« Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire – » un film de Peter Bate

Mardi 6 octobre 2020. 18h. Tropiques-Atrium. Salle Frantz Fanon.

Belgique | 2004 | 109 minutes | Beta numérique

Synopsis :
L’histoire brutale de la colonisation de l’Afrique centrale par le roi Léopold II de Belgique. Pendant cette période, cette partie de l’Afrique est devenue un immense camp de travail dans lequel des millions de personnes ont trouvé la mort. Dans ce film, le directeur du British Museum, Pete Bate, commence par raconter comment, à la fin du XIXe siècle, une série de photographies firent scandale quand elles furent publiées. Les photos montraient des enfants noirs mutilés. Les mains et les pieds avaient été coupés. Les photos avaient été prises au Congo par des missionnaires et montraient les atrocités qui avaient eu lieu…

La presse en parle :
Rfi
Le documentaire du réalisateur britannique, Peter Bate, déterre les pages longtemps cachées du Congo du roi des Belges, Léopold II. Au moment de sa diffusion en 2003, il a suscité de vives réactions, non seulement de la part du Palais, mais de nombreux Belges qui voient encore dans Léopold II, un visionnaire.
Le documentaire-fiction évoque le destin tragique et mal connu du Congo, propriété personnelle de Léopold II, roi des Belges de 1885 à 1908, colonie de la Belgique jusqu’en 1960.
Ce pays connaît depuis son indépendance différents épisodes tragiques. Une guerre civile jusqu’en 1965, la dictature de Mobutu qui change le nom du pays en Zaïre et un destin incertain depuis 1997, avec la succession des Kabila père et fils sur fond de troubles maintenus dans la région des Grands Lacs, à proximité du Rwanda.
La première colonisation du Congo, entreprise à titre personnel par le roi des Belges Léopold II, a longtemps été un sujet tabou. Elle se révèle la plus barbare et la plus impitoyable de l’histoire coloniale. Elle remet largement en cause les prétentions d’évocation d’un quelconque «bilan positif de la colonisation».
Le film de Peter Bate met en scène un tribunal fictif qui confronte le roi Léopold II aux témoins à charge pour reconstruire cette page particulièrement sombre de l’histoire coloniale.

(extrait de la présentation de presse)
À l’annonce de la publication de ce documentaire, la maison royale belge s’est dite outrée par les thèses présentées dans le film, qu’elle qualifie de «pamphlet scandaleux». Quant à Louis Michel, ministre des Affaires étrangères de Belgique au moment de la sortie du film, il s’est dit «atterré» par «cette diatribe tendancieuse» après avoir visionné des extraits du film, rappelant à que la Belgique, loin de tout négationnisme, a accepté de « faire la lumière, sans concessions ni tabous, sur son passé africain ».

La Libre
Le caoutchouc rouge et la mort noire : Il s’agit d’un temps où l’Occident achève sa domination. Une époque où le gâteau à se partager est de plus en plus réduit. Dès 1843, Léopold Ier encourage d’ailleurs la Compagnie belge de colonisation à acheter des concessions au Guatemala. L’aventure tourna court. En 1860, Léopold II, encore duc de Brabant, prévient: «Je crois que le moment est venu pour nous d’étendre nos territoires. Je pense qu’il ne faut pas perdre de temps, sous peine de voir les quelques bons endroits restants mis sous la coupe de nations plus entreprenantes que la nôtre.»
Montant sur le trône en 1865, le monarque n’aura alors de cesse de convaincre le Parlement de lancer la Belgique dans l’aventure. Sans y parvenir. Léopold II s’y engage alors à titre privé, et dès 1876, organise une conférence géographique internationale qui mène à la création de l’Association internationale africaine. Deux ans plus tard, il fonde le Comité d’études du Haut Congo, à visée «commerciale, scientifique et humanitaire» et charge le fameux explorateur anglais Henry Morton Stanley d’investir plus profondément le Congo. Une mission d’exploration sans plus pour ne pas éveiller les soupçons des Anglais, mais derrière laquelle Léopold II cherche évidemment à asseoir son emprise, passant plus de 450 traités d’abandon de souveraineté avec les chefs locaux.
En 1885, la Conférence de Berlin entérine la situation en créant l’Etat libre du Congo. Durant les années qui vont suivre, Léopold II va donc pouvoir exploiter le Congo directement ou en cédant des concessions. L’invention de Dunlop provoque une ruée sur le caoutchouc qui permettra au Roi d’enfin rentrer dans ses frais. Au besoin en employant la manière forte. Des hommes sont exécutés, mutilés, des villages entiers brûlés. Certains missionnaires se mettent à parler, des écrivains se mobilisent. Arthur Conan Doyle pointe directement Léopold II: «Il l’a planifié, connaissant les conséquences que cela pouvait entraîner. Elles ont suivi. Il en était bien informé. Encore et encore, son attention fut attirée dessus. Un mot de lui aurait pu atténuer le système. Ce mot ne fut jamais dit.» En 1903, les parlementaires britanniques votent d’ailleurs une résolution pour intervenir au Congo. Certes, les attaques anglo-saxonnes n’étaient pas sans arrière-pensées (la Grande-Bretagne avait assurément des projets d’annexion concernant certaines parties du Congo, comme le Katanga et les provinces orientales). En sont-elles pour autant systématiquement dénuées de toute crédibilité?
Évidences d’exactions

Au Musée d’Afrique centrale de Tervuren, on prépare une grande exposition qui devra faire début 2005 le point sur la colonisation belge du Congo. «Mais dont le but n’est pas de trancher la question, mais plutôt de donner au visiteur toutes les interprétations à disposition», souligne Guido Gryseels. Le directeur du Musée a vu (et intervient même dans) le film de Peter Bate. «Les faits rapportés sont vrais. Il ne faut pas discuter là-dessus. Mais l’échelle des choses est à remettre en question. Par ailleurs, s’il y a eu des exactions atroces, inacceptables, il faut les remettre dans le contexte de l’époque et se rendre compte qu’elles étaient également le fait d’autres pouvoirs coloniaux.»