L’éphéméride du 11 mai

Capture d’Adolf Eichmann par le Mossad à Bancalari, au nord de Buenos Aires, en Argentine, le 11 mai 1960

Adolf Eichmann, né à Solingen le 19 mars 1906 et exécuté dans la prison de Ramla, près de Tel Aviv-Jaffa, le 31 mai 1962, est un criminel de guerre nazi, haut fonctionnaire du Troisième Reich, officier SS Obersturmbannführer et membre du parti nazi.

Nommé pendant la guerre à la tête du RSHA Referat IV B4, qui s’occupe des affaires juives et de l’évacuation, il est responsable de la logistique de la « solution finale » (Endlösung). Il organise notamment l’identification des victimes de l’extermination raciale principalement dirigée contre les Juifs prônée par le NSDAP et leur déportation vers les camps de concentration et d’extermination.

Ayant réussi à échapper à la justice après la capitulation allemande, et notamment au procès de Nuremberg, il est retrouvé, puis capturé par des agents du Mossad en mai 1960 à Buenos Aires, en Argentine, où il vivait depuis dix ans sous le nom de Ricardo Klement. Dans des conditions rocambolesques, il est exfiltré en Israël, où il est condamné à mort et exécuté à l’issue d’un retentissant procès tenu à partir d’avril 1961 à Jérusalem
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Capture

Durant les années 1950, de nombreux juifs s’emploient à retrouver les criminels nazis en fuite, et Eichmann fait partie des premiers sur la liste. Des documents déclassifiés (notamment sa fiche de police) montrent que le gouvernement ouest-allemand ainsi que la CIA connaissent, dès 1952 (1958 pour la CIA), la localisation et le pseudonyme sous lequel se cache Eichmann (Klement), mais ne le révèlent pas pour raison d’État31. Il semble que la crainte ait été qu’Eichmann dénonce Hans Globke, alors membre du gouvernement du chancelier Konrad Adenauer32. Le rabbin Avraham Kalmanowitz tenta ainsi en 1953, avec le responsable du département d’État Adolf A. Berle Jr., de convaincre le directeur de la CIA, Allen Dulles, de se mettre à la recherche d’Eichmann33. Réticent, ce dernier finit par céder, et ordonna des recherches dans les pays arabes, où se situait Eichmann selon Kalmanowitz33.

Sept ans plus tard, l’opération Attila fut déclenchée par le Premier ministre d’Israël David Ben Gourion qui souhaitait à cette occasion un procès, le Nuremberg du peuple juif, pour refonder une unité nationale (de nombreux jeunes Israéliens ne comprenaient pas ou étaient honteux à l’idée que des millions de Juifs s’étaient laissé conduire à l’abattoir et contrariaient l’image héroïque du renouveau juif en Israël) et affermir la légitimité de son parti le Mapaï[réf. nécessaire] : Eichmann fut enlevé en pleine rue, juste devant chez lui à Buenos Aires, par un commando d’agents du Mossad dirigé par Isser Harel, alors chef du Mossad et ancien chef du Shin Bet, le 11 mai 1960. Séquestré dans la cave d’une planque louée par les agents israéliens, il reconnut son identité et signa de force une déclaration par laquelle il acceptait d’être jugé en Israël34. Le 21, il fut transporté jusqu’en Israël depuis un aéroport militaire argentin, à bord d’un avion de la compagnie aérienne israélienne El Al qui avait emmené la délégation de l’État hébreu aux fêtes du 150e anniversaire de l’indépendance argentine puisqu’il n’existait pas de liaison aérienne directe entre les deux pays36. Pour l’anecdote, à l’entrée de la base, un barrage militaire les attendait. Afin qu’Eichmann ne dévoile pas aux soldats argentins qu’il venait d’être enlevé, il fut revêtu d’un uniforme d’El Al. Eichmann fut placé sous sédatifs (on le fit passer pour malade) et les membres du commando étaient également en tenue de navigants. Il fut suggéré à un moment que les membres du commando simulent l’ivresse pour éviter que le comportement d’Eichmann n’attire l’attention mais l’idée fut abandonnée. À l’entrée de la base, les soldats argentins arrêtèrent l’automobile et se moquèrent des Israéliens incapables de tenir l’alcool35. Cette action, contrevenant au droit international et mettant en cause la souveraineté de l’État argentin, souleva des protestations du gouvernement Frondizi, ainsi que des manifestations néo-nazies, marginales, dans le monde. En Argentine, le Mouvement nationaliste Tacuara organise une campagne importante d’antisémitisme.

Le gouvernement israélien nie tout d’abord être impliqué dans cet enlèvement et prétend qu’il est le fait de volontaires civils juifs chasseurs de nazis. David Ben Gourion, alors Premier ministre, annonce la capture d’Eichmann à la Knesset le 23 mai 1960. Cette annonce est acclamée debout par les députés présents37.

Mais depuis les déclassifications de documents réalisées par les services secrets israéliens dans la première décennie du xxie siècle, de nouvelles informations sur le déroulement de la capture d’Adolf Eichmann ont été mises au jour. Il est apparu que Lothar Hermann et le Procureur général du land de Hesse Fritz Bauer avaient largement contribué, chacun à sa manière, à la capture du nazi.

En effet, Lothar Hermann, un rescapé de Dachau, avait émigré en Argentine en 1938 avec toute sa famille. Or, sa fille, Sylvia, entretenait une relation avec un certain Klaus Klement. Les remarques de Klaus concernant le passé nazi de son père, ainsi que la lecture en 1957 d’un article concernant le procès de SS à Francfort, ont persuadé Hermann que le père de Klaus Klement pourrait être Eichmann. Il a alors envoyé sa fille enquêter chez les Eichmann. La porte s’ouvrit et Sylvia découvrit un homme d’âge moyen à qui elle demanda : Êtes-vous Monsieur Eichmann ? ; l’homme ne répondit pas mais il admit être le père de Klaus Klement. Hermann prévint le Procureur général Fritz Bauer, exerçant dans la Hesse. Le Procureur général n’avait pas confiance en la justice allemande, qui comptait encore de nombreux nazis dans ses rangs, et prévint directement les autorités israéliennes en septembre 1957, en se rendant directement en Israël, bravant la surveillance policière dont il faisait l’objet en Allemagne, et risquant sa vie en « trahissant » son pays (en faisant appel à des services extérieurs). Le Mossad prit contact avec Hermann. Le chef du service, Isser Harel, envoya un de ses enquêteurs, Zvi Aharoni, localiser précisément Eichmann. Le Mossad hésitait, le temps passait, mais grâce aux indications d’Hermann qui continuait à le surveiller, les services secrets élaborèrent un plan d’enlèvement. Le gouvernement israélien approuva ce plan en 1960 et le mit en application peu de temps après

Source : Wikipedia.