Littératures : Cécile Vidal distinguée pour ses publications en Sciences sociales

Cécile Vidal :

Elle est directrice d’études à l’EHESS – École des hautes études en sciences sociales. Ses recherches portent sur l’histoire sociale des empires, de la colonisation, de la traite des esclaves et de l’esclavage dans les mondes atlantiques du XVIIe au XIXe siècle. Outre Histoire de l’Amérique française (2003 ; 5e ed. 2019), co-écrit avec Gilles Havard¹, elle est l’autrice de Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society (2019), et l’éditrice ou coéditrice de dix ouvrages collectifs ou numéros spéciaux de revue, dont New Orleans, Louisiana, and Saint-Louis, Senegal : Mirror Cities in the Atlantic World, 1659-2000 (2019) et Une histoire sociale du Nouveau Monde (à paraître aux Éditions de l’EHESS en mai 2021).

Tout en achevant la co-édition et co-rédaction d’une Histoire mondiale de l’esclavage (titre provisoire) à paraître au Seuil à l’automne 2021, elle travaille à un nouveau projet de recherche sur « suicide, traite et esclavage dans les mondes atlantiques français et britannique aux XVIIIe et XIXe siècles. »

Lors d’un séminaire, Cécile Vidal parlait de l’élaboration de Histoire mondiale de l’esclavage : « L’ouvrage entend aborder l’esclavage dans toutes ses dimensions depuis la plus haute antiquité jusqu’à la période contemporaine et contribuer à renouveler une approche comparatiste dans l’étude du phénomène. Il sera composé de trois grandes sections : Situations ; Comparaisons ; Transformations. Le séminaire sera consacré à la discussion d’un certain nombre d’articles en cours de rédaction de la seconde partie, “Comparaisons”, qui abordera un ensemble de thèmes ou d’institutions transversales, communes à la plupart des systèmes esclavagistes dans le temps et dans l’espace. »

Pour connaître davantage Cécile Vidal : consulter le site CENA
♦ Curriculum Vitae
♦ Publications
♦ Activités scientifiques

Deux prix l’ont distinguée au cours de l’année 2020 :

— Le Prix de la recherche SAES / AFEA (Société des anglicistes de l’enseignement supérieur / Association française d’études américaines) : ce prix récompense un ouvrage en recherche anglophone, publié pendant l’année civile précédant la réunion du jury.

Pour l’année 2020, il a été remis en visioconférence, lors de l’assemblée générale de l’AFEA, à Cécile Vidal, directrice d’études au laboratoire « Mondes Américains »  pour son ouvrage Caribbean New Orleans  :  Empire, Race, and the Making of a Slave Society.

 Le Prix Lionel-Groulx 2020

L’Institut d’Histoire de l’Amérique Française (Canada) a attribué le prix à Cécile Vidal – EHESS / Mondes Américains /CENA – pour son ouvrage : Caribbean New Orleans. Empire, Race, and the Making of a Slave Society (États-Unis, Williamsburg et Chapel Hill, Omohundro Institute of Early American History and Culture et University of North Carolina Press,  [2019], 552 p.)

L’EHESS : L’École des hautes études en sciences sociales réunit des chercheurs et des étudiants du monde entier dans le but de faire coopérer toutes les disciplines des sciences sociales pour comprendre les sociétés dans leur complexité. Elle est unique dans le champ universitaire français tant du fait de son projet intellectuel que grâce à son modèle de formation par la recherche, à son ancrage international et à son ouverture sur la société.

Mondes Américains : Créée en 2006 sous la double tutelle du CNRS et de l’EHESS, Mondes Américains  est une unité mixte de recherches en sciences humaines et sociales qui repose sur une fédération de cinq centres de recherches rattachés à l’EHESS, l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et l’Université Paris Nanterre.

Le CENA : Trente ans d’études nord-américaines en France. Créé en 1980 à l’instigation de François Furet, en partenariat avec le CNRS et la French-American Foundation de New York, le Centre d’études nord-américaines de l’EHESS se voulait une réponse à l’indifférence qui imprégnait les institutions françaises d’enseignement supérieur et de recherche à l’égard de l’objet scientifique nord-américain. En dépit d’efforts pionniers dans certains départements d’anglais, ou de la création à la Sorbonne en 1967 d’une première (et longtemps unique) chaire d’histoire nord-américaine, le décalage était alors profond entre le poids de l’Amérique du Nord dans le monde contemporain et le peu d’intérêt scientifique qui était manifesté à son égard en France.

Qui était Lionel Groulx ?

Lionel Groulx, né le 13 janvier 1878 à Vaudreuil (Québec) et mort dans la même ville le 23 mai 1967, est un prêtre catholique, professeur, historien, intellectuel nationaliste, écrivain et conférencier québécois. Personnage complexe et controversé, il est vu, par certains, comme un précurseur de la Révolution tranquille au Québec. Tous s’entendent cependant sur le fait qu’il est, avec Henri Bourassa, la figure intellectuelle la plus marquante du nationalisme canadien-français dans la première moitié du xxe siècle. Considéré comme le père spirituel du Québec moderne par René Lévesque, Groulx est à la fois l’historien le plus en vue du Canada français jusque dans les années 1960 ainsi que l’avocat et le vulgarisateur le plus important de la cause du nationalisme québécois, après Henri Bourassa.

Le Prix Lionel-Groulx, le plus prestigieux des prix décernés par l’Institut d’Histoire de l’Amérique Française, récompense le meilleur ouvrage portant sur un aspect de l’histoire de l’Amérique française et s’imposant par son caractère scientifique.

L’Institut d’Histoire de l’Amérique Française présente ainsi l’ouvrage primé de Cécile Vidal : 

« Voici une réalisation extraordinaire, une monographie riche et dense qui témoigne d’une maîtrise phénoménale des archives et de l’historiographie sur le colonialisme franco-américain.

Sous la plume de Cécile Vidal, le lecteur découvre une Nouvelle-Orléans socialement très complexe – en phase avec la « normalité » des villes frontières du XVIIIe siècle. L’auteure reconstitue ce monde grouillant à partir des concepts à la fois de classe, de race et de genre, ainsi que des statuts socioprofessionnels des groupes de diverses origines. Elle utilise des sources juridiques qui révèlent comment les gens se représentaient dans leurs relations et dans leurs choix intimes, domestiques et publics.

Le lecteur pénètre ainsi au cœur d’une société magnifiquement révélée comme « intégrative, mais fondamentalement hiérarchisée » (p. 430). Cécile Vidal décrit notamment, avec des nuances fascinantes, la création et la signification de la société esclavagiste. Elle explore aussi les liens entre soldats et esclaves – qui s’enfuit avec qui, qui épouse qui, qui ne peut pas se marier –  et met en relief un métissage qui ne reflète pas tant l’ouverture raciale que la fermeture et la domination. L’auteure rend enfin intelligible le désir universel d’embrasser le commerce.

Tous ces points d’analyse, à la fois remarquablement intimes et si difficiles à cerner et à comprendre, permettent ici de mettre au jour à la fois de nouveaux faits et des identités sophistiquées et nuancées. Le portrait plus large de la Nouvelle-Orléans en tant que ville incrustée dans le monde des Caraïbes, caractérisée par la racialisation croissante des relations, du commerce, du travail et de la punition, constitue une avancée significative de notre compréhension de cet univers – et de ses dettes envers une certaine Amérique spécifiquement française. »

Post scriptum : Nul doute qu’aux Antilles, on attendra avec impatience la parution d’une “Histoire mondiale de l’esclavage” ; et qu’aussi l’on aura à cœur de découvrir les autres ouvrages de Cécile Vidal, dont les recherches et les problématiques ne peuvent que nous interpeller !


1.  Gilles Havard : Directeur adjoint de Mondes Américains. Directeur de recherche CNRS. Directeur du CENA. Après plusieurs années d’enseignement de l’histoire-géographie dans des collèges de Zone d’Éducation Prioritaire à Paris, Gilles Havard, agrégé d’histoire (concours préparé à Rennes II) et docteur en histoire (Paris VII), est recruté au CNRS, où il est actuellement directeur de recherche. Ses travaux, qui adoptent une perspective anthropologique, portent sur les relations entre Européens et Indiens en Amérique du Nord (XVIe-XIXe siècle). Ils s’interrogent sur le rôle des contacts culturels dans la façon dont se construisent les sociétés coloniales et, parallèlement, dont s’actualisent les usages amérindiens.