« Les Routes de l’esclavage » Série documentaire les mercredis 2 et 9 mai, 20 h 55, France Ô
— Entretien réalisé par Laurent Etre —
Arte et France Ô diffusent une grande fresque historique en quatre épisodes présentant, comme jamais auparavant, les continuités entre traites négrières, capitalisme et colonialisme. Entretien.
Dès ses premières minutes, votre documentaire revendique une démarche inédite. Laquelle ?
Fanny Glissant Beaucoup d’initiatives ont déjà été prises en matière de connaissance de l’histoire des traites négrières. En France, mais aussi aux États-Unis, dans tous les pays post-esclavagistes, on peut identifier deux voies principales : d’un côté, des œuvres cinématographiques et audiovisuelles qui s’appesantissent sur la violence, de façon un peu victimaire ; de l’autre, une position centrée sur la culpabilisation des sociétés esclavagistes. Et je pense que, dans la temporalité de la prise en compte du sujet des traites négrières, ces positions étaient importantes. Mais, aujourd’hui, il me semble qu’il devient possible de s’en départir au profit d’une investigation historique se basant sur les faits, et rien que les faits. En France, après la loi Taubira de 2001, une nouvelle génération d’historiens ont décidé de sortir de leur histoire nationale et de commencer à échanger leurs travaux avec d’autres historiens de par le monde, pour tenter d’établir une histoire globale de l’esclavage.