— Par Laurent Etre —
Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles masculinités Ivan Jablonka Seuil, 433 pages, 22 euros
Dans son dernier ouvrage, l’historien Ivan Jablonka souligne combien le féminisme est aussi l’affaire des hommes, pour peu qu’ils se départissent de stéréotypes.
Comme la justice sociale appelle la redistribution des richesses, une justice de genre digne de ce nom suppose une redistribution des genres. Et celle-ci se manifeste par la promotion de masculinités de non-domination, qui assument leur côté féminin et prennent toute leur part aux combats féministes. Tel est le point de vue que porte l’historien et écrivain Ivan Jablonka, dans son nouveau livre, avec toujours ce talent pour croiser dimensions biographiques et perspectives globales. « Ce livre est le produit d’une histoire familiale et personnelle », affirme-t-il dans l’épilogue, confiant par ailleurs se sentir, lui homme hétérosexuel, mari et père, « mal à l’aise dans le masculin ». Un questionnement existentiel qui demeure cependant en arrière-plan du présent ouvrage.
Les dérives identitaires battues en brèche
Recherchant les origines du patriarcat jusque dans le paléolithique, embrassant l’histoire pluriséculaire du féminisme et de ses courants, c’est un essai de socio-histoire d’une grande richesse que nous propose Ivan Jablonka.

Corps sexué, famille et société Revue la Pensée, no 397 Fondation Gabriel-Péri, 156 pages, 4 euros
Deux ouvrages complémentaires reviennent sur l’exil américain de milliers d’Européens fuyant la Seconde Guerre mondiale, en particulier sur l’une des traversées du Capitaine-Paul-Lemerle, bateau célèbre pour avoir réuni à son bord des personnalités aussi différentes que Claude Lévi-Strauss, Victor Serge, André Breton, Anna Seghers ou Wifredo Lam. Eric T. Jennings étudie minutieusement l’organisation du départ de Marseille à Fort-de-France et les conditions duséjour à la Martinique, à travers archives administratives et témoignages d’exilés. Un voyage. Marseille-Rio 1941 donne à lire et à voir l’expérience de deux passagers : la photographe Germaine Krull et le cinéaste Jacques Rémy.
Pour la première fois, huit territoires ultramarins sur onze ont placé le parti de Marine Le Pen en tête dimanche, lors des élections européennes.

Après vingt années de chavisme, le Venezuela, qui possède pourtant les premières réserves mondiales d’hydrocarbures, se trouve à un stade structurel post-apocalyptique : pénurie alimentaire, hyperinflation galopante, insécurité maximale, corruption généralisée, désastre écologique, crise énergétique, délabrement sanitaire, émigration massive, répression politique. Le projet du « socialisme du xxie siècle » mené par Hugo Chavez, puis par son successeur Nicolas Maduro, agonise dans une impasse idéologique.
Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux xviie – xviiie siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

Si les sociétés coloniales des Antilles françaises sont bien connues à travers l’histoire des esclaves, celle de leurs propriétaires restait à faire. Et pour cause : c’est la chronique honteuse de dominants engagés dans une épouvantable entreprise d’exploitation de femmes, d’hommes et d’enfants.
Comment aimer l’Europe sans connaître son histoire ? Comment la juger sans la comprendre ?
À sa naissance, le nourrisson dépend entièrement des liens de solidarité entre les membres de sa famille pour la satisfaction de ses besoins physiologiques, affectifs et cognitifs. Ils devront également assurer sa protection face aux aléas de la vie. À l’aube de ses jours, le nouveau-né est entièrement dépendant de ses parents, mais aussi de plusieurs autres personnes – infirmières, médecins, puéricultrices, policiers, etc. – qui contribuent à lui prodiguer des soins, à le stimuler et à le protéger. En fait, son existence tient aux réseaux de solidarité entre adultes qui agissent à son égard avec bienveillance. Agissent-ils par devoir ou par intérêt ? Les motivations de chacun sont personnelles, mais le fait est que la solidarité est essentielle à sa vie, à sa socialisation, à son émancipation, à son accès à l’âge de raison. Elle engage des personnes, qui parfois ne se connaissent pas, à se mettre au service du nourrisson afin qu’il puisse faire ses premiers pas à l’abri des mauvaises surprises. En fait, à l’instar des nourrissons, nos propres existences sont conditionnelles à l’organisation de réseaux de solidarité entre un nombre incalculable de personnes qui acceptent de s’engager, par leur travail, leur bénévolat ou leurs activités sociales, pour le bien de tous.