À propos de la première représentation de « 1870 : Femmes au conseil de guerre »

— Communiqué de l’association Culture-Égalité 

Le vendredi 30 septembre s’est joué, au parc de Tivoli 1870 Femmes au conseil de guerre. Une pièce co-écrite pour Culture-Égalité par Huguette Emmanuel Bellemare et Hervé Deluge, d’après les travaux e l’historien Gilbert Pago, et mise en scène par Hervé& Deluge. Malgré les conditions météorologiques extrêmes ( pluie, orage, sol boueux, inondations en certains points du territoire…), 150 spectateurs ont suivi la représentation avec passion et refusé de s’en aller à la fin !… Nathalie nous avait donné ses impressions après la première représentation sous forme de lecture théâtralisée : en septembre 2019 :

« Ce qui m’a surprise et cueillie dans la lecture théâtralisée de cette pièce, c’est  la sensation physique d’y être, dans ces mornes , de les voir, ces groupes de femmes et d’hommes ,  et même de marcher à leur côté dans la nuit sombre , d’entendre leurs débats, leurs  peurs dans ce combat pour la justice et la dignité.

Plus qu’un spectacle vu de l’extérieur, ce fut une imprégnation  directe  dans l’histoire de l’Histoire. Une pièce captivante par sa justesse et son dynamisme. Du  jeu des comédien.nes, de  la qualité des textes et de la mise en scène surgit  l’imagination.  Pourtant les comédienn.nes sont derrière un pupitre ! Mais celui-ci disparaît par l’évocation des récits. Aujourd’hui, il m’arrive même,  lorsque je vais du côté de Rivière Pilote, de penser à elles, à eux sur Morne Honoré, sur Régale et plus loin, sur la Montagne du Vauclin.  J’y aperçois  Lumina (ou Marie-Philomène) et ses ami.es parcourant les Habitations, en brûlant quelques unes,  haranguant les Nègres, les appelant à suivre ce mouvement de révolte : « Ne dis pas vengeance, dis justice » dit-elle. « Il faut lutter pour bâtir plus grand que nous ». Les femmes, si souvent ignorées  du récit historique, ont enfin une voix et un corps !

Les dates et faits sont précis, notamment  sur la politique  de Napoléon III : le passeport intérieur, le travail obligatoire pour les Nègres tout juste « libérés » de l’esclavage mais qui risquent le  cachot pour vagabondage… La liberté appelée vagabondage ? »

Nous l’avons interrogée vendredi, à la fin de cette représentation qu’on attendait avec impatience :

« Je ne suis pas déçue ! Comme je connaissais déjà le texte – toujours aussi bon ! – j’ai pu vraiment goûter l’art des comédiennes et comédiens. Elles et eux ont su nous transporter, en 1h30, dans la Martinique post-esclavagiste et nous faire revivre les faits, de l’incident déclencheur provoqué par Augier de Maintenon, jusqu’à la parodie de procès. Ceci grâce à leurs prestations dignes de véritables professionnel.les. Et puis, on aurait dit qu’elles et eux avaient le physique – ou en tous les cas, la physionomie – de l’emploi, on pouvait presque imaginer comment les personnages allaient évoluer !

Là on touche aussi à l’art du metteur en scène. J’ai beaucoup aimé les déplacements, l’occupation de la scène. C’était très ancré dans notre réalité, c’était vraiment nous… J’ai apprécié cette diversité de ton et de disciplines artistiques : ce mélange de de chants, de danses, de boutades, de paroles graves, de déclarations, voire de déclamations… Par son humour, Hervé s’est montré très pédagogue, il a su rendre plus légères des scènes qui sans cela auraient été insupportables. J’ai aimé aussi la manière dont il s’est joué des difficultés, par exemple le jeu de scène où deux comédien.ne racontent le déroulement de l’insurrection en se partageant un seul et même texte, chacun jouant le souffleur pour l’autre ! Ainsi, metteur en scène, comédiens et comédiennes ont mis les rieurs et rieuses de leur côté ! »

Merci à Terre d’Art, l’Atrium, la CTM… à toutes ces personnes qui ont concouru à cette belle œuvre d’intérêt public. Ainsi Culture-Égalité continue d’avancer dans sons objectif de resituer les femmes au cœur de l’histoire et de la cité, ainsi que dans sa mission de construction et de transmission du matrimoine ! Les spectateurs et spectatrices sont unanimes : cette pièce doit être connue dans toute la Martinique et d’abord des jeunes 

Association Culture-Égalité