Catégorie : Théâtre

« La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché

Par Selim Lander —

Elle elle s’appelle Leïla Khane
Et la grâce où je l’exile lui donne le courage des vents du large

Les Martiniquais connaissent bien Alfred Alexandre (né en 1970 à Fort-de-France) essayiste, romancier et auteur de théâtre, sans oublier son action en faveur des auteurs martiniquais au sein de l’association ETC (Écritures Théâtrales Contemporaines) – Caraïbe qu’il préside. La Ballade de Leïla Khane ne se rattache à aucun des genres précédents. Dans ce long poème amoureux, une certaine Leïla s’adresse à son amant, lequel rapporte ses paroles, d’où l’anaphore « Leïla dit ».

Leïla promène (ou « balade ») son interlocuteur des îles du Rosaire en face de Carthagène des Indes en Colombie, jusqu’à Santa-Maria au nord du pays, et au-delà jusqu’à Carthage dans l’actuelle Tunisie. Elle ne vient pourtant pas de l’antique Carthage, laquelle a donné son nom à la Carthagène espagnole et par ricochet à celle de Colombie. Comme l’indique l’auteur dans le prologue, son prénom évoque l’héroïne d’un conte arabo-musulman, qui rendit fou d’amour le poète Qaïs au point qu’on le surnomma « Majnoun Leïla » (le fou [d’amour] de Leïla).

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« Wopso! », de Marius Gottin, m.e.s. José Exélis, avec Émile Pelti & Charly Lérandy

Samedi 29 Octobre – 19h30 / Salle Frantz Fanon
Texte : Marius Gottin
Mise en scène : José Exélis
Avec : Émile Pelti, Charly Lérandy
Dans le hall de l’aérogare, Fulbert et Auguste attendent l’heure de départ de leur avion. La salle d’embarquement devient alors un espace de paroles.

Extrait d’un article du 22 avril 2007 (Madinin’Art) :
Wopso!
Au programme Wopso ! de Marius Gottin mis en scène donc par José Exélis. Wopso est une interjection, qui ne veut rien dire, donc polysémique à souhait et qui ponctue les discours manifestes de deux vieux messieurs, dans un improbable hall d’aérogare de Fort-de-France dans l’attente d’un départ incertain pour Sainte-Lucie. Deux vieux clowns comme une vie en transit, pris dans l’impasse du temps qui passe et qui bientôt seront jetés sur les rivages de la mort. Que faire quand il n’y a plus rien à faire? Dire ce qui n’a jamais été dit et qui a toujours été su dans l’émotion, la colère et l’amour. L’amour de ces deux là, pour sûr qu’ils s’aiment Fulbert et Auguste, sinon la détestation ne serait pas si grande, mais aussi l’amour pour les femmes, ces fantômes qui les hantent de n’avoir jamais su les toucher du mot juste.

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« La ballade de Leïla Khâne », texte d’Alfred Alexandre, m.e.s. Psyché Anne-Alex

  Jeudi 27 & samedi 29  octobre à 19h. Vendredi 28 octobre à 9h (spécial scolaire) au T.A.C.

La Compagnie KUUMBA régit par l’association Ujima Spectacle présente sa première création théâtrale.
Metteur en scène : Psyché Anne-Alex
Avec
Psyché Anne-Alex (conteuse)
Yannick Eugène (la voix du désert et voix off de Majnoun)
Lindy Callegari (Leila Khane)
Création lumière : Vivianne Vermignon

Regard extérieur / mise en scène : José Exélis

La ballade de Leïla Khane est un grand poème ou peut-être un étrange bateau. Leïla nomme l’absence. Cette légende fait de l’amour une île qui évite aux amants la mort et la folie. C’est encore Leïla qui dit l’exil, les ports, les déserts, les océans et les villes.

Leïla dit que certains jours nos îles meurent
l’après-midi au bord de l’océan
Leïla dit que depuis qu’elle m’a aimé
sa soif est une soif d’îles qui nagent vers les continents
Leïla dit que longtemps elle a cru ne jamais mériter
même la caresse d’un grain de sable
cherchant du bout des doigts l’amour sur son visage

Point de vue de l’auteur

« La ballade de Leïla Khane est une variation autour du mythe de Laylâ et Majnoun

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À propos de la première représentation de « 1870 : Femmes au conseil de guerre »

— Communiqué de l’association Culture-Égalité 

Le vendredi 30 septembre s’est joué, au parc de Tivoli 1870 Femmes au conseil de guerre. Une pièce co-écrite pour Culture-Égalité par Huguette Emmanuel Bellemare et Hervé Deluge, d’après les travaux e l’historien Gilbert Pago, et mise en scène par Hervé& Deluge. Malgré les conditions météorologiques extrêmes ( pluie, orage, sol boueux, inondations en certains points du territoire…), 150 spectateurs ont suivi la représentation avec passion et refusé de s’en aller à la fin !… Nathalie nous avait donné ses impressions après la première représentation sous forme de lecture théâtralisée : en septembre 2019 :

« Ce qui m’a surprise et cueillie dans la lecture théâtralisée de cette pièce, c’est  la sensation physique d’y être, dans ces mornes , de les voir, ces groupes de femmes et d’hommes ,  et même de marcher à leur côté dans la nuit sombre , d’entendre leurs débats, leurs  peurs dans ce combat pour la justice et la dignité.

Plus qu’un spectacle vu de l’extérieur, ce fut une imprégnation  directe  dans l’histoire de l’Histoire. Une pièce captivante par sa justesse et son dynamisme. 

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Slowly… Ça finira bien (Acte 2)

Les 13, 14 & 17 octobre 2022 à 9 h au T.A.C.

Spectacle total alliant projection vidéo, danse et création musicale. Dès 6 ans du CP au CM2

Conte philosophique
Écrit, conté, mis en images, en musique et en scène par Serge Marie Aubry
Chorégraphie et interprétation Livity Lionny
Création lumière Valéry Pétris
Notes du metteur en scène
Merveilleusement pédagogique, Slowly… Ça finira bien est un spectacle utile, qui éveille ou réveille les consciences, un voyage qui adresse une pensée et une attention à tous les enfants du monde et à leurs enfants d’ailleurs…

La pièce
Poétique, scientifique, pacifique.
Slowly… Ça finira bien est un conte philosophique, un voyage merveilleusement pédagogique en 25 étapes qui s’enchevêtrent et se métamorphosent.
Écologie, humanisme et respect dialoguent aisément.
Slowly… évoque des sujets universels, sensibles et très actuels. Il déroule le fil invisible du temps, ses faiblesses et ses bienfaits, l’ardente patience et les fulgurances dont l’humanité a besoin pour être (plus) juste et en paix.
Le spectacle invite à s’interroger sur le temps ?
Le Temps est-il notre ami ou notre ennemi ?
Martin Luther King dit que « le temps n’est ni l’un ni l’autre et qu’il est neutre ».

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Théâtres et cinémas se plient à la sobriété énergétique

Baisse du chauffage, réduction de l’éclairage, gestes vertueux, rénovations… Les salles de spectacle s’activent afin de diminuer de 10% leur consommation énergétique.

 Les salles appliqueront la consigne du gouvernement d’abaisser la température à 19 degrés dans les bureaux et les espaces publics. 

Baisser le chauffage, réduire l’éclairage, changer les usages: les trois coups ont sonné pour la sobriété énergétique dans les salles de spectacle et de cinéma, afin de diminuer de 10% la consommation, selon la consigne du gouvernement. Du Zénith à l’Opéra de Paris, presque toutes les salles ont déjà changé, ou sont en passe de changer, leurs ampoules classiques au LED. L’Opéra-Comique et le Théâtre des Champs-Élysées vont accélérer le remplacement de leurs projecteurs scéniques halogènes, très énergivores, par des projecteurs LED.

L’affaire est un peu plus complexe côté cinéma: la nouvelle génération de projecteurs, équipée d’une lumière laser qui consomme 4 à 7 fois moins d’électricité, a un prix prohibitif (40.000 euros environ par projecteur, pour un parc de 6200). Le geste basique d’éteindre les lumières va par ailleurs être renforcé. «On a décidé de couper les lumières, y compris l’éclairage général dès minuit et chaque fois qu’il n’y a pas d’activité», affirme à l’AFP Thibaud de Camas, directeur général adjoint de la Philharmonie.

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« Entre chiens et loups » de Bérékia Yergeau

— Par Roland Sabra —

Si Christiane Jatahy reprenait l’expression au singulier en transposant au théâtre le « Dogville » de Lars von Trier, Berekia Yergeau  la pluralise en construisant une suite de tableaux abstraits autour de quatre espaces dramaturgiques dont elle brise la continuité linéaire du récit pour interroger sous diverses facettes notre rapport à la violence. Le prologue dans une brume envahissante évoque des chemins de vies qui, solitudes dans la multitude, se meuvent, se croisent, se décroisent sans jamais faire rencontre, noyés dans l’anonymat qui les mine et qui les cerne et dont ils ne sortiront, de façon hégélienne qu’en s’opposant. Certes, par ce non qui les constitue, qui leur permet de se donner un nom, ils se découvriront sujets, mais sujets assujettis dans le processus de reconnaissance de l’autre. Le pouvoir (et sa « violence légitime ») est à la fois créateur et oppresseur du sujet, comme l’explique si bien Judith Butler.

« Entre chiens et loups » se construit de deux parties

La première s’articule autour de quatre récits de sujets qui se construisent dans les luttes militantes traversées par le thème de la violence subie (le chien domestiqué) ou générée (le loup sauvage).

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1870, Femmes au Conseil de Guerre

Création le 30 septembre 2022 à 19h à Tivoli

Dans le cadre du Mois du Matrimoine de l’association féministe martiniquaise  Culture Egalité, la pièce « 1870, Femmes au conseil de guerre » sera enfin créée le vendredi 30 septembre 2022 à Tivoli.
Cette pièce a été écrite, en collaboration, par une militante de CE, Huguette Emmanuel Bellemare, et Hervé Deluge, d’après les recherches de l’historien Gilbert Pago. Elle sera mise en scène par Hervé Deluge et interprétée par des comédiennes amatrices de CE et des comédien.nes professionnel.les de la Compagnie Ile Aimée.
Elle avait été mise en lecture en septembre 2019, toujours par Hervé Deluge et avait obtenu un grand succès. Des spectatrices nous ont fait part des réactions, sentiments et réflexions que cette première représentation leur a inspiré.

« 1870, femmes au Conseil de Guerre »
Le 30 septembre 2020, nous avons vécu un moment de notre histoire émouvant, la salle était pleine malgré les restrictions et on avait du mal à raisonner le public qui voulait absolument découvrir cette lecture théâtralisée intitulée : 1870, femmes au conseil de guerre.

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« Jours de joie » d’Arne Lygre, m.e.s. Stéphane Braunschweig

Jours de joie est la cinquième œuvre d’Arne Lygre que Stephane Braunschweig met en scène. On se souvient de la précédente, Je disparais, montée au théâtre de la Colline en 2011. La première n’est pas sans rapport avec la seconde puisqu’ici aussi il s’agit d’une disparition. Néanmoins, dans cette nouvelle pièce écrite en pleine crise du Covid, Arne Lygre projette de se déployer dans le registre de la comédie, sinon du comique. Mais il faut avouer que quand on y rit, très peu en fin de compte, c’est d’un rire jaune et grinçant, à l’occasion de telle ou telle vacherie proférée par une mère plutôt indigne quoique réjouissante !

Alors de quoi s’agit-il ? C’est assez difficile à résumer, à l’instar du théâtre de Tchekhov, ou plutôt, si on le résume, on risque d’en perdre la substance. En bref, il s’agit de la rencontre dans deux lieux successifs de la même bande de personnages, d’abord sur un banc en pleine campagne, ensuite dans le salon de l’un d’entre eux. Entre les deux actes, s’est écoulé un certain laps de temps, pendant lequel l’un d’entre eux , Aksle a disparu.

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Francis Huster et son Molière

— Par Selim Lander —

Francis Huster a Molière pour passion. N’a-t-il pas publié quatre ouvrages entièrement consacrés à son idole, dont, récemment, un Dictionnaire amoureux ? Il tourne par ailleurs avec un spectacle à intention pédagogique, Molière étant victime, selon lui, de trop de contre-vérités ou d’approximations qu’il importe de redresser. Si nul ne conteste que la vie de Molière demeure à bien des égards mystérieuse, tenter de rétablir la vérité est pour cette raison un exercice délicat. Nulle hésitation, pas le moindre doute, pourtant, dans l’exposé de F. Huster.

Se présenter, ainsi qu’il le fait, comme seul détenteur de la vérité, prendre à partie sans arrêt le public, lui asséner qu’il n’a appris que des fariboles et que les enseignants racontent donc n’importe quoi, pourrait passer à l’extrême rigueur si ses conclusions s’appuyaient sur des démonstrations, ce qui est loin d’être le cas. Comment affirmer sans aucune réserve, par exemple, que Molière est mort empoisonné à l’arsenic ou que sa tombe au Père Lachaise est vide, son cadavre ayant été jeté aux chiens ? Car si ce scénario a bien circulé, c’est sans la moindre preuve.

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« Molière », texte & jeu de Francis Huster

Le 10/09/22 à 19h 30 (Complet) & le 11/09/22 à 9h (Brunch avec l’auteur) au Théâtre Aimé Césaire (T.A.C.)

Séances scolaires (étudiants) : le 09/09/22 à 14h & le 12/09/22 à 9h

La pièce

Avec sa passion et son engagement Francis Huster nous fait revivre la plus incroyable vie, du rire aux larmes, de la légende à la déchéance, de la révolte à la trahison, de l’amour à la haine, du triomphe à la ruine, de la passion à l’abandon, de la victoire à l’échec, de la lumière à la mort du plus grand de tous les héros français : Molière.

De 1622 à 1673 en un demi-siècle Jean-Baptiste Poquelin est entré dans l’histoire parce qu’au-delà de l’artiste il aura été un homme libre. Qui a osé défier tous les pouvoirs, qui n’a jamais trahi ses valeurs de dignité et de tendresse humaine, qui a sublimé son art de comédien qui fut tout simplement un homme de parole, de vérité et d’amour.

Molière, l’homme

Molière, c’est la parole qu’il faut absolument faire entendre à l’heure du 400ème anniversaire de sa naissance.

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La mort de Jean-Claude Idée

Jean-Claude Idée, nom de scène de Jean-Claude Duquesne, né le 27 novembre 1951 à Ixelles et mort le 26 août 2022 à Auderghem, est un metteur en scène, auteur, directeur de deux ASBL de théâtre (le Magasin d’écriture théâtrale et les Universités populaires du théâtre) et dramaturge franco-belge.
Sommaire

Biographie

Jean-Claude Idée est né le 27 novembre 1951. Très tôt attiré par le théâtre, il est admis au Conservatoire royal de Bruxelles en 1968.
En cinquante ans de carrière au service du théâtre, il a signé plus de cent mises en scène en Belgique et en France, tant pour le circuit privé que public.
Parallèlement, il a codirigé avec succès le Théâtre du Résidence Palace à Bruxelles pendant trois ans et le Royal Festival de Spa durant six ans.
En 1989, il crée le Magasin d’Écriture Théâtrale, dans le but de promouvoir l’écriture théâtrale contemporaine. En tant qu’auteur, il a écrit, entre autres, La Maison des dieux morts et La Folie Van der Goes (éditions Le Cri, 1982). Il a également signé de nombreuses adaptations pour le théâtre parmi lesquelles : Don Quichotte de Cervantès, Crime et châtiment de Dostoïevski au Théâtre Mouffetard, ou encore L’Allée du roi de Françoise Chandernagor créée au Théâtre Montparnasse, (édition Gallimard – collection Le Manteau d’Arlequin), qui est nommée à quatre reprises aux Molières en 1995 et jouée 850 fois.

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Rouler l’écho de mon grand rire sur les flots de mon abîme

Jeudi 25 août 2022 à  18h 30 à la Médiathèque Alfred Melon-Degras

BALISAILLE organise une résidence de recherche en vue de l’adaptation scénique du texte de Faubert BOLIVAR, « Lettre à tu et à toi » (Anibwe, Paris, 2014). A cet effet, l’association a le plaisir d’accueillir en Martinique le pianiste montréalais David BONTEMPS pour en composer la musique.

La restitution des travaux de cette résidence, prévue le jeudi 25 août 2022 à la Médiathèque Alfred MELON-DEGRAS (18h30), se fera également avec la complicité du percussionniste Daniel AJOUP ainsi que du koriste Nicolas PIERREL, avec la participation exceptionnelle de Vladimir DELVA qui apporte un regard extérieur à la mise en scène.

Lire aussi : La poétique du Mystère dans la composition dramatique et la prose poétique de Faubert Bolivar. Lecture de La Flambeau et de Sainte Dérivée des trottoirs par Jean-Durosier Desrivières

BALISAILLE en profite pour renouveler ses remerciements à la DAC Martinique et à la Ville du Saint-Esprit pour leur soutien à cette activité à laquelle vous êtes toustes convié.e.s.

Lire aussi : Faubert Bolivar, un nouveau surréaliste par Michel Herland

Texte, adaptation et interprétation : Faubert Bolivar
Musique original et piano : David Bontemps
Percussions Daniel Ajoup
Kora : Nicolas Pierrel

Fait au Lamentin, le 18 août 2022

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Le Off : réflexion et restructuration en marche avec AF&C et FTIAA

— Propos recueillis par Dominique Daeschler auprès d’Harold David et Sylvain Cano-Clémente—

Le Off reprend souffle cette année, après le covid et des turbulences internes, l’heure est au changement. Les réflexions menées tout au long de l’année au sein de commissions largement ouvertes ont conduit AF&C qui assure la coordination générale du festival Off et la Fédération des théâtres indépendants d’Avignon FTIAA à se rapprocher. Au-delà des premiers effets constatés par le spectateur : supports de communication jouant bien leur rôle de facilitateurs dans l’organisation de son parcours théâtral, village du off plus central très fréquenté, équipes d’accueil efficaces, l’état d’esprit général concernant l’organisation a changé. Assumant un rôle différent mais complémentaire, AF&C et FTIAA ont misé sur des présidences collégiales. Harold David, co-président d’AF&C et Sylvain Cano-Clémente co-président de FTIAA ont évoqué avec nous les nouvelles orientations du festival.

Avant de laisser Harold nous exposer méthodiquement le projet conduit par AF&C, Sylvain qui doit vaquer à ses occupations de directeur du théâtre du rempart, avec une fougue toute méditerranéenne, nous balance d’un trait les 1570 spectacles créés cette année avec les 33000 levers de rideau, la nécessité de l’intervention financière de l’État tant en ce qui concerne les moyens et la légitimation à sa juste valeur du 0ff que le projet porté par AF&C et auquel la FTIAA s’associe pleinement, présenté à la ministre de la culture pour la filière du spectacle vivant.

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Festival OFF 2022 : instantanés (2 / 2)

Petite sélection des spectacles vus à Avignon, entre légèreté et gravité 

– Par Janine Bailly –

Leurs enfants après eux, d’après Nicolas Mathieu

Adaptée du roman éponyme de Nicolas Mathieu, dont on se souviendra qu’il fut lauréat du Prix Goncourt en 2018, la pièce est mise en scène par Hugo Roux, qui en confie l’interprétation aux jeunes acteurs de sa compagnie Demain dès l’Aube, ex-élèves de l’ENSATT (L’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre).

De cet épais roman, écrit comme un portrait de la Lorraine, qui dans les années quatre-vingt-dix regardait mourir ses derniers hauts fourneaux éteints, de cette région où, reprenant les mots de Bernard Lavilliers, on parlerait de “cheminées muettes, de portails verrouillés, de vieux châteaux forts bouffés par les ronces, le gel et la mort”, Hugo Roux retient en premier ce qui concerne une jeunesse en recherche d’avenir, en mal d’espoir, en quête d’elle-même. 

Il y aura ceux qui partent, et ceux qui resteront, ceux qui iront à la ville y poursuivre des études, et les autres. Mais dans ces étés où l’adulte cherche à percer sous l’adolescent, dans la touffeur des jours étirés, dans les fêtes nocturnes comme dans la langueur d’après-midis torrides à soigner son ennui aux rives plus fraîches et plus intimes d’un lac, chacune et chacun cherche qui aimer, d’amour ou d’amitié.

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Festival OFF 2022 : instantanés (1 / 2)

Une petite sélection hasardeuse et non exhaustive des spectacles vus à Avignon 

–– Par Janine Bailly ––

Les passagers, de Frédéric Krivine

Frédéric Krivine dit s’être senti “hanté” par un fait divers dont Israël a été le théâtre, « la rencontre explosive entre un homme et une femme, un terroriste et une passagère, le premier sauvant la deuxième avant de tuer à l’aveugle ».  De cet épisode tragique, il a fait un huis clos théâtral pour deux personnages, ici mis en scène par Laurent Capelluto.

Emmanuel Salinger en officier de police israélien mène un interrogatoire pervers et sarcastique, en ce sens qu’il suscite, par son intransigeance, l’aveu de ce qu’il sait déjà, ou de ce qu’il pressent après qu’a été menée une enquête minutieuse. Débusquer les mensonges, de part et d’autre ! Le regard bleu se fait d’acier face à Amina, qu’incarne la comédienne chevronnée, Axelle Maricq. Commerçante palestinienne, Amina va poser son étal et vendre son poisson sur la place de Jérusalem, pour ce faire emprunte une ligne de bus fort fréquentée, connaît les arrêts et les fouilles sans raison aux points de passage.

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Avignon 2022: récapitulatif des comptes-rendus de spectacles

Comment le théâtre veut faire sa transition écologique : « Il faut que l’on se transforme en profondeur »

— Par Camille Sellier —

INTERVIEW – Nicolas Dubourg, directeur du théâtre de la Vignette de Montpellier et président du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), analyse pour le JDD les pistes à étudier pour répondre à la problématique de la transition écologique dans le monde du spectacle vivant. 

Pour le Syndeac, la préoccupation de la transition écologique fait partie des enjeux que les acteurs culturels doivent prendre à bras le corps. 

Face au changement climatique, la question de l’écologie se pose aux professionnels du spectacle vivant. Réutilisation des décors, transformation des parcs de lumière, mobilité du public… Plusieurs pistes sont à l’étude afin de répondre à la problématique de la transition écologique dans le monde de la culture . Pour le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), la préoccupation de la transition écologique fait partie des enjeux que les acteurs culturels doivent prendre à bras le corps. « Si nous voulons de la neutralité carbone, il faut que l’on se transforme en profondeur », explique au JDD, Nicolas Dubourg, directeur du théâtre de la Vignette de Montpellier, et président du Syndeac.

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« Mort secondaire », texte Syto Cavé, jeu Daniel Marcelin

Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C’est un sujet tabou… Pour poète maudit
La Mort… La Mort…
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l’amour
La Mort qui nous attend, l’amour que l’on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours…

Paroles Jean-Roger Caussimon Musique Léo Ferré

« Mort secondaire » est le deuxième élément du triptyque de Syto Cavé consacré au thème de la mort. Il est précédé par « On m’a volé mon corps » et suivi par « Aux champs pour Toto ». Sur le plateau entre paravent,chaise et tabouret un homme qui n’est plus dans sa toute première jeunesse s’avance doucement vers un miroir de cabinet de toilette. Il regarde son reflet, son double, c’est autre lui-même qui n’est pas ou qui n’est plus. Ce double avec lequel il ne faisait qu’Un qu’était-il ? Était-ce Lui ?Était-ce Elle? Fusion et défusion cette éternelle histoire de l’homme est là sur scène.

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Avignon 2022 : « La Tempesta », « Futur Proche »

Par Dominique Daeschler —

La Tempesta. Shakespeare, m.e.s. Antonio Serra. Opéra théâtre.

Futur Proche. Chorégraphie Jan Martens. Cour d’honneur Palais des Papes.

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La Tempesta. Shakespeare, m e s Antonio Serra. Opéra théâtre.

Féru des travaux de Grotowski et Brook, Antonio Serra en a gardé la certitude que le théâtre c’est d’abord l’acteur, que c’est lui qui fait sens. Le décor sera minimaliste, se transformant comme un couteau suisse dont on retient d’abord l’efficacité, traçant une aire de jeu où vont se débattre des corps-énergie. L’île où Prospero s’est retiré est un monde oscillant entre sa magie et son bon vouloir. Des pouvoirs qui s’exercent sur les plus faibles (Caliban, Ariel esclaves) à défaut de pouvoir se venger des plus puissants. C’est compter sans la finesse psychologique d’ Ariel et une judicieuse tempête. Voilà le roi de Naples et sa suite à la merci de Prospero ! Se succéderont de joyeuses ripailles, un mariage de Miranda la fille de ce dernier , les pulsions meurtrières de Caliban, l’immersion dans un cérémonial proche de la transe … Lavie de la même essence que nos rêves se joue de ses excès et de ses incessants allers-retours sous l’impulsion discrète d’Ariel.

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Avignon 2022-9 : Banque centrale, Jeanne etc. (OFF)

– par Selim Lander –

Banque centrale de et avec Franck Chevalley

Cette pièce qui a déjà beaucoup tourné dans des théâtres et des lieux associatifs est un modèle de théâtre politique, à la fois instructif et très distrayant car mené avec beaucoup d’humour et un sens du jeu étonnant. Il faut dire que Franck Chevalley est un ancien de l’école du TNS et qu’il a bénéficié des conseils d’Alexandre Zloto, assistant à la mise en scène d’Ariane Mnouchkine.

La pièce est sous-titrée « Histoire de la monnaie racontée par un fou ». Le narrateur, qui est en effet pensionnaire d’un asile, est censé changer de service et d’étage quand il change de rôle : de simple trafiquant dans un système d’échange local jusqu’à l’Europe en passant par l’État et la banque centrale. Il donnera d’ailleurs largement la parole à un banquier, à la fin, pour expliquer la crise des subprimes. Il serait fastidieux de raconter cette pièce, nous manquerions du sens de l’humour qui la caractérise. Car le fond est des plus austère puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de l’abrégé d’un cours d’économie sur la monnaie et la finance.

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Avignon 2022-8 : Descartes & Pascal, Téléphone-moi (OFF)

– Par Selim Lander —

L’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune de Jean-Claude Brisville

Mesguich père et fils, Daniel et William, qui sont présents dans plusieurs pièces, ensemble ou pas lors de ce festival, soit pratiquement non stop (!), interprètent à deux (et mettent en scène) en milieu d’après-midi la rencontre entre Descartes et Pascal telle qu’imaginée par J.-Cl. Brisville. Car s’il est attesté qu’une telle rencontre a bien eu lieu et qu’on en connaît la date, le 24 septembre 1647, on ignore tout de son contenu sinon qu’elle ne s’est pas bien passée. Tandis que le Descartes de Brisville est un monument de bon sens, son Pascal est présenté au contraire comme un dangereux dogmatique. Pour nous en convaincre, Brisville, très intelligemment, utilise tout ce qu’il peut trouver dans la vie de Pascal comme l’affaire Saint-Ange qui surgit dans la pièce comme un coup de Jarnac (le jeune Pascal, à Rouen, s’était acharné contre un malheureux capucin qui se distinguait par des positions théologiques quelque peu hétérodoxes). Autre élément mis en avant, le livre De la fréquente communion d’Antoine Arnaud (qui date de 1643 et qui était donc connu par les deux protagonistes lors de leur rencontre).

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Avignon 2022 : « Pourquoi les lions sont-ils si tristes ? »,  » Bananas »

— Par Dominique Daeschler —

Pourquoi les lions sont-ils si tristes ? Leila Anis, Karim Hammiche, m.e.s. K.Hammiche. Le 11.
Bananas. Julie Timmerman, texte et m e s. La Factory .

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Pourquoi les lions sont-ils Modifier la date et l’heure si tristes ? Leila Anis, Karim Hammiche, m.e.s. K.Hammiche. Le 11.

La pièce écrite sur les mutations de la société du travail suit un processus désormais courant. Tout d’abord une collecte de témoignages (avec vidéo) dans différents milieux professionnels et statuts (santé, agriculture, industrie, cadre, ouvrier, retraité … ) suivie d’ une recherche documentaire, d’une première écriture modifiée au plateau constituent les étapes du travail. L’inter- vention de l’acteur sur le texte au plateau est désormais courante et change le rôle de ce dernier dans le processus de création. La plongée dans le réel, dans la connaissance de la vie des autres ( cheminement personnel, territoire) est l’axe de création choisi par la compagnie de l’œil brun : nous n’allons pas rêver, nous allons constater, nous faire une opinion pour mieux comprendre les hommes et la société dans laquelle nous sommes.

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Avignon 2022 : « L’Art de perdre », « Ghazal »

— Par Dominique Daeschler —

L’Art de perdre. Alice Zeniter, m.e.s. Sabrina Kouroughli. Le 11.

Ghazal. Collectif, m.e.s. Tiffany Duprés. La Factory.

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L’Art de perdre. Alice Zeniter, m.e.s. Sabrina Kouroughli. Le 11.

Sabrina Kouroughli adapte « l’art de perdre »  d’Alice Zeniter dans une sororité : toutes deux nées en France, passées par « l’école de la république » ont de la terre algérienne de leurs ascendants, une histoire trouée. Ici deux grand’mères analphabètes, là un grand père harki, des déracinements où la culture est piétinée, les souvenirs enfouis. Seul le silence permet de garder le respect de soi-même, ultime armure d’une identité fêlée par la honte sociale.

Nous entrons dans une enquête mémorielle où tout est raconté à partir de la famille et y retourne avec des confidences, des souvenirs, des fantasmes et des rêves. Naïma, jeune galériste navigue dans un milieu intellectuel pseudo mondain sans état d’âme particulier jusqu’aux interrogations violentes que suscitent les attentats de Paris. Un burn out, une invitation à se rendre en Algérie pour préparer une exposition seront des prises de conscience qui l’engageront, sautant la génération de son père, à engager le dialogue avec cette grand-mère ( formidable Fatima Aibout) arrachée à ses champs d’olivier, parquée pendant des années dans un camp pour atterrir dans un HLM de Normandie, sauvée quelque part par les exigences du quotidien.

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Avignon 2022 : « La galerie. Machine de cirque », « Ici la nuit »

— Par Dominique Daeschler —

La galerie. Machine de cirque. La Scala Provence
Ici la nuit. Jon Fosse, m.e.s. Frédéric Garbe. Théâtre Transversal.

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La galerie. Machine de cirque. La Scala Provence.

Nouveau lieu à Avignon, la Scala Provence a repris les salles d’un ancien cinéma : plus de places et de grands plateaux , ce qui est rare en off. Le luxe ! Comme à la Scala Paris, la programmation est axée sur des spectacles mêlant le cirque, la performance, la danse faisant souvent appel à des références plastiques.

Machine de cirque, compagnie québécoise composée de sept acrobates et d’une musicienne y présente un spectacle déboulonnant les codes d’une galerie d’art branchée terriblement monochrome, adepte d’un dépouillement ascétique. Tabernacle ! Ils foutent le souk, le boxon, le bordel en exécutant des numéros de haut vol, réglés à l’américaine, valorisant la performance en toute décontraction. Le décor bouge autant qu’eux : tout se transforme pour que l’imaginaire reprenne possession de l’espace et de la poésie qu’une musicienne intemporelle distille d’un saxo impertinent. La couleur éclate sur d’immenses toiles, avec un sourire de connivence à Pollock, barbouillant salopettes et cheveux.

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