L’éphéméride du 26 avril

Naissance de Gerty Archimède le 26 avril 1909 à Morne-à-l’Eau
Création du BUMIDOM le 26 avril 1963
Massacre du 26 avril 1963 en Haïti

Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, ou Bumidom, fut un organisme public français chargé d’accompagner l’émigration des habitants des départements d’outre-mer vers la France métropolitaine. Fondé en 1963, il disparaît en 1981 pour céder la place à l’Agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’outre-mer (ANT), renommée Agence de l’outre-mer pour la mobilité ou LADOM depuis 1992.

Origines et développement
Le Bumidom a été créé en 1963 par Michel Debré à la suite d’un voyage effectué à La Réunion en 1959 avec le général de Gaulle. Ses statuts sont publiés au Journal officiel de la République française le 7 juin de cette même année1. Ils précisent que « la société a pour objet de contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d’outre-mer. » Société d’État dotée de la personnalité civile et de l’autonomie financière, le Bumidom est placé sous la tutelle du ministère des DOM-TOM et du ministère de l’Économie2. Ses missions sont multiples : information des futurs migrants, formation professionnelle, regroupement familial, gestion des centres d’accueil.

Le Bumidom était également vu comme un moyen de diminuer l’influence des mouvements indépendantistes antillais qui, dans les années 1960, se renforçaient.

Au départ, le Bumidom n’était qu’un prolongement du Bureau du développement de la production agricole par ailleurs occupé par la Sakay, une enclave construite par des immigrés réunionnais à Madagascar à compter de 1952. Bon nombre des postes clés en son sein ont été tenus dès sa création par des anciens du BDPA En outre, beaucoup de départs de jeunes Réunionnais vers la métropole se fera via l’enclave. Ils y recevront au préalable une remise à niveau pour cause d’illettrisme.

Le Bumidom s’installe d’abord rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, dans un appartement de six pièces dont la salle de bains sera transformée en accueil. La première antenne régionale sera par la suite créée à Cannes. D’autres suivront, notamment au Havre ou à Nantes. Cette dernière sera remplacée en 1959 par un centre ouvert à Dieppe. Les autres seront remplacées par de nouvelles antennes à Rouen et Marseille, le dernier centre ouvrant en 1973. Par ailleurs installé à Crouy-sur-Ourcq en 1965 et Simandres en 1968, le Bumidom se rapproche ainsi des portes d’entrée des migrants en métropole. À Paris, le Bureau finira par acquérir l’ancienne ambassade de Pologne en France, rue Crillon.

Les interventions du Bumidom sont à l’origine d’autres entités, comme le Comité national d’accueil et d’actions pour les Réunionnais en mobilité (CNARM) créé en 1965 pour aider les Réunionnais à trouver un travail en métropole4.

Politique migratoire
Selon Alphonse Técher, le Bumidom a organisé la venue en métropole de 70 615 personnes entre sa création et décembre 1981. Cela représente 44,7 % d’un total de 157 000 migrants venus d’outre-mer s’installer en France métropolitaine durant cette période, les autres se déplaçant dans le cadre de leur service militaire, d’une mutation de la fonction publique ou d’une migration plus spontanée.

La politique migratoire du Bumidom n’a pas concerné les ressortissants de la Guyane, celle-ci ne connaissant pas les problèmes de surpopulation constatées dans les autres principaux départements d’outre-mer. La Guadeloupe et la Martinique ont émis respectivement 16 562 et 16 580 migrants durant la période citée ci-dessus. La Réunion en a émis 37 473, soit plus de la moitié du total. Ils sont majoritairement originaires du sud de l’île, des Avirons à Saint-Philippe. La surcharge démographique y est critique. La population y est majoritairement blanche et donc réputée mieux susceptible de s’adapter à la vie européenne.

D’une façon générale, l’émigration organisée par le Bumidom n’a d’abord été qu’une émigration de travail. C’est notamment le cas jusqu’en 1966, année au cours de laquelle les migrants réunionnais cessent d’arriver par bateau depuis le Port de la Pointe des Galets et parviennent désormais en métropole par avion depuis l’aéroport de Gillot. Débarqués à Marseille, ils sont dispersés dans tout l’Hexagone pour y effectuer le travail d’agent des PTT4. Réputés dociles, ils deviennent aussi ouvriers spécialisés sur les lignes de montage de Renault ou Simca. Ils changent de postes régulièrement et sont mobiles à l’intérieur du pays.

Mais avec la multiplication des procédures de regroupement familial, l’émigration organisée par le Bumidom devient au début des années 1970 une migration de peuplement. De fait, les migrants ne passent plus toujours par les foyers provisoires de travailleurs comme durant la première décennie. Ils se fixent définitivement dans des chambres meublées en centre-ville ou surtout en banlieue avec les autres populations émigrées. Mieux diplômées, les femmes désormais plus nombreuses sont orientées vers l’aumônerie et le secteur paramédical.

Beaucoup pensent que l’époque du Bumidom fut celle du remplacement dans les DOM des migrants par des Métropolitains à qui on assurait une prospérité dans ces colonies vidées de leur force de travail. Par ailleurs nombre de propagandes dans les différents ports proposaient à ceux qui recherchaient du travail, l’exotisme et tous les avantages liés aux conditions de vie sur place. La réalité est plus subtile : les profils de ceux qui partaient par le Bumidom ne correspondaient pas à ceux qui entraient dans les DOM pour y travailler. Ces derniers étaient en outre beaucoup moins nombreux.

En même temps, quel que soit le niveau d’instruction des migrants, ils furent embauchés à des tâches subalternes devant prouver que leur niveau était au-dessus de leur apparence, d’autres se firent happer par la pègre (énormément d’histoires de drogue et de prostitution, de disparitions…). Ce racisme sous-jacent contribua à un enfermement psychologique de ces gens qui ne pouvaient plus exister pour ce qu’ils étaient vraiment5.

Disparition et critiques
Le Bumidom a été remplacé par l’Agence nationale pour l’insertion et la promotion des travailleurs d’outre-mer en 19824, à la suite de l’arrivée de la gauche au pouvoir. Entretemps, il a procédé au déplacement de milliers de personnes vers Paris et la province française. Certaines personnes disent que les conditions d’accueil des migrants n’étaient pas celles qui leur avaient été présentées lors de leur départ5.

Le programme mis en place par Michel Debré pour contribuer au repeuplement de la Creuse par la « déportation » d’enfants réunionnais en échange de promesses d’avenir qui a depuis fait scandale a été porté par le Bumidom. Cette affaire est connue sous le nom des enfants de la Creuse. De 1963 à 1982, 1 630 enfants réunionnais ont été arrachés à leur île natale et envoyés, pour la plupart, dans la Creuse et en Lozère6. Le scandale éclate le 30 janvier 2002, lorsque Jean-Jacques Martial, un Réunionnais exilé en 1966, dépose plainte pour « enlèvement et séquestration de mineur, rafle et déportation ».

Aussi, celui-ci a été systématiquement dénoncé à compter du milieu des années 1970 dans la littérature et la musique réunionnaise. On trouve ainsi une critique du Bumidom dans l’ouvrage Zistoire Kristian, roman collectif paru en 1977. On en trouve d’autres dans les chansons de Danyèl Waro, un chanteur de maloya sur l’île qui fut lui-même emprisonné en métropole à la suite de son refus de faire son service militaire.

On consultera également les chansons de Ziskakan. L’une d’entre elles, sortie en 1980, s’intitule justement Bumidom. Elle se termine en affirmant :

« Bimidom, bimidom ou vol nout bann frer.
Bimidom, bimidom ramas pa manter.
Bimidom, bimidom ou fé mal nout ker.
Bimidom, bimidom na kas ton bann fer. »

Traduit du créole réunionnais au français, ce texte signifie :

« Bumidom, Bumidom, tu nous voles nos frères.
Bumidom, Bumidom, ne mens pas.
Bumidom, Bumidom, tu fais mal à nos cœurs.
Bumidom, Bumidom, nous casserons tes fers. »

Dans les médias
En 2015, Le film Rassine Monmon, Papa. Tome 1 : Ce Passé Qui Ne Passe Pas! [archive], réalisé par Michael Gence et produit par le Kollectif Nawak (2015) est un documentaire qui traite d’un point de vue personnel de cette période « Bumidom ». Cette première partie, pose le contexte de cette époque de migration généralisée à La Réunion (fonction publique, études, jeunes travailleurs, et « pupilles »), par l’agencement de témoignages et archives.
En 2016, le Bumidom est au centre de l’intrigue du film Le Gang des Antillais.
En 2018, le téléfilm Le Rêve français se fonde sur les conséquences du Bumidom.

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Massacre du 26 avril 1963 en Haïti

Le massacre du 26 avril 1963 est une série de tueries commanditée par François Duvalier et commise le 26 avril 1963 dans la région de la capitale haïtienne, Port-au-Prince. Ce massacre a visé des dizaines d’opposants présumés à la dictature et leur famille, en majorité des militaires. Il s’agit de la plus meurtrière des rafles contre des présumés opposants à Duvalier avant qu’il ne se déclare « Président à vie » l’année suivante.
Historique des événements
Le matin du 26 avril 1963, ce qui s’apparente à une tentative d’enlèvement des deux enfants de François Duvalier aurait déclenché la furie du dictateur et la répression qui a suivi1. Plusieurs maisons ont été incendiées avec leurs occupants et des dizaines de personnes assassinées par balles ou encore kidnappées pour ne plus jamais être revues.

Le Comité de commémoration du 26 avril 1963 a établi en 2013 la première liste de noms des victimes du massacre du 26 avril 19632. Cette liste non exhaustive contient jusqu’à présent 73 noms. Plusieurs militaires haut-gradés et leur famille s’y retrouvent, dont un bébé de 9 mois.

Massacre de 1986
En 1986, la première marche commémorative du massacre du 26 avril 1963 s’est aussi soldée par une tuerie, deux mois et demi après la chute de la dictature des Duvalier père et fils. À la dernière étape de la marche, face à la prison Fort Dimanche, des policiers ont fait feu sur la foule, tuant onze personnes et en blessant des dizaines d’autres. Les participants réclamaient entre autres que cette prison, où des centaines d’opposants présumés à François et Jean-Claude Duvalier ont été torturés ou assassinés, soit transformée en lieu commémorant la mémoire des disparus de la dictature duvaliérienne.

Cinquantième anniversaire
En avril 2013, les jours précédents le cinquantième anniversaire de l’événement ont été soulignés par plusieurs témoignages de membres des familles des victimes dans les médias4 et des lettres ouvertes5,6. Le 26 avril 2013, une messe simultanée est prévue à 17 h dans différentes églises d’Haïti et de New York, Montréal, Paris, Madrid, Bruxelles, Genève, Rome, Québec, Boston, ainsi qu’au New Jersey, en Californie, en Floride, au Panama et à Porto Rico.

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Naissance de Gerty Archimède le 26 avril 1909 à Morne-à-l’Eau

Gerty Archimède (Gerty, Marie, Bernadette Archimède), née le 26 avril 1909 à Morne-à-l’Eau (Guadeloupe) et morte à Basse-Terre (Guadeloupe) le 15 août 1980, est une avocate et femme politique française.

Elle fut la première femme inscrite au barreau de la Guadeloupe en 1939, devenant ainsi la première femme avocate des Antilles françaises.

Biographie
Famille et formation
Aînée d’une famille de cinq filles, elle est la fille de Justin Archimède, qui fut maire de Morne-à-l’Eau de 1912 à 1947, et de Marie-Adélaïde Tamarin.

Elle étudie à Morne-à-l’Eau puis à Pointe-à-Pitre, au cours Michelet puis au lycée Carnot. Après son baccalauréat, elle travaille à la banque de Guadeloupe avant de suivre une licence de droit, en Martinique puis à Paris, à la Sorbonne.

Vie politique
En 1945, elle est élue conseillère générale sur la liste d’entente prolétarienne sociale-communiste. Jusqu’en 1965, elle représentera les cantons de Pointe-à-Pitre, Basse-Terre et Morne-à-l’eau.

En 1948, elle adhère au Parti communiste français, qui la désigne pour le représenter dans de nombreuses conférences à travers le monde. Elle préside en 1980 le 7e congrès du Parti communiste guadeloupéen.

À l’Assemblée nationale
Gerty Archimède est ensuite élue députée de la Guadeloupe sous la première législature de la IVe république. Membre du groupe du PCF, elle siège du 10 novembre 1946 au 17 avril 1951. Elle est ainsi, après Eugénie Éboué-Tell, qui l’avait battue lors des élections à la deuxième assemblée constituante quelques mois plus tôt – l’une des premières femmes députées de Guadeloupe.

À l’Assemblée nationale, elle est membre de la Commission de la justice et de la législation et de la Commission des territoires d’outre-mer. Elle est aussi nommée juge suppléante à la Haute cour de justice.

En 1947, elle est rapporteure pour la commission de la justice et de la législation sur le projet de loi tendant à permettre aux femmes l’accession à diverses professions d’auxiliaire de justice.

Elle dépose par ailleurs différentes propositions de résolution sur le taux du franc Antilles-Guyane, sur les mesures pour la reconstruction des quartiers incendiés de Pointe-à-Pitre (1948 et 1951), ainsi que des propositions de loi pour l’amnistie des délits politiques dans les départements d’outre-mer, pour le maintien dans les lieux des locataires ou occupants des locaux d’habitation, ou relatives à l’alignement des salaires des départements d’outre-mer sur ceux de la région parisienne.

Elle fut ensuite candidate sans succès aux élections législatives de 1951, 1956, 1958 et 1967.

À la mairie de Basse-Terre
En 1952, elle réintègre le barreau de la Guadeloupe, puis est élue en 1953 adjointe au maire de Basse-Terre, Élie Chaufrein, tout en continuant ses activités d’avocate, avant de le remplacer pendant un an en 1956 lorsque ce dernier est muté d’autorité proviseur du lycée d’Alençon.

Militante féministe
Militante féministe, elle crée en Guadeloupe une fédération de l’Union des femmes françaises (proche du PCF) pour soutenir ses efforts afin d’obtenir l’application de la sécurité sociale et du droit à la retraite pour les femmes de Guadeloupe. Elle contribue activement à la transformation de la fédération de l’UFF en Union des femmes guadeloupéennes.

Avocate
Gerty Archimède prête serment en Guadeloupe le 18 décembre 1939.

Elle interrompt ses activités d’avocate pendant son mandat de députée, de novembre 1946 à avril 1951.

Quelques mois plus tard, de retour dans les tribunaux, elle participe à la défense des 16 de Basse-Pointe, au côté de Me Georges Gratiant et Me Marcel Manville. Ce procès, qui se déroule à Bordeaux du 9 au 13 août 1951, concerne les 16 coupeurs de canne martiniquais accusés du meurtre de leur administrateur béké Guy de Fabrique. Le verdict prononcé sera l’acquittement général.

Elle est par la suite élue bâtonnier de 1967 à 1970.

Rencontre avec Angela Davis
En 1969, la militante américaine Angela Davis et plusieurs de ses camarades font escale en Guadeloupe, de retour d’une conférence à Cuba, afin de rejoindre Porto Rico. Des livres offerts par les Cubains à destination de Porto Rico ainsi que les passeports de certains membres de la délégation sont confisqués par la douane française. Par le biais du capitaine du bateau et de Cubains vivant en Guadeloupe, la délégation rentre alors en contact avec Gerty Archimède, qui les aide, dans les jours suivants, à négocier avec les douaniers, la police et les juges sur l’île. Dans son autobiographie, Angela Davis relate cet épisode et la décrit ainsi :

« Maître Archimède était une grande femme à la peau sombre, aux yeux vifs et au courage indomptable. Je n’oublierai jamais notre première rencontre. J’ai senti que j’étais en présence d’une très grande dame. Pas un instant je ne doutai qu’elle allait nous sortir de notre mauvaise posture. Mais j’étais tellement impressionnée par sa personnalité, le respect qu’elle attirait à elle en tant que communiste, même de la part des colonialistes que, pendant un certain temps, notre problème me parut secondaire. Si je n’avais écouté que mes désirs, je serais restée sur l’île pour tout apprendre de cette femme. »

Quelques 26 avril

1248 : consécration de la Sainte-Chapelle dans l’île de la cité à Paris

1798 : naissance du peintre Eugène Delacroix (mort le 13 août 1863)

1937 : l’aviation allemande bombarde Guernica au Pays basque espagnol

1984 : mort du musicien de jazz Count Basie

1986 : explosion dans la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine), causant la plus grande catastrophe du nucléaire civil

1994 : premières élections multiraciales en Afrique du Sud

2005 : fin officielle de la présence syrienne au Liban