— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —
« Le libre exercice de l’esprit critique et de nos capacités d’analyser les problèmes récurrents de l’enseignement supérieur au pays sont lourdement assautés et précarisés ces derniers mois », nous écrit l’un des enseignants de l’Université d’État d’Haïti avec lesquels nous avons l’habitude d’échanger. Il désigne ainsi, par-delà les difficiles conditions de travail en lien avec le Covid 19, la situation politique du pays qui affecte quotidiennement les citoyens : forte recrudescence des enlèvements contre rançon, hausse des assassinats ciblés notamment dans les quartiers populaires, gangstérisation du pouvoir d’État sous la houlette du parti présidentiel, le PHTK néo-duvaliériste lié aux gangs armés, institutionnalisation de la corruption et de l’impunité, etc. À cela s’ajoute le fait que le Parlement, dysfonctionnel depuis janvier 2020, n’exerce aucun contrôle de l’action gouvernementale et le président Jovenel Moïse, dépourvu de légitimité et constamment contesté par la population, gouverne par décrets anticonstitutionnels ayant force de loi (plus d’une trentaine depuis environ huit mois). L’illégalité et l’inconstitutionnalité de ces décrets ont été publiquement dénoncées par la Fédération des Barreaux d’Haïti dans sa résolution du 3 juin 2020.

Nous vivons une drôle d’époque… et pas seulement en raison de la crise sanitaire, d’autres virus s’étant infiltrés au cœur de nos sociétés, que l’on pensait plus subtiles ! Si l’on en croit certains mouvements féministes, comme aussi cette inscription relevée à Paris sur les murs d’une certaine faculté, il faudrait donc avec d’autres me clouer au pilori pour avoir, pendant plus de quarante ans, distillé le poison de la poésie ronsardienne à des générations d’élèves. À des classes où d’innocentes jeunes filles auraient, par ma seule faute d’enseignante inconsciente, été
Ladjé kò… débayonné
Arrête de boire ou de fumer pour cesser d’oublier et réagir, réaliser…
Manta 131, Histoire interdite, Anges noirs aux portes de l’enfer, voici trois nouvelles hantées par les cauchemars, les illusions et abominations de mondes où l’espoir est banni. Il suffit d’un meurtre perpétré dans des conditions atroces pour que la vie de Charlemagne Legba bascule à tout jamais. Cet enquêteur solitaire finit par accepter son destin de guerrier éternel évoluant hors du champ étroit et linéaire de l’espace-temps. Désormais, il affrontera des périls tant humains que surnaturels car il refuse le fatalisme et la soumission aux forces occultes. Les adeptes de la Philosophie du Mal sont légion au sein de la Martinique ou des « Martiniques ». Charlemagne Legba, gardien mélancolique sans joie, c’est un John Shaft désabusé errant dans la quatrième dimension. Un ouvrage où le fantastique, l’horrifique, l’uchronie, l’ironie malmènent la psyché du lecteur.
La Très Grande Librairie, est une librairie en ligne qui propose à la vente des livres d’occasion.
Par un des hasards dont l’édition n’est même pas l’organisatrice, deux femmes qu’on soupçonne de préférer la littérature à la paraphrase jouent en cette fin d’année, pour notre plus grand plaisir, à l’écriture exquise.
Jéra an souba Makouba, s’en alla a gran pa anba de l’anbabwa pou fouyé dé Yanm-bwa.
Depuis de trop longues semaines déjà, le théâtre nous manque cruellement, et
La langue est l’affaire de tous. Je l’ai toujours clamé avec conviction. Tout le monde en est le créateur. Autant l’homme de la rue que les universitaires et les savants. C’est pour cela qu’au niveau du glossaire il existe le phénomène des doublets pour nous en convaincre, c’est-à-dire l’existence de deux mots presque synonymes qui nous arrivent l’un par voie populaire, l’autre par voie savante. Rappelons que notre créole haïtien est une langue jeune, aussi jeune que notre pays. C’est nous qui l’avons inventé. Nous nous sommes servi de matériaux venus avec nous depuis l’Afrique, ceux d’origine indienne retrouvés localement à Ayiti dans les cinq caciquats, ceux apportés par les colons et les différents occupants qui nous ont marqués au cours de notre histoire. La pénétration lexicale étant au bout du fusil, de la puissance économique, et de la durée de la colonisation, il se trouve que le vocabulaire français a eu la part belle dans la formation de notre créole haïtien, à côté des mots africains, taïnos, espagnols, anglais etc.
La semaine-marathon de présentation du roman graphique « Tropiques Toxiques, le scandale du chlordécone », de
De manière récurrente en Haïti, l’idée de faire accéder le créole au statut de langue officielle à la CARICOM est agitée par certains, de bonne foi ou par militantisme « nationaliste », dans la presse, sur les réseaux sociaux et notamment ces derniers jours sur Facebook. Nous avons engagé une première réflexion sur cette idée dans l’article «
Leurs plaintes sont des plaintes portées contre, selon le vieux sens du mot allemand (Anklage).
« Un crime sans importance » est un récit-enquête sur la mort de la sœur aînée de l’autrice, assassinée dans sa maison de banlieue.
Djaïli Amadou Amal a reçu, ce mercredi 2 décembre, le prix
“
Hervé Le Tellier, lauréat du Goncourt 2020, est président de l’OuLiPo, un atelier de littérature expérimentale dont l’objectif est de jouer avec les contraintes linguistiques et d’en inventer de nouvelles.
Les impatientes, de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas), L’anomalie, d’Hervé Le Tellier (Gallimard), Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo (Verdier) et L’historiographe du royaume, de Maël Renouard (Grasset), sont les quatre romans finalistes d’un Goncourt 2020 un peu particulier, puisqu’il a fallu dès les premières sélections délibérer à distance. Le verdict est attendu lundi 30 novembre 2020. Pour vous faire une idée de ces quatre finalistes voici un aperçu de chacun des quatre romans du carré final.
I
Années 1780, Guadeloupe. La jeune métisse Solitude est demoiselle de compagnie. Relativement favorisée, elle ne remet pas en question l’ordre colonial et esclavagiste jusqu’à ce que des rencontres décisives lui fassent rejoindre la lutte pour l’abolition de l’esclavage.
— Par Robert Berrouët-Oriol