Catégorie : Littératures

Décès de l’écrivain Michel Le Bris, fondateur du festival Étonnants Voyageurs

L’écrivain Michel Le Bris, qui a promu une « littérature-monde » et fondateur du festival « Etonnants voyageurs », est décédé à Janzé (Ille-et-Vilaine) à l’âge de 77 ans dans la nuit de vendredi à samedi, a-t-on appris auprès de ses proches et du président du conseil régional de Bretagne.

« Je vous confirme que Michel est parti cette nuit des suites d’une longue maladie« , a indiqué à l’AFP une proche de l’écrivain.  

« C’est avec une profonde tristesse que j’apprends le décès de Michel Le Bris. Lui qui disait +ma Bretagne est une île qui contient toutes les autres+, avait compris la force des mots, de l’imaginaire, des voyages« , a déclaré le président du conseil régional de Bretagne Loïg Chesnais-Girard dans un communiqué de presse. 

Né le 1er février 1944 à Plougasnou, près de Morlaix (Finistère), dans une famille très modeste, Michel Le Bris, après un détour par un lycée versaillais, est diplômé d’HEC en 1967. Il est rapidement happé par mai 68 et l’effervescence qui suivra. 

Directeur de La Cause du peuple en 1970, il se retrouve huit mois en prison à la Santé pour « délit d’opinion« .

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Annus horribilis 2020

En clôture de La Nuit des Idées », à la Villa Chanteclerc, le 28 janvier 2021  le texte suivant de Patrick Mathelié-Guinlet a rencontré un certain succès.

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

..2020 : “annus horribilis” avec 2 “haines”, quoiqu’avec un seul n ça fonctionne aussi

..car on peut dire qu’on l’aura quand même eue bien dans le cul, cette année-ci…

..Si je n’avais la poésie de l’écriture pour vous crier sans masque tout ce que je ressens OK

..et m’inventer un ailleurs meilleur dans un lendemain mélomane,

..la vie ne serait qu’une routine irrespirable sans aucun espoir de changement

..et d’un ennui bien plus mortel que le virus !

..Je ne supporte plus la décadence du moment,

..cette mise en parenthèses de la plus élémentaire humaine intelligence et du bon sens dans une sorte de boucle du temps…

..Pour les uns, le virus est un prétexte,

..voire une aubaine, source de pouvoir et de profit

..(ainsi n’est-il pas par exemple au sens littéral la cause qui précède l’écriture de ce texte ?),

..pour d’autres un révélateur, une catalyse, voire une catharsis…

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Maladi Zannimo

— Par Daniel M. Berté —

An maladi mové ki té ka fè bet pè
Té ka fann-tjou a mò tout lé popilasion
La rimè té ka di sété malédision
Pou té pini lé krim konmet asou Latè

Kovid 19 varian pis fo kriyé’y konsa
Té ka fè gro malè parmi bet ozabwa
Yo tout pa té ka mò, men yo tout té touché
Pis sa ki pa té pri, zafè-yo té mélé

Wa Lion fè réinion ek di : « Mé cher zami
Sé Siel-a ki permèt ki tousa rivé-nou
Pou la kolè séles moli an may ba-nou
Fo ni an sakrifis pou nou pé sa djéri

Listwa ka aprann ki an parey sirkonstans
Dévouman pli méchan pé sové tou lézot
I fo zot koumansé ekzamen konsians-zot
Ek san pies mantézon, nou pé ni an ti chans

Man sav ki parmi zot yo kriyé-mwen glouton
Tousa, pas man manjé an bon-épé mouton
Man jis manjé berjé ; yo pa té fè’m ayen
Pli koupab-la pou mò, mé fo zot fè kon-mwen »

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Chyen dalo é chyen à kolyé

En hommage au méconnu car trop discret poète disparu, mon ami Maurice Orel, une de ses merveilleuses adaptations créoles (et non traductions) des fables de La Fontaine (à savoir « Le loup et le chien ») Patrick Mathelié-Guinlet

Dapré “Le loup et le chien” de Jean de La Fontaine

Té ni an fwa an chyen
ki pa té konnèt manjé byen.
I té mèg kon an taso,
tout kò’y, sété lapo épi zo.

I té ka alé-vini an tout ti kwen Chèlchè
ka chèché an ti zo oben an ti lachè.

I té sal, tout kò’y sété yenyen
é pèsonn pa té ka ba’y ayen.

Sèl bagay i té ni dwa,
sété kout pyé, kout woch èk kout bwa.

An jou, i vini jwenn épi an lot chyen
ki, li, té sav sa sa yé manjé byen.

Vyé chyen mèg-la rété estébékwè.

I pa té lé kwè sa zyé’y té ka wè.

Bèl chyen-an, non pli, pa té ka konpwann.

I rété doubout akondi i té ka atann.

Pandan tan-an, vyé chyen-an té ka réfléchi
pou wè sa i té pé di.

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L’Haïtien Lyonel Trouillot ranime le pouvoir de la fable

—Par Sonia Dayan-Herzbrun —

Face à la tragédie qui se joue en Haïti, dont des habitants sont chaque jour assassinés par un gang ou tués par des policiers, et spoliés par un pouvoir corrompu, l’écrivain se tourne vers la poésie, comme un flot de lumière face à la noirceur de l’existence.

u centre du récit de Lyonel Trouillot, deux frères, Franky et Ti Tony, aussi dissemblables qu’inséparables : un batailleur et un asthmatique ; l’un qui rêve d’être écrivain, l’autre qui bricole, magouille et assure la subsistance. De leur père, ils ne savent rien. Leur mère, Antoinette, au large cœur, aux jambes fatiguées et à la main leste, ne leur a parlé que de leur arrière-grand-oncle, Antoine, houngan, c’est-à-dire prêtre vaudou et devin.

Sa réputation et sa sagesse étaient telles qu’on venait le consulter de toutes parts, dans son village des Gommiers. Dans les récits d’Antoinette, ce village, où elle n’est jamais allée, était « un jardin miraculeux, la plus heureuse terre des hommes où ne pousserait que du bonheur », et Antoine des Gommiers, « son père Noël rétroactif », « sa protection contre trop de pourquoi ».

Antoinette s’accroche à ses rêves et à la grandeur de cette origine mythique.

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Être mère, ça s’apprend…

Dans « Batailles », Alexia Stresi tisse un récit intriguant qui navigue entre fait divers, page d’Histoire, destin de femme et quête des origines.

— Par Jérôme Béglé —

Le plaisir de choisir un livre au hasard sans rien connaître de l’auteur ni de l’histoire que l’on s’apprête à lire. Le choc en découvrant un roman qui débute par une mystérieuse disparition pour nous emmener au cœur d’une des pages les plus méconnues de l’histoire de notre cinquième République. Disons les choses d’emblée, Batailles d’Alexia Stresi est un formidable récit bien mené avec brio. Tel un bureau à cylindre Louis XV, il recèle d’une foultitude de tiroirs cachés qui derrière une marqueterie parfaite ajoute encore du charme et de l’utilité à qui sait prendre son temps de le détailler.

Un beau jour, sans crier gare, Brigitte disparaît. Elle laisse une lettre à sa fille Rose en lui demandant de ne rien faire pour la retrouver tout en lui promettant de réapparaître dans quelque temps. Tempête sous son crâne : qu’est-ce qui pourrait justifier ou expliquer une telle fuite ? Les années passent et Brigitte ne donne toujours pas signe de vie.

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René Maran a écrit aussi sur le carnaval

— Par René Ladouceur —

Deux raisons, en ce mois de janvier, de sauver de l’oubli un manuscrit, sans titre, de René Maran. L’année 2021 marque le centième anniversaire de Batouala* et le manuscrit en question, retrouvé par hasard, consacre une large place au carnaval en Guyane.

Dans cet inédit, Richard, l’ami du narrateur, est sans illusions. Il erre, la nuit, sur le Grand Boulevard, à Cayenne, en pleurant l’époque où il se travestissait en femme éplorée, se régalait dans les bals Parés-masqués, ne manquait pas un défilé du Mardi gras.

C’était l’époque où le carnaval avait son protocole, où la passion de danser faisait faire des folies, où il était jeune.

Sur la plage, il explique à la plantureuse Sylviane Bendeau ce que fut, autrefois, la rage de briser les tabous, le bonheur de se moquer des puissants, le plaisir d’être choisi par une cavalière.

Richard est lui-même architecte. Contemporain et admirateur de Le Corbusier, il adore l’espace. Sa folie des grandeurs corrige sa phobie de la petitesse. C’est du reste lui qui a construit le premier dancing de Cayenne, le Dancing-Palace, à cheval entre les rues Trois cases et Rouget de l’Isle.

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La jeune poétesse Amanda Gorman fait sensation lors de l’investiture de Joe Biden

La jeune femme de 22 ans seulement a déclamé des vers célébrant une « Amérique unie » lors de l’investiture de Joe Biden, mercredi. Sa prestation a été saluée par de nombreuses personnalités.

Elle était partout sur les réseaux sociaux au lendemain de l’investiture de Joe Biden et Kamala Harris. La jeune poétesse afro-américaine Amanda Gorman a captivé le public mercredi 20 janvier, avec ses vers appelant à l’unité des États-Unis.

Vêtue d’un manteau jaune et d’une coiffe rouge, la jeune femme de 22 ans, originaire de Los Angeles, a récité un poème de sa composition, « The hill we climb » (« La colline que nous gravissons »), une référence à la colline du Capitole, où des partisans de Donald Trump ont envahi le siège du Congrès le 6 janvier.

Son texte, qu’elle a écrit d’une traite après cet assaut meurtrier, évoque « une force qui va briser notre Nation, plutôt que la partager ». « Cet effort a presque réussi mais si la démocratie peut être par instant retardée, elle ne peut pas être définitivement supprimée ».

« Maya Angelou se réjouit »

D’une voix calme, elle a scandé ses rimes, en les accompagnant de mouvements graciles, ne laissant pas percer un bégaiement qui, comme Joe Biden, l’a affectée dans son enfance.

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Littératures : nouveautés du 18 janvier 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Littératures : nouveautés du 17 janvier 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Jijman-mwen

— Par Daniel M. Berté —

Man konvotjé kò-mwen
Palé ba’y ant kat zié
An mitan konsians-mwen
Man oblijé’y gadé

Man entérojé mwen
Pou sav sa man té fè
Toutolon lavi-mwen
Ek ki pa té ka’y klè

Man andjélé kò-mwen
Dèyè-mwen man kriyé
Man tonbé an zo-mwen
An tjou-mwen man rélé

Lakolè bouwé-mwen
Larel man jik janbé
Man jouwé manman-mwen
Padon Mondié souplé

Man kaloté tèt-mwen
Pou bagay man mal fè
Man rédi zorèy-mwen
Pou dot man pa té fiè

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Louis-Philippe Dalembert, nouvel auteur en résidence à Sciences Po à Paris

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Le romancier et poète Louis-Philippe Dalembert, que les lecteurs du National avaient (re)découvert dans l’entretien qu’il a accordé le 8 septembre 2020 à notre collaborateur Robert Berrouët-Oriol (« Entrevue avec Louis-Philippe Dalembert pour saluer la parution de « Cantique du balbutiement » (poésie) », est l’invité au premier semestre 2021  de la Chaire d’écrivain en résidence au prestigieux Centre d’écriture et de rhétorique de Sciences Po à Paris. L’annonce de cette résidence, qui vient de paraître sur le site de Sciences Po Paris, marque une étape importante dans l’élaboration de l’œuvre de l’écrivain. Après Kamel Daoud, Marie Darrieussecq, Patrick Chamoiseau et Maylis de Kerangal, Louis-Philippe Dalembert est le cinquième auteur à rejoindre Sciences Po comme titulaire de la Chaire d’écrivain invité.

Fondé en 1872, l’Institut d’études politiques de Paris, communément appelé Sciences Po, est un grand établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel dans les domaines des sciences humaines et sociales, notamment le droit, l’économie, l’histoire, la sociologie et la science politique. Jouissant d’un énorme prestige dans l’enseignement supérieur en France et à l’international, Sciences Po est également connu comme vivier de formation de la haute fonction publique française.

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Littératures : Cécile Vidal distinguée pour ses publications en Sciences sociales

Cécile Vidal :

Elle est directrice d’études à l’EHESS – École des hautes études en sciences sociales. Ses recherches portent sur l’histoire sociale des empires, de la colonisation, de la traite des esclaves et de l’esclavage dans les mondes atlantiques du XVIIe au XIXe siècle. Outre Histoire de l’Amérique française (2003 ; 5e ed. 2019), co-écrit avec Gilles Havard¹, elle est l’autrice de Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society (2019), et l’éditrice ou coéditrice de dix ouvrages collectifs ou numéros spéciaux de revue, dont New Orleans, Louisiana, and Saint-Louis, Senegal : Mirror Cities in the Atlantic World, 1659-2000 (2019) et Une histoire sociale du Nouveau Monde (à paraître aux Éditions de l’EHESS en mai 2021).

Tout en achevant la co-édition et co-rédaction d’une Histoire mondiale de l’esclavage (titre provisoire) à paraître au Seuil à l’automne 2021, elle travaille à un nouveau projet de recherche sur « suicide, traite et esclavage dans les mondes atlantiques français et britannique aux XVIIIe et XIXe siècles. »

Lors d’un séminaire, Cécile Vidal parlait de l’élaboration de Histoire mondiale de l’esclavage : « L’ouvrage entend aborder l’esclavage dans toutes ses dimensions depuis la plus haute antiquité jusqu’à la période contemporaine et contribuer à renouveler une approche comparatiste dans l’étude du phénomène.

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Le locuteur bilingue haïtien : entre effet de mode et snobisme

— Par Fortenel Thelusma (*) —

Brève présentation de la situation linguistique en Haïti : entre monolinguisme et bilinguisme

  1. Aujourd’hui, dans certains milieux publics, on observe, à défaut d’un bilinguisme vivace à l’oral, l’usage d’un créole francisé tendant à se situer entre effet de mode et snobisme dans la presse orale. En sociologie, la mode est surtout étudiée dans la présentation de produits visant la parure, tels que les vêtements et leurs accessoires. Elle occupe une place centrale dans la vie des êtres humains dans la mesure où elle leur permet de définir leur identité sociale. « La mode se caractérise, en premier lieu, par un principe d’affirmation, à travers lequel individus et groupes sociaux s’imitent et se distinguent en utilisant des signaux … » (Sociologie de la mode Publié le 07/07/2010 par Frédéric Godart, Frédérique Giraud et Frédéric Monneyron
    La Découverte, Collection Repères).

Quant au snobisme, il « ne désigne pas un type d’individu, mais une manière de se comporter à l’égard d’autrui, en partant du principe que nos goûts sont supérieurs au sien. […] Extrait de « Le snobisme », de Adèle Van Reeth et Raphaël Enthoven, publié chez Plon, 2015 (2/2) ».

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Lire : à la librairie  L’Harmattan, «  Nous sommes martiniquaises »

Un ami me signale la parution à L’Harmattan, en décembre 2020, de ce nouvel opus de Hanétha Vété-Congolo. Il me semble important de relayer l’information sur le site Madinin’art ! Sous le titre, la première de couverture précise : « Pawol en bouches de femmes châtaignes / une pensée existentialiste noire sur la question des femmes ». 

« Professeur d’université et poète, Hanétha Vété-Congolo est née en 1973 au François, en Martinique. Elle a fait ses études supérieures à l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique. Aujourd’hui professeur au Bowdoin College à Brunswick (Maine, États-Unis) où elle dirige le Département de langues et littératures romanes, elle a précédemment enseigné à la Jamaïque (University of the West Indies, Mona) ainsi qu’en Virginie. Elle est l’auteure de nombreux travaux universitaires dont L’interoralité caribéenne : le mot conté de l’identité. Vers un traité d’esthétique caribéenne (Sarrebruck, Éditions Universitaires Européennes, 2011). Outre deux recueils de poésie en français : Avoir et Être : ce que j’ai, ce que je suis (éditions Le Chasseur abstrait, 2009) et Mon Parler de Guinée (L’Harmattan, 2015), elle est aussi l’auteure d’un recueil inédit de poèmes en anglais, Womb of a Woman.

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« La vengeance m’appartient » : le nouveau roman impressionniste et impressionnant de Marie NDiaye

« La vengeance m’appartient », dernier roman de Marie Ndiaye très attendu de cette rentrée littéraire d’hiver 2021, est un bijou. 

— Par Laurence Houot —

La romancière Marie NDiaye enchante cette rentrée d’hiver 2021 avec son dernier roman, très attendu, La vengeance m’appartient (Gallimard), l’histoire d’une avocate, la quarantaine, bousculée par la réapparition dans sa vie d’un personnage clé de son enfance. Ce nouveau roman empreint de mystère signé par l’auteure de Ladivine (Gallimard 2013), lauréate du Prix Femina avec Rosie Carpe (Minuit) en 2001 et du Goncourt en 2009 avec Trois femmes puissantes (Gallimard), paraît le 7 janvier 2021.

L’histoire : Me Susane, avocate à Bordeaux, est sollicitée par Gilles Principaux pour défendre sa femme Marlyne, accusée du meurtre de ses trois jeunes enfants. L’avocate croit reconnaître en cet homme l’adolescent avec qui elle a partagé quand elle avait dix ans un après-midi dont elle garde un souvenir éblouissant. Une impression qui reste floue dans sa mémoire mais qu’elle tient à conserver intacte. « L’enkystement d’une pure joie », dit-elle, malgré le sentiment de son père, M. Susane, persuadé que le pire est arrivé à sa fille dans la chambre du garçon pendant que la mère de Me Susane faisait le ménage dans la maison de cette famille bourgeoise. 

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L’enseignement en créole à l’université en Haïti, un défi aux multiples facettes

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

« Le libre exercice de l’esprit critique et de nos capacités d’analyser les problèmes récurrents de l’enseignement supérieur au pays sont lourdement assautés et précarisés ces derniers mois », nous écrit l’un des enseignants de l’Université d’État d’Haïti avec lesquels nous avons l’habitude d’échanger. Il désigne ainsi, par-delà les difficiles conditions de travail en lien avec le Covid 19, la situation politique du pays qui affecte quotidiennement les citoyens : forte recrudescence des enlèvements contre rançon, hausse des assassinats ciblés notamment dans les quartiers populaires, gangstérisation du pouvoir d’État sous la houlette du parti présidentiel, le PHTK néo-duvaliériste lié aux gangs armés, institutionnalisation de la corruption et de l’impunité, etc. À cela s’ajoute le fait que le Parlement, dysfonctionnel depuis janvier 2020, n’exerce aucun contrôle de l’action gouvernementale et le président Jovenel Moïse, dépourvu de légitimité et constamment contesté par la population, gouverne par décrets anticonstitutionnels ayant force de loi (plus d’une trentaine depuis environ huit mois). L’illégalité et l’inconstitutionnalité de ces décrets ont été publiquement dénoncées par la Fédération des Barreaux d’Haïti dans sa résolution du 3 juin 2020.

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Régression ou avancée culturelle au troisième millénaire ?

Nous vivons une drôle d’époque… et pas seulement en raison de la crise sanitaire, d’autres virus s’étant infiltrés au cœur de nos sociétés, que l’on pensait plus subtiles ! Si l’on en croit certains mouvements féministes, comme aussi cette inscription relevée à Paris sur les murs d’une certaine faculté, il faudrait donc avec d’autres me clouer au pilori pour avoir, pendant plus de quarante ans, distillé le poison de la poésie ronsardienne à des générations d’élèves. À des classes où d’innocentes jeunes filles auraient, par ma seule faute d’enseignante inconsciente, été  exposées à la promiscuité, malsaine et dangereuse, d’écrivains violeurs en puissance, ou de personnages dépravés, fussent-ils seulement de fiction. Certes, il y avait bien péril en la demeure, et le combat, et la mutation qui – peut-être – est en train de s’opérer dans les rapports qui lient – ou délient – les hommes aux femmes, étaient plus qu’urgents et nécessaires. Mais comme le disait ma grand-mère, « le trop est l’ennemi du bien », et l’on peut le penser quand à ce sujet le « trop » entraîne des dérives inquiétantes, quand le « trop » consiste à vouloir rétablir une sorte de censure aveugle, confondant vie réelle et littérature, œuvre de papier et œuvre de chair.

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Ladjé kò an 2021

— Par Daniel M. Berté —

Ladjé kò… débayonné

                  détòtiyé

                  délivré pran dot larel… Pati !

Pati pou chèchè kò’w

Pati pou risanti kò’w

Pati pou ritouvé kò’w

Ladjé kò… démélé

                dézanpétré

                détaché dousman vit… Wondi !

Wondi an kwen lari lespri lib

Wondi lakanpan’y lespri lib

Wondi bòd-lanmè lespri lib

Ladjé kò… délèsté

démaré

dégajé red mawto… Kouri !

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Les vœux de Patrick Mathelié-Guinlet pour 2021

Arrête de boire ou de fumer pour cesser d’oublier et réagir, réaliser…
Arrête de croire pour cesser de culpabiliser mais te responsabiliser et assumer ta liberté…
Arrête de supposer que le bonheur et la vérité se trouvent dans un improbable “pote en ciel” au-delà, plus tard ou dans un éphémère paradis artificiel mais vis ici et maintenant pleinement !
Ne t’arrête jamais de penser ni de rêver et surtout continue de penser que tu peux réaliser tes rêves…
La vie est un jeu où l’on ne peut être gagnant qu’avec Descartes en main et la bonne méthode : “Cogito ergo sum !”
Ne t’arrête donc pas de le dire, de l’écrire afin de le communiquer, le partager et faire ainsi d’autres rêver, réfléchir, réagir…

Patrick Mathelié-Guinlet

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« Les aventures de Charlemagne Legba » de Kwamé Maherpa

Manta 131, Histoire interdite, Anges noirs aux portes de l’enfer, voici trois nouvelles hantées par les cauchemars, les illusions et abominations de mondes où l’espoir est banni. Il suffit d’un meurtre perpétré dans des conditions atroces pour que la vie de Charlemagne Legba bascule à tout jamais. Cet enquêteur solitaire finit par accepter son destin de guerrier éternel évoluant hors du champ étroit et linéaire de l’espace-temps. Désormais, il affrontera des périls tant humains que surnaturels car il refuse le fatalisme et la soumission aux forces occultes. Les adeptes de la Philosophie du Mal sont légion au sein de la Martinique ou des « Martiniques ». Charlemagne Legba, gardien mélancolique sans joie, c’est un John Shaft désabusé errant dans la quatrième dimension. Un ouvrage où le fantastique, l’horrifique, l’uchronie, l’ironie malmènent la psyché du lecteur.

Kwamé Maherpa est un auteur afro-descendant d’origine antillaise qui fait des littératures de l’imaginaire son genre de prédilection. Il est colauréat du Prix Masterton 2016 dans la catégorie « nouvelles » pour « Le conquérant de sang » paru dans l’anthologie collective « Le vampire des origines » aux éditions Lune écarlate.

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La Très grande librairie (TGL) propose des centaines de milliers de titres en occasion disponibles en ligne

La Très Grande Librairie, est une librairie en ligne qui propose à la vente des livres d’occasion.
Depuis 1993, la Très grande librairie (TGL) propose des centaines de milliers de titres en occasion disponibles en ligne pour répondre à une double vocation : donner une seconde vie aux livres autrement condamnés au pilon ou à la poubelle et vous permettre d’obtenir des ouvrages à des tarifs avantageux, pour garantir un accès à la culture le plus large possible Dorénavant, la TGL permet d’accèder à son immense catalogue via son nouveau site internet !
Son catalogue est constitué de près de 300 000 livres d’occasion parmi lesquels vous pourrez retrouver les éditions récentes en seconde main ainsi qu’une sélection d’ouvrages anciens, de classiques et d’introuvables.

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Acheter d’occasion c’est aussi contribuer à préserver des ressources grâce à la réduction d’utilisation de papier, d’eau, et d’énergie.

TGL s’est aussi engagé dans une démarche durable avec des partenariats avec Défi rien de neuf et Longue vie aux objets.

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Une histoire à double message

— Par René Ladouceur —

Par un des hasards dont l’édition n’est même pas l’organisatrice, deux femmes qu’on soupçonne de préférer la littérature à la paraphrase jouent en cette fin d’année, pour notre plus grand plaisir, à l’écriture exquise.

Ces deux femmes s’appellent Christiane Taubira et Emmelyne Octavie.

La première se distingue dans Gran Balan et la seconde dans Par accident/Le jour où maman n’est pas morte*.

Pour les besoins du présent article, nous allons nous consacrer exclusivement à Emmelyne Octavie.

Pour un artiste, dénoncer les dysfonctionnements de la société, c’est accomplir son destin, remplir sa mission.

En publiant Par accident/Le jour où maman n’est pas morte, Emmelyne Octavie ne met pas seulement l’accent sur l’irresponsabilité des automobilistes, elle met aussi en cause l’état défectueux des routes en Guyane.

Elle engage, à sa manière, qui est suggestive, un travail de prise de conscience sur l’insécurité routière, dans l’exercice de sa passion et le ministère de sa foi.

De quoi s’agit-il ? D’un texte, que l’on n’ose qualifier de roman, qui véhicule une bien singulière histoire. Emmelyne Octavie, un lundi, est abasourdie par un violent accident de la route.

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Dézawa de Jéra

— Par Daniel M. Berté —

Jéra an souba Makouba, s’en alla a gran pa anba de l’anbabwa pou fouyé dé Yanm-bwa.

Jéra péta son pié dwa anlè an souch-bwa d’akasia ki té la dépi twa mwa ; Gadsa !

Jéra fi un fopa, kanta, glisa, kogna un balata ek tonba,non pa fasanba, mé anlè son bonda

Jéra, anplis di sa, kant il glisa, se flandja o bra dwa, kaw il atérisa siw sa lanm de koutla

Jéra kriya, anraja, jira ek joura : saprista ! patatsa ! andjètsa ! an palaya-manman sa !

Jéra neg de konba, agripa an branch-bwa ki élas se kasa ek nostrom retonba ankò suw le bonda

Jéra, plèwnicha pa, sèt fwa ne joura pa, mèmpa ne pawla pa, mé asira son pa épi se releva

Jéra réfléchisa : dé so siw le bonda, an flandji o koutla… il pansa : pou jòdla, tou sela sifiza

Jéra s’en dévira, revena siw sé pa, oubliya lé yanm-bwa, lakoz de sé traka… Aaa lala !

Jéra se souvena di an lot gran traka, ki létè ariva, épi dan kel léta, tou sela le lésa

Jéra, kant il ala épi misié Bèwna tjwé le kochon d’Edwa, régréta mil fwa le jour ou il nésa

Jéra rala le kochon, tena dé de sé pat ek l’imobiliza, pandan ke mèt Edwa dona le kout bwa

Jéra pousa un kri, kaw lanimal brenna ek se déplasa, ek le boutou tonba siw sa men ki lacha

Jéra joura Edwa, Edwa joura Jéra ek pandan se tan-la, le kochon sanfuiya ek parta dan lé bwa

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À La Martinique, le Théâtre  à l’école, ou « le blé en herbe » !

–– par Janine Bailly ––

Depuis de trop longues semaines déjà, le théâtre nous manque cruellement, et l’on se languit de reprendre le chemin interdit des salles de spectacle, où seule veille encore « la Servante », cette petite lampe qui la nuit reste allumée sur les plateaux quand le théâtre est fermé… fidèle éclaireuse dans l’ombre, pour que perdure et nous revienne bientôt la magie du rideau qui s’ouvre, ou plus simplement aujourd’hui la magie de l’obscurité qui se fait, laissant place à l’éblouissement des feux de la scène, à l’enchantement des mots, des textes, des voix et des corps. « Pour que la lumière jamais ne s’éteigne », dit Emmanuel Demarcy-Mota, qui sans faillir a maintenu le lien avec son public par des spectacles originaux, transmis en direct depuis le Théâtre de la Ville, précisant aussi que rien jamais ne remplacera le spectacle vivant, l’émotion partagée d’une salle frémissante, complice et, dans l’ombre, conquise.

Certes, ainsi que le dit le proverbe, “faute de grives on mange des merles”, et nous fûmes tenus de nous contenter, pour tromper notre impatiente attente, de captations et visioconférences offertes sur nos écrans… mais ici, à la Martinique, la vie culturelle lentement mais sûrement a repris son cours, puisqu’aussi bien, en raison d’une évolution épidémique différente, nous ne sommes plus soumis aux règles drastiques que la France se voit encore imposer.

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