— Par Yves-Léopold Monthieux —
Un ami de la nomenclatura foyalaise me disait hier que jamais Péyi-a et ce qui reste du MIM ne laisseront Serge Letchimy donner son nom à une Martinique autonome ou indépendante. D’autres exemples pourraient confirmer que le sort de la Martinique est étroitement lié à une compétition de ses leaders devant le l’histoire.
Ce phénomène me rappelle le bref entretien que j’avais volé à Alfred Marie-Jeanne dans un couloir d’ATV. « Voudriez-vous connaître le destin de ces hommes qui ont donné leur nom à leur pays comme Simon Bolivar, Jose Marti ou Fidel Castro ? Aimeriez-vous que la Martinique s’identifie à votre nom, lui demandai-je, quelles que soient les conséquences positives ou négatives, y compris pour votre propre famille ». Son accord empressé à ces éventualités était sans ambiguïté. Deux circonstances ont paru faire écho à cette réponse, d’abord, au lendemain du moratoire, la répétition de sa propre sentence : « Césaire est voué aux poubelles de l’histoire ». Ensuite, l’opposition de Chaben, qui s’est avérée vaine, à la dénomination de l’aéroport du Lamentin du patronyme d’Aimé Césaire.

Il est un comportement des partis politiques martiniquais dits indépendantistes, autonomistes, bref évolutionnistes, qui n’a pas changé depuis que la question institutionnelle se pose concrètement. Bien entendu, cette attitude est venue s’ajouter à la pratique électoraliste traditionnelle qui a toujours consisté à mettre son drapeau dans sa poche chaque fois que s’annonçait une élection de maire, de conseiller général ou de député. Cette liberté prise à l’égard de supposés convictions a permis à leurs auteurs de se faire élire et de conserver leurs mandats, pour certains pendant près d’un demi-siècle.
Le dernier épisode de dégradation de monuments aux morts, à la veille du 14 juillet 2023, me rappelle la contre-chronique parue ici à la suite de l’incendie criminelle de trois restaurants au Carbet et à Ste Luce : La main invisible du désordre, un mouvement désordonné et un mouvement ordonné.
De l’art d’être Martiniquais à part entière et citoyen français à part entière dans une société de perroquets. Il en va ainsi de la pensée unique qui submerge la vie politique et intellectuelle martiniquaise. Il est aujourd’hui tendance, de bon aloi et de bonne convenance politique d’éviter tous les mots et expressions qui rappellent la réalité des territoires situés loin de l’Europe et rattachés, d’une manière ou d’une autre, à la France … et à l’Europe. Bref, la Martinique n’est pas la France. Sachant qu’à l’inverse, il est toujours de saison de sortir les armes de la
Prévu par la constitution de 1958 modifiée, le mode de scrutin de l’élection présidentielle, – suffrage universel à 2 tours, le second réservé au 2 candidats arrivés en tête au premier – avait conduit à un faux two party system et au renforcement du président de la République. Reste qu’aucun président n’a jamais été élu au premier tour qui, en réalité, fait fonction de « primaire » pour le second. Le vainqueur n’en a pas moins toujours été, suivant la formule consacrée, le président de tous les Français.
Ainsi donc, une décision essentielle appelée à s’inscrire dans l’histoire martiniquaise sera écrite par la volonté et le pouvoir d’un homme. Après qu’il aura eu le premier mot, le président de la collectivité aura le dernier mot : d’abord, « je suis pour le drapeau rouge-vert-noir », ensuite, « le président du conseil exécutif procédera librement au choix final ». Dès le départ, le président avait dit sa préférence, il a écrit la règle du jeu qui devra l’y conduire et prononcera la sanction finale. Dans plusieurs tribunes j’ai tenté de démontrer combien, en Martinique, le politique tient la main de l’historien. Le choix et le 
Le 16 juillet dernier(
Ingénieurs ou ouvriers, chercheurs ou main d’œuvre, que manque-t-il le plus à la Martinique ? C’est la question qu’on peut se poser après l’émission du 12 octobre 2022 sur Martinique-la-1
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le témoignage de Monsieur
La question abordée par Yves-Léopold MONTHIEUX au sujet du
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Ou sont passés tous ces Blancs qui ont été accusés de « génocider » le peuple martiniquais depuis plus d’un demi-siècle ? On ne les voit pas dans les statistiques, on ne les voit pas non plus dans des cimetières dédiés. Le phénomène est pourtant inscrit dans le marbre de la conscience martiniquaise. Ainsi, chaque fois qu’est abordée la question de la baisse de la population en Martinique, chacun, de Ti Sonson au député du coin, y va de son couplet sur le «
Quelle société résisterait à une politique dont l’objectif d’évolution in
Lorsqu’à la fin des années 1990 l’incertitude planait sur l’avenir du PPM, le parti de Césaire détenait outre la ville de Fort-de-France qui comprend le quart de l’électorat martiniquais, le conseil régional, un sénateur, un député et trois autres municipalités, Le Robert, Le Carbet et Le Marin. Seule la personnalité hors normes d’Alfred Marie-Jeanne disputait au PPM la présidence du conseil régional, mais 
Par sa forte personnalité et sa capacité de convaincre, au vu de la durée de son magistère et des moyens à sa disposition, Alfred Marie-Jeanne (AMJ) pouvait faire des grandes choses pour la Martinique. Parvenu
Les nationalistes n’ayant pas eu la faveur du peuple, leur vieux slogan « élection piège à cons » s’était avéré inefficace, il a disparu. C’était aux temps de la démocratie triomphante où l’abstention aux élections était au plus bas. Aujourd’hui que les citoyens boudent les urnes, il est tentant pour les révolutionnaires d’y voir la réponse tardive à leurs vœux d’antan. C’est ce qui ressort de la production récente d’un militant nationaliste martiniquais.
On est tous inquiets de l’avenir économique, celui de notre jeunesse, celui de la Martinique dans la France et dans son environnement. Beaucoup de questions peu de réponses : c’est l’impasse. L
«
Alors que le pouvoir d’achat et le plus d’Etat envahissent les ondes et la campagne législative, je vous soumets une réflexion, non dénuée de dérision, parue le 16 janvier 2008 et intitulée : 
Lorsque les inégalités sociales sont internes aux démocraties, elles conduisent à des exigences et des mouvements sociaux tels qu’ils pourraient, en France, faire un enfer du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Alors que l’heure serait à l’effort et au renoncement, notre démocratie n’a cure de circonstances exceptionnelles. Le « pouvoir d’achat », le « toujours plus » et « le mieux-être » avant la pandémie du Covid 19 et ses suites, la situation économique précaire du pays et les incertitudes de la guerre en Ukraine. Les fluctuations de ces valeurs sont en occident ce que la gêne, la faim ou le risque de mourir sont dans les pays de l’Est, d’Afrique ou d’Amérique du Sud : un sujet de troubles, voire d’émeutes. C’est peu dire que dans leur quête, l’instituteur français, le soignant, l’ouvrier ou même le tributaire de l’assistance publique sont loin de se préoccuper de leurs collègues, parfois cent fois plus malheureux, de l’Inde ou de Chine, de Dominique ou d’Haïti. C’est l’illustration de l’égoïsme des peuples : le toujours plus chez soi avant la solidarité avec l’autre.
Plusieurs manifestations avaient été prévues pour perturber le séjour de Jean-Marie Le Pen en Martinique au cours de l’année précédant l’élection présidentielle de 1988. Le comité d’accueil de l’intéressé à l’aéroport du Lamentin avait pour objectif un remake de l’accueil réservé, une dizaine d’années plus tôt, à Paul Dijoud, secrétaire d’Etat de l’Outre-Mer par les fonctionnaires : l’empêcher de rejoindre son hôtel par la route. La perspective de la possible suppression des 40% des fonctionnaires avait fait grand bruit et suffi à mobiliser bien au-delà des syndicats, de sorte que l’ampleur de la manifestation avait obligé le ministre à rejoindre par hélicoptère la résidence préfectorale. En ce qui concerne Jean-Marie Le Pen, il n’avait pas été question, sauf quelques initiatives isolées et marginales, d’empêcher l’avion d’atterrir. Mais les choses se sont produites presque naturellement.
Ainsi apparaît pour la première fois sous la plume de Raphaël Confiant, du moins à ma connaissance, l’expression d’un assimilationnisme d’extrême-gauche naissant en Martinique. Depuis l’avènement du statut départemental d’outre-mer, l’histoire politique martiniquaise est celle de l’opposition supposée entre