Henri Guédon : Trace(s) Mythologie Écritures

— Par Christian Antourel  & Ysa de Saint-Auret —

quato_-bdC’est sur un ton  bon enfant, enjoué même, émaillé de quelques  anecdotes que Laetitia la fille d’Henri Guédon a commenté l’exposition. Mais la solennité réservée aux héros était  bien là. Henri Guédon n’a pas cherché  à convoquer son destin et toutes ces vibrantes émotions  lui sont advenues à la bonne fortune d’une vie d’artiste passionné.

Laetitia Guédon porte un éclairage sur des entreprises artistiques et poétiques sans les réduire  à une seule perspective et donne quelques repères pour s’orienter dans l’effervescence  de pratiques diversifiées en privilégiant « la globalité triomphante…dans un  espace de libération  de la pluralité » « Magicien des sens, Henri Guédon nous   mène dans un monde où les sculptures sont sonores, où la peinture est rythmée, où la musique est couleur… il apprivoise le son et la lumière, l’espace et la matière » Voilà tout est dit et comment ! mais que l’on se rassure, tout au long de l’exposition, on trouve de multiples façons d’aborder le travail de l’artiste, ne serait-ce que par la diversité des regards et des ressentis de chacun auxquels faisait et fait toujours  appel  l’artiste : La pulsion scopique est quelque chose de puissamment formidable ce qui nous amène subséquemment à sa production dont nous dirons quelques mots, car qui ignore que Henri Guedon fort de ses racines martiniquaises, africaines par extension, a su exploser les clivages qui l’enfermaient dans un genre  exotique, pour s’affirmer de plus en plus en artiste universel? Artiste éclectique, synthétique, prolifique s’il en est, d’aucuns ont voulu voir dans son œuvre un fourre-tout hétéroclite à remiser au fond d’un grenier poussiéreux C’est oublier que la profusion  de ses dons s’incarnant merveilleusement  dans des créations originales alliaient avec art  tradition et modernité Ainsi en est-il des séries de masques mi sculptés, mi peints, aux yeux ronds et aux bouches énigmatiques… On y trouve toujours cette tranquillité  arrogante des enchainements  abrupts, permettant des renversements sautillants organisés, des tours et des détours fictionnels  et ce même penchant pour les alliages voués à être mort-nés… qui finissent par devenirs les plus  sémillants de tous. Henri Guédon a tout embrassé en art plastique. On y retrouve encore cette attirance   irrépressible vers une musique plus narrative  aux airs de jazz flottant, négro américain, salsa, meringué,  plein de vraies chansons qui parlent, de magnifiques mélodies et évidentes trouvailles qui  font  justement poindre la mélancolie et la furie dans une multi sensibilité, dans des allées réaménagées d’abeilles bosseuses.

UN RAPPORT EPIDERMIQUE A LA CREATION
Posons-nous la question. Puisqu’aujourd’hui son œuvre délirante de formes, de boucan, de silences, d’idées, brille dans la masse avec un éclat qui ne saurait  être justifié par le simple fait du hasard. D’où lui est venue cette fréquentation si intime avec le succès ?  Se laisser plonger  dans l’espace  de cette exposition et griser dans les vapeurs d’un vertige parcellé à l’extrême.   Essayer de suivre comment ces formats étranges s’entremêlent se bousculent, s’enchainent violemment. On ne saurait dire si c’est sa philosophie posée sur le réel, entre l’ordinaire et le singulier, l’intime et l’impersonnel, ou la technologie d’un métronome rigide qui rend l’amoncellement, la fragmentation et les embranchements si aisés. Ou  est-ce l’art qui crie ses désirs de densité extrême ? Henri Guédon portait certainement cette aura invisible ô combien efficiente accordée aux démiurges

Pratique :
Jusqu’ au 6 octobre 2016
A la Fondation Clément
Domaine de l’Acajou
Le François
Pour tout contact : 05 96 54.75.5:

Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret