Venezuela : Chávez, ou les limites de l’anti-impérialisme

 

La rhétorique antiaméricaine du président vénézuélien n’a pas empêché les États-Unis de rester le premier partenaire commercial du Venezuela.

Hugo Chávez est un « martyr pour avoir servi son peuple et protégé les valeurs humaines et révolutionnaires. » L’hommage est du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui avait salué en octobre dernier la réélection à la tête du Venezuela de son « frère ». Il est aussi l’ultime exemple du rapprochement effectué depuis plusieurs années par le Venezuela et la République islamique. « Dès son arrivée au pouvoir, Hugo Chávez a recherché des partenaires au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour négocier un prix du baril le plus élevé possible », explique au Point.fr Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de l’Amérique latine à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « À ce titre, le rapprochement avec l’Iran correspondait à une convergence d’intérêts communs. »

Dramatiquement descendu en dessous des dix dollars le baril au début des années 2000, le prix de l’or noir a depuis atteint des sommets, s’élevant aujourd’hui à près de 110 dollars. En marge de l’alliance stratégique réussie entre les deux puissances pétrolières, s’est développé un rapprochement idéologique. Il faut dire que six ans après l’accession au pouvoir de Chávez au Venezuela est arrivé aux affaires à Téhéran un autre populiste en la personne de Mahmoud Ahmadinejad.

Axe anti-impérialiste

Lui aussi chantre de la révolution contre l’impérialisme américain, le président ultra-conservateur s’est également illustré en promettant de ramener l’argent du pétrole à la table du peuple. Les deux chefs d’État étaient donc faits pour s’entendre. Et comme son homologue iranien, Hugo Chávez s’est fait connaître par ses diatribes enflammées prononcées à l’Assemblée générale de l’ONU. En septembre 2006, le Comandante n’a ainsi pas hésité à qualifier le président américain de l’époque, George W. Bush, de « diable », de « menteur » et de « tyran ».

« Hugo Chávez a mis en scène avec l’Iran la construction d’un axe anti-impérialiste sur le modèle « tous ceux qui sont contre les États-Unis sont nos amis », rappelle au Point.fr Olivier Compagnon, maître de conférences en histoire à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine. « Cette posture l’a mis dans une position pour le moins contradictoire, note toutefois le chercheur. Lui qui promouvait la démocratie dans son pays a soutenu jusqu’à la dernière heure Muammar Kadhafi, ou encore Bachar el-Assad. »

Washington, premier acheteur du pétrole vénézuélien

Pourtant, au contraire de l’Iran ou de Cuba qui demeurent sous embargo américain, le Venezuela, qui est aujourd’hui le cinquième exportateur mondial de pétrole, cultive de très bonnes relations commerciales avec son ennemi déclaré. Il lui vend même les trois quarts de son or noir. Et inversement, Caracas, qui dispose de très peu de raffineries, importe 75 % de son essence directement des États-Unis. « Les deux pays dépendent étroitement l’un de l’autre. Tant au niveau de l’énergie qu’au niveau alimentaire, Washington a toujours été et demeure encore un partenaire économique de première importance », souligne Olivier Compagnon.

La compagnie pétrolière nationale vénézuélienne, la PDVSA (Petroleos de Venezuela SA), possède même trois raffineries, ainsi que des milliers de stations-service chez le « Grand Satan ». Et récemment, le géant américain Chevron s’est mis en lice pour décrocher l’appel d’offres visant à exploiter les gisements de la « ceinture de l’Orénoque », au nord du Venezuela, qui renfermeraient les plus importantes réserves de pétrole au monde, devant l’Arabie saoudite.

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Il y a de l’ombre dans cette lumière.
 
La lumière nous incline, et l’ombre nous force à vigilance.
 
 Amitié et salut au peuple vénézuélien
 
 
Patrick CHAMOISEAU