Rétrospective Germaine Richier

— Par Dominique Daeschler —

Le centre Pompidou consacre une grande exposition rétrospective à la sculptrice Germaine Richier.

Chez son élève baptisée «  rossignol » car elle chantait en travaillant, Bourdelle remarque un talent singulier qui la fera entrer très vite dans la cour des grands.

Contemporaine d’un Giacometti ( certaines sculptures sont très proches )mais loin du surréalisme, Richier est fidèle au modèle, à la technique de la triangulation. Sensible à l’omniprésence de la nature qui lui permet d’inventer, de transformer à partir d’une vérité organique, elle y trouve ses marques.

Aux nus et aux bustes ( souvent en terre) succèderont des corps déformés, écorchés, déchirés, s’organisant autour du vide( période de l’exil en suisse pendant la guerre). Enfin la nature doit aider l’homme à se régénérer. Il y a fusion, hybridation avec des insectes( mante, sauterelle, chauve-souris : on pense parfois au travail de Louise Bourgeois).Les sculptures incluent parfois différentes matières : briques, branches d’arbres…). ainsi s’installe un sentiment panthéiste d’un monde peuplé de créatures hybrides : ogre, ouragane, cheval à six têtes ; de fusions : le célèbre christ d’Assy dont le corps fusionne avec la croix.

Le dépassement du sujet de départ conduit aussi à une préoccupation de l’espace, de la mise en mouvement ( série des sculptures à fil)que l’on retrouve aussi dans ses gravures.

Si ses sculptures de bronze sont les plus nombreuses, Richier utilise aussi le plomb, le verre, la filasse enduite de plâtre, l’os de seiche. De jolies rencontres artistiques avec Vier Da Silva, Zao Wou ki…colorent certaines sculptures sur équerres.

Détonante sa dernière œuvre qu’affaiblie elle réalise en plâtre coloré est un immense jeu d’échec réduit aux personnages du fou, du cavalier du roi et de la reine.

Cette rétrospective, dans une lecture sobre de l’univers de l’artiste, valorisant son parcours et ses recherches remet en lumière Richier , au milieu des grands sculpteurs de son temps, ce qui n’avait pas échappé à l’éblouissement de Malraux dans son Musée Imaginaire.

Germaine Richier
Centre Pompidou, Paris 4e
Tous les jours sauf le mardi et le 1er mai, 11h-21h, nocturne le jeudi jusqu’à 23h
Tarifs : 17 € / 14 €
Du 1er mars au 12 juin 2023