— Par André Lucrèce, sociologue —
En s’enfermant dans la seule problématique de la vie chère, nous pratiquons un aveuglement instinctif, s’agissant de la crise sociétale majeure qui affecte notre pays. Certes la vie chère est une des questions vitales que nous nous devons de régler, tant le différentiel entre les prix de vente des éléments de première nécessité dans l’hexagone et la Martinique, s’avère scandaleux. Nous subissons les effets d’une dépendance issue d’une colonialité qui tend à prolonger une relation politique et économique qui ne correspond pas au statut de département.
Mais cette question n’est pas la seule. Plusieurs éléments m’ont en effet interpelé à propos de l’évolution de l’humaine condition à l’œuvre dans notre société martiniquaise. J’ai souligné que certaines de mes analyses pouvaient nous faire craindre que notre société tendrait vers le statut d’une chaumière morale et intellectuelle qui se dégrade de plus en plus. J’avais également souligné que cette tendance à la décivilisation n’était pas une opinion, mais une analyse conçue à partir d’une observation attentive. Ce travail exigeait une intelligibilité plus ample et une mise à nu qui révèlent le fond des orientations signifiantes d’aujourd’hui.

— par Georges-Henri Lèotin —
Dans mon dernier livre, La Guadeloupe, la Martinique au temps du Covid-19, j’évoquais dans ces pays l’érosion persistante des contenus civilisationnels. Parmi ceux-ci, le déclin du statut du livre : fermeture de librairies, dont l’excellente Librairie Alexandre, parmi bien d’autres, disparition des revues, Études Guadeloupéennes, et la revue CARE du Centre Antillais de Recherches et d’Études, en Martinique, les revues Carbet et celles qui vont suivre, comme Archipelago, dédiée à la Caraïbe ou Chemins Critiques, revue Haïtiano-Carïbéenne, sans parler de la revue Textes, Études et Documents qui était une production de l’université des Antilles. L’exception étant celle qui a pu survivre, à savoir Les Cahiers du Patrimoine.
Un intellectuel de Guadeloupe m’a envoyé un message me disant à quel point mon texte intitulé
Il s’agit ici d’un point de vue, reposant toujours sur une analyse, concernant la polémique qui a émergé à propos de l’
— Entretien avec Ronald Laurencine pour France-Antilles —
Conférences
Frantz Fanon est décédé le 6 décembre 1961 à Bethesda, près de Washington, mais chemine aujourd’hui encore son œuvre capitale. Aliénation et dépossession, le Grand Objet ici, pour reprendre une expression de Merleau-Ponty qui a été le professeur de Fanon, est l’aliénation. Pour analyser le phénomène d’aliénation, Fanon part du principe que l’aliénation est un objet qui relève de l’historique et du social. Il faut donc le considérer dans sa structure globale.
Absent du pays, pendant près d’un mois, je prends connaissance à mon retour en Martinique, grâce à des amis, du discours du Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, allocution d’ouverture du congrès des élus de Martinique prononcée le Mardi 12 Juillet 2022, au cours de laquelle se révèlent d’ébouriffantes confusions que je voudrais ici réparer. 
La grande leçon de la sociologie, dont certains sont bien éloignés, c’est de prendre ses distances avec soi, ce qui permet de s’écarter des spéculations idéologiques. Ceci rappelé, notre objet ici est l’analyse du vote des populations des Antilles à propos des présidentielles qui ont mis face à face, au second tour, Emmanuel Macron et Marine Le Pen et qui nous révèlent comme altérité singulière par rapport aux options prises dans l’hexagone.
Que la beauté de l’île nous mène vers le Dieu, là où le vert devient dense, alors le chant des feuilles se présente à lui dans la fidélité des arbres, semble nous dire le peintre.
Il y a aujourd’hui 60 ans, par un matin glacial, notre compatriote Frantz Fanon mourait à Bethesda, près de Washington. C’était le 6 décembre 1961. Au moment où une partie de la France, aujourd’hui séduite par la théorie du « grand remplacement », s’apprête à célébrer l’extrême droite ou droite identitaire, laquelle s’oppose à l’émigration des nègres et des arabes sur le territoire français, nous voudrions rappeler l’apport de Fanon à l’épineuse et ardente question de la Civilisation.
Dans ma communication précédente intitulée
Nul ne peut se satisfaire de notre situation sanitaire calamiteuse, de la fracture sociale en cours et de la catastrophe annoncée d’une partie de notre économie. Ces éléments nous convoquent, non pas à la rhétorique, mais à nous doter d’une lucidité dans l’analyse de la situation, élément indispensable afin de nous orienter vers un accomplissement.
Fort de son expertise en sociologie, André Lucrèce dénonce dans sa tribune «
Alors que le taux de personnes vaccinées contre le covid-19 est en passe d’atteindre 25% en France, le taux en Martinique est d’environ 8%, or on connait l’importance de la vaccination pour l’éradication du virus. Bien entendu, et cela est normal, chacun exerce sa liberté de se faire vacciner ou pas. Mais on ne peut pas en même temps se plaindre des conséquences contraignantes et désastreuses de la circulation du virus et tenir un discours contestataire contre les mesures qui visent à se débarrasser de ce virus extrêmement contaminant.
Notre pays connaît une indiscutable décroissance démographique. C’est un sujet suffisamment grave pour ne point se satisfaire d’explications relevant de lieux communs, lesquels résultent d’un spontanéisme simpliste. Vieillissement de la population et déficit migratoire nous amènent donc à un premier constat : il convient d’analyser une situation qui relève d’une transition démographique d’une grande brutalité avec des conséquences économiques et sociales peu enviables.
La plupart des réactions aux tensions existantes dans la société martiniquaise ne produisent pas de sens et encore moins d’analyses ou de solutions à une situation qui risque de perdurer. Diffraction du temps car tandis qu’une jeunesse en colère – et je ne parle pas seulement de ceux qui se revendiquent du drapeau « rouge, vert, noir » – dénonce une situation intolérable dans notre pays, la réponse de certains « analystes » et de certains médias est de tomber dans l’emphase historique.
Qui est André Lucrèce ? (Quelques extraits de l’article de Wikipédia, à lui consacré).
Nos observations et réflexions nous conduisent à penser que nous sommes passés aujourd’hui à une autre phase de l’épidémie qui affecte notre peuple. Les contaminations au coronavirus ne sont plus exogènes, c’est-à-dire contactés par des personnes venues de l’extérieur (touristes, croisiéristes, visiteurs occasionnels). Aujourd’hui, avec le développement du virus dans notre pays, elles sont endogènes : ce sont des Martiniquais qui contaminent d’autres martiniquais. Le virus Covid-19 est extrêmement contagieux et la contamination gagne chaque jour du terrain dans notre pays.
Depuis fort longtemps, nous avons en Martinique accumulé des recherches historiques, des œuvres artistiques et des œuvres littéraires qui ont enrichi notre patrimoine en ces domaines. Il m’apparaît nécessaire de continuer à procéder à une construction active de conservation de ces œuvres.
Bernard Hayot a fustigé la gestion de la Martinique le 18 avril 2018, dans les locaux de l’ex Conseil Général à Fort-de-France. Des élus, des cadres territoriaux, des représentants de l’État, des cadres des institutions financières et des chefs d’entreprises étaient invités par Yan Monplaisir, le 1er vice-président de l’Assemblée de Martinique, à échanger autour du thème : quelle dynamique économique pour la valorisation du patrimoine ?
Je viens de lire le roman plein d’ardeur de Corine Mencé-Caster Le Talisman de la présidente, paru aux éditions Ecriture, où tout le travail littéraire est conçu à partir à la fois de son expérience de présidente d’université, telle que vécue par « son moi social », et de son regard vif sur la société martiniquaise.