Communiqués de l’Intersyndicale de Martinique

Le 3 décembre 2021

La grève continue

Mercredi 1er décembre, le préfet a lancé ses gendarmes mobiles à l’assaut d’un piquet de grève à l’entrée du port, gazant les personnes présentes. Les soi-disant excuses qu’il a bafouillées à la suite de cette intervention traduisent sa crainte que les travailleurs qui exercent sur le port, en particulier les ouvriers dockers, ne rejoignent réellement le mouvement. L’Intersyndicale condamne fermement cet acte qui confirme la duperie de l’État. Par cet acte, l’Etat a fait le choix de compromettre la démarche qui visait, en concertation avec les ouvriers dockers, à permettre la sortie du port de produits, alimentaires notamment.

Loin d’une recherche d’apaisement réclamé par certains, la destruction violente des barrages par les blindés de la gendarmerie et la procédure judiciaire lancée par la direction du Grand Port de Fort-de-France assignant en référé d’heure à heure le 1er, puis le 3 décembre 2021 les syndicats CGTM, FO STIS et UGTM constituent une provocation supplémentaire, une obstruction intolérable à la recherche de solutions. L’audience se poursuivra samedi 4 décembre 2021 à 9 heures. L’Intersyndicale appelle à un rassemblement à 8.30 à la Maison des Syndicats avant de rallier le palais de justice.

Des ateliers ont démarré : Transport, Pêche, et Santé. Et déjà sont apparues les premières entraves dont l’Etat est à l’origine via ses représentants.

Ainsi, dans l’atelier Pêche, les représentants de l’Etat ont clairement fait savoir que leurs propositions étaient à prendre ou à laisser. L’Etat montre ainsi le mépris qu’il porte à ces réunions devant permettre le dialogue.

Dans l’atelier Santé qui s’est déroulé le 2 décembre 21 en présence du préfet, du directeur de l’ARS et d’un représentant du CHUM, c’est le chantage qui prévaut. Là, le directeur de l’ARS a bien déclaré que la date butoir du 6 décembre est repoussée au 31 décembre 2021, mais il refuse de produire un écrit pour officialiser cet engagement. Après insistance des représentants de l’Intersyndicale, le préfet a décidé de produire ce courrier, mais en l’assortissant d’une condition : que les syndicats interviennent auprès des professionnels de santé pour les inciter à communiquer à leur employeur leur situation concernant le parcours vaccinal. Face à la détermination de la délégation, il est finalement revenu sur cette demande.

Le réapprovisionnement des stations-service, que la presse s’est empressée de présenter comme la fin du mouvement, constitue une décision réfléchie et assumée de l’Intersyndicale. Toute comme sa volonté de permettre la sortie de certains produits du port si le préfet n’avait pas saboté cette initiative par l’intervention des gendarmes mobiles le 1er décembre 2021.

L’Intersyndicale rappelle que tous les ateliers sont des espaces d’échange qui doivent aboutir à la satisfaction de nos revendications. Elle rappelle en outre que des ateliers ne se sont pas encore tenus : Vie chère, chlordécone, jeunesse, culture.

A ce jour, aucune de nos revendications n’est satisfaite et aucun accord n’a été signé.

La lutte continue donc et doit se renforcer

ADMP CDMT CGTM CI972 CRPM CSTM CTCU FDTM FO FTI972 SAPEM SDAM
SIMP SRATM STPM TDPD UATM UGTM UNSA UNOSTRA USAM UTRM

Pour l’Intersyndicale

Gabriel JEAN-MARIE

Le 30 novembre 2021

Une délégation de l’Intersyndicale a rencontré Sébastien Lecornu, ministre des Outremer, à l’invitation de ce dernier mardi 30 novembre 2021 à la préfecture.

A l’issue de cette rencontre, le ministre a fait un compte-rendu lors d’une conférence de presse. L’Intersyndicale tient à réagir à la suite des propos tenus.

D’abord, nous dénonçons fermement les propos stigmatisant les guadeloupéens, en tentant de les opposer aux martiniquais qui eux seraient de bons élèves. Le colonialisme s’est toujours appuyé sur la division pour maintenir sa domination. Une telle déclaration de Lecornu est une duperie, une insulte aux peuples antillais et renoue avec les pires moments d’une époque coloniale manifestement non révolue. Nous réaffirmons notre totale et entière solidarité avec nos camarades de la Guadeloupe qui se battent et avec tous ceux qui, en Martinique et en Guadeloupe, se battent encore. Car il faut que toutes les personnes sanctionnées financièrement sur la base de cette loi scélérate soient reprises.

Sébastien Lecornu a ensuite déclaré que la délégation de l’Intersyndicale avait condamné de manière unanime les violences des manifestants. A aucun moment, de telles déclarations n’ont été émises par les membres de l’Intersyndicale. Et nous insurgeons contre cette affirmation du ministre. Pour autant, nous dénonçons les exactions commises en marge du mouvement.

Nous dénonçons et condamnons en revanche la violence bien réelle de l’Etat:

 Avec l’annonce de Macron le 12 juillet de sanctions financières pour les soignants non vaccinés qui ne se

soumettraient pas à l’obligation vaccinale ;

 Avec l’appel à candidature de policiers et de gendarmes spécialisées en maintien de l’ordre pour intervenir en Guadeloupe et en Martinique

 Avec l’intervention musclée de forces de répression sur le site du CHUM le 15 octobre 2021 ;

 Avec l’envoi en Guadeloupe et en Martinique du RAID et du GIGN, unités d’élite de la police et de la gendarmerie ;

 Avec un comité d’accueil composé de gendarmes mobiles avec leurs équipements complets ce mardi 30 novembre 2021 attendant la délégation de l’intersyndicale.

 Avec l’annonce le 30 novembre 2021 de l’arrivée de nouveaux escadrons de gendarmes mobiles

Dans sa déclaration à la presse, Lecornu n’a pris aucun engagement ferme sur la réintégration des agents suspendus et le versement de leur salaire. Son seul engagement pris est le recours à la force pour « rétablir la libre circulation ».

En conséquence, l’Intersyndicale considère, après les déclarations de Lecornu à la presse, que de vagues promesses « d’adaptabilité » ne peuvent tenir lieu d’engagements fermes permettant d’appeler à la levée des barrages. Elles sont néanmoins le fait de la révolte populaire des Antilles. Mais ce que nous exigeons, entre autres, c’est que tous les travailleurs suspendus soient réadmis à leur poste définitivement.

Pour obtenir satisfaction en ce sens, mais aussi toutes les exigences exprimées dans notre préavis, nous devons porter le niveau de la lutte encore bien plus haut ! Il faut donc renforcer la mobilisation, maintenir les barrages dans la droite ligne des méthodes du mouvement ouvrier. Nous lançons donc un appel à la population pour qu’elle rejoigne la lutte. Nous appelons les travailleurs dans les entreprises à tenir leur grève jusqu’à satisfaction ou à en déclencher ! C’est le bon moment. Nous mettons en garde le gouvernement contre le risque que comporterait toute duperie et toute répression policière contre la population.

LA LUTTE CONTINUE ET SE RENFORCE A TOUS LES NIVEAUX !

ADMP CDMT CGTM CI972 STM CRPM CTCU FDTM FO FTI972 SAPEM SDAM SIMP SRATM STPM TDPD UATM UGTM UNSA UNOSTRA USAM UTRM

Pour l’Intersyndicale Gabriel JEAN-MARIE

Conférence de presse Combat ouvrier

Du 1er décembre 2021

Intervention d’une jeune militante de Combat ouvrier

Depuis une semaine de nombreux jeunes sont présents sur les barrages, dans leurs quartiers. Ils renforcent le mouvement de colère sociale et manifestent leur colère face à leur situation, aux injustices et aux mépris avec lequel les autorités les traitent. Cette colère s’est exprimée même parfois par des actes de pillages, de braquages, d’affrontements individuels. Certains ont choisi de prendre des armes, bref de commettre des actes de délinquance.

En arriver à ce point nous montre bien que ces jeunes n’attendent plus rien de cette société. Mais il existe la force et la détermination d’en découdre avec l’ordre établi.

Cette colère, cette force, en tant que jeunes, nous pouvons la mettre au service d’un combat collectif !

Nous disons aux jeunes pauvres de donner un sens à leur révolte. Le meilleur sens à lui donner c’est la lutte contre tout le système capitaliste qui nous plonge dans la misère, les guerres, les crises, les famines.

L’ennemi n’est pas le petit commerçant, l’ennemi, ce sont les gros capitalistes, le grand capital et leur gouvernement. Car les gouvernements sont au service des riches.

Prendre des fusils et tirer sur les forces de répression sans avoir de programme conscient, sans savoir où l’on va, ne peut aller qu’à un échec : vous faire tuer ou aller en prison.

Les fusils, nous en aurons besoin au moment de la révolution des masses. Pas maintenant. Maintenant, vous êtes isolés.

Pour discuter et gagner une véritable conscience politique, rejoignez le camp des travailleurs. Nous, militants de Combat ouvrier, nous sommes de ce camp-là.

Constituons un grand parti, révolutionnaire de la jeunesse. Un grand révolutionnaire allemand a dit dans le passé : « la jeunesse est la flamme de la révolution prolétarienne ! Les travailleurs en lutte ont besoin de vous

An nou alé, nou tout ansamb avec un programme révolutionnaire consciemment élaboré !

Mélanie Sulio

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Conférence de presse de Combat ouvrier 1er décembre 2021 à l’Impératrice –Fort de France

Déclaration de Ghislaine Joachim-Arnaud, membre de la direction politique de Combat ouvrier

Sébastien Lecornu est venu aux Antilles en commis

de l’ordre impérialiste français !

Protecteur du grand patronat, des grosses sociétés et des riches békés !

L’explosion sociale en Martinique et en Guadeloupe inquiète le gouvernement français.

Le voyage de Lecornu, ministre des outre mer a surtout été un geste politique de plus pour montrer la présence de l’Etat français. Il a multiplié les déclarations de fermeté et d’envoi de forces de l’ordre. Avant son départ il a même avoué que des forces armées étaient arrivées secrètement . Il a dit « discrètement ». Qu’avaient-ils à cacher ? Il a parlé de forces de police de Guyane. Peut être des troupes spéciales, des légionnaires. Cela aussi nous nous en doutons car nos peuples ont déjà payé un lourd tribut à la répression colonialiste en Martinique et en Guadeloupe.

Les massacres des troupes françaises, on connait.

Et c’est, ce monsieur qui vient nous demander de condamner la violence ? C’est ce qu’il a déclaré devant les camarades de Guadeloupe, devant les syndicats : condamnez la violence comme un préalable aux discussions. Nous ne sommes pas violents : Yo awmé nou pa awmé. –( Ils sont armés, nous ne sommes pas armés.) Ce sont eux qui ont les stocks d’armes et qui emmènent ici des troupes spéciales.

La violence c’est précisément condamner des milliers de jeunes à une vie sans espoir, sans travail sans rien, à tel point qu’ils préfèrent prendre des armes et tirer sur la police comme seul moyen de se valoriser. Oui, cela est triste, mais c’est la violence d’un Etat qui condamne des milliers de jeunes à une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue.

Nous condamnons surtout cet Etat qui protège bien des délinquants en col blanc. Combien de grands patrons ou de ministres responsables de la catastrophe du chlordécone ont été jugés ? Combien d’entre eux sont en prison ? Ils ont pourtant indirectement assassiné des milliers de travailleurs agricoles. Les gendarmes qui ont tué Claude jean pierre en Guadeloupe sont ils en prison ?

Voila la violence que nous condamnons. !

Mais le ministre a déclaré ici en Martinique qu’il y avait eu un consensus général y compris des syndicats pour condamner la violence. C’est faux ! Il a tenté de nous passer de la pommade et de nous dire en Martinique en somme « vous êtes de bons petits nègres » Odieusement il a comparé aux syndicats de Guadeloupe qui ne sont pas dans une bonne démarche. C’est encore le bon colonialiste français qui cherche à diviser pour régner, entre « bons et mauvais nègres. »

On aimerait bien qu’il aille le dire sur les barrages tant en Guadeloupe qu’en Martinique maintenant et il verrait s’il y a des bons et des mauvais. La ils sont tous en colère et violents contre ceux qui représentent un pouvoir qui les opprime
Ce discours de Lecornu en Martinique était tout simplement infect, filandreux, colonialiste en brandissant le bâton si nous ne sommes pas sages et une carotte de vagues promesses de reclassement si nous sommes sages.

Lecornu n’a donné aucune assurance et aucun écrit que les travailleurs suspendus et privés de salaire seraient réintégrés. C’est cela que nous voulons entendre et qu’il n’a pas dit dans sa déclaration à la presse avant son départ.

Retenons quand même que c’est la révolte sociale en Guadeloupe et en Martinique qui a déja fait faire deux pas en arrière pour suspendre nos camarades. D’abord il y a eu la date du 15 novembre, Puis ils ont encore reculé eu 31 décembre pour la 1ere dose . Petit recul certes. Il a parlé mardi soir de possibilités d’adaptation de la loi en outre mer. Nouveau recul, mais qu’est que c’est cette vision au cas par cas individuellement quand plus de 60% de la population n’est pas vaccinée ?

Le recul définitif c’est qu’ils doivent réintégrer tout le monde. Purement et simplement. C’est ce que nous voulons ! Et nous devons poursuivre le combat jusque là !

Mais cette crise a fait ressortir une fois de plus de l’ombre , des problèmes de la vie de tous les jours que supportent les pauvres péniblement et toujours : cherté énorme de la vie. Face à la hausse des prix, nous devons exiger pour vivre un peu plus dignement 500 euros pour tous et un smic à au moins 2OOO euros nets et son indexation sur la variation des prix.

Un chômage massif, précarité, coupures d’eau, une eau souillée et chlordeconée, des comorbidités endémiques dues à la mal bouffe, à l’empoisonnement au chlordécone et autres pesticides : diabète, obésité hypertension, drépanocytose, cancers du sein, de la protaste bien plus importants que dans l’hexagone.

Alors nous disons à tous les militants, camarades, aux travailleurs et aux jeunes qu’il faut rester en lutte. Aux travailleurs en grève de les maintenir et de les élargir. Il faut maintenir les barrages et les organiser encore mieux contre certaines dérives. Il faut les renforcer ! Il faut que les combattants sur les barrages mettent en place des comités d’action de leurs barrages avec des représentants soumis a la vigilance de ceux et celles qui y sont, les exploités des petites entreprises qui sont des combattants y ont leur place . Dans les entreprises en grève, que les grévistes se rassemblent, s’organisent élisent une direction de la grève et se donnent les moyens de la renforcer et de la contrôler de bout en bout. Partout c’est notre vigilance collective et notre détermination dans l’action qui nous permettrons de marquer des points. Nous devons poursuivre les manifestations et les mobilisations jusqu’à satisfaction de l’ensemble de nos revendications. Ne baissons pas les bras, bien au contraire, renforçons les barrages partout. Cette révolte est une révolte populaire. Il faut que les plus démunis, les plus pauvres, les jeunes pauvres trouvent dans cette lutte des améliorations importantes de leur sort.

Après la signature samedi 27 novembre 2021 d’un accord de méthode avec le préfet, une délégation de l’Intersyndicale s’est rendue en préfecture pour discuter de l’organisation du travail des différents ateliers.

Mais, comme pour la médiation avec l’Intersyndicale de la Santé, elle a constaté que le préfet avait élaboré le programme de ces rencontres en atelier, de manière unilatérale, sans même que certains représentants de collectivités soient informés.

En outre, Sébastien Lecornu, ministre des outremers, avant même de rencontrer ses interlocuteurs de Guadeloupe et de Martinique, a déclaré que le gouvernement ne reviendrait pas sur la loi instaurant l’obligation vaccinale, le passe sanitaire et les sanctions assorties à partir du 1er janvier 2022. Il va jusqu’à exiger la « condamnation des actes de violences » comme préalable à toute discussion. En d’autres termes, le représentant de l’État prend la responsabilité de fermer la porte à toute recherche de solutions pour une satisfaction de nos revendications et donc d’une sortie de conflit.

Face à un tel mépris, la délégation de l’Intersyndicale a décidé de mettre un terme à la rencontre de ce jour. Elle a demandé au représentant de l’Etat de clarifier sa position sur l’exécution de l’accord de méthode.

Dans ces conditions, l’Intersyndicale appelle à la poursuite et au renforcement de la grève dans les entreprises et des actions sur le terrain.

Elle organisera mardi 30 novembre 2021 une assemblée générale à 8 heures à la Maison des Syndicats à laquelle elle convie l’ensemble des travailleurs et la population

Fort de France, le 29 novembre 2021

Pour l’Intersyndicale

Gabriel JEAN-MARIE