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Pour poursuivre la réflexion d’Yves-Léopold Monthieux sur le « génocide par   substitution »

— Karl Paolo —

La question abordée par Yves-Léopold MONTHIEUX au sujet du génocide par substitution est particulièrement complexe, qu’il s’agisse d’affirmer qu’il s’agit d’une réalité ou d’un fantasme.

Cette complexité est accrue par le fait qu’elle est chargée d’affects, de symboles, de tensions et d’idées parfois préconçues pour ne pas dire de préjugés. Il faut donc une certaine dose de courage (ou « d’inconscience » – sic) pour l’aborder, comme le fait Yves Léopold MONTHIEUX. D’autres comme Nadia CHONVILLE (1) ou Claire PALMISTE(2) ont tenté sinon, de déconstruire ce concept à tout le moins de le discuter. Très modestement, je voudrais essayer de poursuivre dans cette voie, afin de tenter d’y voir un peu plus clair, si c’est possible.

Est-ce une question de quantité

En premier lieu, poser le débat en termes statistiques – qui sont-ils ? – où sont-ils ? combien sont-ils ? – ne me parait pas pertinent. En effet, on arrivera immanquablement à se demander où faut-il mettre le curseur. Autrement dit, à partir de quel seuil la présence d’une population étrangère où jugée comme telle est susceptible de constituer ou non un problème ?

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Voter le samedi en outremer : genèse d’une absurdité

— Par Yves-Léopold Monthieux 

L’interruption des émissions politiques nationales dès le jeudi à minuit est devenue une source d’inégalités entre les citoyens. Inégalité entre les électeurs métropolitains et les électeurs domiens, les premiers bénéficiant au moment de voter de 24 heures d’informations supplémentaires liées à l’élection. Des faits de campagne ou des résultats de sondages intervenant le vendredi sont ignorés des électeurs des DOM au moment de leur vote. Inégalités entre Martiniquais, entre ceux qui sont affiliés à l’Internet et ceux qui ne le sont pas, peut-être un petit quart de citoyens.

Les premiers peuvent, en même temps qu’à Paris, vivre en direct lesdites émissions sur BFMTV, LCI, CNews et autres chaînes de télévision nationales à partir de leur smartphone ou leur ordi, d’où l’inefficacité et l’absurdité d’une mesure qui frappe le petit quart de Martiniquais qui n’a pas les moyens d’accéder à l’information directement de l’Hexagone. Par ailleurs, à l’ouverture du scrutin en France, toutes les rédactions et tous les partis politiques connaissent les résultats de l’Outre-Mer publiés la veille sans que cela ne prête à conséquence. Motif de ce décalage : empêcher, à l’inverse, que l’Outre-Mer ne connaisse les résultats de l’Hexagone alors qu’il ne leur resterait que quelques heures pour voter.

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A force de jouer avec le RN, il risque de diriger la partie

— Par Yves-Léopold Monthieux 

S’il est évident que la France se droitise dans les urnes, elle est solidement ancrée à gauche par ses institutions, sa presse, ses écoles, sa culture, ses syndicats, ses corporations. Sans oublier la rue, bien évidemment. Une majorité du RN exprimée dans les urnes se heurterait illico et même avant à une opposition déterminée, laquelle apparaît déjà à travers des pétitions parfois nominatives ou/et incitant à la désobéissance. Si le RN parvenait au pouvoir, ne serait-ce pas pour une courte parenthèse qui permettrait simplement à la France de se purger de son extrême-droite, avant de passer à autre chose ? Mais la crainte n’est-elle pas en définitive que le FN réussisse à prouver son aptitude à gouverner ?

Les armes institutionnelles du Président de la République

L’histoire de la Vème République est celle de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles dévolues à l’Exécutif pour surmonter les obstacles législatifs. Première arme présidentielle caractérisée, le référendum a été étendu pour permettre à l’exécutif, moyennant certaines modalités, de légiférer sans passer par la loi ordinaire. Le referendum du 8 janvier 1961 validant la politique du général de Gaulle en Algérie a précédé celui du 8 avril 1962 concernant l’élection du chef de l’État au suffrage universel.

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Serge Letchimy imprime grave : il n’est pas homme de moratoire.

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Rarement en Martinique des personnalités politiques de premier rang auront autant suscité la controverse qu’Alfred Marie-Jeanne et Serge Letchimy. C’est le premier rapprochement entre les deux premiers présidents du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique (CTM). Au cours d’une rencontre organisée dans le cadre d’élections législatives, l’adversaire du candidat Alfred Marie-Jeanne avait voulu embarrasser ce dernier en l’affublant, pour dénoncer ses méthodes autoritaires à la Région, du titre de « roi de Plateau Roy ». Il s’était produit l’effet inverse : rougissant d’aise, le Président avait répondu que cette référence suprême lui convenait parfaitement. Au cours de la récente interview accordée à Martinique-la-Première au Premier Martiniquais, on pouvait croire à une variante de cette anecdote. Sur le ton de la connivence, le nouveau président traduisit à son avantage l’embarras de la journaliste : “Si tu veux m’appeler président de Martinique, je ne vais pas me sentir insulté”. On ne peut mieux dire que Serge Letchimy et Alfred Marie-Jeanne se sont retrouvés au même niveau d’hubris.

Ainsi, celui qui se laisse appeler au dehors Président de la Martinique souhaite sans fausse modestie se voir nommer officiellement “Président de la collectivité territoriale de Martinique”.

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En Martinique, pas pour le plaisir : de l’exil à la prostitution

— Par Yves-Léopold Monthieux 

De la dissidence au Bumidom, le révisionnisme à l’envers

Même pour les plus avertis, quel que soit son format, il y a toujours quelque chose à apprendre d’une intervention de Gilbert Pago, historien engagé à qui on peut faire crédit de son honnêteté et son effort de neutralité. En ce petit pays, cela s’appelle aussi avoir du courage. Lorsque ses amis communistes, PPM, rouge-vert-noir, maoïstes, ou même trotskystes lui reprochent de dire certaines choses, “mais c’est l’histoire !” », s’écrit l’ancien élève de l’anthropologue Jacques Soustelle, l’un des pères, gaulliste, du statut des départements d’Outre-Mer. “Tout historien a une opinion personnelle”, pourvu qu’il soit “objectif et honnête”, rappelle le co-leader du mouvement indépendantiste du Groupe Révolution Socialiste (GRS). N’est-ce pas cette aptitude à suivre cet étroit chemin de crête qui rend incontournable l’historien martiniquais ? Qu’ils me pardonnent ce compagnonnage, j’ai retrouvé ce sens de la nuance qui n’est pas toujours bien compris chez Raphaël Confiant au cours d’une soirée littéraire consacrée à Frantz Fanon.

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L’affaire du TCSP : l’effet guillotine de l’inéligibilité du Président

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans l’affaire des marchés publics du TCSP dont le jugement est prévu le 4 juillet 2024, le procureur de la République a requis des amendes et des mesures d’inéligibilité à l’encontre de la plupart des contrevenants concernés, élus ou personnels administratifs. Pour l’heure, restons aux mesures d’inéligibilité des élus et à leurs conséquences. S’agissant d’un maire, la sanction d’inéligibilité n’a aucune conséquence pour les autres conseillers municipaux. Tel n’est pas le cas lorsque cette mesure concerne le président du conseil exécutif qui a un statut unique dans le droit français.

En janvier 2016, le mois suivant son élection, puis en avril, alors que le président Alfred Marie-Jeanne avait quelques soucis avec la justice, j’avais publié trois tribunes intitulées : « L’inéligibilité du président de l’exécutif, c’est l’effet guillotine pour les huit autres », « Le jour de l’élection du président du conseil exécutif de la CMT on entre en démocrature ». Puis « Le monstre CTM tend vers ce auquel il semble voué : la paralysie de la Martinique ».

Démocrature. Au cours du fonctionnement normal de la CTM, cette appellation fait écho aux pouvoirs exorbitants du conseil exécutif, à leur incarnation en la personne d’un président tout-puissant, à l’autorité morale de ce président sur la classe politique, la presse et la société civile.

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Une histoire d’eau en Martinique : le mythe du pont d’abord et la rivière, ensuite.

— Par Yves-Léopold Monthieux 

La légende de la responsabilité et de l’expertise martiniquaises pourrait s’écrire à travers les récits de sources, fontaines, piscines, ponts et appontements. Des histoires d’eaux sans cesse renouvelées, parfois ubuesques. Depuis une vingtaine d’années l’eau du robinet vient régulièrement rythmer nos carêmes et mesurer l’impéritie de nos élus. Ainsi a-t-il fallu deux mandatures de la CTM, des quantités d’encre et de déclarations télévisées pour régler le sort de quelques âcres de terrain sur lequel faire passer quelques mètres de tuyaux. La présence d’un béké dans l’affaire fut l’ingrédient nécessaire à l’allongement de la sauce. La victoire n’a pas fait couler ni plus d’eau dans les foyers ni plus d’encre dans les gazettes. Plus globalement, un phénomène cyclique est bien campé dans le calendrier saisonnier, lequel donne lieu, de la part des usagers, à une résilience exemplaire et, de la part des élus, à des satisfactions plastronnantes.

On est en 1965 : deux étudiants métros sont de passage en Martinique. Prenant un verre au bar Le Foyal, au Bord de mer, ils parlent un peu de leur voyage.

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L’ignorance militante de la Réforme foncière martiniquaise

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Rien de ce qui suit ne figure aux programmes des Écoles et de l’Université. Dans les années 1960 – 1970, parmi les décisions faisant suite aux évènements de décembre 1959, trois mesures majeures ont été décidées par le gouvernement. Elles ont marqué de façon indélébile la société et l’histoire martiniquaises, mais aussi sa géographie. On les nomme BUMIDOM, SMA, Réforme foncière. Fruits d’un volontarisme incontestable, ces mesures s’étaient heurtées à l’opposition de la gauche classique (PCM, PPM, PS) et des mouvements indépendantistes. Regroupés à la marge du parti communiste sous le vocable ”gauchiste”, ces derniers se recommandaient des idées maoïstes, trotskystes, castristes et autres. Un condensé sulfureux qui a pu s’expérimenter lors des événements de Chalvet, en février 1974.

Tandis que le BUMIDOM est devenu la victime expiatoire de la lutte anticolonialiste et que le SMA (service militaire adapté) a su s’arracher à l’accusation d’“armée d’occupation coloniale”, les adversaires de la Réforme foncière usèrent et usent encore d’un artifice intellectuel inédit : le silence militant et la tenue des Martiniquais dans une totale ignorance de ce moment de leur histoire.

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L’indivision successorale, élément majeur de dérégulation de la société martiniquaise

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans la seconde moitié du siècle dernier est apparu un phénomène qui a consisté à adopter des normes propres au département tout en ignorant des règles constantes touchant au fondement de la société. En réalité, grâce au nouveau vent de liberté, il s’est déployé petit à petit une permissivité, faussement vénielle, tendant à s’affranchir au quotidien de la règle de droit. En effet, le phénomène d’indivision qui fait l’actualité de l’île et des ravages dans les familles voire au sein de la société, elle-même, tient à une pratique connue dans d’autres domaines : l’ignorance du droit au bénéfice d’un aimable empirisme voire un laisser-aller et même la tentation d’un certain défi à la loi, façon Robin des bois.

Incontestablement, l’indivision successorale figure au premier rang des nœuds gordiens nés de cette douce inclination. La plupart des achats fonciers réalisés par nos ancêtres avaient eu lieu vers l’an 1900 : un peu avant, un peu après. Aujourd’hui, lorsqu’on considère le volume du contentieux, l’étendue des surfaces concernées et le nombre de leurs successeurs, c’est la société entière qui s’en trouve impactée.

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L’Enseignement martiniquais aux enseignants martiniquais ?

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Les récents incidents survenus au collège des Trois-Ilets ramènent au sujet récurrent de l’affectation de professeurs blancs en Martinique. Leur nombre ainsi que leurs lieux d’affectation sont source de débats infinis dont je retrouve l’écho dans une chronique de votre serviteur, parue le 21 mai 2007, Le recrutement des enseignants à la Martinique : quel beau sujet de réflexion pour le Congrès !

Les problèmes que rencontre l’encadrement scolaire dans notre département se ramènent toujours à la formule souvent galvaudée de Césaire : « génocide par substitution ». En effet, l’emprise mémorielle et coloriste constitue le fonds de sauce de tout débat en Martinique. Cette réalité est à ce point affirmée qu’on ne prend plus la peine d’étudier le fond des problèmes qui se posent. On sent bien que pour certains, la solution immédiate serait d’interdire la venue des professeurs français en Martinique, ce que pourrait traduire un slogan qui en rappelle un autre, qui fut révolutionnaire en son temps1 : « l’enseignement martiniquais aux enseignants martiniquais ! ». Cependant, peut-on se priver de cet apport d’effectifs ?

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Octroi de mer : l’insubmersible

— Par Yves-Léopold Monthieux 

La Cour des Comptes vient de donner son verdict : l’octroi de mer n’a plus lieu d’être. Ce n’est pas la première fois que la mort de cette taxe coloniale est annoncée, fusse-t-elle progressive, comme cela semble devoir être le cas. Cette fois-ci, elle ne devrait plus s’appliquer qu’à la protection des seules productions locales existantes, à l’exclusion des nouvelles ou des anciennes qui auraient été “adaptées aux évolutions des consommateurs”. En l’absence in fine de production locale à protéger, son objectif initial, cette taxe ne servirait plus qu’au seul fonctionnement des collectivités territoriales, son intérêt économique s’en trouvant écarté. C’est cela que semble vouloir dire la Cour des Comptes.

Certes, dans l’ambiance de dépopulation galopante que connaît la collectivité martiniquaise, les effectifs diminuent partout et à tous les niveaux : les enfants naissent peu, les vieux meurent de plus en plus et, entre les deux, les forces vives quittent le pays. Bref, au rythme de 2000 habitants de moins par an, hier, on est passé à 4000, aujourd’hui, et on ne sait à combien il en sera demain, ni comment arrêter la fuite.

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Chalvet : les faux mystères de l’hélicoptère

— Par Yves-Léopold Monthieux 

A entendre les mots utilisés pour commémorer le cinquantième anniversaire de Février 74, les anciens de Chalvet n’hésitent pas à puiser dans un large éventail de vocables pour exprimer la glorification de leurs héros et l’exécration du colonisateur. Au diable les précautions sémantiques, donc. Mais que de contradictions ! Aucune d’elles ne sera pourtant relevé par un audiovisuel complaisant, qui n’hésite pas de participer à la surenchère du vocabulaire victimaire. Maintenant que les derniers témoins s’apprêtent à s’en aller, le temps serait donc venu d’inscrire dans le marbre leur histoire des « on dit » de Chalvet.

Bilan de l’hécatombe : un mort

Le choix offert au verbe est immense, mais pourquoi choisir ? On prend tout : « abattre », « tuerie », « massacre », « assassinat », « boucherie », « carnage », « extermination ». Chacun peut se servir et prendre part au bombardement sémantique. Bilan de l’hécatombe : un mort, un blessé grave, peut-être deux, trois ou quatre blessés légers. Autant de victimes de trop, bien évidemment. Est-il permis cependant d’ajouter un autre blessé grave, au bras sectionné, échappé de justesse à la mort ?

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Février 74 et la police, par Kolo Barst

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Après la tragédie de Chalvet, la complainte de Kolo Barst Février 74 rejoint en même temps qu’elle renforce le sentiment de gravité exprimé par les Martiniquais. Mais son texte est trop souvent reçu comme la relation historique de faits avérés, même s’il s’inspire de l’essentiel de ces faits. Il ne faudrait donc pas souligner outre mesure le caractère romanesque de la chanson, même si le caractère de l’œuvre et la liberté artistique de l’auteur peuvent autoriser un écart entre la matérialité des faits et leur interprétation musicale. C’est le cas pour l’extrait suivant, repris dans un récent article1 :

« Vérité pété tèt kolon ki préféré rété séré / épi olié yo négosié, yo criyé polisié / Polisié ki fèt épi nèg, katjilé avan alé… (Face à cela les colons ont préféré se cacher / Et loin de négocier, ils ont fait appel aux policiers / Les policiers, frères des Nègres, ont hésité.) « Alo pou ranplasé yo yo vwéyé mitrayèt / Mitrayèt ki pa ni tjè, aksèpté mision-a » (Ils ont alors été remplacés par des gendarmes / Les gendarmes, sans cœur, ont accepté la mission).

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Février 1974 à Chalvet

L’histoire choisie et l’histoire « oubliée » 

— Par Yves-Léopold Monthieux 
« Pawol an bouch pa chaj », cet adage de la langue créole pourrait traduire la maxime judiciaire « La plume est serve mais la parole est libre ». Sauf que la liberté de parole ne semble pas avoir de limites en Martinique et que la plume est toujours invitée à s’y plier. Sinon, gare !

Ainsi donc, après l’abolition de l’esclavage signée par le gouvernement provisoire français le 27 avril 1848, mais réputée remportée le 22 mai 1848 par les seuls moyens des esclaves ; après la transformation, par un autre gouvernement provisoire, des « dernières colonies » en départements d’outre-mer pour mettre fin aux visées des USA sur les Antilles françaises ; après le désaveu par la Commission Stora d’historiens et autres intellectuels à propos de décembre 1959 ; nous célébrerons bientôtle cinquantième anniversaire des événements tragiques du 14 février 1974 à Basse-Pointe, encore expurgés d’éléments essentiels de l’histoire.

Or, sans la lutte entre le parti indépendantiste trotskyste, Groupe Révolution Socialiste (GRS) et le Parti communiste martiniquais, commencée lors des précédentes élections municipales de la commune d’Ajoupa-Bouillon ;(.

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Les départements d’outre-mer : d’abord une opération de géopolitique

Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans le cadre de son cycle « Dé colonisations », la Fabrique décoloniale a organisé le samedi 13 janvier 2023 à la Médiathèque du Lamentin une conférence donnée par Fred RENO, professeur de sciences politiques en GUADELOUPE. Le thème annoncé « La Martinique est-elle ingouvernable ? » avait attiré une assistance nombreuse et variée, quelque peu déçue que le sujet traité fut trop peu martiniquais à leur goût.

L’entre-soi médiatico-politique est la règle dans l’espace intellectuel

On pouvait relever de leur part un intérêt modéré pour la politique guadeloupéenne. Néanmoins, l’orateur avait su capter l’attention, ne réussissant pas toujours à tenir son propos hors de ses propres convictions politiques. Comme c’est souvent le cas dans ce genre de rencontre, l’assistance était presque exclusivement composée de militants « anticolonialistes » comme venue recevoir la becquée, avec une note particulière pour des activistes qui, bien répartis dans la salle, surent se faire entendre au moment de poser les questions.

Votre serviteur avait souhaité réagir à une affirmation récurrente reprise par le professeur RENO. Mais l’expérience a été faite, une fois de plus, que l’entre-soi médiatico-politique est la règle dans cet exercice, bien qu’il soit régulièrement chahuté par des spécialistes à la technique bien rodée.

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Le vrai traumatisme du BUMIDOM

—  Par Yves-Léopold Monthieux  —

Seul le témoignage poignant et public de Mme Firmine RICHARD me conduit à écrire à nouveau sur ce que personne n’ose appeler par son nom, le « traumatisme du BUMIDOM ». En effet, ayant décidé de ne plus aborder ce sujet, qui semble n’intéresser que par ses traits négatifs, ce n’est qu’au hasard d’un clic d’insomnie que je me suis retrouvé à regarder le film des extraits de la rencontre organisée récemment à l’Assemblée nationale par Olivier SERVA. Sauf un abus de langage qui pourrait faire croire que l’institution existe encore, il ne s’est pas agi des 60 ans du BUMIDOM qui n’a vécu que 18 ans, mais du 60ème anniversaire de sa création. A moins de considérer qu’il se poursuit encore, en plus moderne, au travers de substituts nommés ANT puis LADOM.

Une expérience différenciée des Antillais et des Réunionnais

Les déclarations enregistrées dans la salle de l’Assemblée nationale m’ont paru sincères. Sauf l’apparition d’un nouveau chiffre, 10 000 départs annuels pour l’ensemble des DOM. Comment comprendre, dès lors, que la population de la seule Martinique ait augmenté de plus de 50 000 habitants pendant ces 18 ans ?

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Les Martiniquais ne voulaient pas des Américains

—  Par Yves-Léopold Monthieux  —

Dans sa rubrique « Mémoires sensibles » parue ce 15 décembre 2023, « « La Martinique aux Américains !«  : forte inquiétude après la Grande Guerre », France-Antilles rappelle un moment de vives inquiétudes de la population martiniquaise, daté du début du siècle dernier, qui devait prendre fin avec la départementalisation, en 1946. En effet, les Etats-Unis envisageaient de se voir céder la Martinique par la France pour prix de leur participation à la Première Guerre Mondiale. Prétention qui se renouvellera après la Seconde Guerre Mondiale. C’est la raison pour laquelle, au moins à deux reprises, le futur et dernier ministre français de la Martinique, Henry Lémery, est intervenu en vain à l’Assemblée nationale puis au Sénat afin de transformer la Martinique en département français. Les mots d’apaisement du gouvernement envers la population, notamment en mode de «  démenti ministériel « , n’avaient jamais mis fin à leurs préoccupations dont l’acmé se situera au lendemain du régime de l’amiral Robert, pendant l’occupation. La méfiance de la population pouvait alors être résumée par la boutade : « Nou lé biswi méritjen-a, nou pa lé Méritjen-a ».

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Presse : Dis-moi qui tu crains, je te dirai où est le pouvoir

—  Par Yves-Léopold Monthieux  —

Voilà donc, présentée sous un angle inattendu, une réflexion à propos de la controverse entourant l’interview de Jordan BARDELLA, le président du Rassemblement national, par une journaliste de Guadeloupe, Barbara ZANDRONIS, dont le patronyme est connu de longue date dans l’espace médiatique guadeloupéen, voire martiniquais. Cette jeune journaliste qui vient, à l’occasion, de se faire un prénom est connue des Martiniquais pour avoir présenté le JT de ViàATV pendant quelques mois.

Cette polémique me rappelle celle soulevée lors du passage en Martinique, en mars 2006, de Nicolas SARKOZY, alors ministre de l’Intérieur et candidat à la présidence de la République. Ce dernier avait dû renoncer à une précédente visite après que son discours sur les « bienfaits » de la colonisation avait fait de lui persona non grata en Martinique. C’est peu dire qu’il était attendu par la presse, et pas seulement, trois mois plus tard. En mode de « non… oui », procédé auquel Aimé CESAIRE nous avait habitués, la venue du ministre avait finalement reçu l’agrément du nègre fondamental. D’ailleurs, le jour de son arrivée, en un clin d’œil au ministre de la police, le quotidien martiniquais titrait sa une par un immense « Garde-à-vous ! 

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Martinique : Combien de déchetteries? Combien de terre à bétonner ?

—  Par Yves-Léopold Monthieux  —

Ainsi donc, après le chœur des parlementaires d’outre-mer, le président de la CTM se fend d’une adresse au gouvernement , lequel prévoit d’attribuer « une aide à toute personne résidant en France métropolitaine justifiant d’un projet d’installation professionnelle durable dans les Outre-mer ». Un amendement parlementaire fut introduit dans la loi, puis supprimé au cours de la mise en œuvre de l’article 49.3 de la constitution. Il visait à réserver le bénéfice de cette disposition aux seuls ressortissants d’Outre-Mer, ses porteurs.

Le parallèle est permis entre ce projet et celui, mort-né, du secrétaire d’Etat aux DOM-TOM Olivier Stirn qui, en 1975, voulait faciliter la venue en Guyane de citoyens français. C’est alors qu’Aimé Césaire avait craint que les Français « européens » répondent en masse à cette invite, et avait redouté le risque d’un « génocide par substitution ». On ignore si c’est le coup de colère du député martiniquais qui avait eu raison du projet litigieux. Les nouveaux députés ont la même réaction que leur illustre prédécesseur. En 1975, Aimé Césaire se plaignait en effet qu’un apport d’allogènes d’environ 30 000 à 40 000 individus vînt submerger la population guyanaise.

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« Décembre 1959 » : ce que l’on ne vous a pas appris à l’École

—  Par Yves-Léopold Monthieux  —

Voilà quelques questions que tout Martiniquais devrait se poser à la veille de l’anniversaire des incidents des 20, 21 et 22 décembre 1959. Les réponses ne sont contenues dans aucun manuel scolaire.

Qui sait qu’un banal accrochage entre deux véhicules sur la place de la Savane de Fort-de-France, un dimanche soir de décembre 1959, a été à l’origine de la plus grande transformation que n’ait jamais connu le paysage martiniquais depuis l’apport de la culture de la canne à sucre, au 17ème siècle ?

Qui sait qu’au cours des années 1960-1970, au lendemain des incidents de 1959, une réforme foncière, qui ne fut pas une réforme agraire, a permis de faire passer des milliers d’hectares de terres agricoles des mains des békés à celles de petits agriculteurs martiniquais ?

Qui sait que la réalisation de cette réforme a pu se réaliser en dépit d’obstacles parfois insoupçonnés ?

Qui sait que depuis ces années-là, le spectacle de la parcellisation de milliers d’hectares a remplacé le paysage uniforme des cannaies ondoyantes qui reliaient les communes : de Basse-Pointe à Ste Luce, de Saint Joseph à Ste Anne, du Robert aux berges de Fort-de-France, des pieds du Mont Pelé à ceux de la Montagne du Vauclin… ?

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« Il n’y a pas de génocide par substitution » : la demi-vérité.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Cet aphorisme conjugué sous le mode universel par de jeunes et audacieux intellectuels de la Fabrique décoloniale a dû faire bondir plus d’un fidèle de feu Aimé Césaire ainsi que la foultitude de sachants et de perroquets qui se sont appropriés, en son premier degré, la célèbre expression du poète, « génocide par substitution ». C’est l’une de ses formules qui, avec la négritude ou le moratoire, a été la plus reprise en Martinique et dans les DOM en général. Nul doute que si elle avait pris pied en Hexagone-pas- en Métropole- en France, on l’eut comparée au « Grand remplacement » et accusé de racisme le Nègre fondamental.

Un jour de novembre 1975, dans un discours à l’Assemblée nationale, le député Aimé Césaire avait introduit sa locution dans un discours où il s’était, à travers ce qu’il avait appelé le stirnisme, permis de confectionner un costume en trois parties au secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, Olivier Stirn. Ce jour-là, en son 3ème point, il avait dans la même phrase utilisé le terme « génocide par persuasion », mais le choix fut fait, le terme substitution était plus intellectuel et plus mordant, donc plus conforme pour ceux qui estimaient le slogan convenir parfaitement à la lutte anticolonialiste.

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La Martinique se dépeuple : elle demeure surpeuplée

— Par Yves-Léopold Monthieux —

J’ai lu avec intérêt l’article d’une élue qui vient de réintégrer la CTM, Marie-Hélène Léotin : « Le Défi démographique ». La conseillère territoriale aborde le sujet sous un angle différent de ceux qui font des proclamations et établissent des graphiques et des statistiques. Après avoir applaudi ces sachants, on commence à reconnaître que les années durant lesquelles le BUMIDOM était supposé « sucer notre jeunesse », furent très certainement le moment le plus dynamique qu’a connu la Martinique. Loin de diminuer, le taux démographique est passé en 20 ans de 245 à 295 habitants au kilomètre carré. Ce phénomène connaîtra son acmé en 2000 avec un taux de 358 h/km2 en 2000, avant son tassement puis la dégringolade à laquelle nous assistons. Mais le président de la collectivité s’inscrit encore dans ce registre puisque qu’il en est à exiger de la France qu’elle opère un « BUMIDOM à l’envers ». Il est pathétique (ou hilarant) de croire que la Martinique pourra, au nom d’on ne sait quelle prétention à être le centre du monde, s’opposer à l’inéluctabilité du mouvement migratoire.

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La course à l’échalote dans une société en aggravation de pauvreté

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Des rencontres sont régulièrement organisées depuis des années par des groupements de partis indépendantistes et des invitations lancées à ces partis par des pays ayant accédé à l’indépendance. Jusqu’alors, les mouvements indépendantistes martiniquais n’y étaient pas conviés, comme le sont toujours, par exemple, les partis corse ou catalan. On pouvait conclure que les indépendantistes martiniquais, souvent des employés de l’Etat français nantis des 40% n’étaient pas pris au sérieux. Mais enfin, la Martinique a été invitée à l’une de ces rencontres, et elle doit ce moment historique au PALIMA et à son leader, Luc Francis CAROLE. Rien à dire s’agissant d’un indépendantiste régulièrement élu par les Martiniquais. Sauf que l’invitant est une puissance anticolonialiste d’un genre particulier.

Voilà un article de l’Agence de presse de l’Azerbaïdjan, AZERTAC, du 6 juillet 2023 : « « Nous avons été très satisfaits des propos exprimés par le Président Ilham ALIYEV concernant le colonialisme français lors de la réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés. Enfin, la politique coloniale de la France est mise à l’ordre du jour au niveau international.

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A ki lè nou trapé lotonomi tala ?

 L’autonomie à l’insu de son plein gré

— Par Yves-Léopold Monthieux —

On peut déjà trouver une réponse à la page 76 de l’ouvrage Chroniques d’un demi-siècle d’autonomie annoncée, sous le titre « Nous sommes déjà dans l’autonomie » (article écrit en avril 2006), que votre serviteur vous invite à retrouver dans toutes les librairies. Coïncidence, ce livre est publié au moment où l’autonomie revient d’actualité en Corse mais aussi à la Martinique.

La belle expression créole an ba fèy parue dans une récente lettre ouverte a fait sourire certains esprits et bondir d’autres, y compris des créolistes. Ils prétextent de protestations publiques d’innocence faites par le président du conseil exécutif de la collectivité pour feindre d’ignorer – ces sachants – que de telles déclarations n’engagent que ceux qui les reçoivent. Et pour faire croire aux manants qu’il serait stupide de rechercher la vérité derrière des apparences présidentielles. Quel serait pourtant la vérité de l’indépendantiste de cœur ou d’expression qui, si l’occasion lui était donnée, refuserait son objectif de peut-être toute une vie ? Ce serait la révélation que ces idées ont toujours été de pacotille ?

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Totalitarisme : dissertation imaginaire

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Chacun pourra essayer de répondre à ce sujet de dissertation non soumis aux étudiants de Sciences Po de Schoelcher : « Vous avez pris connaissance de la loi du 27 juillet 2011 portant création de la collectivité territoriale de Martinique (CTM). En tant qu’avocat auprès de la juridiction compétente, vous démontrez que la nouvelle collectivité porte en elle des germes de déviances démocratiques, susceptibles de se retrouver dans la définition suivante du régime totalitaire : « Par le monopole des médias, de la culture, de la classe intellectuelle, un régime totalitaire tente de dominer complètement – totalement – les différents aspects de la vie sociale et privée. L’accès à des postes, l’obtention de biens ou de privilèges devient fonction du respect de l’idéologie et de l’« enthousiasme» manifesté à l’endroit des principes et des dirigeants du régime ». Dites ce qui manque à la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) pour échapper à cette définition du totalitarisme. Vous avez 4 heures ! »

C’était en 2011, dans une brève chronique, sorti de l’imagination de votre serviteur.

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