Considérant la Kanaki

— Par Patrick Chamoiseau —

1 – Il existe des inaliénables qu’un référendum, ou qu’une mécanique électorale, ne saurait annuler.

 2 – Aucun acte démocratique ne saurait, sans sortir de la Démocratie, légitimer l’annulation des droits fondamentaux concernant les peuples, les individus, ou toutes les formes connues et inconnues du vivant.

 3 – Le droit de vote des femmes, le droit à l’avortement ou l’abolition de la peine de mort en France, et bien d’autres fondamentaux, ont été décidés par ordonnances et lois. Autrement, ces avancées majeures auraient été rejetées. Le Droit éclaire la voie par ce qui s’impose à lui.

 4 – Dans les pays où ces droits sont encore offusqués démocratiquement, ils n’ont rien perdu de leur légitimité. Ils hurlent toujours.

 5 – Un référendum ou une mécanique électorale, encore plus quand ils sont frappés d’aberrations, ne sauraient donc annuler le droit des Peuples premiers à disposer de leurs terres.

 6 – La démocratie est fondée sur le respect de ces droits fondamentaux. Elle ne saurait ruiner ces fondations sans se ruiner elle-même. Ils s’imposent à elle comme chant inaugural, vertébrale de maintien.

 7 – Les droits fondamentaux forment une Constitution grandiose, valable pour tous. A chacun d’en prendre soin dans ses élévations, sans universel généralisant.  

 8 – Une situation anthropologique inextricable s’est constituée en terre calédonienne en raison des frappes de la colonisation. Elle s’impose aux droits fondamentaux du Peuple premier mais elle ne saurait lui ordonner. Tout doit s’accorder autour de lui. Et par lui-même.

 9 – Alors que le capitalisme n’a plus besoin de ces dominations brutales et archaïques pour asservir les peuples, le gouvernement français n’a pas réussi à dépasser son atavisme colonial. Il a enlaidi la France.

 10 – Mais le peuple de France garde sa pleine capacité à regarder le monde, et à laisser le monde vivre en lui.  A exister en haute mondialité selon sa plus belle tradition.

 11 – La Kanaky est encore à venir.

Que nos salutations l’acclament et que nos vœux l’escortent.