Catégorie : Politiques

Considérant la Kanaki

— Par Patrick Chamoiseau —

1 – Il existe des inaliénables qu’un référendum, ou qu’une mécanique électorale, ne saurait annuler.

 2 – Aucun acte démocratique ne saurait, sans sortir de la Démocratie, légitimer l’annulation des droits fondamentaux concernant les peuples, les individus, ou toutes les formes connues et inconnues du vivant.

 3 – Le droit de vote des femmes, le droit à l’avortement ou l’abolition de la peine de mort en France, et bien d’autres fondamentaux, ont été décidés par ordonnances et lois. Autrement, ces avancées majeures auraient été rejetées. Le Droit éclaire la voie par ce qui s’impose à lui.

 4 – Dans les pays où ces droits sont encore offusqués démocratiquement, ils n’ont rien perdu de leur légitimité. Ils hurlent toujours.

 5 – Un référendum ou une mécanique électorale, encore plus quand ils sont frappés d’aberrations, ne sauraient donc annuler le droit des Peuples premiers à disposer de leurs terres.

 6 – La démocratie est fondée sur le respect de ces droits fondamentaux. Elle ne saurait ruiner ces fondations sans se ruiner elle-même. Ils s’imposent à elle comme chant inaugural, vertébrale de maintien.

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Eau en Guadeloupe: la défenseure des droits saisie par des députés LFI et LREM

Paris – Jean-Luc Mélenchon et la cheffe du groupe parlementaire LFI, ainsi qu’un député LREM, ont annoncé lundi avoir saisi la défenseure des droits sur la « violation du droit à l’eau » pour la population de la Guadeloupe.

« Nous souhaitons attirer votre attention sur la situation particulièrement inquiétante » en Guadeloupe, écrivent dans leur courrier M. Mélenchon, la présidente du groupe LFI au Palais Bourbon Mathilde Panot et le député LREM de la Guadeloupe Olivier Serva.

« Le droit à l’eau et à l’assainissement de nos concitoyens y est bafoué, entraînant la violation en cascade de droits fondamentaux connexes: notamment le droit à l’éducation et le droit à la protection de la santé« , ajoutent-ils.

« Le droit à une eau potable salubre et propre est un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’homme« , poursuit le courrier adressé à la défenseure des droits, Claire Hédon.

En Guadeloupe, 56% de la population n’est pas raccordée à un réseau d’assainissement, une situation encore plus préjudiciable en période de pandémie car « sans eau, les Guadeloupéens ne peuvent pas accomplir le premier des gestes barrières, se laver les mains« , souligne également LFI dans un communiqué.

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Et maintenant on fait quoi?

— Par Marie-Hélène Léotin(*) —

Des mois de mobilisation des personnels soignants, de l’intersyndicale de la santé, d’autres catégories sociales concernées par l’obligation vaccinale. Bien des réflexions et analyses ont été portées sur notre situation sanitaire mais aussi économique, sociale, sportive et culturelle. Je me contenterai de poser une question et d’essayer d’y répondre.

Quel est aujourd’hui l’intérêt supérieur du peuple martiniquais ?

Nous avons une économie à relever. Il faut faire repartir le tourisme. Il faut permettre à nos restaurateurs, nos propriétaires de snacks, nos hôteliers y compris la petite hôtellerie, nos loueurs de gites, nos loueurs de voitures, de vivre. L’argent de la France ne tombera pas éternellement. Les gites permettent à beaucoup de nos retraités de compléter leurs ressources, de faire marcher le commerce et l’artisanat (il faut meubler, équiper en électro-ménager, réparer, entretenir y compris les espaces verts, blanchir les draps et linges de maison, remettre à neuf tous les 5 ans…). Ce sont nos artisans du bâtiment, nos prestataires de service qui y trouvent leur compte. Même la marchande de pistache haïtienne sur le Malecon s’en sort.

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Décembre 1959 : l’obscénité est-elle de dire la vérité ?

Par Yves-Léopold Monthieux

Le titre de ce papier m’est venu à la lecture des premières pages du Prix Goncourt 2021 La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr. Son sujet est un auteur africain quasiment « inconnu », qui avait été déclaré « honteux de l’entre-deux-guerres ». Or, selon l’auteur « la seule obscénité de son livre perdu dans un couloir du temps était d’être radicalement honnête ». On le sait, dire la vérité ou être honnête c’est un peu la même chose. On le déplore, l’histoire retenue de décembre 1959 n’est pas tout à fait faux mais, à certains égards, juste malhonnête.

Soyons honnêtes, les derniers jours de ce mois de décembre dont on fêtera bientôt l’anniversaire resteront un moment décisif de l’histoire contemporaine de la Martinique et de l’ensemble des départements d’outre-mer. Pour les uns, il s’agit d’un nouveau départ de la départementalisation en Outre-Mer, pour les autres, c’est une colonisation certes plus softnéocolonisme – que la précédente qui justifie le mouvement nationaliste naissant. Pour le pouvoir, il faut éviter tout risque de répétition de l’affaire algérienne, pour les nationalistes, le fer est chaud il faut le battre.

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Des défaillances de l’État à l’impossible autonomie

— Par Michel Herland —

Les violents mouvements sociaux à la Martinique et à la Guadeloupe, un peu plus d’une décennie après ceux de 2009, illustrent une fois de plus l’impasse dans laquelle se trouvent tant les ultramarins que le gouvernement de la France. Contrairement à la Grande-Bretagne qui a su faire en sorte que ses colonies soient autonomes financièrement, la France a laissé s’installer des habitudes de dépendance des colonies par rapport à la Mère patrie. C’est sans doute pourquoi nul n’a vu d’objection, en 1946, quand les habitants des quatre « vieilles » colonies (Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion) de tous les bords politiques ont demandé par la voix d’Aimé Césaire, alors député communiste, leur transformation en départements. La France se trouve dès lors dans la situation pour le moins anachronique d’être légalement souveraine de territoires tropicaux peuplés majoritairement par des citoyens de couleur issus d’ancêtres esclaves, des citoyens habiles à mettre en avant ce passé douloureux pour faire pression sur un gouvernement adepte du « pas de vagues ». Conscient du rapport de force en leur faveur, les Antillais usent de la violence pour appuyer leurs revendications.

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Appel citoyen : répondre à l’urgence et préparer la suite

Nous soussigné-e-s partageons la conviction que la Martinique et la Guadeloupe font face à une situation où le pire est possible mais n’est pas sûr et que le devoir des filles et des fils de nos deux peuples en lutte est de tout faire pour donner une chance à l’avenir en conjurant les dangers de l’immédiat.

Le renforcement sans précédent des forces de répression sur nos deux territoires, le langage martial irresponsable tenu par le pouvoir laissent peu de doute sur ses intentions d’obtenir par la menace la soumission de celles et ceux qui se lèvent contre les diktats et le mépris.

Il existe aujourd’hui une chance de dresser face à cette perspective inacceptable un front capable de fournir aux travailleurs, aux travailleuses, à la jeunesse, aux femmes, aux forces populaires de nos pays un répit et une occasion de poser d’autres jalons pour leur combat légitime.

L’initiative salutaire serait que les élu-e-s dignes de Guadeloupe et Martinique se mettent aux côtés du mouvement social pour réclamer ensemble :

 la fin des menées répressives contre les mouvements populaires en lutte

 la fin d’une obligation vaccinale et d’un pass sanitaire dont la grande majorité de la population ne veut pas

 l’ouverture d’une négociation transparente entre le mouvement social, les élu-e-s et l’État sur les revendications les plus urgentes de la population.

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Pour une Martinique un tout petit peu responsable

Par Yves-Léopold Monthieux

La seconde partie de cette tribune avait été écrite en 2013, 2 ans après la loi de juin 2011 créant la Collectivité territoriale de Martinique. Elle n’avait pas été publiée à un moment où cette création était regardée comme une promesse de progrès. La CTM mettait fin à près de 20 années d’activisme institutionnel qui avaient mobilisé les intelligences martiniquaises et immobilisé les énergies positives du pays. On ne compte pas le nombre d’entreprises tombées en faillite dans l’intervalle ou parties s’installer ailleurs, notamment en Guadeloupe. Ni le nombre de martiniquais – pas seulement des jeunes et pas seulement des diplômés – qui ont quitté la Martinique pour des cieux plus prometteurs. Ils sont près de 30 000, d’après les évaluations.

Dix ans après, les compétences nouvelles ne sont pas mises en œuvre. A une exception près, les habilitations qui avaient fait l’objet de discussions homériques sont totalement ignorées, tandis que les concours d’ego ont succédé aux joutes oratoires à propos des articles 73 ou 74, le tout servant de cache-sexe à une impéritie largement partagée.

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Les directeurs des médias et les sociétés de journalistes en appellent au respect de la liberté de l’information

Près d’une vingtaine de directrices et directeurs de l’information de la presse écrite et audiovisuelle ont appelé jeudi les candidats à l’élection présidentielle au respect de la liberté de l’information, après les violences survenues dimanche lors du meeting du candidat d’extrême droite Eric Zemmour. « Après les violences qui ont émaillé un meeting dimanche dernier et qui ont entravé le travail de plusieurs journalistes, nous souhaitons rappeler solennellement la liberté de l’information dans notre démocratie et la nécessité impérieuse pour nos journalistes de pouvoir exercer leur métier dans des conditions de sécurité élémentaires », exposent les signataires de cette tribune, dont Catherine Nayl, directrice de la rédaction de France Inter, fait partie.

« Devant la multiplication des incidents entravant ces derniers mois le travail de nos rédactions, nous en appelons à la responsabilité de chacun des candidats afin que la couverture de cette campagne électorale puisse se dérouler de manière exemplaire », demandent-ils. Les 19 signataires de cet appel représentent les rédactions de Libération, franceinfo, Les Echos, BFM/RMC, L’Opinion, France Culture, Le Figaro, La Croix, L’Agence France-Presse, RTL, Radio France, France Télévisions, France Bleu, Le Monde, Arte, Le Parisien-Aujourd’hui en France, TF1, L’Humanité et France Inter.

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Crise sanitaire ou crise de la représentation politique ?

— Par Pierre Alex Marie-Anne —

La Martinique, après la Guadeloupe connaît depuis ce mois de novembre 2021 une crise sanitaire majeure consécutive à l’application de l’obligation vaccinale et du pass sanitaire. Cette crise sanitaire est sous-tendue par une crise sociale mettant en évidence les nombreux problèmes affectant ces sociétés: chômage et exode des jeunes, vieillissement démographique, inégalités criantes, malaise identitaire et pollutions diverses dont notamment celle liée à la chlordécone. Mais il est un autre aspect, plus politique celui-la qui ne doit pas être négligé ; ce que cette crise a mis en évidence, c’est l’inadéquation du système institutionnel mis en place par la loi du 27 juillet2011 ayant crée la collectivité territoriale de Martinique ( dualité de Présidence entre l’ Exécutif et l’Assemblée et Proportionnelle assortie d’une prime majoritaire de onze sièges ), qui n’a fait qu’accentuer la crise fondamentale de sa représentation politique. L’examen des résultats de la consultation électorale des 20,et 27 juin 2021 pour le renouvellement des instances de la CTM est à cet égard édifiant : la liste gagnante, avec un seul siège de majorité ( 26 / 25 ), ne totalise en tout et pour tout que 50 104 voix sur les 306 500 électeurs inscrits sur les listes électorales, soit moins de 16,35 % ; on mesure par là la très faible représentativité pour ne pas dire légitimité des actuels dirigeants de la CTM,et ceci d’autant plus que le total des voix des trois listes ayant obtenus des sièges au second tour est largement supérieur à celui de la majorité ( 82741 contre 50104, soit 32637 de plus), le taux d’abstention dépassant lui les 55%.

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Déconstruisons la doxa gouvernementale

— Par Serghe Kéclard —

Déconstruisons, désormais, les discours gouvernementaux à partir de ce simple postulat : les plus grands pourvoyeurs de fake news sont souvent les gouvernements et, en ce qui nous concerne, nous, originaires de ces territoires dits ultra-marins, singulièrement, le gouvernement français (avec sa Justice, son École, ses médias mainstream…)

Des exemples ? Ils sont à ramasser à la pelle, afos i ni doukwé !

  • L’Afrique est un continent pauvre (et non appauvri par les cupides grandes puissances européennes, comme le signale l’historien guyanien Walter Rodney dans son ouvrage : How Europe underdeveloped Africa / Et l’Europe sous-développa l’Afrique) : «Le développement de l’Afrique n’est possible que sur la base d’une rupture radicale avec le système capitaliste international qui a été le principal agent du sous-développement de l’Afrique au cours des cinq derniers siècles.»;

  • Christophe Colomb a découvert l’Amérique (dépouillée, dès lors, de son nom originel et de ses premiers habitants génocidés) ;

  • Nos Ancêtres étaient gaulois et habitaient des huttes en bois… (et non des hommes, des femmes, des enfants spolié.e.s d’Abya-Yala, déporté.e.s

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Le Grand Prix de l’humour politique décerné à Marlène Schiappa

Le jury du prix « Press Club, humour et politique » a choisi parmi 16 « petites phrases » concourant au titre du mot le plus drôle de l’année en politique

« On ne va pas s’interdire les plans à trois »… C’est avec cette phrase, utilisée pour défendre son projet de loi visant à lutter contre la polygamie, que la ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a remporté le Grand Prix de l’humour politique 2021, ce mardi.

Le jury du prix « Press Club, humour et politique », présidé par Olivier de Lagarde, a choisi cette précision apportée par la ministre au micro de Radio J parmi 16 « petites phrases » concourant au titre du mot le plus drôle de l’année en politique.

Prix de la récidive pour François Hollande

Le Prix du Jury est attribué au candidat souverainiste à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan pour sa déclaration : « Je suis fort chez les gens qui sont à la limite du vote ». Le Prix du Jeu de « Miot » (en hommage à Jean Miot, créateur du prix) et le Prix Spécial du Jury sont attribués à Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier Ministre : « Quand la droite se durcit, elle se rétrécit ».

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Nobel: Maria Ressa pourra se rendre à Oslo pour recevoir son prix

La journaliste philippine Maria Ressa a été autorisée lundi 6 décembre par la justice de son pays de se rendre à Oslo pour recevoir en personne le Prix Nobel de la paix. Maria Ressa, 58 ans, bénéficie actuellement d’une liberté conditionnelle en attendant un jugement en appel après sa condamnation l’an dernier pour diffamation, ce qui l’a contrainte à demander à trois tribunaux la permission d’aller chercher son prix. La cour d’appel fiscale a estimé dans une décision rendue publique lundi que la cofondatrice du site d’information Rappler pouvait se rendre en Norvège du 8 au 13 décembre.

» LIRE AUSSI – Comment la Prix Nobel de la Paix Maria Ressa et l’ancien patron du New York Times Mark Thompson se mobilisent pour la liberté de la presse

L’ancienne correspondante de la chaîne américaine CNN a réagi auprès de l’AFP en disant se sentir «très bien» après avoir franchi ce dernier obstacle judiciaire. Maria Ressa, qui ne ménage pas ses critiques à l’égard du président philippin Rodrigo Duterte, et le journaliste russe Dmitri Muratov, ont été récompensés en octobre pour leur combat pour la «sauvegarde de la liberté d’expression».

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Les trompettes de la renommée sont soufflées par nous-mêmes

Par Yves-Léopold Monthieux

Il en est des affaires des pays ce que sont les secrets de famille. Ces derniers sont réglés entre soi et, quelle que soit l’intensité des différends domestiques, la réserve prévaut vis-à-vis du voisin ou de l’étranger. De même il n’est pas sans intérêt pour les États, les pays ou collectivités d’adopter une pareille retenue lorsqu’il peut y en avoir besoin pour se présenter aux autres. La crise sanitaire, sociale et politique qui traverse nos territoires et portée par un malaise quasi-structurel, mettent en évidence un goût surprenant pour l’exposition de nos déboires sur la place publique étrangère. Nous n’aurions donc plus la fierté de notre image à l’étranger. Au vu de la situation de dépendance totale de nos territoires, on pourrait comparer cette disposition à l’autodénigrement ostentatoire à une joyeuse tentation suicidaire.

Il ne peut pas être reproché au Martiniquais ou au Guadeloupéen de méconnaître l’histoire de la colonisation et de l’esclavage des Noirs aux Antilles. Faisons honneur aux historiens qui se sont appliqués à combler depuis la fin des années 1950 les lacunes de l’histoire.

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Communiqués de l’Intersyndicale de Martinique

Le 3 décembre 2021

La grève continue

Mercredi 1er décembre, le préfet a lancé ses gendarmes mobiles à l’assaut d’un piquet de grève à l’entrée du port, gazant les personnes présentes. Les soi-disant excuses qu’il a bafouillées à la suite de cette intervention traduisent sa crainte que les travailleurs qui exercent sur le port, en particulier les ouvriers dockers, ne rejoignent réellement le mouvement. L’Intersyndicale condamne fermement cet acte qui confirme la duperie de l’État. Par cet acte, l’Etat a fait le choix de compromettre la démarche qui visait, en concertation avec les ouvriers dockers, à permettre la sortie du port de produits, alimentaires notamment.

Loin d’une recherche d’apaisement réclamé par certains, la destruction violente des barrages par les blindés de la gendarmerie et la procédure judiciaire lancée par la direction du Grand Port de Fort-de-France assignant en référé d’heure à heure le 1er, puis le 3 décembre 2021 les syndicats CGTM, FO STIS et UGTM constituent une provocation supplémentaire, une obstruction intolérable à la recherche de solutions. L’audience se poursuivra samedi 4 décembre 2021 à 9 heures.

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Qu’est-ce que la révolte des canuts qui a eu lieu en 1831 à Lyon ?

Du 21 novembre au 3 décembre 1831 s’est produit le premier soulèvement d’ouvrières et ouvriers de la soie et des métiers rattachés au tissage, très implantés sur les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon. L’historienne Michèle Riot-Sarcey nous raconte cette lutte contre l’exploitation et l’asservissement qui règnent dans les ateliers.

La révolte des canuts lyonnais de 1831 figure dans les annales du mouvement ouvrier depuis son origine. Elle succéda à celle de Manchester du 16 août 1819, connue sous le nom de « massacre de Peterloo ». En hommage aux ouvriers anglais, le grand poète Shelley écrivait : « Éveillez-vous de votre sommeil, vous êtes nombreux, ils sont peu. »

À Lyon, nous devons à la poétesse Marceline Desbordes-Valmore le plus beau regard qui ait été posé sur une population ouvrière. Les canuts ne demandaient qu’une chose la « liberté ». L’idée est exprimée par ces mots : « Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant. » Plus globalement, être libre voulait dire pouvoir agir dans tous les domaines : « Politiquement, intellectuellement et matériellement. »

Ovaliste, ourdisseuse, passementière…

À Lyon, être libre, c’est être maître de son propre travail, donc en capacité de fixer, par contrat, un prix minimal de la pièce d’étoffe produite.

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Guadeloupe: dans la « République de La Boucan », bastion de la contestation

Sainte-Rose (France) – Les voitures sont garées par centaines sur le bas-côté en amont, les habitants passent à pied, pour se ravitailler, aller travailler ou toute autre activité. Impossible de traverser l’épais barrage du pont de La Boucan, bastion de la contestation qui secoue la Guadeloupe depuis deux semaines.

Des carcasses de voitures brûlées, des débris en tous genres parfois enflammés ou encore une benne à ordures renversée bloquent l’entrée du pont, qui enjambe la Grande Rivière, plus long cours d’eau de l’île, à Goyave.

Seul point d’accès par le sud à Sainte-Rose, commune de la Basse Terre qui se retrouve enclavée (l’entrée par le nord est également barrée), le passage est surveillé par des hommes pour certains cagoulés.

Il faut montrer patte blanche pour entrer dans la « République de la Boucan« , surnom donné – avec humour – par ceux qui contrôlent la succession de barrages jusqu’au centre-vile de Sainte-Rose.

Ils ont chassé la maire, Claudine Bajazet, déclarée inéligible pour 30 mois, en mai, pour ne pas avoir respecté la réglementation en termes de comptes de campagne. Elle a fait appel, suspensif, devant le Conseil d’Etat.

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Nourrir notre solidarité plutôt que nos divisions

— Par Christian Rapha, maire de Saint-Pierre —
La Martinique traverse depuis mars 2020 une crise sanitaire, comme le reste du monde. La Martinique est entrée le 22 novembre dans une grève générale à l’appel d’une intersyndicale.

Aux principales et premières revendications qui étaient de reporter ou d’annuler l’obligation vaccinale de certaines professions et le pass sanitaire, se sont ajoutées des revendications liées à la vie chère, à la jeunesse et à l’emploi.

La Martinique connaît depuis près de 10 jours des barrages routiers de jour comme de nuit, des incendies, des exactions de la part de certains, dont les motivations semblent très éloignées de l’abrogation de l’obligation vaccinale ou du pass sanitaire.

Les forces de l’ordre ont essuyé des tirs à balles réelles, et certains fonctionnaires ont été blessés, parfois grièvement. La population ne peut librement se déplacer, sauf à accepter de payer un droit de passage à certains barrages.

Des personnels médicaux ont été empêchés de se rendre sur leur lieu de travail, rackettés, insultés au point qu’une pétition a été mise en ligne, alertant sur la situation globale des malades (dont les insulino-dépendants, les malades du cancer…) mis en grande difficulté, voire en danger de mort, du fait des pertes de chance qu’induisent les barrages routiers et les entraves à la circulation.

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Autonomie : la Convention du Morne-Rouge a cinquante ans.

Par Yves-Léopold Monthieux

L’introduction par le ministre des Outre-Mer du mot ”autonomie” en plein milieu du charivari sociopolitique a jeté un froid en Martinique et en Guadeloupe. Le gouvernement aurait-il décidé de larguer les Antilles ou est-ce simplement du chantage ? Qui, croyez-vous, s’en inquiètent ? Ce sont les autonomistes, eux-mêmes. Et les indépendantistes !

Retour en arrière, moins de dix ans après le vote de la loi de 1946, un bilan négatif de l’assimilation est acté par la Fédération communiste martiniquaise au sein duquel se trouve encore Aimé Césaire. La mise en œuvre de la loi avait été laborieuse et il avait fallu attendre 1948 pour lui connaître un début d’application. En réalité, cette transformation avait été surtout décidée pour des objectifs de géopolitique, la priorité étant de reconstruire le pays. A la Fédération communiste martiniquaise, dès le milieu des années 1950, l’idée d’autonomie se substitue à l’euphorie assimilationniste. Mais si l’autonomie sera incarnée par Aimé Césaire et le PPM, on doit au Parti communiste martiniquais (PCM) la date officielle de sa naissance à la Convention du Morne-Rouge, organisée par la municipalité communiste de cette commune les 16, 17 et 18 août 1971.

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« Je voudrais juste un os »: au Mexique, la quête éperdue de 94.000 disparus

Matamoros (Mexique) – « Je voudrais juste un os. » Désespérée, une mère supplie un soldat pour qu’il lui laisse une chance de retrouver les restes de son fils, un parmi les quelque 94.000 disparus qui hantent le Mexique.

La mère-courage, qui a perdu la trace de son enfant il y a un an, négocie avec les forces de sécurité l’accès à un ancien champ de maïs dans l’Etat de Tamaulipas (nord-ouest), où une demi-tonne de restes humains ont été retrouvés depuis 2017. 

« Répondez-moi! Vous n’avez pas d’enfants? » insiste la femme d’une cinquantaine d’années face à des militaires qui font la sourde oreille. « Je voudrais juste un os de mon fils pour qu’il repose à côté de mon mari. » 

Ce dialogue de sourds éclate à quelques kilomètres de la capitale de l’Etat, Matamoros. A la frontière avec le Texas, la zonOKe est frappée par la violence des narcotrafiquants, en l’occurrence le Cartel du Golfe. 

La Bartolina est considérée comme un « camp d’extermination« , selon la Commission nationale de recherche des disparus (CNB, officiel).

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Entre vents et marées, cap sur demain.

— Tribune libre de Philippe Pierre-Charles et de Marcel Sellaye du G.R.S. —

L’épreuve que vit en ce moment la Martinique, s’inscrit dans le cadre de la crise permanente d’un système, dont les soubresauts se répètent à un rythme accéléré, même si leurs formes varient. Cette marche est inexorable. Seule son issue est inconnue. Les forces progressistes et révolutionnaires ont juste le devoir de peser de toutes leurs forces pour le seul dénouement qui vaille : un lendemain meilleur pour la grande majorité de la population. Et le temps est compté !

On voit bien que la position de l’État consistant à repousser la date de la mise en application de sa loi inadaptée, irréaliste et injuste d’obligation vaccinale et de pass sanitaire, ne résout rien. L’entêtement colonial dans toute sa splendeur !

Plusieurs possibilités existent pourtant pour débloquer la situation, et entrer en négociation sur tous les problèmes mis sur le devant de la scène à la faveur de la crise actuelle :

  • Moratoire sur l’application de cette loi sur les territoires la refusant.

  • Possibilité offerte aux personnes acceptant des vaccins non ARN messagers dont le vaccin cubain.

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Après la Barbade, la crainte d’un effet domino pour la monarchie britannique

Londres – Une tendance qui va « inévitablement se poursuivre » ? Après la Barbade, qui devient mardi une république, certains experts s’attendent à voir d’autres royaumes suivre l’exemple de cette île des Caraïbes pour s’affranchir de la couronne britannique.

En 1997, le prince Charles, héritier de la couronne britannique, avait lu à Hong-Kong un message de sa mère la reine Elizabeth II lors de la cérémonie pluvieuse scellant la rétrocession de cette ancienne colonie britannique à la Chine, après plus de 150 ans.  

Vingt-quatre ans plus tard, le prince de 73 ans sera présent lundi soir lors d’un nouveau transfert de souveraineté: la Barbade, micro-Etat des Caraïbes indépendant depuis 1966, a élu mi-octobre sa toute première présidente après avoir annoncé 13 mois plus tôt devenir une république. 

« Alors que votre statut constitutionnel change, il était important pour moi de me joindre à vous afin de réaffirmer les choses qui ne changent pas. Comme le partenariat entre la Barbade et le Royaume Uni en tant que membres vitaux du Commonwealth« , doit dire le prince Charles dans un discours dévoilé à l’avance par ses services. 

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De la « Revue nègre » au Panthéon, comment Joséphine Baker «a pris le pouvoir sur le regard du Blanc»

En reprenant les clichés racistes, la chanteuse s’est rapidement imposée sur la scène parisienne et a «transcendé» les imaginaires xénophobes.

Dans un décor de jungle, elle se déhanche presque nue avec sa fameuse ceinture de bananes : en reprenant les clichés racistes visant les Noirs, Joséphine Baker a imposé sa couleur de peau sur les scènes parisiennes mais surtout «transcendé» ces imaginaires xénophobes. «Si on la regardait aujourd’hui, nous serions tous probablement choqués», prévient l’historien Pascal Blanchard, co-auteur du livre Le Racisme en images: déconstruire ensemble, publié aux éditions de La Martinière.

L’artiste, qui entrera au Panthéon le 30 novembre, est née dans le Midwest américain en 1906. Elle est repérée par un membre de la Revue nègre, un spectacle de music-hall, alors qu’elle se produit à Broadway. Son visage, ses mimiques, son corps… Séduis immédiatement, l’imprésario la persuade de venir à Paris.

Sa première apparition au théâtre des Champs-Élysées en 1925 va lancer sa légende. Elle y danse seins nus et ceinture de plume à la taille. C’est un triomphe pour la danseuse discriminée dans son pays, qui vit alors sous le régime de la ségrégation raciale.

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« Comme on fait son lit, on se couche. »

— Par Dominique Celma —

Ce proverbe existe probablement dans notre langue créole bien que le temps m’ait manqué pour le retrouver.
Ceci veut dire : « Ce que nous vivons est le fruit de nos actes, nous sommes entièrement responsables de nos actes et de leurs effets « .

Rapporté à la situation actuelle en Martinique : Nous sommes tous responsables par nos ‘ non-actes ‘, notre passivité, de l’embourbement, la déliquescence, la violence que nous vivons.

Si l’on considère l’actualité de ces derniers mois et plus près encore de ces deux dernières semaines :

· Une médiation qui n’en était pas une et qui de toute évidence n’a abouti qu’à un échec.
· Un directeur du CHU qui jette l’éponge.
· Un ordre de grève dont la liste des revendications parait impensable à toute personne sensée, grève renouvelée à un rythme hebdomadaire.
· Des actes de pillages qui ne tiennent ni de la revendication, ni de l’expression d’une idéologie mais certainement d’un fond terroriste et liberticide.

Ces évènements ne font que conforter ce lit dans lequel nous nous sommes glissés, non pas depuis deux ans, mais plus de deux générations.

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Guadeloupe: l’autonomie, pas la préoccupation première des habitants

Pour les habitants, la proposition du gouvernement d’évoquer la question de l’autonomie de la Guadeloupe n’est pas celle qu’il faut se poser maintenant. Pour eux, il y a d’autres priorités et des problèmes bien plus profonds que le retrait de l’obligation vaccinale pour les soignants et pompiers, ainsi que du pass sanitaire, éléments déclencheurs de la crise dans l’Ile.

La question de l’autonomie, mise sur la table par le gouvernement, semble loin des préoccupations actuelles des habitants de Guadeloupe, en proie à une grave crise aux multiples facettes qui pose cependant la question de leur « rapport » avec l’Etat français.

A mon avis, c’est pour noyer le poisson

« A mon avis, c’est pour noyer le poisson. Pourquoi parler d’autonomie, qui ne figure pas dans les revendications principales » du mouvement de contestation, lance Rosemonde Thrasibule, une habitante du Lamentin de 58 ans. « Ce n’est pas ce qui nous intéresse là, dans un premier temps. Il faudra en parler certes, mais le moment venu », ajoute-t-elle.

La veille, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu avait déclaré que le gouvernement était « prêt » à parler de « l’autonomie » de l’île, abordée en « creux » par les élus locaux au cours des dernières réunions.

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Entre le désir d’égalité et la volonté de rupture c’est le chaos.

Par Yves-Léopold Monthieux

Quand cessera-t-on de faire croire aux Martiniquais que l’égalité complète entre les Antilles et la France est possible ? A 8000 kilomètres, une île de 1000 km2, une terre européenne en milieu tropical dont aucune production sortie de terre ou fabriquée par des mains de Martiniquais européens ne peut rivaliser avec la concurrence. Cela n’a jamais été possible et ne le sera pas, le croire a toujours été et sera toujours source de frustrations, le prétendre encore c’est tromper les Martiniquais. Cette persévérance après tant d’échecs ne peut que mener au pire.

La départementalisation administrative et sociale a été en grande partie réussie au terme des 20 années qui ont suivi les incidents de décembre 1959. La dernière mesure emblématique avait été la loi dénommée en Martinique « Femmes seules ». Cette disposition n’avait pu qu’aider au score martiniquais de Valéry Giscard d’Estaing à l’élection présidentielle de 1981. En 1995, l’alignement du SMIC domien sur celui de la métropole était salué comme l’achèvement de cette égalité sociale.

En revanche, l’égalité économique dans les DOM a toujours été en recherche de solutions.

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