Catégorie : Sculpture

« Visions chamaniques » : l’ayahuasca au cœur de l’art amazonien au musée du Quai Branly

— Par M’A —

Le musée du Quai Branly à Paris accueille depuis mardi une exposition captivante explorant les mystères de l’ayahuasca, une plante hallucinogène d’Amazonie, à travers l’art et la culture péruvienne. Intitulée « Visions chamaniques. Arts de l’Ayahuasca en Amazonie péruvienne », cette exposition plonge les visiteurs dans l’univers des visions provoquées par cette liane, utilisée depuis des siècles comme une « médecine » enseignante et porte vers d’autres mondes.

L’ayahuasca, également appelée « liane des morts » en quechua, est au centre de cette exploration artistique et culturelle. L’exposition propose une variété de supports artistiques, tels que textiles, peintures, céramiques et vidéos, témoignant de l’utilisation de cette plante dans la médecine traditionnelle péruvienne et des rituels chamaniques qui en découlent. Les visiteurs auront également l’occasion de vivre une expérience de réalité virtuelle, « Ayahuasca – Kosmik Journey », du cinéaste Jan Kounen, qui permet de ressentir les sensations du rituel sans ingérer la substance.

Une partie importante de l’exposition met en lumière l’art visionnaire péruvien du XXe siècle, influencé par les visions et les pratiques traditionnelles liées à l’ayahuasca.

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La mort de Fernando Botero, l’artiste colombien aux formes voluptueuses qui a marqué l’histoire de l’art

La disparition de Fernando Botero, l’un des artistes colombiens les plus emblématiques du XXe et du début du XXIe siècle, laisse un vide profond dans le monde de l’art. Décédé à l’âge de 91 ans, il avait consacré sa vie à créer une œuvre unique, reconnaissable au premier regard, et à faire entendre la voix de la Colombie sur la scène internationale de l’art. Dans cet article, nous allons explorer en profondeur la vie, l’œuvre et l’héritage de cet artiste exceptionnel.

Fernando Botero, de son nom complet Luis Fernando Botero Angulo, est né le 19 avril 1932 à Medellín, en Colombie. Il a grandi dans une Colombie en pleine évolution, marquée par des bouleversements politiques et sociaux. Dès son plus jeune âge, il a montré un intérêt pour l’art, dessinant et peignant ses premières œuvres dès l’âge de quatre ans. Cependant, son parcours artistique n’a pas été un chemin facile. À l’âge de quatre ans, il a perdu son père, un agent de commerce qui parcourait la région de Medellín à cheval pour gagner sa vie. Élevé par sa mère et ses oncles, Botero a développé une persévérance et une détermination qui allaient le soutenir tout au long de sa carrière.

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“ Expo-Concert ” Verre De Terre

Du 11 au 16 Juillet à la Villa Chanteclerc

➜ Villa Chanteclerc (Rue du Prof Garcin – Didier)
➽ 10h/12h et 16h/19h30 Gratuit
Réalisée avec le précieux concours de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) qui a en charge la formation professionnelle d’une part, et le CERFAV (Centre Européen de
Recherches et de Formation aux Arts Verriers) d’autre part, qui a dispensé un savoir-faire et un encadrement pédagogique hors du commun.
Le Cerfav, Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers, est créé en 1991 à Vannes-le-Châtel.
Devenu depuis la référence en matière de formation professionnelle et de développement des arts verriers, le Cerfav est le centre technique expert du matériau verre et des procédés verriers, avec une plateforme unique en Europe.
Il est à la fois un centre de formation, un centre de recherches, et un centre de médiation culturelle.
L’ensemble de ces 3 activités font du Cerfav un lieu d’exception où les compétences croisées se mêlent et s’enrichissent mutuellement. La formation questionnant la recherche, la recherche permettant des formations toujours à la pointe et au plus proche des besoins des entreprises, la culture valorisant la filière.

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Jardins de Rêves, Alberto Giacometti /Salvador Dali

— Par Dominique Daeschler —

Abritée par l’institut Giacometti dans l’hôtel particulier art nouveau -art déco du décorateur Paul Follot ,la fondation qui s’installera en 201- dans la gare désaffectée des Invalides, propose une exposition de dessins, maquettes, sculptures, toiles d’Alberto Giacometti autour de « jardins de rêves ».

Que de contraste entre l’écrin bonbonnière de l’hôtel particulier et le contenu de l’exposition ! La reconstitution fidèle à l’entrée de l’atelier de Giacometti ( à l’initiative de sa femme), nous permet d’aborder avec un zest d’émotion l’univers propre à Giacometti bien différent des correspondances établies dans l’exposition entre lui et Dali qui reposent beaucoup sur leur mutuelle appartenance , un temps, au mouvement surréaliste.

Inconscient, pulsions, hasard sont au rendez-vous d’explorations, divagations artistiques autour de la création de jardins imaginaires . Les mécènes Charles et marie Laure de Noailles lancent la balle en comandant une sculpture à Giacometti pour leur villa d’Hyères. Giacometti imagine trois personnages dans un ensemble de figures géométriques le tout sur un plateau annonçant « le projet pour une place ». Parallèlement Dali publie son essai sur les objets à fonctionnement symbolique définissant la sculpture surréaliste.

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Au Centre Pompidou… dans les petites salles d’exposition…

— Par Dominique Daeschler —

Guiseppe Penone

Peu connus, les dessins de Penone font l’objet d’un travail sériel, accroché de façon thématique, lié à son œuvre sculpté.

Sont utilisés mine graphite, aquarelle, pigments ,encre mais de façon plus étonnante, le papier adhésif( les feuilles de la peau), le frottage de lames de parquet, les empreintes digitales. De nombreux dessins d’éléments végétaux définissent mouvement, formes, contours. Le tracé reproduit en trois dimensions sur un modèle servira le plus souvent pour la sculpture en deux temps : argile puis moulage de bronze.

Six sculptures utilisant le bois, la terre, la pierre, la feuille, le bronze témoignent de l’aboutissement du travail des dessins. La représentation du souffle chère à Penone s’exprime particulièrement par la jarre empreinte du corps de l’artiste, la bouche de bronze greffée sur une branche, le lit de feuilles a la forme du corps de Penone. Un travail d’écriture soit directement lisible, soit indépendant accompagne toujours le geste de création.

Jusqu’au 6 mars 2023

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Rétrospective Germaine Richier

— Par Dominique Daeschler —

Le centre Pompidou consacre une grande exposition rétrospective à la sculptrice Germaine Richier.

Chez son élève baptisée «  rossignol » car elle chantait en travaillant, Bourdelle remarque un talent singulier qui la fera entrer très vite dans la cour des grands.

Contemporaine d’un Giacometti ( certaines sculptures sont très proches )mais loin du surréalisme, Richier est fidèle au modèle, à la technique de la triangulation. Sensible à l’omniprésence de la nature qui lui permet d’inventer, de transformer à partir d’une vérité organique, elle y trouve ses marques.

Aux nus et aux bustes ( souvent en terre) succèderont des corps déformés, écorchés, déchirés, s’organisant autour du vide( période de l’exil en suisse pendant la guerre). Enfin la nature doit aider l’homme à se régénérer. Il y a fusion, hybridation avec des insectes( mante, sauterelle, chauve-souris : on pense parfois au travail de Louise Bourgeois).Les sculptures incluent parfois différentes matières : briques, branches d’arbres…). ainsi s’installe un sentiment panthéiste d’un monde peuplé de créatures hybrides : ogre, ouragane, cheval à six têtes ; de fusions : le célèbre christ d’Assy dont le corps fusionne avec la croix.

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« Altitud’Attitud » : exposition au Créole Arts Café

 Du 5 avril au 14 mai 2022

Catherine Le Moal nous présente une série de tableaux et de sculptures où l’être humain, ses sentiments et les subtilités de ses émotions, restent le thème majeur :

 « Mon ambition est de saisir un mouvement, une expression, j’ai besoin de figer l’instant magique où le corps et l’esprit s’expriment et de déclencher l’émotion qui leur redonne la vie ».

Elle travaille sur des supports diversifiés depuis les toiles traditionnelles en lin ou coton montées sur châssis jusqu’à des supports moins classiques comme des nattes tressées en bakoua. Encres et acrylique se glissent dans les plis du support, pour donner à ses personnages un expressionnisme  aux regards froissés. La couleur du fond  participe à l’organisation de l’œuvre  et devient aussi forme.

A partir de 2009, les ocres et gris vont alterner avec les couleurs de l’Océanie, en passant par l’Asie où elle a vécu plusieurs années, mêlées aujourd’hui à celles de la Caraïbe, plus précisément au Carbet, où elle réside et continue de créer . 

Née en 1958 au Mans, Catherine Le Moal  n’a de cesse de mettre en pratique sa vision du monde grâce à ses différents dons artistiques.

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Fort-de-France. Rencontre du sculpteur Joël Gordon autour de deux œuvres colossales exposées dans les jardin de la CTM.

— Par Chantal Nabec —

Pour Joël Gordon ce jeudi 9 décembre 2021 est un jour particulier ;

« A la demande récente de la CTM . il m’a fallu quitter les lieux où étaient érigées, depuis deux ans deux œuvres colossales : Nou neg nou pa fini soufè (2 m 50) créée en 1985 et Dean (3 m 70) créée en 2009.

Les aléas climatiques les ont altérées mais je les restaurerai pour en faire don, l’une à la Fondation Aimé Césaire (Nou neg nou pa fini soufé) et l’autre (Dean) à la municipalité, l’établissement touristique ou culturel, qui accepterait ce don. Sinon il me faudra penser à une solution extrême pour Dean, car je suis conscient que je ne peux embarrasser le local d’accueil pendant des années au parc Culturel Aimé Césaire à l’abri des caprices climatiques, et je n’ai pas d’autre lieu où la déposer. A mon avis, elle serait bien exposée sans danger pour quiconque sur le Rond Point qui conduit au CHU »

L’enlèvement, pris en charge par la Municipalité de Fort de France, fut une rude tâche dont Géric le chauffeur-manipulateur de l’engin de levage s’est acquitté avec un savoir faire,et une patience remarquables.

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Entretiens sur l’art et la Culture – La Porte du Tricentenaire à Fort de France

Rencontre dimanche 18 octobre à 10h00 devant la Porte du Tricentenaire

— Par Matilde dos Santos —

L’Association International de Critiques d’Art, section Caraïbe du Sud a lancé en septembre dernier une série de rencontres en Martinique : les entretiens sur l’art et la culture, pour amener des artistes ou des experts à converser sur la place publique, autour d’une œuvre d’art ou un objet culturel au sens large (constructions, vestiges amérindiens, statues, pratiques culturelles….).

L’objectif est d’ouvrir le dialogue à un public plus large que celui habitué aux expositions d’art contemporain mais aussi de participer au débat sur les objets qui partagent l’espace public, qu’ils soient artistiques ou mémoriaux. Les objets de mémoire, choisis à un moment donné pour honorer un personnage ou moment historique véhiculent des valeurs et des imaginaires, souvent questionnables, d’autant plus qu’ils s’imposent à toute la population, alors qu’ils ne correspondent qu’à la vision d’un groupe. Certains de ces monuments ont été récemment détruits en Martinique. Certains méritaient sûrement d’être retirés de la place publique, d’autres auraient peut-être été plus utiles contextualisés. D’autres encore avaient déjà été en quelque sorte décolonisés comme la statue de Joséphine de Beauharnais décapitée et la Porte du Tricentenaire.

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Rencontre avec Jesús Nonato Barrón, sculpteur mexicain de talent

 — Par Myriam Barthélémy —

L’histoire commence y a quelques mois par la rencontre deux artistes sculpteurs à Metepec au Mexique.

Jean Luc Toussaint, sculpteur ferronnier d’art résidant en Martinique depuis de nombreuses années et Jesús Nonato Barrón, sculpteur sur marbre. C’est lors du festival « Quimera » que les deux artistes feront connaissance et se lieront d’amitié autour d’une passion commune la sculpture.

De cet échange, Jean – Luc Toussaint souhaite montrer d’une part sa reconnaissance envers cet homme qui lui a permis de partager son atelier pendant plusieurs semaines au Mexique mais aussi diffuser et faire connaître son travail artistique dans la Caraïbe , plus précisément ici en Martinique.

Mais qui est Jesús Nonato ?

Jesús Nonato Barrón est mexicain, licencié dans des Arts Visuels de l’Université d’Art de l’Institut  Allende, à San Miguel de Allende (2010). Dès 2007, il met en place un atelier pour les enfants dans la maison de la culture de la commune de Xichu au Méxique.

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L’ Afrique d’hier et d’aujourd’hui à la Fondation Clément

Exposition ouverte jusqu’au 6 mai 2018

Masque Dan (Côte d’Ivoire)

— Par Selim Lander —

Depuis que les locaux de la Fondation Clément se sont agrandis de nouveaux espaces muséaux, des expositions prestigieuses y sont organisées chaque année. Après la rétrospective Télémaque, en 2016, puis Le Geste et la Matière, en partenariat avec le Centre Pompidou, en 2017, voici, tirées des collections de la Fondation Dapper, une sélection d’œuvres majeures de la statuaire africaine accompagnée de quelques créations de plasticiens africains contemporains.

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À la Fondation Clément : « AFRIQUES, artistes d’hier et d’aujourd’hui »

— Par Janine Bailly —

Les expositions organisées par la Fondation Clément, dans le cadre de l’habitation éponyme, offrent pour la Martinique un réel intérêt, qu’elles nous plongent au sein de l’univers caribéen, ou qu’elles nous apportent des nouvelles de l’au-delà des mers. La dernière en date, conçue en collaboration avec la Fondation Dapper, sera visible jusqu’au 6 mai 2018. Intitulée AFRIQUES, artistes d’hier et d’aujourd’hui, cette présentation des Arts anciens et de l’Art contemporain, qui occupe de belle et judicieuse façon toutes les salles du musée, du masque le plus traditionnel à la toile la plus novatrice, ne déroge pas à la règle. Et le catalogue de l’exposition, qui a pour préface un texte de Patrick Chamoiseau, Rencontres avec l’Afrique – De l’Absolu à la Trace, est aussi un superbe ouvrage, qui combine reproductions de qualité et analyses pertinentes.

Dans ses pages culturelles, la revue Télérama consacre à cet événement un article dont je donne l’introduction, empruntée à Suzanne Césaire dans la revue Tropiques : « L’Afrique ne signifie pas seulement pour nous élargissement vers l’ailleurs, mais aussi approfondissement de nous-mêmes », et la conclusion de la journaliste Yasmine Youssi : « Dans cette terre de France antillaise, si éloignée du Ministère de la Culture, où l’art semble être le cadet des soucis des représentants de la République tant est criante l’absence d’un musée (public) digne de ce nom, l’exposition (gratuite) de la Fondation (privée) Clément est magnifique.

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Le sculpteur sénagalais Ousmane Sow est décédé

ousmane_sow-chamoiseau

 

.Le grand artiste du Sénégal est mort à 81 ans ce jeudi matin 1er décembre à Dakar. Il fut longtemps kiné avant d’être complètement sculpteur, créant un peuple de héros surdimensionnés et fougueux qui traduisaient sa vitalité, son indépendance et son humanisme.

Le 11 décembre 2013, il fut le premier artiste noir à entrer à l’Académie des Beaux-Arts, au fauteuil du peintre américain de Christina’s World, Andrew Wyeth. Le second sous la Coupole depuis l’entrée de Léopold Sedar Senghor à l’Académie Française. C’était un géant africain, magnifique et paisible, dont les sculptures, plus grandes que nature traduisaient à la fois l’ambition, la vitalité et la bienveillance…

 

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Maurizio Cattelan s’expose à la Monnaie de Paris

— Par Selim Lander —

maurizio-cattelan1Dans cet immense fatras qu’est l’art contemporain, Maurizio Cattelan, italien né en 1960, apparaît comme l’une de ses figures les plus intéressantes. Dans la lignée de Duane Hanson (1925-1996) et de Ron Mueck[i] (né en 1958), son œuvre se compose de sculptures hyperréalistes. Cependant, tandis que Duane Hanson s’est fait connaître par des moulages grandeur nature et que les œuvres les plus emblématiques de Ron Mueck se caractérisent par leur monumentalité, les sculptures de Maurizio Catelan montrent plutôt des adultes en réduction et plus souvent encore l’artiste lui-même. Autre particularité de Cattelan : il n’a pas d’atelier et fait appel comme un Jeff Koons (né en 1955) à des artisans, pour réaliser les œuvres qu’il a conçues. Artisans ou artistes, la nuance est parfois délicate…

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Saint-Joseph : inauguration de la fresque réalisée par Louis Laouchez

— Par Raphaël Confiant —

fresque_laouchezMesdames, messieurs,

C’est un grand honneur que me fait aujourd’hui l’immense Louis Laouchez en m’invitant inaugurer cette fresque qu’on ne se serait pas attendu à trouver en milieu rural, au beau mitan de cette végétation luxuriante qui nous entoure. Qui dit fresque dit en général bâtiment public et milieu urbain. C’est que fondateur avec Serge Hélénon, de l’école négro-caraïbe, cela en 1970, à Abdijan, Louis Laouchez s’est montré tout au long de sa trajectoire artistique un innovateur, quelqu’un qui n’a jamais hésité à « faire » à contre-courant et quand j’emploie le terme général de « faire », c’est bien pour exprimer l’étendue de son savoir-faire qui va de la céramique au dessin, du collage au travail sur bois, de la peinture sur toile à la fresque laquelle justement nous réunit aujourd’hui.

Oui, homme du contre-courant car il a osé réactiver deux des plus importantes composantes de notre culture, deux composantes enfouies, minorées, voire méprisées : la composante caraïbe et la composante africaine. S’agissant de la première, elle est pourtant partout présente dans notre quotidien : dans le four à charbon, dans le jardin caraïbe, ancêtre du jardin créole, dans la poterie, dans la vannerie, dans la pêche et dans notre créole : « kouliwou », « balawou », « watalibi », « zanma », « kachiman », « mabouya » etc…

Edouard Glissant avait cette formule magnifique : « La culture caraïbe n’a pas disparu, elle a désapparu ».

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Joseph René-Corail : le talent et l’engagement

— Par Selim Lander —

ChèvreUn artiste sorti du peuple et qui y est resté, ce n’est pas si fréquent, surtout quand cet artiste fut aussi prolifique que talentueux. Faut-il y voir l’influence du soleil des Antilles ? Toujours est-il que Joseph René-Corail (dit Khokho), né en 1932 (la Martinique est encore une colonie ; elle ne deviendra département français qu’après la Deuxième guerre mondiale) dans une pauvre masure de paysans, mourra dans la misère, en 1998[1].

Enfant brillant, reçu premier de son école au certificat d’études, boursier de la République jusqu’à la fin de ses études, faut-il pourtant conclure de son échec au BEPC qu’il était déjà un rebelle ? Quoi qu’il en soit, c’est au cours complémentaire qu’il a découvert l’art, grâce à son professeur de dessin. Il a seize ans quand il entre à l’École des Arts appliqués de Fort-de-France, expédie le cursus en deux années au lieu des trois prévues, et intègre alors l’École nationale des Arts appliqués, à Paris. Il reviendra en Martinique en 1956 et enseignera, brièvement, la céramique dans l’école dont il fut l’élève.

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Kanel Brosi : Transformer le moins en plus, le mortifère en vie : voilà son rêve…

  –__-« Chrysalide »

Tous ces bois et autres matériaux que vous récoltez dans la nature ou aux abords de la mer sont chargés d’ une histoire, d’un passé. En tant que sculpteur, peut-on dire alors que l’on crée à partir de rien, selon l’expression « Ex Nihilo» ?

Ex Nihilo, c’est le titre que j’avais choisi pour ma première expo, en 2006; titre renforcé par son sous-titre: Le hasard apprivoisé. J’ai voulu, ce disant, mettre l’accent sur ma démarche. En effet, les « trophées » que je rapporte des forêts et des plages {lors de ce que j’appelle ma « chasse aux bâtons » !l sont pour moi des trésors potentiels, alors qu’ ils ne sont, pour le plus grand nombre, que résidus, déchets. (Et plus ils sont « ruinés, plus ils m’attirent !l

Ces bois foulés aux pieds, dédaignés, ils n’existent pas: c’est donc du rien (nihil, en latin). lorsque je les collecte, mon regard leur redonne vie ; mon imaginaire y projette, à partir de leur forme et de leur texture, la possibilité d’une identité, d’un souffle vital.

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Kanel Brosi : revue de presse

 kanel_brosi_sculpturesCherchez la femme

« Si tu regardes des murs souillés de beaucoup de taches ou faits de pierres multicolores avec l’idée d’imaginer quelque scène, tu y trouveras par analogie des paysages au décor de montagnes, rivières, rochers, arbres, plaines et collines de toutes sortes. Tu pourrais y voir aussi des batailles et des figures aux gestes vifs et d’étranges visages et costumes et une infinité de choses », écrivait, il y a cinq cents ans, Léonard de Vinci. Ce texte, lu il y a un quart de siècle, a resurgi en ma mémoire en voyant pour la première fois le travail plastique de Kanel Brosi : sculptures conçues sur la base de simples fragments de bois qui servent de catalyseur à son imaginaire, pour en faire jaillir des êtres dont l’esquisse s’affine par l’adjonction d’une glaise pétrie de mystère.

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Kanel Brosi : le temps de la maturité

— Par Roland Sabra —

kanel_brosi_sculpturesKanel Brosi expose jusqu’au 27 mars, de 10 à 19 heures, à l’Atrium en compagnie de la peintre Nicole Décoté, dont on peut voir une toile ci après. Si l’œuvre de la peintre semble porter le sceau d’une recherche toujours en mouvement celle de la sculptrice semble marquée par la « trouvaille » et la maturité. Elle a accordé un entretien à Roland Sabra.

 Roland Sabra : Kanel Brosi, depuis quand cette passion pour la sculpture à partir de bois flottés ?

Kanel Brosi : Passion oui, bois flottés pas seulement, puisque, quand j’étais petite fille, j’étais toujours perchée dans les arbres : je me pendais à l’envers aux branches en me cachant, et on me cherchait. J’ai toujours aimé le bois. Mais j’ai vraiment découvert les bois que l’on a en Martinique depuis 15 ans, à mon retour ici : j’ai redécouvert que l’on avait véritablement des trésors de bois, que j’ai commencé à accumuler.

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Kanel BROSI – sculptures Dans la forêt des ombres – & Nicole DÉCOTÉ – peintures Chemins de lumières –

kanel_brosi_sculptures du samedi 6 au samedi 27 mars 2010

à la Galerie La Véranda de l’ATRIUM

Parlez-vous le « Kanel » ? Des « bâtons » baroques (bois sauvés des plages et des mangroves) s’allient à des « totems » longilignes (troncs évadés des forêts), pour se grouper en « armée » … Une armée pacifique – et de haute taille !
Un soigneux toilettage des « trophées » patiemment récoltés a d’abord régénéré ces déchets maculés. Puis des mains Jivaro ont modelé l’argile autour de ce bois stimulant, déclencheur de formes. Une tête et un corps ont redonné vie à ces résidus abandonnés, qui retrouvent ainsi une identité.
Identité multiple ! Fascinée par la diversité des cultures du monde, Kanel leur rend hommage, avec des visages qui disent l’Afrique, les Antilles ou l’Asie, qui nous parlent de Xian et ses guerriers éternels, de la Grèce et ses sages …
Mais des couleurs contradictoires, au-delà de tout réalisme, proclament une symbolique du métissage, et s’autorisent des glissades fantaisistes.
Armée pacifique, disions-nous, qui exalte la grande famille humaine, matérialise le vivre-ensemble et la tolérance.

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Kanel Brosi : le triomphe de la mètis ou comment l’œuvre recèle l’intelligence de la ruse

« Les Passeurs » à la Villa Chanteclerc

 — Par Roland Sabra —

« Tout est déjà là Le présent, Le demain Les torts et les raisons Tout est déjà là

les grandes vérités

les espérances vides

la voix qui ne sait pas

qui l’entendra. »

Gianmaria Testa, « La valse d’un jour »

 

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 Au commencement était l’acte. L’acte de création. Elle ramasse des bois flottés, et elle y voit ce qu’aucun d’entre nous ne sait voir. Le sens est déjà là, dans les veines et la déveine de l’objet livré au sable. Kanel Brosi, en mobilisant la mètis des Grecs – ou intelligence de la ruse– engagée dans le devenir et l’acte de la création, trace un chemin de rencontres éblouissantes, au sens premier du terme, entre « Femmes » (titre de sa première exposition), et « Prophètes » (nom d’un projet en devenir). Dans cet entre-deux, elle nous offre les « Passeurs », si bien nommés, à la Villa Chanteclerc. Elle fait la « passe », comme l’écrit Lacan quand il s’agit de formaliser ce passage de l’analysant à l’analyste.

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Statues du Cap 110 de Laurent Valère : abolir le mal

Abolir le mal

— par Pierre Pinalie —

Statues de Laurent
Valère au Cap 110

Face au rocher-vaisseau du Diamant, stigmate dressé d’une ancienne puissance coloniale, quinze blanches silhouettes hurlent silencieusement leur appétit de respirer libres. Tournées vers la mer qui les a amenées, prisonnières, sur ces rivages, bien plantées dans la terre martiniquaise devenue la leur, elles clament la souffrance. La masse imposante de chacune d’elles, à l’image d’un totem, force l’espoir dans la revendication muette, exigence d’esclave qui ne tolère plus de ramper sous le joug. La tête inclinée vers le sol, le corps fiché dans le socle du malheur, chacune a laissé pendre ses bras jusqu’à ramasser la dignité en allée. Chacune s’apprête à rebondir hors du champ imposé par la volonté de l’Autre, parce qu’il n’est pas tolérable de demeurer attaché au sillon comme une bête de somme.

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Femmes, je vous aime. A propos de Kanel Brosi et Brigitte Lamure

— Par Pierre Pinalie —
kanel_brosi_sculpturesC’est une profonde émotion que d’entrer dans la très belle et très lumineuse Galerie « Arts Pluriels », et d’y serpenter entre les saisissantes pièces réalisées par Kanel Brosi et Brigitte Lamure. Et c’est vrai qu’il est surprenant d’admirer, dans une permanente tension érotique, la ronde quasiment ininterrompue des formes joliment dessinées et des chairs élégamment façonnées des corps féminins, par deux femmes artistes. Dans les bois et les couleurs, à travers les protubérances et les cavités, c’est effectivement la femme qui est chantée, représentée et encensée par les mains magiques des deux sculptrices qui ont su, en récupérant de belles matières nobles comme le bois et en y ajoutant des pigments, nous offrir des symboles de beauté dans un émouvant ballet de statuettes, qui semblent danser dans le brun et l’amarante, dans le noir et dans l’incarnat.

Sources de Vie
Qu’elles soient dressées ou allongées, tendues ou offertes, les créatures qui se présentent à nos yeux comme elles tournoient dans nos phantasmes, nous offrent toutes les courbes enchanteresses dans les positions les plus voluptueusement variées.

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