— Par Yves-Léopold Monthieux —
Je n’oublierai pas la phrase de l’un des médecins qui ont rédigé le rapport d’autopsie de la seconde victime de février 1974, le jeune ouvrier en bâtiment Georges Marie-Louise. « Tout peuple qui se construit a besoin de mythes », me dit-il. C’était la réponse sans équivoque à mon interrogation : « Docteur, je pense à vous quand j’entends certaines interprétations des incidents de février 1974 1». Des mythes, en veux-tu en voilà ! N’est-ce pas une méthode d’écriture de l’histoire ou d’histoires à côté de l’histoire qui caractérise trop souvent l’Histoire de la Martinique ?
Dans une récente expression, Marie-Hélène Léotin fait une présentation sans fard de Cyrille Bissette. Selon l’historienne, celui qui fut l’une des parties prenantes de l’abolition de l’esclavage de 1848 se serait caractérisé par son opportunisme et non par l’empathie du propriétaire d’esclaves qu’il était. Ses idées auraient évolué au gré des circonstances et des intérêts des mulâtres qui seraient devenus in fine les alliés objectifs des esclaves. Cette description peu contestée de l’historienne conduit à enfermer les mythes Bissette2 et Schoelcher dans un égal rejet, au seul avantage d’un 3ème mythe, la date du 22 mai 1848.