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Déficit linguistique de l’enfant et situation de la famille en Martinique

–-  Par George Huyghes des Étages —

 Au cours de plus de 30 ans d’exercice de la psychologie à Fort- de – France (en cabinet

privé et pendant plusieurs années en association à des orthophonistes et des rééducatrices en psychomotricité) et après le traitement statistique des données que constituent les résultats aux tests accumulés depuis tant d’années, j’ai pu  constater que la plupart des enfants qu’on m’amène pour difficultés scolaires souffrent d’un important déficit  verbal.

Ce déficit – en l’absence de tout trouble auditif  et quel que soit le milieu social d’origine –  porte électivement sur les connaissances acquises (vocabulaire et information). La grande majorité de ces enfants ont des capacités intellectuelles normales et même  « très supérieures » ( à mon avis, beaucoup de petits martiniquais peuvent être considérés comme surdoués : ils obtiennent des scores très élevés aux épreuves de raisonnement tant verbal que pratique mais leurs potentialités restent inexploitées car la plupart d ‘entre eux n’ont à leur disposition qu’un nombre restreint de mots et d’informations pour  comprendre ce qu’on leur dit ou ce qu’ils lisent et pour s’exprimer.)

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Convergences Caraïbes 2013 : du 12 au 29 avril 2013

—  Par Marie GAUTHIER —

Pour la 3ème année consécutive, « Convergences Caraïbes »
présente au public du 12 au 29 avril 2013, les oeuvres d’une vingtaine d’artistes plasticiens.
Une première nouveauté en 2013, c’est la proposition d’un thème de réflexion où chaque artiste a la possibilité d’approfondir la singularité de sa démarche, d’engager et d’affirmer ce qui sous-tend sa pratique artistique.

Ce thème : « l’atelier de l’artiste ».

La deuxième nouveauté c’est l’ouverture simultanée de l’événement sur 3 sites : la Galerie de la Véranda à l’Atrium, la Galerie ODIS7 au Marin et la Galerie Tout Koulè au Village de la Poterie des Trois-Ilets.
Le thème de « l’atelier de l’artiste » est récurrent dans la tradition artistique, dans l’art moderne, ainsi que dans l’art contemporain : Le Titien, Vermeer, Courbet, Picasso, Brancusi, Dali, Jasper Johns, Ilia Kabakov, Miguel Barcelo, etc. Parfois « manifeste », parfois testament, face à l’histoire de l’art dans sa continuité et ses ruptures, c’est l’occasion pour l’artiste de montrer ses méthodes de travail en révélant quelques secrets de fabrication, les axes de sa démarche, la cohérence de ses partis pris plastiques et idéologiques, ses liens intimes avec la création.

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Aimé Césaire à la Gare Saint-Lazare

 

Par Raymond Destin, membre de l’association des Amis d’Aimé Césaire d’Ile de France —

 

C’est un vendredi, le 9 octobre 1931 que Aimé Césaire débarque du train venant du Havre. Il revient d’une traversée maritime à bord du bateau « le Pérou », qui a commencé en Martinique, 15 jours plus tôt, le 24 septembre, pour rejoindre Paris où il est inscrit au Lycée Louis Le-Grand.

A la cinéaste Euzhan Palcy, il confia plusieurs années plus tard, que ce fut à la Gare St Lazare qu’il vécut son premier contact avec les Français. Mais au lieu d’y trouver des blancs, il découvre avec étonnement l’importance de la communauté antillaise. « De foule, dit-il, il n’y avait que nos compatriotes, tous venaient accueillir ceux qui arrivaient et que le train amenait à la Gare Saint-Lazare(…) ; la gare était un point de ralliement extraordinaire et on rencontrait là des gens qu’on n’avait pas vu depuis vingt ans, depuis trente ans… »

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Pourquoi sodas et yaourts sont-ils plus sucrés en outre-mer ?

— Par Marie Piquemal —

Aux Antilles, un soda orange contient 42 % de plus de sucre que le même soda en métropole.


Une proposition de loi débattue ce mercredi vise à remettre un peu d’ordre dans la quantité de sucre et les dates de péremption de certains produits distribués dans les collectivités d’outre-mer.
Par MARIE PIQUEMAL

Outre-mer, une partie des yaourts ont des dates de péremption deux fois plus longues qu’en métropole, comme ça, sans véritable justification. Autre anomalie : certains aliments, pourtant vendus sous la même étiquette, contiennent beaucoup plus de sucres ajoutés selon que vous l’achetiez à Pointe-à-Pitre ou à Toulouse.

Une proposition de loi socialiste, au menu des députés ce mercredi, vise à remettre enfin de l’ordre. Une première mouture du texte avait été défendue en octobre 2011 par l’actuel ministre de l’outre-mer, Victorin Lurel, alors député de Guadeloupe. Elle avait été repoussée de justesse à l’Assemblée par 199 voix contre 190 sur fond de bisbilles politiciennes.

Ce nouveau texte devrait, lui, être adopté sans trop de difficulté, assure la députée PS de Guadeloupe Hélène Vainqueur-Christophe, rapporteure du texte.

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Nous avons besoin de l’Afrique comme «instance d’une plus grande inspiration»

— Par Serge Letchimy —

Discours prononcé à Dakar lors de la commémoration du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire

LE SIGNE DE L’AMITIÉ

Nous voici aujourd’hui en terre africaine, au Sénégal, pour honorer le centenaire de la naissance de celui qui fut, sans aucun doute, le plus africain des Antillais, et, très certainement, si vous me le permettez, le plus Sénégalais de tous les Antillais.

Le rapport de Césaire à l’Afrique relève du sentiment le plus complexe qui soit. Dans l’avion qui me menait vers Dakar, me revenaient à l’esprit ces fulgurances qu’il avait sans cesse, tout au long de son œuvre, consacrées au continent premier. Je me souviens de cette interview de 1977, dans laquelle il expliquait ceci :

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Festival d’Avignon : l’édition 2013 s’annonce comme un tournant

 La Fabric’A : un lieu de répétitions et de résidence pour les artistes du Festival d’Avignon

Défendue par Hortense Archambault et Vincent Baudriller dès leur premier mandat de directeurs, la construction d’un lieu de répétitions et de résidence, destiné aux artistes invités à créer des spectacles pour le Festival d’Avignon, est un élément clé du développement de ce dernier. Ce projet devient aujourd’hui réalité sur une parcelle de terrain située à l’intersection des quartiers de Monclar et de Champfleury, mise à disposition par la Ville d’Avignon.
Ce lieu, destiné à fabriquer des spectacles pour le Festival d’Avignon, a été baptisé la . Il a été dessiné par l’architecte Maria Godlewska, désignée en septembre 2011 par un jury présidé  par Louis Schweitzer. Le Festival d’Avignon en assure la maîtrise d’ouvrage, assisté de Citadis. Les travaux débuteront en mai 2012 pour une livraison en juin 2013

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Un feu d’artifice lancera la 67e édition du Festival d’Avignon, qui aura lieu du 5 au 26 juillet. Il sera tiré par le Groupe F, qui embrasera la FabricA, la nouvelle salle voulue par les co-directeurs, Hortense Archambault et Vincent Baudriller.

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Jocelyne Béroard au lycée Schoelcher

 Depuis quelques années, le Lycée Schoelcher mène une politique d’ouverture sur le monde artistique et culturel (manifestations théâtrales, rencontre avec des plasticiens tels que Serge HELENON, cafés littéraires, rencontre avec des chanteurs tels que Emeline MICHEL, Beethova OBAS, Chris COMBETTE, EZY KENNEGNHA …).

Pour commémorer la journée de la femme, les élèves du lycée, dans le cadre de l’opération intitulée « CANON DE FEMME », ont tenu à rendre hommage à Jocelyne BEROARD qui par son talent laisse une empreinte non seulement aux Antilles, mais aussi au niveau international.

Pendant plus d’une demi-heure, Jocelyne a parlé aux élèves de sa carrière, de ses débuts au sein du groupe KASSAV, dans un milieu d’homme,  de son parcours, du travail et de la rigueur nécessaire pour viser l’excellence.

Ensuite, accompagnée par Ronald TULLE au piano, elle a interprété quelques uns de ses tubes, à la demande des élèves.

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Chico César chante sur ses lauriers

 — Par Véronique Mortaigne —

Une loi municipale votée dans les années 1970 interdisant de construire des immeubles de plus de quatre étages en bord de mer donne à Joao Pessoa, capitale de l’Etat nordestin de Paraiba, des allures décalées au pays des gratte-ciel dominants.

« La ville est née en 1585 au bord du fleuve et a longtemps tourné le dos à l’Atlantique. En bord de mer vivaient des pêcheurs et des gens pauvres. Dans les années 1970, de riches familles ont construit les maisons de plage », raconte le chanteur Chico César, revenu vivre dans son Etat natal après vingt-cinq ans passés à Sao Paulo et sur les scènes internationales.

Le trublion à la coiffure abusivement afro, qui chantait Mama Africa comme un hymne identitaire, vient de publier Aos Vivos Agora, recomposition exacte du Aos Vivos, enregistrement live de 1994 qui lui apporta le succès. Depuis 2010, il est aussi secrétaire d’Etat à la culture du Paraiba.

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Venezuela : Chávez, ou les limites de l’anti-impérialisme

 

La rhétorique antiaméricaine du président vénézuélien n’a pas empêché les États-Unis de rester le premier partenaire commercial du Venezuela.

Hugo Chávez est un « martyr pour avoir servi son peuple et protégé les valeurs humaines et révolutionnaires. » L’hommage est du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui avait salué en octobre dernier la réélection à la tête du Venezuela de son « frère ». Il est aussi l’ultime exemple du rapprochement effectué depuis plusieurs années par le Venezuela et la République islamique. « Dès son arrivée au pouvoir, Hugo Chávez a recherché des partenaires au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour négocier un prix du baril le plus élevé possible », explique au Point.fr Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de l’Amérique latine à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « À ce titre, le rapprochement avec l’Iran correspondait à une convergence d’intérêts communs. »

Dramatiquement descendu en dessous des dix dollars le baril au début des années 2000, le prix de l’or noir a depuis atteint des sommets, s’élevant aujourd’hui à près de 110 dollars. En marge de l’alliance stratégique réussie entre les deux puissances pétrolières, s’est développé un rapprochement idéologique.

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Martí et Bolivar

— Par Diana Sedal Yanes —

L´héritage de Martí et de Bolivar comme guide pour la lutte révolutionnaire des peuples

La pensée éthique et pédagogique latino-américaine possède une portée universelle et une grande richesse idéologique se matérialisant chez d’importants penseurs, dont la transcendance serait impossible à ébaucher en marge de la scène historique culturel dans lequel nos nations se sont développées. La synthèse de ces idées sont précisément, Simón Bolívar et José Martí, lesquels légitiment la plus haute et complète expression de l’anti-impérialisme, du latino-américanisme, de la dignité sociale, du patriotisme et de l´indépendance nationale, des valeurs qui sont l´essence même des projets de libération des deux penseurs et formant le corpus éthique sur lequel repose l’éducation civique citoyenne et qui aujourd´hui s´élève contre les prétentions dominatrices des centres du pouvoir.

Bolivar et Martí ont, dans leurs aspirations fondamentales, la réalisation d´une nouvelle patrie, non seulement en raison de sa richesse matérielle, mais aussi par la grandeur d´âme et le raisonnement de ses hommes. Dans l´accomplissement de ce désir, les valeurs morales sont configurées comme la force motrice vers la perfection humaine.

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L’avenir de l’agriculture guadeloupéenne

 

QUESTION A INSCRIRE A L’ORDRE DU JOUR DE L’ASSEMBLEE PLENIERE DU CONSEIL REGIONAL

*-*-*-*-*

 

Mme la Présidente,

 

L’année 2012 a été marquée par l’irruption du pouvoir judiciaire dans le domaine de l’agriculture, tout particulièrement le secteur de la banane. Il a fallu l’intervention du juge administratif pour faire entendre les préoccupations sanitaires et environnementales exprimées par la société civile guadeloupéenne.

 

Alors que le pouvoir politique semblait incapable de s’affranchir de la loi du marché et de la pression des lobbies, les juges ont rappelé le principe posé tant par le Droit communautaire que le droit national, dans les termes suivants :

 

– Article 9 de la directive européenne 2009/128/CE :

 

« 1. Les Etats membres veillent à ce que la pulvérisation aérienne soit interdite.

 

2. Par dérogation au paragraphe 1, la pulvérisation aérienne ne peut être autorisée que dans des cas particuliers, sous réserve que les conditions ci-après soient remplies :

 

a)                      Il ne doit pas y avoir d’autre solution viable, ou la pulvérisation aérienne doit présenter des avantages manifestes, du point de vue des incidences sur la  santé humaine et l’environnement, par rapport à l’application terrestre des pesticides ;

b)      Les pesticides utilisés doivent être expressément approuvés pour la pulvérisation aérienne par l’Etat membre à la suite d’une évaluation spécifique des risques liés à la pulvérisation aérienne ;

(…)

e)      Si la zone à pulvériser est à proximité immédiate de zones ouvertes au public, l’autorisation comprend des mesures particulières de gestion des risques afin de s’assurer de l’absence d’effets nocifs pour la santé des passants.

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La tentative de réhabilitation de J-C Duvallier est un flagrant déni de justice

Lettre ouverte d’un poète au quotidien Le Nouvelliste d’Haïti

 

Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue

Montréal, le 13 février 2013

Courriel : tradutexte.in ter@hotmail.com

En Haïti, la période durant laquelle se tient le carnaval est un moment privilégié d’expression de toutes les outrances du langage et des frustrations de la vie quotidienne. Elle peut être également propice à la diffusion d’idées négationnistes1et fallacieuses dans les champs historique et politique. Formulées en pareil contexte, les idées négationnistes passent souvent presqu’inaperçues : l’éructation carnavalesque, seule, mugit dans la Cité, couvrant de sa bave burlesque toute autre parole.

Arthur V. CALIXTE, duvaliériste et tonton-macoute notoire, homme de main des Duvalier père et fils, vient de mettre à profit pareil contexte en publiant dans Le Nouvelliste du 8 février 2013, comme à la dérobée, anba pay, un article mystificateur et négationniste : « Jean-Claude Duvalier, la grande victime de l’histoire » (http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=113360). Fier ilote d’une sourde tentative de réhabilitation du nazillon haïtien, Arthur V. CALIXTE réécrit l’Histoire, s’inscrit dans le déni des faits connus et fabrique, pince-sans-rire, un Jean-Claude Duvalier « victime » et « dictateur progressiste ».

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Mahomet, le prophète posthume

Qui est le fondateur de l’islam ? Comment vivait-il dans l’Arabie occidentale du VIIe siècle ? L’historienne Jacqueline Chabbi rassemble les rares pièces du puzzle de l’édification de sa légende.

Au Mali, les guerriers jihadistes d’Al-Qaeda ont détruit mosquées et mausolées, symboles du soufisme. Pour imposer par la terreur leur vision de l’islam et de son fondateur. Cette lecture fondamentaliste s’impose de plus en plus. La figure de Mahomet, elle, alimente la controverse en faisant monter la tension entre l’Occident et le monde musulman. Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, publiées en septembre 2005 dans un journal danois, jusqu’au film l’Innocence des musulmans, diffusé cet automne sur Internet, les polémiques se succèdent. Pourtant, comme l’explique Jacqueline Chabbi, l’une des meilleures spécialistes françaises des origines de l’islam, cette «sacralisation» du prophète a une histoire, malheureusement trop méconnue.

Que sait-on historiquement de Mahomet ?

La figure de Mahomet n’est pas historique, comme les musulmans se l’imaginent. La réalité historique de cette figure s’est effacée depuis très longtemps, depuis le Moyen Age. En fait, la tradition musulmane va raconter Mahomet et créer, au début du IXe siècle, cette figure de prophète, soit deux siècles après sa mort.

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« Ladivine » de Marie NDiaye : la famille décomposée

–Le Prix Goncourt 2009 pour Trois Femmes puissantes revient avec un roman sur les relations mères-filles–

 

Elles sont trois femmes. Leurs vies opaques possèdent peu de points de contact. On ne sait pas si elles sont victimes ou bourreaux. Elles sont sans doute les deux puisqu’elles courent en avant sans avoir la force de ne pas regarder en arrière. La culpabilité et la ténacité forment leur terreau commun. Y poussent toujours des êtres de froideur et de pleurs. On les observe ainsi de l’extérieur. Ladivine Sylla s’ennuie dans un sombre rez-de-chaussée du quartier Sainte-Croix de Bordeaux après une existence de dur labeur. Clarisse Rivière coule des jours paisibles auprès d’un mari vendeur de voitures à Langon, en Gironde. Ladivine Berger habite Berlin, où elle enseigne la langue française et s’occupe de ses deux enfants. On les observe ainsi mais elles ne sont pas ainsi. Elles sont unies par les liens du sang sur trois générations.

Mère, fille, petite-fille. La romancière Marie NDiaye raconte leurs liens effilés comme des couteaux de cuisine. Les trois femmes s’y blessent en voulant s’y soustraire.

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La lettre de Daniel Mesguich à ses élèves

 Mes chers élèves,

Vous avez, tous ou presque, signé au bas d’une lettre, que quelques-uns avaient pris soin de rédiger pour vous.

Eh voici qu’à mon tour je vous fais une lettre.

Quoi ? Ce sera donc lettre contre lettre ?

Non.

Nos deux lettres, je le crains, ne seront pas, ne pourront pas être, symétriques. La mienne sera d’une autre teneur, et d’une autre visée, que la vôtre. D’un autre style, aussi (elle sera plus longue – encore –, je vous prie de m’en excuser).

Au fond, ma lettre « réagira » à la vôtre, mais ne lui « répondra » pas.

La première différence entre nos deux lettres sera que la mienne, elle, s’adresse à vous. A vous, non pas à notre ministère de tutelle, ni à quiconque d’autre. Je vais pourtant, moi aussi, envoyer cette lettre au ministère de la Culture. En copie. Mais – et c’est la deuxième différence – ce n’est pas dans l’intention que le ministère la lise, et dans je ne sais quel espoir qu’il l’utilise. Non. C’est, comment dire… pour archive. Pour l’Histoire, oserais-je dire, si je ne craignais pas d’exciter là les ricanements de la Malveillance.

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Chronique cubaine : voyageurs, émigrants et émigrés

Par Francis Rosemond (La Havane, 23 janvier 2013)

Il était ce jour là las 6 y 45 pm, le téléphone sonnait. Comme d’habitude c’est Teresita qui répondait.

99, 90 des appels étaient pour elles. J’entendis « Ah comment vas-tu mi amiga ? Je me suis toujours promis de t’appeler et puis tu sais comment sont les choses… Ma Maman ? Bien. Et toi ton nouveau fiancé ? L’Italien ou le Serbo-Croate ? Déjame contarte. Raconte-moi, yo te cuento después… ».

J’avais donc (au moins) plus de deux heures trente devant moi, le temps de mettre noir sur blanc pour Géro ce que j’avais glané dans mon épuisette rapport aux affaires candentes sur « la actualización de la Política Migratoria ».

Miami sera toujours à 180 km de La Havane à vol d’oiseau et à quelque 35 mn à bord d’un vol d’une compagnie aérienne. Pour la modique (?) somme de 220/250 dollars ou plus selon la durée du séjour fuera (dehors). Jusque là rien de changé. Mais faut-il toujours croire les dépliants touristiques ou les bulletins de la National Geographic ?

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Ouverture de l’année Césaire

—Par Selim Lander. —

L’année Césaire a commencé. Après la reprise par Hervé Deluge de son Gueuleur (voir l’article de Roland Sabra), voici Paroles et Silences conçu et mis en scène par José Alpha. Jean-Claude Duverger interprète des textes des « classiques » de la Martinique (Ménil, Lucrèce et bien sûr, et surtout Césaire lui-même) et au-delà (Amadou Hampaté Bâ et Khalil Gilbran).  Après un prologue en voix off, J.-Cl. Duverger ne quittera plus la scène, ni la parole – à l’exception de deux intermèdes assurés par cinq jeunes danseurs et danseuses du groupe Mouv’men Danc’z (sic). L’accompagnement musical, très efficace, est assuré par le percussionniste Christian Charles, bien connu du public martiniquais, accompagné cette fois par Michel Beudard qui a su tirer de son saxophone des accents mélancoliques bien en rapport avec la situation du personnage joué par J.-Cl. Duverger. Lequel personnage, armé d’un balai et d’une poubelle, est en effet chargé du nettoyage d’une gare parisienne. En fond de scène, une vidéo de Raphaël Thine donne à voir les mouvements des trains et des passagers.

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« La Pirogue » : un « Radeau de la Méduse » sur les mers du XXIe siècle

Par Noémie Luciani

D’un village de pêcheurs près de Dakar part une pirogue. A son bord, un capitaine improvisé, Baye Laye, et une trentaine d’hommes déterminés à rejoindre l’Espagne. Peu d’entre eux ont conscience des dangers du voyage, et certains n’ont même jamais vu la mer… Les heures et les jours passent. D’une vague à l’autre, les rêves perdent de leurs couleurs, la bonne humeur s’inquiète. Les sourires s’estompent sous les regards méfiants.

Ce n’est pas dans sa manière de dire l’histoire que La Pirogue cherche à surprendre. Lisiblement enchaînées les uns aux autres, les péripéties se succèdent et s’accumulent, inévitables, dans la trajectoire d’un destin. Celui que nous suivons, Baye Laye, est parti presque malgré lui, comme le Maximus de Ridley Scott, dans Gladiator. A ses côtés, nous portons un oeil un peu décentré sur les choses. Le temps et la distance du jugement nous sont laissés.

Peinte avec une rigueur documentaire, cette fiction nourrie d’un réel inquiétant est racontée avec une pudeur sans naïveté qui étonne, tant on s’attend à sentir l’urgence de dire, qui excuse tant de maladresses.

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Les vacances cérébrales de Nicolas Bedos

Poster-Tabou

Par Dominique DOMIQUIN

Il m’arrive de sourire en lisant ou en écoutant une chronique de cet enculé de Blanc franchouillon qu’est Nicolas Bedos. L’animal a des lettres et du talent et, chose assez rare dans le chobize, il n’est apparemment pas que le fils de son père. Ce n’est donc pas par racisme éculé que dans ses chroniques « Indolence insulaire » et « Voyage en Chirac » parues sur le site www.marianne.net le 9 décembre dernier, Bedos-Le-Jeune, qui vient de passer ses vacances en Guadeloupe dans la peau d’un gros con, peint les Noirs autochtones comme oisifs et qu’il les traite savamment d’enculés. Je suppute qu’il cherche sincèrement à éclairer les consciences (de gros cons) en faisant de la provoc facile enguirlandée de bons mots, non point à l’encontre desdits gros cons Blancs, mais envers les Nègres qui l’ont accueilli. C’est humain comme la maladresse, la paresse intellectuelle ou la panne d’inspiration.

Si je voulais la jouer « bobo branché super cool détendu des zygomatiques », je dirais que les chroniques de Nicolas Bedos sont dans la lignée du sketch « les juifs » de Pierre Desproges (monument de déconstruction de clichés xénophobes), qui compte parmi mes humoristes préférés.

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De la décolonisation au « désimpérialisme », au Séminaire international à Saint-Vincent

— Par Robert Saé —

Du 23 au 25 novembre le IV séminaire international Afrique, Caraïbe, Amérique Latine s’est tenu à Kingstowsn, capitale de Saint-Vincent / Les Grenadines. Organisé par l’ambassade de la République bolivarienne du Venezuela à St-Vincent et par l’Institut Vénézuélien pour la Culture et la Coopération, il s’inscrivait dans le cadre de la 3ème décennennie pour l’éradication du colonialisme décrétée par l’ONU. Participaient à cette rencontre des délégations de Grenade, Barbade, Saint-vincent, Trinidad et Tobago, Dominique, Martinique, Puerto-rico, Honduras, Argentine, Venezuela,et République Démocratique Arabe Saharoui. Les travaux ont commencé après l’accueil des participants, au nom du gouvernement de Saint-Vincent/ Les Grenadines, par le représentant du Ministre de l’agriculture, de la pêche, de l’industrie et du développement rural.Le séminaire était spécialement dédié à Maurice BISHOP. L’intervention de CURTIS JACOB de Grenade et le témoignage de ROBERT CLARKE de Barbade ont porté de précieux éclairages sur l’expérience de la Révolution grenadienne et l’apport de Maurice BISHOP à la lutte contre le colonialisme. Les interventions de la directrice de l’École Latino américaine de Médecine, Mme Sandra MORANO et du chercheur Marlon PENA ont permis de découvrir l’importance de la coopération mené sur le front de l’éducation et de la formation par l’ELAM et en matière de lutte contre le néolibéralisme.

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Un archaisme colonial : les droits syndicaux à deux vitesses.

par Philippe PIERRE-CHARLES

Les historiens de demain pourront-ils comprendre le maintien jusqu’à aujourd’hui d’une discrimination aussi flagrante que celle qui existe entre syndicats français et syndicats de ce qu’on nomme « l’outre-mer » ? En tous cas, on imagine sans peine leur probable étonnement.

Ainsi, alors que toute l’actualité résonne des mots de « dialogue social », de « modernisation des relations », « d’égalité », de ceci ou cela « pour tous », il se trouve que certains syndicats de travailleurs sont encore aujourd’hui en 2012 plus égaux que d’autres !

Les uns, parce que « métropolitains » siègent dans tous les organismes paritaires tandis que les autres, pour être « coloniaux » en sont exclus ! Les premiers peuvent avoir des organismes de formation ouvrant droit pour « leurs » salariés à des jours de congé syndical, le second Non !

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Le métro hanté de LeRoi Jones au théâtre du lycée Schoelcher

— Par Selim Lander —

. Sait-on suffisamment que le lycée Schoelcher dispose d’une authentique salle de théâtre avec coulisses, loges, gradins, régie son et lumière ? Cette salle, aménagée à l’orée des années 2000 à l’initiative du professeur Michel Dural, a déjà permis l’apprentissage de générations successives d’élèves des options ou des ateliers « théâtre ». À la tête de la compagnie Téat’Lari  José Alpha a eu l’idée d’utiliser ce lieu pour présenter ses créations aux élèves du lycée et, au-delà, à tous les Martiniquais intéressés par l’art de la scène. Ces derniers doivent encore prendre l’habitude de se rendre dans ce lieu sinon nouveau du moins nouvellement ouvert à tous : ils n’étaient pas assez nombreux pour applaudir les interprètes du Métro fantôme de LeRoi Jones, lors de la première, le 22 novembre.

Nous avons rendu compte dans le dernier numéro de Madinin-art du film de Michel Gondry, The We and the I, qui raconte le périple de quelques lycéens de couleur dans un bus de la ville de New York. Le Métro fantôme installe pour sa part ses protagonistes dans un wagon du métro new-yorkais.

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Impressions sur les Békés

Par Dominique DOMIQUIN

–C’est difficile pour un Guadeloupéen de prendre position dans une querelle entre Martiniquais. Encore plus lorsqu’il s’agit d’un contentieux entre blancs et noirs. Ce qui suit n’engage que moi. Je ne suis ni un universitaire ni une sommité littéraire mais je vais tâcher d’être honnête : Des chansons du répertoire traditionnel antillais à Petitjean-Roget en passant par Guy Cabort (Masson), Drasta Houël et Clémence Cassius de Linval, on aura tout dit, tout écrit sur les békés.

Pour que la société martiniquaise fonctionne il faut que le béké demeure… le béké ! Et si un béké tente de marronner la bitasyon (un béké riche, s’entend), si les plus conservateurs de ses compères békés ne l’ostracisent pas, les noirs se chargeront de systématiquement l’y renvoyer afin qu’il continue d’occuper son rôle indispensable d’être-à-détester, sans qui tout partirait à vau-l’eau… Je risque une hypothèse : en 2009, au plus fort d’une crise politico-sociale sans précédent aux Antilles, aucun noir Martiniquais n’est allé « koupé tèt boulé kay » du vieux béké symbole, Alain Huygues-Despointes, après sa performance hallucinante, hallucinée et hallucinogène dans le reportage de R Bolzinger, Les derniers maîtres de la Martinique.

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Etre père aujourd’hui ?

 par Jean GABARD

 

Dans la société patriarcale traditionnelle le père était le chef de la famille. Son rôle apparemment déterminé et indiscutable a été remis en cause radicalement par la « révolte contre le père » des années 1960. Un nouveau père est né. Après un demi siècle d’expériences diverses, pourtant, nombreux sont ceux qui s’interrogent encore sur la nouvelle place à donner à ce père dans la famille…

Pendant des millénaires et pratiquement dans l’ensemble des sociétés, alors même que le géniteur restait « incertus », le statut de père était connu et reconnu. L’homme identifié comme tel savait parfaitement le comportement qu’il devait adopter. Il lui suffisait d’appliquer ce qui lui avait été appris par ses parents et qui se transmettait de générations en générations. Les rôles de chacun étaient fixés et les règles nécessaires à la survie du groupe ne souffraient aucune discussion.

Avec la contestation de son autorité dite d’origine divine, la société toute entière a été transformée. L’autorité paternelle devenue insupportable a disparu au profit de l’autorité parentale : une autorité exercée par les pères et les mères dans l’intérêt de l’enfant ayant acquis des droits.

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Le CMAC en crise : historique

Opération de déstabilisation au CMAC : après Manuel Césaire, Josiane Cueff ?

— par Roland Sabra —

Le débrayage du 06-12-2011

Le 30 avril 2010 Claude Lise, alors Président du Conseil Général mettait fin aux fonctions de Manuel Césaire, administrateur de l’éphémère regroupement CMAC-Atrium et qui de toute façon ne souhaitait pas s’aventurer davantage sur une planche savonnée.  Ce n’était là que l’épilogue, provisoire et non définitif, on va le voir, d’un énième épisode de la guerre picrocholine qui agite le vaisseau amarré rue Cazotte à Fort-de-France. Manuel Césaire avait estimé que les entraves du Conseil Général de l’époque à l’accomplissement de ce pourquoi il avait été nommé, « filialement » relayées à l’intérieur de la structure par des enjeux de pouvoir lui rendaient impossible l’accomplissement de sa mission, en conséquence de quoi il préférait jeter l’éponge. Parmi les chausse-trappes, on assista à une grève minoritaire, sept grévistes en tout et pour tout, se conclure en quelques heures par une augmentation de salaire de 150 Euros. Officiellement le conflit avait la forme d’une opposition entre deux projets de fusion des structures du CMAC et de l’Atrium.

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