Le Off : réflexion et restructuration en marche avec AF&C et FTIAA

— Propos recueillis par Dominique Daeschler auprès d’Harold David et Sylvain Cano-Clémente—

Le Off reprend souffle cette année, après le covid et des turbulences internes, l’heure est au changement. Les réflexions menées tout au long de l’année au sein de commissions largement ouvertes ont conduit AF&C qui assure la coordination générale du festival Off et la Fédération des théâtres indépendants d’Avignon FTIAA à se rapprocher. Au-delà des premiers effets constatés par le spectateur : supports de communication jouant bien leur rôle de facilitateurs dans l’organisation de son parcours théâtral, village du off plus central très fréquenté, équipes d’accueil efficaces, l’état d’esprit général concernant l’organisation a changé. Assumant un rôle différent mais complémentaire, AF&C et FTIAA ont misé sur des présidences collégiales. Harold David, co-président d’AF&C et Sylvain Cano-Clémente co-président de FTIAA ont évoqué avec nous les nouvelles orientations du festival.

Avant de laisser Harold nous exposer méthodiquement le projet conduit par AF&C, Sylvain qui doit vaquer à ses occupations de directeur du théâtre du rempart, avec une fougue toute méditerranéenne, nous balance d’un trait les 1570 spectacles créés cette année avec les 33000 levers de rideau, la nécessité de l’intervention financière de l’État tant en ce qui concerne les moyens et la légitimation à sa juste valeur du 0ff que le projet porté par AF&C et auquel la FTIAA s’associe pleinement, présenté à la ministre de la culture pour la filière du spectacle vivant. Prenons acte.

Pour le co-président d’AF&C, la gouvernance collégiale et participative est plus que symbolique d’un nouveau mode de fonctionnement, les débats collectifs et leurs nécessaires ajustements signent un plus grand respect de l’indépendance.

Devant l’explosion des spectacles, la professionnalisation de l’ensemble des acteurs est une nécessité. Les pratiques sont souvent anarchiques : comment trouver un cahier des charges qui respecte aussi la liberté de programmation de salles en libre entreprise ? Il y a beaucoup de choses à optimiser : faut-il travailler sur une notion de label sans aucune forme d’obligation ? L’image d’un Off, développant un complexe d’infériorité qui rejoint la problématique du paysage théâtral français entre public et privé est à balayer. La situation des théâtres avignonnais est particulière puisque tous ne sont pas permanents. L’occasion pour Harold de souligner l’aberration des critères retenus pour les aides covid (uniquement les théâtres permanents), il faut réinterroger cette notion et poser des critères adaptés à la réalité économique de tous les théâtres d’Avignon ce qui suppose aussi de se mobiliser hors saison dans l’accueil des compagnies et d’impliquer ces dernières plus en amont dans la préparation du Off.

Aujourd’hui il faut revisiter le fonds de professionnalisation spécifique en maintenant le fonpeps (fonds national de soutien depuis 2016 dont il est évalué qu’ ¼ est mobilisé après le Off). Que l’Etat s’implique aujourd’hui dans le financement régulier du Off à côté de la ville et des autres collectivités territoriales est nécessaire s’il souhaite voir la situation du Off évoluer.

D’autres ressources : sociétés civiles, sacem, sacd, carte off maintiennent un équilibre précaire.

Avec l’ensemble des acteurs du Off, nous avons la coresponsabilité d’un modèle économique de développement du territoire et des publics. Avec à minima 150 lieux et 200 compagnies en possibilité d’accompagnement, ,cela devrait attirer des structures de production, des ateliers de construction de décor, de fabrication de costumes etc. Cet enjeu est aussi celui du In, ce qui devrait faciliter les collaborations.

Dernière ambition : le développement de la diffusion et l’ouverture à l’international dans un esprit import-export. Pour les productions françaises il faut développer le sur titrage, développer l’accueil des compagnies étrangères et faciliter les rencontres. Le village du Off peut être le lieu d’un focus international qui reste à structurer … Les échanges avec des professionnels organisés avec le concours du journal La Scène sont bien sûr un atout. Enfin la diffusion c’est aussi la connaissance des textes avec un temps dédié aux auteurs ….De quoi développer une belle complémentarité avec le In.