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« Le marchand de larmes » de Xavier Orville

Mardi 17 avril à 19h 30 Tropiques-Atrium

Lecture – Mise en espace : José Exélis
Assisté de : Marion Phipps
Collaboration artistique : Suzy Manyri
Création lumière : Fred Libar
Avec : Jann Beaudry, Michel Richard, Kali, Willy Léger
Portrait de Xavier ORVILLE par Catherine RÉAULT-CROSNIER, d’après photographie

La lecture des textes dramaturgique est un moment important  pour toutes les composantes du monde théâtral. Tous les 2 mois, José Exélis et sa compagnie du 6ème continent nous invitent à entendre les auteurs de la Caraïbe et d’ailleurs.

Dans la Martinique secrète de Xavier Orville, les morts quittent le cimetière pour courir dans les feuilles, le vent, l’eau, et observer d’un oeil narquois la vie tumultueuse des vivants. Dans la Martinique douloureuse de Xavier Orville, la jeune Marie-Triangle est vouée aux gémonies pour avoir refusé de dénoncer l’homme qui lui a fait un enfant mort-né : « Je marche au creux d’un deuil ; au milieu coule une rivière de chagrins, elle charrie des souffrances très anciennes. » Dans la Martinique irréelle de Xavier Orville, Dieudonné vend des larmes à toutes celles et tous ceux qui n’ont même plus de quoi pleurer, et ces larmes glissent des yeux de Marie-Triangle. 

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Christophe Mert : « Racines guérisseuses » d’art et d’histoire

Du 20 novembre au 18 décembre 2017 à Tropiques-Atrium

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Dans nos temps tourmentés et incertains où la pensée et le climat semblent perdre le nord, il est sain de peser certaines évidences comme la question de nos racines. Même si elle peut ne pas apparaître comme vitale, elle déclenche pourtant souvent des réactions aussi violentes qu’un cyclone et est à « l’origine de l’extrémisme de certains comportements humains ».

Fin observateur de notre Martinique dans la Caraïbe et de sa relation au monde, Christophe Mert tend à apporter la preuve qu’aucune originalité, ni aucun individualisme n’ont eu à souffrir d’un principe mondial basé sur des raisonnements naturels et innés. Oser reconnaître l’existence et l’importance de nos racines et de leurs connexions évidentes permettrait au monde actuel de retrouver une « Harmonie universelle » et favoriserait un début de réconciliation. Et pourquoi un « sens » une tonalité universaliste, empêcherait-elle une diversité Caraïbe de s’épanouir, voire d’en être le miroir .Il ne s’agit pas, bien sûr de s’imposer mais de prendre part. « Mon identité s’affirme ainsi dans ma composition avec : la Martinique pour racines, la Caraïbe comme tronc, et le Monde pour branches.

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« F(l)ammes » : et le phénix renaît de ses cendres

— par Janine Bailly —

C’est un samedi soir peu ordinaire sur la terre. À l’extérieur, le Carnaval se déploie. Dans la nuit foyalaise, la « Bet a fé » déroule ses anneaux, et ses luminescences font surgir de l’obscurité les lisières de la Savane. Il nous faut donc louvoyer, un œil sur les groupes chamarrés qui se déchaînent au rythme endiablé des percussions, l’autre sur les aiguilles de la montre, pour être sûrs de rejoindre à temps la scène de Tropiques-Atrium. Car là, à l’intérieur nous attendent d’autres lumières, d’autres chants, d’autres danses, et les mots de ces femmes-feu, femmes-filles, femmes-volcans qui laissent couler une parole libérée, brûlante de sincérité et d’énergie vitale.

Ahmed Madani a choisi, pour nommer l’œuvre, d’inscrire entre parenthèses le « L » de « F(l)ammes », cette lettre signifiant, dit-il, le pronom « elles » autant que le nom « ailes ». Puisqu’aussi bien celles qui, jusqu’alors étaient enfermées dans les territoires de quartiers dits sensibles, celles qui étaient victimes d’une double discrimination, en tant que femmes et comme descendantes de parents immigrés, celles-ci donc vont prendre leur envol, refusant le carcan des préjugés et des coutumes si elles s’avèrent nuisibles, décidant de tracer leur propre destin, rejetant l’idée d’une quelconque prédestination, qui serait inéluctable et funeste.

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Un « festival des petites formes » au féminin, deuxième temps

— par Janine Bailly —
Ce soir du vendredi vingt janvier, à la brune, c’est à une Nuit de la Poésie que nous étions conviés, heureux que cette forme littéraire, pas toujours facile, trouvât sa place dans le Festival des petites formes, regrettant cependant que cela n’eût pas lieu dans une véritable salle, un lieu plus intime que ce chapiteau, à la structure métallique qui se manifeste parfois incongrûment, et qui se révèle assez peu apte aux confidences.

La première, Widad Amra, long vêtement souple se déployant en ondes vertes noires et bleues au gré de sa marche, amples gestes accompagnant le dire, voix sûre et posée, parfois toute en intériorité, parfois toute en force contenue mais brisée soudain par des éclats de juste colère ou par une adresse directe au public, Widad nous fait l’offrande d’un montage de ses récits poétiques, ceux déjà publiés, ceux encore inédits. Les saxophones et l’accordéon de Thierry Marque, comme les instruments originaux – sanza, harmonica, djembé – et la voix en réponse de Patrick Womba, sont là bien présents, qui soulignent, de leurs modulations, de leurs souffles de joie ou de mélancolie, de leurs notes puissantes ou cristallines, la déclamation émouvante de la poétesse.

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Henri Guédon : Trace(s) Mythologie Écritures

— Par Christian Antourel  & Ysa de Saint-Auret —

quato_-bdC’est sur un ton  bon enfant, enjoué même, émaillé de quelques  anecdotes que Laetitia la fille d’Henri Guédon a commenté l’exposition. Mais la solennité réservée aux héros était  bien là. Henri Guédon n’a pas cherché  à convoquer son destin et toutes ces vibrantes émotions  lui sont advenues à la bonne fortune d’une vie d’artiste passionné.

Laetitia Guédon porte un éclairage sur des entreprises artistiques et poétiques sans les réduire  à une seule perspective et donne quelques repères pour s’orienter dans l’effervescence  de pratiques diversifiées en privilégiant « la globalité triomphante…dans un  espace de libération  de la pluralité » « Magicien des sens, Henri Guédon nous   mène dans un monde où les sculptures sont sonores, où la peinture est rythmée, où la musique est couleur… il apprivoise le son et la lumière, l’espace et la matière » Voilà tout est dit et comment ! mais que l’on se rassure, tout au long de l’exposition, on trouve de multiples façons d’aborder le travail de l’artiste, ne serait-ce que par la diversité des regards et des ressentis de chacun auxquels faisait et fait toujours  appel  l’artiste : La pulsion scopique est quelque chose de puissamment formidable ce qui nous amène subséquemment à sa production dont nous dirons quelques mots, car qui ignore que Henri Guedon fort de ses racines martiniquaises, africaines par extension, a su exploser les clivages qui l’enfermaient dans un genre  exotique, pour s’affirmer de plus en plus en artiste universel?

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Racines chrétiennes contre valeurs chrétiennes : halte aux nouveaux pharisiens

— Par Thomas Guénolé, politologue et enseignant à Sciences-Po.—

pharisienL’invocation des racines chrétiennes de la France est de plus en plus présente dans le débat public. À l’instar de l’ancien ministre Christian Estrosi ou du maire de Béziers Robert Ménard, des élus s’en réclament pour justifier l’installation de crèches de la Nativité dans des mairies. L’écrivain Denis Tillinac a lancé une pétition défendant le maintien et l’entretien des églises de France au nom de ces mêmes racines : « l’angélus que sonnent nos clochers scande le temps des hommes depuis belle lurette », écrit-il. Ce texte a été signé par diverses personnalités de la politique et de la société civile : notamment l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy, l’historien Jean Tulard, ou encore l’entrepreneur Charles Beigbeder. Marion Maréchal Le Pen a soutenu que la France est un pays « culturellement chrétien » et que l’obligation de se marier à la mairie avant le mariage à l’église constitue « une aberration ». Le reste est à l’avenant.

Le discours des uns et des autres sur ce thème a un point commun fondamental : au sens strict, il est folklorique.

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Le plasticien guadeloupéen Michel Rovelas pousse son cri inarticulé

Le plasticien guadeloupéen Michel Rovelas prépare ses deux prochaines expositions qui auront lieu en Guadeloupe et en Martinique au mois de janvier 2016

fanfan_rovelas— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste/Réalisateur, Ecrivain

Tel Lyncée perçant du regard les entrailles de la terre, Michel Rovélas projette sa vision ontologique dans les replis de la psyché antillaise. Ce créateur guadeloupéen, septuagénaire vif et sage tout à la fois, se donne pour tâche de permettre l’expression d’une identité antillaise longtemps contrariée, parfois niée; tout en l’inscrivant dans une relation avec la permanence et l’unité de l’Etre.
« Il s’agit, tout  d’abord, de prendre conscience de notre héritage, d’apprendre à se connaître, puis d’asseoir la domination de l’esprit », confie-t-il. Car la quête n’est plus, dans cette partie du monde, d’épices, ni d’or vierge, mais comme aux bouges de la vie, le germe même sous sa crosse, le timbre même sous l’éclair ou au foyer de sa force l’étincelle même de son cri..
Ainsi, l’art pictural, plutôt qu’un stock de poncifs à copier, fournit à cet artiste le moyen d’une introspection pour la reconquête de son authenticité et de son unité existentielles.

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Un écrivain sans dieu

— Par Alain Freixe —

mickael_gluckPoésie. Michaël Glück revisite en poète le premier livre de la Torah, la Genèse. Aux sept jours attendus, il ajoute la nuit qui les a précédés.

Dans la suite 
des jours, de Michaël Glück. L’Amourier éditions, collection « Poésie », 490 pages, 26 euros. Sur la table des libraires, voir Dans la suite des jours, de Michaël Glück, édité par l’Amourier, impressionne. Pour un pavé, c’en est un ! Et sous celui-ci, les pages ! 490 au total ! Michaël Glück et ses éditeurs ont choisi de regrouper les sept volumes parus entre 1996 et 2008 : Jour un, le Lit, la Table, le Couteau, le Berceau et la Tombe, l’Échelle, le Repos, soit sept méditations écrites dans les marges de la Bible, sur les bords du livre. Michaël Glück, « ce lecteur et écrivain sans dieu », comme il aime à se définir lui-même, et son éditeur ont choisi d’ajouter un huitième livre.

Et c’est le chaos qui resurgit. Non pas le désordre mais la fente première : l’inarticulé, l’irrévélé, l’irrésigné. La séparation fondatrice. « Au commencement est la nuit / toujours la nuit », « la nuit sans nom », Albe la blanche, si c’est là un des noms de ce qui serait espace lisse et blanc d’avant tout signe.

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S’attaquer aux racines du dérèglement mental

— Par Robert Saé —
folie1-Identifier le problème
On n’a pas besoin d’avoir fait des études de psychologie ou d’être psychiatre pour comprendre que ce sont des dérèglements mentaux de même nature qui amènent, en Inde, des individus à violer en meute une jeune fille avant de l’assassiner, aux USA, des lycéens ou des employés à massacrer leurs camarades ou collègues au fusil mitrailleur, en Irak, des illuminés à décapiter des villageois ou des journalistes. Nous sommes tous révulsés par ces exactions abominables, et nous nous posons la question : « comment de telles dérives sont-elles possibles? » Ce qui est sûr, c’est qu’une claire compréhension des mécanismes qui conduisent à ces comportements criminels ne nous sera pas portée par les médias dominants. Au contraire, agents de plans inavoués, ceux-ci se mobilisent pour alimenter des réactions purement émotionnelles face aux événements qu’ils compartiment, hiérarchisent et instrumentalisent.
En réalité, au-delà, des paravents idéologiques ou religieux, des motivations exprimées ou inconscientes, de la spécificité des victimes touchées, les ressorts qui conduisent des individus à commettre de telles atrocités relèvent avant tout de leur propre dérèglement mental.

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Métaspora : au-delà de l’identité ou l’ouvroir anthropologique de l’écrivain des Tropiques

— Par Paultre Pierre Desrosiers —

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« Celui qui n’a pas de patrie acquiert une autre liberté. »
– Stefan Zweig, Le Monde d’hier

Métaspora. Essai sur les patries intimes de Joël Des Rosiers est le fruit d’un long et pertinent travail de réflexion qui se donne pour ambition de s’ouvrir aux expériences sensibles, aux modifications des pratiques et des représentations que les « égarés » produisent, car issues des richesses inépuisables de la confusion du monde et de l’enchevêtrement des cultures. C’est que la mondialisation des idées, des biens et de la littérature est un phénomène déjà ancien. Goethe jadis rappelait son espoir de la transfiguration du réel par une Weltliteratur (littérature mondiale). De l’univers contemporain souvent hybride et animé de complexités diverses dont une histoire postcoloniale toujours pesante, Des Rosiers rapporte des utopies culturelles et des fulgurances esthétiques qui congédient la suprématie du local sur l’universel, de l’origine instinctive sur la pensée mûrie⋅ Au fil de lectures et de compagnonnages qui vont bien au-delà des références communes : de la philosophie à la littérature, de la peinture contemporaine à la photographie puis du cinéma à la musique urbaine et à la politique, l’auteur s’empare de toutes les formes de la culture dominante dans une érudition héritée de Borges, fragmentaire et profondément poétique⋅

Lire aussi : Tanella Boni : Métaspora.

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Yannick Vérrès  » Racines Carrées » expression libre

— Par Christian Antourel —

verres-2Le design va de l’objet fonctionnel à l’objet baroque, en passant par tous les états du flexible, du modulable et du turgescent. Du joli grille pain à l’utopie absolue savoir mettre de la folie dans la matière. Seules comptent la démarche, les traces de la pensée, l’influence cachée du novateur. Yannick Vérrès a en lui du rêve, du temps de la patience, et comme en musique il invente sa propre grammaire. Les épousailles de l’art et de la technique où formes et symboles font écho à l’industrie et la nature, harmonisent des critères esthétiques et fonctionnels. Son travail enchante par sa candeur et sa légèreté. Peut-être parce qu’il est conçu de façon instinctive, directement du dessin à l’objet. Deux en un, objet utile et beau, voilà ce que propose Yannick Verrès⋅ Pour cette exposition, il compose une série de meubles, tables, tabourets, tables basses, bancs qui explore la relation entre le bois et le métal. Bien plus que du mobilier, ces modèles sont en fait des sculptures fonctionnelles, pièces uniques épurées, réalisées dans une recherche de style⋅
Ses espaces habitent les quotidiens, pas l’inverse.

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Métaspora, essai sur les patries intimes, de Joël Des Rosiers

"là où l’espérance fait défaut, l’âme se dessèche et s’exténue"

— Par Tanella Boni(*) —

joel_des_rosiersPoète, essayiste, psychiatre et psychanalyste, Joël Des Rosiers publie en novembre dernier Métaspora, Essai sur les patries intimes(1). Une publication parue chez Tryptique à Montréal, comme l’ensemble des titres de l’auteur depuis 1987. Joël Des Rosiers est récipiendaire de nombreux prix parmi lesquels, en 2011, le prix du Québec Athanase-David pour la qualité exceptionnelle de son œuvre. Focus sur son dernier essai.

Il y a d’abord la couverture, avec un titre énigmatique, comme souvent chez Joël Des Rosiers – Métaspora, Essai sur les patries intimes – énigmatique parce qu’il attire le regard et convoque, déjà, l’entendement comme dirait quelque philosophe.

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Richard-Viktor Sainsily Cayol : Rhizomes hybrides ou la poïétique d’un syncrétisme

"L'art rhétorique"

— Par Christian Antourel et Ysa de Saint-Auret —

sansily-cayol-1D’une modernité mélangée d’héritage, Richard-Viktor Sainsily Cayol nous parle d’un fruit de racines multiples, de mélanges d’influences qui aboutissent à la création ultime : « La plus belle performance humaine : un syncrétisme »

Son œuvre apporte une ivresse du regard. Diversités, fantaisies mises à mal des langages de la plastique. Il donne à voir une brillance, un style unique et une forme de démesure, dans des postures d’absence et de fixité. Finalement, c’est du gâteau, beau, accessible, bien ficelé et juste assez étrange, pour titiller le spectateur trop rigide. Un art de l’intelligence et de l’exploit formel un art qui surmonte naturellement des contraintes formidables, c’est d’abord ça. Mais cette prouesse, plus subtile encore, laisse flotter dans l’air une part de mystère sucré, impossible à cerner, une ambiance d’énigmes mathématiques, des sous entendus, du sous- texte, vu dans le sens de l’émotion, pensée dans le registre de la nuance qu’il revisite avec une pertinence et un sens de l’actualité qui laisse pantois. Car son monde est parfaitement en adéquation avec la « Schizofrénésie» mise en scène.

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Paroles d’un écrivain

A propos de Richard-Viktor Sainsily Cayol

— Par Maryse Condé —
expo_clement_05-2014Richard-Viktor Sainsily Cayol, créateur-protéiforme, tantôt peintre, tantôt sculpteur, est lié à moi écrivain par le fil d’une parabole magique. Nous caressons tous les deux le même grand vieux rêve qui a hanté tant d’artistes caribéens au cours de plusieurs années. Nous voudrions que la création soit plurielle, pluridimensionnelle, c’est-à-dire que plusieurs arts s’épanouissent dans l’intimité du même individu et se traduisent presque malgré lui par des
expressions diverses et différentes.
Nous nous sommes rencontrés à deux reprises mémorables. D’abord, alors que je le connaissais très peu, il s’est emparé de l’héroïne d’un de mes romans, Tituba, mi-femme, mi-sorcière, que je croyais solidement ancré dans la seule tradition littéraire. Il lui a donné des formes plastiques et par conséquent une vie nouvelle, indépendante de moi. Ensuite nous nous sommes rencontrés à la Désirade, Désirada, l’îlot cher au cœur des marins de Christophe Colomb qui voyaient se lever une nouvelle aube d’espoir et qui est aujourd’hui un lieu secret et préservé. C’est lui qui a sculpté La Liseuse, statue qui orne la cour du collège qui porte mon nom.

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Aimé Césaire, Lam, Picasso. « Nous nous sommes trouvés » : chefs-d’oeuvre, mode d’emploi

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

cesaire&lam&picassoL’un des aspects les plus remarquables de la vie de ces trois  hommes est la chance de s’être trouvés et d’avoir su donner à  cet élan la force d’un étendard. Car, « quand le monde fléchit autour de soi, quand les structures d’une civilisation vacillent, il est bon de revenir sur ce qui, dans l’histoire, ne fléchit pas, mais au contraire redresse le courage, rassemble les séparés, pacifie sans meurtrir. Il est bon de rappeler que le génie de la création est, lui aussi, à l’œuvre, dans une histoire vouée à la destruction. »

Suivant la chronologie de leur vie, tout   parcours  Picasso  Lam Césaire
se doit d’aboutir  à un idéal, celui où l’illusoire et le réel se rencontrent, se heurtent, se laissent saisir par le même regard.

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Les combats des femmes ont engendré les droits des femmes !

« Résister à l’oppression est un droit naturel » Louis Delgrès

1944, vous dites ? Eh oui les femmes obtiennent le droit de vote et à cette date se crée en Martinique, comme en Guadeloupe, en Tunisie, au Vietnam, c’est-à-dire dans toutes les colonies françaises de l’époque, une section de l’Union des femmes Françaises.

 La section Martinique a ses racines au parti communiste  avec des femmes comme Jane Léro, Fernande Ursulet. Elle recrute dans les masses laborieuses et surtout là où se trouvent des municipalités communistes. En même temps se crée « La femme dans la cité » avec Paulette Nardal, qui, elle, recrute dans les classes moyennes et dont l’un des objectifs est de former de bonnes femmes d’intérieur.

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Haïti, Guadeloupe, Dominique : nouvelles écritures théâtrales

 — par José Pliya* —

arlequin-2Le point commun entre les trois territoires à explorer sous l’angle des « nouvelles écritures théâtrales », c’est la Caraïbe. Cette partie du monde a, entre autres singularités, ces insularités multiples, ces langues en archipels : français, anglais, espagnol, créole… À ce titre, on peut dire que le deuxième point commun entre nos trois territoires est la langue créole qu’ils ont en partage. Cela est important, car, comme nous allons le voir, cette langue créole – dont la caractéristique est le mélange d’idiomes, le croisement de formes syntaxiques, la transversalité d’imaginaires linguistiques – reflète assez bien la réalité des scènes théâtrales de ces trois îles, et même de la Grande Caraïbe.

Haïti : entre ancrage local et aspiration à l’universel

Dans le foisonnement artistique perpétuel qui frappe le spectateur qui découvre cette île, le théâtre a toujours eu une place importante. Les années 1970-1980 sont dominées par la figure de grands metteurs en scène comme Syto Cavé et, surtout, le regretté Hervé Denis. Avec eux, le théâtre est une affaire de troupe, de famille et de grands textes du répertoire haïtien (Jacques Stephen Alexis) ou caribéen (Simone Schwarz-Bart, Aimé Césaire) qui sont créés et joués un peu partout dans le monde.

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« Moi Cyrilia, gouvernante de Lafcadio Hearn 1888. Un échange de paroles à Saint-Pierre de la Martinique » , texte Ina Césaire, mise en lecture Yna Boulangé

Vendredi 27 janvier / 19h / Médiathèque du Saint-Esprit

“Sé bèf douvan ki bwè dlo klè !”

Monsieur Hearn avait déjà sorti son petit cahier noir. Cette fois-ci, j’osai lui demander la raison de ce que je considérais comme une indiscrétion.
“La curiosité est mon métier, Cyrilia. J’ai dans l’idée que la phrase que vous venez de prononcer est un proverbe de chez vous, domaine qui me passionne… Quel est son sens ?”
“ C’est le boeuf qui est arrivé le premier qui a droit à l’eau la plus claire” signifie que, contrairement à ce que vous venez d’affirmer, les mieux placés sont toujours lesprivilégiés !”

[…]

– Quelle chaleur, ma fille ! On se croirait en plein carême et je meurs de soif !
– Voilà que je manque à tous mes devoirs ! Tu prendras bien un peu de café ou d’eau de coco ?
– N’aurais-tu pas plutôt une petite goutte de shrubb * ?
– Du shrubb, au beau milieu de la matinée ?
– Il est certes un peu tôt, mais tu sais bien que c’est mon péché mignon !

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Sonmiziksonpawol d’Annick Justin Joseph

— Par Selim Lander —

Il y a longtemps qu’Annick Justin Joseph porte ce projet d’hommage au musicien martiniquais Henri Brival (1933-), artiste lamentinois qualifié d’« extravagant », ce qui ne l’a pas empêché de voyager à travers le monde avec son « bwa ronflé » (ou « wonflé), instrument de son invention composé d’une caisse en bois (isorel) que l’on caresse avec un bâton et qui produit des sortes de barrissements. Sur la scène du théâtre municipal de Fort-de-France, un de ses disciples faisait la démonstration de cet instrument aussi rustique qu’original.

Sonmiziksonpawol mêle les chants, la danse et les chansons, par exemple « Alexandre pati » de Léona Gabriel-Soïme (dite « Estrella », 1891-1971), qui introduisit la biguine à Paris, et écrivit et interpréta de nombreuses chansons, en particulier cette fameuse « Alexandre pati » dont il reste d’ailleurs un enregistrement par elle-même. Cette diversité est l’un des atouts de Sonmiziksonpawol, une pièce servie ici par des interprètes appréciés des Martiniquais, y compris James Germain, grande voix d’Haïti, qui s’est produit à plusieurs reprises chez nous et qui impressionne toujours.

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Avignon 2019 : récapitulatif des comptes rendus

Le festival à l’heure des bilans

Le « IN » : faire mentir les fatalités

La 73e édition du Festival d’Avignon s’est achevée pour les spectateurs dans la nuit du 23 au 24 juillet, célébrant d’une certaine manière en aînée les 60 ans du ministère de la Culture, cette utopie réaliste d’un accès égalitaire aux œuvres. Il faudra encore quelques jours à l’équipe du Festival d’Avignon pour terminer, démonter, entretenir, ranger ce grand théâtre. Les histoires individuelles ont raconté la grande Histoire, les spectacles ont dialogué de l’un à l’autre, esthétiquement comme politiquement, dessinant une dramaturgie de la programmation. Des triomphes du Brésil, de Chine, de Russie, de France ou de Grande Bretagne, ont soulevé les salles et nous avons accompagné de nouvelles générations d’artistes accueillis par les spectateurs avec une curiosité passionnée, faisant une fois encore du Festival d’Avignon ce carrefour unique de productions légendaires et d’annonces de demain. Ce public d’Avignon, multiple, divers, fervent, fidèle, exigeant, militant aussi, était présent pour les spectacles comme pour les rencontres, revendiquant le plaisir sérieux de partager la recherche, l’engagement, l’histoire, le sens.

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Non, la précarité sociale ne suffit pas seule à expliquer la violence des jeunes en Guadeloupe !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Dans une récente déclaration faite dans un journal de la place, le sociologue Ary Brousillon a pour l’essentiel attribué la montée de la violence chez les jeunes à la précarité sociale et à la pauvreté qui règne dans certaines familles notamment monoparentales. Cependant, cette explication simpliste occulte d’autres facteurs essentiels qui contribuent à ce phénomène alarmant.Il est indéniable que la précarité sociale exerce une pression considérable sur les jeunes, les privant souvent d’opportunités éducatives et professionnelles, et les exposant à des environnements défavorables. Cependant, réduire la violence juvénile à cette seule dimension est réducteur. Un facteur souvent négligé est l’affaiblissement de l’autorité parentale. Dans de nombreux cas, les parents sont confrontés à des défis multiples, tels que le chômage, le stress financier et les conditions de logement précaires, qui compromettent leur capacité à exercer une autorité efficace. Cette fragilité de l’autorité parentale peut laisser les jeunes livrés à eux-mêmes, sans guidance ni supervision adéquate, ce qui favorise l’adoption de comportements violents et d’un phénomène d’abandon aux traffics de substances illicites. C’est là une conséquence de la recherche à tout prix de l’argent facile au détriment de la valorisation de l’effort du travail.

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18e édition du Festival International « Lire et Dire pour le Plaisir »

Maryse Condé à l’honneur, du 22 avril au 4 mai en Martinique.

Un spectacle très émouvant et un très bel hommage à Maryse Condé. En gestation depuis plus d’un an, bien avant la mort de l’écrivaine, il s’articule autour d’un choix de textes suffisamment judicieux pour donner l’impression à qui n’a jamais lu Maryse Condé qu’il s’agit d’un seul et même écrit aux couleurs  plus ou moins autobiographiques, comme en témoignent des échanges avec le public après la représentation. Mais surtout Maryse Condé est présentée à la fois comme une femme qui parle des expériences des femmes et une écrivaine qui se trouve en marge, loin des normes établies. Bien que ces deux aspects semblent différents, elle explore à la fois l’histoire des femmes aux Antilles, ou des récits féminins, et exprime une méfiance envers les communautés enracinées dans leur propre territoire et culture. De passage en Martinique, elle déclarait il y a quelques années: « Nos racines sont là où nous vivons ».

Elles sont cinq sur scène venues d’horizons divers, variés, porteuses de cette quête altérité si chère à Maryse Condé et qu’elle place au fondement de nos identités.

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Exposition de Yolande Gaspard

 Picturophonie des liens Musique et peinture. Peinture et musique.

— Par Philippe Charvein

Deux univers, en apparence opposés, mais qui se rejoignent à travers les différents médiums utilisés par Yolande Gaspard (peinture acrylique sur toile, bois chantourné, argile sculptée, papier) afin de tisser et retisser les liens qui unissent les êtres, les consciences, les histoires. Monde bien singulier, en effet, que celui que nous restitue l’artiste peintre puisque construit sur les ramifications inextricables et diverses ; sur ces formes qui se mêlent et s’entremêlent en permanence ; sur ces maelstroms de fulgurances s’imbriquant les uns dans les autres, saturant souvent la toile ; débordant même le cadre de celle-ci. Monde d’assonances et de dissonances, de chaos et de « cacophonie musicale » où ce qui est disharmonieux est pourtant gage d’harmonie et de partition internes… gage d’une certaine unité d’ensemble ; une unité d’autant plus forte et dynamique qu’elle s’enracine dans le divers.

Yolande Gaspard restitue d’abord les liens qui unissent les êtres à la terre, en témoignent ces deux toiles intitulées « La terre est ta mère ».

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Retour sur le parcours d’un éveilleur de consciences : René Ménil

Colloque Mardi 16 avril de 8h30 à 18h à Tropiques-Atrium

René Ménil
(…) J’ai porté mes lèvres aux lèvres du monde
Pour, comme un clairon
Faire retentir ce cri qu’entendront les plus sourds (…)

S.O.S René Ménil (1939

Tracées & Transmission

Un hommage à René Ménil a été rendu le 24 mars 2023, avec le concours de la Ville de Paris et de la CTM sous la forme d’un colloque qui s’est tenu dans l’Auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris.

Le 16 avril 2024, c’est sur ses terres martiniquaises que le philosophe, le poète et le militant anticolonialiste sera honoré à travers un nouveau cycle de conférences qui se tiendra à Tropiques Atrium à Fort-de-France.

Relire l’œuvre de René Ménil, la faire connaître aux jeunes générations (les lycéens, les étudiants), telle est l’ambition de ce rendez-vous.

BIOGRAPHIE

René Ménil est né officiellement le 15 février 1907 au Gros-Morne d’un père petit paysan, Charles-Louis Lentulus Ménil et de Marie Virginie Linconstant, couturière.
Il est décédé le 29 août 2004 à Sainte-Luce.
Jusqu’en 1920 – Il est élève à l’école primaire du Gros Morne
1920 à 1927 – Il fréquente le Lycée Schoelcher, où il passe le baccalauréat.

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Le tortueux chemin de crête de la neuro-psychogénéalogie des Antillais  !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La nouvelle science de la neuro-psychogénéalogie explore les liens entre les expériences passées de nos ancêtres et leur impact sur notre actuelle santé mentale, émotionnelle et comportementale. Dans le contexte des Antilles, notamment en Guadeloupe et en Martinique, où l’histoire est marquée par des événements traumatisants tels que l’extermination des Indiens Caraïbes, l’abomination du système esclavagiste et la dépossession de la personnalité du colonisé du fait de la colonisation, plusieurs raisons peuvent pousser à rechercher un lien de nature économique et anthropologique avec cette discipline de la neuro-psychogénéalogie.

Nous sommes bien en présence d’une transmission intergénérationnelle du trauma  dixit Frantz Fanon. La ligne de crête dangereusement précaire des non dits qui a longtemps forgé un relatif équilibre de la personnalité des membres de communautés aux Antilles est en fait une véritable bombe à retardement qui serait corrélée avec la crise économique en suspens pour les prochaines années. Aborder aujourd’hui les relations de l’individu et de la société, du point de vue sociologique, c’est entrer dans le domaine économique,car c’est bien l’économie qui façonne la configuration sociale de la société antillaise et les mentalités ainsi que les personnalités des individus.

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