Et maintenant on fait quoi?

— Par Marie-Hélène Léotin(*) —

Des mois de mobilisation des personnels soignants, de l’intersyndicale de la santé, d’autres catégories sociales concernées par l’obligation vaccinale. Bien des réflexions et analyses ont été portées sur notre situation sanitaire mais aussi économique, sociale, sportive et culturelle. Je me contenterai de poser une question et d’essayer d’y répondre.

Quel est aujourd’hui l’intérêt supérieur du peuple martiniquais ?

Nous avons une économie à relever. Il faut faire repartir le tourisme. Il faut permettre à nos restaurateurs, nos propriétaires de snacks, nos hôteliers y compris la petite hôtellerie, nos loueurs de gites, nos loueurs de voitures, de vivre. L’argent de la France ne tombera pas éternellement. Les gites permettent à beaucoup de nos retraités de compléter leurs ressources, de faire marcher le commerce et l’artisanat (il faut meubler, équiper en électro-ménager, réparer, entretenir y compris les espaces verts, blanchir les draps et linges de maison, remettre à neuf tous les 5 ans…). Ce sont nos artisans du bâtiment, nos prestataires de service qui y trouvent leur compte. Même la marchande de pistache haïtienne sur le Malecon s’en sort.

Comment faire pour retrouver une vie presque normale ?

Nous devons faire repartir les activités de loisirs, les centres culturels, les musées, les activités sportives et artistiques. La Jacques Vabre ne suffit pas ; c’est une vitrine pour faire venir les touristes. Nos jeunes mais aussi nos aînés ont besoin d’activités artistiques, culturelles et sportives tout au long de l’année pour lutter contre la sédentarité, pour s’ouvrir au beau, à l’échange et au partage. Nous voulons une jeunesse bien dans sa tête. Il nous faut rouvrir les salles de sport, les stades, mais aussi les boîtes de nuit, les déjeuners dansants, les randonnées, les plages…

Comment faire pour réaliser tout cela ? Comment faire pour retrouver une vie presque normale ? Passerons-nous notre vie à porter un masque, à ne plus pouvoir embrasser nos enfants, nos petits-enfants, nos parents ?

Il y a une phrase qui m’est insupportable : « C’est mon corps, je fais ce que je veux de mon corps » ! Tout kô sé kô. Mé sé lespri kô ki met kô ! Si vous essayez de vous suicider parce que vous n’avez plus envie de vivre et que vous faites ce que vous voulez de votre corps, une personne qui passe par là a le devoir d’essayer de vous empêcher de faire cela. Nous vivons en société ; nous ne sommes pas Robinson Crusoé sur une île déserte.

Il nous faut limiter au maximum la circulation du virus et de ses variants

Quels sont les moyens que nous avons à notre disposition ?

Suis-je capable de limiter l’épidémie dans ses formes les plus graves pouvant aller jusqu’à la mort ? Suis-je capable de protéger les personnes de plus de 65 ans, même si le risque 0 n’existe pas ?

Suis-je capable de protéger les personnes souffrant de comorbidité (diabète, surpoids, obésité, hypertension…), les personnes âgées de plus de 75 ans ? Combien y en a-t-il en Martinique ?

Il s’agit de limiter l’épidémie et de retrouver une vie presque normale, de permettre à notre jeunesse de s’épanouir.

On n’y arrivera pas en adoptant la démarche classique qui consiste, une fois élu, à prendre l’avion et à demander au gouvernement français plus d’argent. De l’argent pour quoi faire si nous n’avons pas notre propre plan de lutte contre la pandémie ?

Il nous manque…une cohésion nationale martiniquaise

La stratégie de lutte contre la COVID 19 doit être pensée par nous, Martiniquais ; ce n’est pas Paris qui décide. Lorsque le gouvernement a pris sa décision, la France avait 60 % de vaccinés, la Martinique en avait 30 %. Nous ne sommes pas sur le même terreau

Il nous faut aborder un point, à notre avis, essentiel. Il nous manque, en tant que peuple, un élément fondamental : ce que nous appelons une cohésion nationale martiniquaise. Le terreau socio-culturel de la Martinique n’est pas celui d’une vieille nation comme la France. Notre démarche doit viser à augmenter la capacité effective de notre peuple à réfléchir et à comprendre les questions auxquelles nous avons à faire face, au lieu de se contenter de réactions sentimentales, voire passionnelles. Cela prendra du temps mais c’est un passage obligé. On ne peut pas se contenter de raconter que le virus est arrivé sur nous un beau jour, sans qu’on sache comment, et qu’avec la grâce de Dieu, il repartira un beau jour comme il est venu. Cela n’est pas sérieux !

Sur les 4 milliards de personnes vaccinées aujourd’hui dans le monde, combien sont mortes du vaccin ?

Qu’est-ce que la cohésion nationale ? Comment font nos voisins ? Notre regard doit se porter sur la Caraïbe et non sur les grandes nations industrialisées d’Amérique du Nord et d’Europe.

La cohésion nationale est un élan, un effort, une volonté collective, un consensus ferme pour sauver ce que nous avons de plus précieux, notre pays, nos enfants, en dépit de nos craintes, nos doutes, nos hésitations. On n’agit pas sur le coup de l’émotion. L’homme dispose d’une faculté qui s’appelle la raison. La science et la raison doivent prendre le dessus ! Les chercheurs sont au travail ; ils ne sont pas des charlatans. L’OMS n’est pas un institut d’irresponsables ! Les chiffres parlent ! Sur les 4 milliards de personnes vaccinées aujourd’hui dans le monde, combien sont mortes du vaccin ? Sur les 600 personnes décédées en Martinique en juillet-août-septembre 2021 : 95 % n’étaient pas vaccinées.

Nous avons des vaccins dans la Caraïbe, sans ARN. A Cuba, on vaccine tout le monde dès l’âge de 5 ans. Pourquoi ne pas aller voir comment cela se passe ? Pourquoi ne pas envoyer une mission à Cuba ? Combien de Cubains sont morts à cause des vaccins ? Quel est l’état réel de la situation sanitaire ?

La balle est entre nos mains. Les menaces et les suspensions de salaire ne mènent à rien. Développons notre réflexion et notre imagination. Il n’y a pas de problème ; il n’y a que des solutions.

(*)Marie-Hélène Léotin

Ancienne élue au conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique de 2015 à 2021. Porte-parole du CNCP (Conseil National des Comités Populaires)