situation sexiste. Le sexisme s’installe dès le plus jeune âge et se propage à travers les différents stades de la vie. Présidente du HCE, Sylvie Pierre-Brossolette affirme que « le sexisme commence à la maison, continue à l’école et explose en ligne ». Les chiffres sont alarmants, avec 70% des femmes estimant ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères dans la vie de famille et 38% ayant vécu une inégalité de traitement à l’école.

Les jeunes, souvent perçus comme plus progressistes, dévoilent parfois des tendances plus sexistes que leurs aînés. Par exemple, 28% des hommes de 25-34 ans pensent que « les hommes sont davantage faits pour être patrons », un chiffre bien plus élevé que celui des hommes d’autres classes d’âge (9% des 50-64 ans). De plus, 59% des 25-34 ans estiment qu’il n’est « plus possible de séduire une fille sans être vu comme sexiste ».

Le HCE s’inquiète également des tendances émergentes sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, avec les hashtags #TradWife (femme traditionnelle) et #StayAtHomeGirlfriend (copine au foyer). Des vidéos montrent le quotidien de jeunes femmes sans travail et sans enfant, dévouées à leur copain, véhiculant des stéréotypes préjudiciables.

L’école, censée être un lieu d’éducation et de formation, reproduit également ces schémas. Selon le HCE, 74% des femmes n’ont jamais envisagé de carrière scientifique ou technique en raison des préjugés de genre. De plus, les contenus pornographiques diffusent des messages misogynes d’une rare violence, influençant négativement les comportements sexuels, avec deux tiers des hommes de 25-34 ans affirmant les imiter.

Le rapport met également en évidence un « niveau alarmant » de violences sexuelles, avec 37% des femmes interrogées déclarant avoir subi au moins une « situation de non-consentement », atteignant même la moitié des femmes de 25-34 ans.

Pour contrer ces tendances inquiétantes, le HCE préconise plusieurs mesures. Tout d’abord, la régulation de l’espace numérique en contraignant par la loi les plateformes à évaluer et réduire le sexisme de leurs contenus les plus vus. Cette proposition rejoint l’idée d’auto-évaluation sous l’égide de l’Arcom, similaire au modèle appliqué aux chaînes de télévision.

En outre, le HCE recommande d’inciter juges et citoyens à s’approprier le délit du sexisme, existant dans les textes mais nécessitant une simplification pour une application plus efficace. La lutte contre le sexisme doit être une priorité pour contrer les violences sexistes et construire une société plus égalitaire.

La première Journée nationale contre le sexisme sera marquée par divers événements organisés par des groupes féministes. Le collectif Ensemble contre le sexisme prévoit un « Sexisme TV show », parodie de chaîne télévisée, et le HCE diffusera un spot pour sensibiliser à l’importance de faire du sexisme une histoire ancienne.

En réaction à ces constats alarmants, la Fondation des Femmes et le collectif Ensemble contre le sexisme appellent à la mobilisation collective. La journée nationale contre le sexisme, prévue le 25 janvier, est l’occasion pour ces organisations engagées de sensibiliser la population à l’urgence de lutter contre le sexisme sous toutes ses formes.

Le sexisme, en tant qu’attitude discriminatoire fondée sur le sexe, imprègne profondément la société. Les racines de ce phénomène complexe remontent à l’enfance, où les stéréotypes de genre sont inoculés dans l’esprit des jeunes, influençant ainsi leur vision du monde et leurs comportements. Le sexisme se manifeste également à travers les médias, les institutions et les interactions sociales, créant des inégalités persistantes entre les sexes.

L’étymologie du terme « sexisme » remonte à 1965, attribuée à Pauline M. Leet lors d’un forum au Franklin and Marshall College. Depuis lors, le sexisme a évolué pour englober diverses formes de discrimination basées sur le genre, allant du harcèlement sexuel aux inégalités structurelles entre hommes et femmes.

Différentes disciplines, telles que l’analyse des médias, la sociologie, la science politique, la psychologie et la philosophie, abordent la thématique du sexisme sous des angles variés. Les féministes et les militants pour l’égalité des sexes insistent sur la nécessité de déconstruire les préjugés de genre, de remettre en question les normes sociales et de promouvoir une éducation égalitaire.

L’origine du sexisme est explorée à travers des approches telles que la psychologie évolutionniste, l’approche essentialiste et la sociologie constructiviste. Ces perspectives divergentes tentent d’expliquer si les différences entre hommes et femmes sont innées, biologiques, ou plutôt construites socialement par des croyances culturelles.

La misogynie, l’hostilité envers les femmes, est étroitement liée au sexisme, tout comme la misandrie, qui concerne l’hostilité envers les hommes. Ces notions interconnectées reflètent les complexités des relations de genre et soulignent la nécessité d’une compréhension approfondie pour lutter efficacement contre le sexisme.

En conclusion, le rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes met en lumière l’urgence d’agir contre le sexisme en s’attaquant à ses racines profondes. Les recommandations du HCE, telles que la régulation de l’espace numérique et la simplification du délit du sexisme, offrent des pistes concrètes pour construire une société plus égalitaire et mettre fin aux violences sexistes. La mobilisation collective, symbolisée par la Journée nationale contre le sexisme, représente un pas crucial vers un avenir où chacun, indépendamment de son genre, peut vivre librement et équitablement.

M’A