L’éphéméride du 21 novembre

Publication du premier numéro du magazine Elle fondé par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair le 21 novembre 1945

Elle (souvent typographié ELLE en capitales) est un magazine hebdomadaire français féminin et de société fondé en 1945 par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair. Le titre est racheté en avril 2018 par le milliardaire tchèque Daniel Křetínský.
Historique
Le premier numéro de Elle est publié le 21 novembre 1945, quelques mois après l’adoption du droit de vote des femmes en France et du retour d’Hélène Lazareff , exilée russe alors réfugiée à New York pendant l’Occupation, où elle travaillait à écrire au supplément féminin du New York Times ainsi que comme rédactrice de la rubrique mode au Harper’s Bazaar, un Magazine de mode luxueux dont elle s’inspire tout en conservant un « positionnement francophile » marqué. La ligne éditoriale du journal est posée dès l’origine dans sa ligne de pied : « du sérieux dans la frivolité, de l’ironie dans le grave. » Hélène Lazareff précise qu’elle souhaite alors « faire un journal de mode, mais pas seulement. Un journal moderne. Pratique. Avec des photos. Donc des photographes. […] Un journal qui s’adresse à toutes les femmes. Et qui soit cependant sophistiqué ». Si le magazine met en valeur les femmes et l’équipe de Lazareff principalement féminine, sa ligne éditoriale n’est pas féministe. La référence des magazines de l’époque destiné aux femmes, non élitistes comme le Vogue, sont alors le Marie Claire d’avant guerre et Le Petit Écho de la mode tirant à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. La place libre laissée par Marie Claire interdit de publication en 1944 laisse donc des perspectives à Elle mais également aux magazines plus conservateurs Marie France (1944) et Claudine (mai 1945, racheté trois ans plus tard par Elle). Mais Elle, plus haut de gamme, veut « tirer par le haut la presse féminine française ». Le premier numéro de Elle, sans publicité car voulant s’adresser plus « à ses lectrices comme citoyennes et non consommatrices », est rapidement épuisé malgré le tirage de 700 000 exemplaires (pour une moyenne de 110 000 les numéros suivants). Pierre Lazareff qui vient de fonder France Soir, reste très présent au sein de la rédaction, et des échanges de reportages s’effectuent entre le journal et le magazine.

Simone Baron et Alice Chavanne en assurent la responsabilité, assistées du photographe Jean Chevalier comme directeur artistique, avant l’arrivée en janvier 1946 de Françoise Giroud qui restera rédactrice en chef du magazine jusqu’en 1952 avant son départ pour L’Express. La notion d’émancipation des femmes reste omniprésente dans la ligne éditoriale. Certains sujets peu habituels sont abordés tels la frigidité dès 1949, ou l’hygiène. Dès les débuts, la photographie de mode, alors peu répandue dans la presse, prend une place importante au sein le magazine.

Au départ, le magazine ne comporte qu’une vingtaine de pages. La ligne éditoriale souhaitée par Lazareff transgresse les principes des magazines féminins de l’époque : moins de chroniques au profit d’informations précises, elle recentre la mode sur les personnalités plus que les créations jusqu’à en promouvoir certaines — comme Emmanuelle Khanh quelques années après —, achète des images couleur jusqu’à New York pour les mettre en couverture , éloignant ainsi Elle des magazines de mode proches parfois de simples catalogues. Le contenu du magazine est alors composé de pages sur la haute couture et de rubriques avec recettes, astuces pratiques ou patrons. Peu à peu, au delà de la mode, l’information et la littérature entrent dans les pages du magazine même si la « femme écrivain » est déjà présente, par les écrits de Colette, dès le premier numéro.

Dès le début des années 1950, Elle impose son propre style en étant précurseur dans les domaines du sportswear d’inspiration américaine, qui vit ses balbutiements ou du prêt-à-porter qui connaitra son âge d’or la décennie suivante Le magazine tire alors à plus d’un demi-million d’exemplaires5. Si le tirage est alors de 500 à 600 000 exemplaires, Elle est lu par au moins un million et demi de lectrices ; ce sera deux millions la décennie suivante. En 1952, la jeune Brigitte Bardot apparaît sur les couvertures de la publication16. Les années suivantes, les écrits de Françoise Sagan sont régulièrement présents au sein du magazine. Le photographe Lionel Kazan (qui entre au studio de Jean Chevalier fin 1952) n’est âgé que de 23 ans quand il publie sa première couverture, le 20 avril 1953, avec pour décor naturel le désert algérien. D’avril 1953 à fin 1955, Lionel Kazan signe 81 couvertures (il en signera presque une centaine). Claude Brouet, alors journaliste, reconnaît aussi la grande complicité qui existait entre Lionel Kazan et Hélène Lazareff, qui « se parlaient en russe ».

Années après années, le prêt-à-porter prend une part de plus en plus large dans le magazine ; celui-ci ne se contente plus de présenter la mode, il devient prescripteur, s’associant aux grands magasins parisiens. Le magazine consacre jusqu’à huit pages à Prisunic, qui a lancé une ligne de vêtements en 1956 avec Denise Fayolle. Si la haute couture n’est plus prépondérante, Elle reste l’un des rares organe de presse français soutenant Gabrielle Chanel — et son iconique tailleur — à son retour aux affaires en 1954, ainsi que le débutant Pierre Cardin, le « chouchou » du magazine les années suivantes. Peter Knapp prend la direction artistique en 1959 ; il y restera deux décennies. C’est lui qui donne au mensuel sa forme définitive.

Années 1960 et suivantes
À la fin des années 1960, des bons réductions « Couturama » délivrés avec le magazine pour les marques de Ungaro, Ricci, Cardin, Courrèges, ou Saint Laurent, entre autres, « déclenchent les passions ». Les grands noms — à l’exception notable de Chanel —, ainsi que les étoiles montantes de la mode, y participent. L’écrivain Alexandre Vialatte y tient une chronique régulière : Le Paris des Parisiennes. Catherine Rousso entre au magazine en 1969 puis devient rédactrice en chef « Mode » ; elle y restera plus de quarante ans. Vers cette époque, les principaux combats pour l’émancipation des femmes ont déjà été menés depuis la fin de la guerre et dans les années 1980 à 70, la ligne éditoriale s’essouffle et cherche une nouvelle image de la femme. Le « Grand prix des Lectrices de Elle » est lancé le 13 juillet 1970 ; il évolura notablement en 1977 puis en 2002.

Éliane Victor, recommandée par Françoise Giroud, devient rédactrice en chef du magazine en 1978, dans une période ou les tirages sont en baisse. Elle quitte le magazine quatre ans plus tard, ayant réussi à remonter les chiffres de ventes.

En parallèle est lancé en 1986 aux États-Unis l’édition américaine du magazine. Avec sa maquette colorée, sexy et « jeune », c’est rapidement un succès, le magazine allant jusqu’à dépasser les ventes du Harper’s Bazaar avec 800 000 exemplaires (second des ventes « presse féminine » dans ce pays) et à faire vieillir l’image élitiste du Vogue US, poussant à la perte de son influente rédactrice en chef Grace Mirabella.

En 2002, Valérie Toranian, succède à Anne-Marie Périer, comme directrice de la rédaction du journal, avant d’être remplacée par Françoise-Marie Santucci, en septembre 2014. Rapidement, celle-ci modifie la ligne éditoriale du magazine, entraînant quelques remous de la part de la société des journalistes du magazine

En 2015, Elle est présent dans le monde entier avec 46 éditions internationales et plus de 20 millions de lectrices. Le magazine tire pour 2014 à plus de 300 000 exemplaires, en forte chute par rapport aux années précédentes

En avril 2018, le Groupe Lagardère et sa filiale Hachette Filipacchi Médias annoncent la vente prochaine de plusieurs de leurs organes de presse, dont le magazine Elle, à l’homme d’affaires et patron de presse tchèque Daniel Křetínský

Au 13 mars 2020, l’INPI considère que le titre est propriétaire de la société HFP (Hachette Filipacchi Presse)

Record
Le 5 mai 2003, le magazine voit exploser ses ventes (400 000 exemplaires) grâce à Emmanuelle Béart posant nue, sa chevelure blonde attachée avec son string, pour la photographe Sylvie Lancrenon. Le 18 août 2017, le magazine bat un nouveau record de vente (530 000 exemplaires) grâce à Brigitte Maron posant en couverture ; il s’agit de la meilleure vente du magazine en 10 ans d’après le magazine.

Diffusion en France
Tiré à 312 781 exemplaires en France, le magazine est vendu à 339 151 exemplaires (diffusion totale payée) sur l’année 2019.

 

Source: Wikipedia