« Visions chamaniques » : l’ayahuasca au cœur de l’art amazonien au musée du Quai Branly

— Par M’A —

Le musée du Quai Branly à Paris accueille depuis mardi une exposition captivante explorant les mystères de l’ayahuasca, une plante hallucinogène d’Amazonie, à travers l’art et la culture péruvienne. Intitulée « Visions chamaniques. Arts de l’Ayahuasca en Amazonie péruvienne », cette exposition plonge les visiteurs dans l’univers des visions provoquées par cette liane, utilisée depuis des siècles comme une « médecine » enseignante et porte vers d’autres mondes.

L’ayahuasca, également appelée « liane des morts » en quechua, est au centre de cette exploration artistique et culturelle. L’exposition propose une variété de supports artistiques, tels que textiles, peintures, céramiques et vidéos, témoignant de l’utilisation de cette plante dans la médecine traditionnelle péruvienne et des rituels chamaniques qui en découlent. Les visiteurs auront également l’occasion de vivre une expérience de réalité virtuelle, « Ayahuasca – Kosmik Journey », du cinéaste Jan Kounen, qui permet de ressentir les sensations du rituel sans ingérer la substance.

Une partie importante de l’exposition met en lumière l’art visionnaire péruvien du XXe siècle, influencé par les visions et les pratiques traditionnelles liées à l’ayahuasca. Des artistes tels que Pablo Amaringo, figure tutélaire du mouvement, sont présentés à travers des tableaux figuratifs et fantasmagoriques. Ces œuvres dépeignent la faune et la flore amazoniennes, ainsi que l’anaconda, considéré comme l’esprit de l’ayahuasca.

L’exposition explore également les motifs « Kené » des Shipibo-Konibo d’Amazonie, des dessins géométriques et labyrinthiques colorés utilisés comme médiation avec le monde spirituel. Ces motifs sont reproduits sur divers supports tels que textiles et céramiques, montrant l’importance de l’ayahuasca dans leur culture.

L’ayahuasca, longtemps réservée aux populations amérindiennes, a acquis une renommée mondiale sous l’influence de personnalités de la contre-culture américaine, telles que William Burroughs et Allen Ginsberg. Rebaptisées « psychédéliques », ces substances sont devenues une source d’inspiration artistique pour certains Occidentaux, mais aussi le moteur d’un « tourisme chamanique » en plein essor, alimenté par l’intérêt croissant pour les thérapies alternatives.

L’exposition met en lumière le dialogue entre les substances hallucinogènes et la production iconographique, offrant un aperçu fascinant de l’intersection entre l’art, la spiritualité et la quête de sens. Elle souligne également le rôle de l’ayahuasca comme vecteur d’inspiration artistique, tout en soulignant les défis posés par l’appropriation culturelle et le tourisme chamanique. « Visions chamaniques » offre ainsi une plongée immersive dans les racines de la culture amérindienne et son influence sur l’art contemporain, tout en suscitant une réflexion sur la complexité de ces rencontres culturelles et spirituelles. L’exposition est à découvrir jusqu’au 26 mai 2024.