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Sexe, race & colonies : « Notre livre n’est en rien pornographique! »

— Propos recueillis par Aliocha Wald Lasowski—

Dans « Sexe, race & colonies », l’historien Pascal Blanchard éclaire les heures les plus sombres de la colonisation française.

L’ouvrage collectif Sexe, race & colonies (La Découverte), mené par l’historien Pascal Blanchard, réunit 97 chercheurs internationaux, qui analysent 1200 images ou illustrations de six siècles de domination coloniale et sexuelle, des premiers empires aux Amériques, jusqu’aux stéréotypes racistes et pornographiques contemporains.

Suivant le fil chronologique, le livre est divisé en quatre parties : « Fascinations » (1420-1830), « Dominations » (1830-1920), « Décolonisations » (1920-1970) et « Métissages » (depuis 1970 à nos jours). Par son ampleur historique, la densité de son iconographie et sa diversité géographique (tous les empires coloniaux sont analysés), Sexe, race & colonies est une somme unique et inédite. En s’appuyant sur des images à chaque page, les auteurs du livre entendent montrer que « la domination sexuelle dans les espaces colonisés fut un long processus d’asservissement produisant des imaginaires complexes qui, entre exotisme et érotisme, se nourrissent d’une véritable fascination/répulsion pour les corps racisés ». Le viol des corps, lié à la conquête territoriale, est exposé par les images de l’époque qui contribuent à fabriquer les fantasmes exotiques de l’Occident, pour assurer la domination raciale et sexuelle.

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À redécouvrir, l’ouvrage « Sexe, race et colonies » 

La domination des corps du XVe siècle à nos jours

Édition : Paris, La Découverte. Parution : septembre 2018

Relire la mise au point publiée au moment de la parution, dans Madinin’art, « Autour de sexe et colonies »

Préfaciers et co-directeurs : Pascal Blanchard, Jacques Martial, Achille Mbembe, Leïla Slimani, Nicolas Bancel,  Gilles Boëtsch, Christelle Taraud, Dominic Thomas. Le site du groupe de travail Achac présente un portrait de chacun de ces contributeurs.

Que dit l’éditeur ?  » Ce livre s’attache à une histoire complexe et taboue…  C’est le récit d’une fascination et d’une violence multiforme… Une histoire dont les traces sont toujours visibles de nos jours, dans les enjeux post-coloniaux, les questions migratoires ou le métissage des identités. C’est aussi la révélation de l’incroyable production d’images qui ont fabriqué le regard exotique et les fantasmes de l’Occident. Projet inédit tant par son ambition éditoriale, que par sa volonté de rassembler les meilleurs spécialistes internationaux, l’objectif de Sexe, race & colonies est de dresser un panorama complet de ce passé oublié et ignoré, en suivant pas à pas ce long récit de la domination des corps ».

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Actualités sur le programme Sexe & Colonies

— Par Gilles Boëtsch et Fanny Robles —

Gilles Boëtsch, anthropobiologiste, directeur de recherche émérite au CNRS, membre de l’UMI 3189 Environnement, Santé, Sociétés à Dakar (Sénégal), spécialiste de la représentation et de la mise en scène des corps et Fanny Robles, angliciste, maîtresse de conférences en cultures des mondes anglophones à l’Université d’Aix-Marseille (LERMA, EA 853), spécialiste des spectacles ethnologiques, signent, ici, une tribune sur les différents travaux portés depuis deux ans par le Groupe de recherche Achac et la création du dernier programme Sexe & colonies. Le programme se poursuit avec la parution aux éditions CNRS, le 14 novembre, de Sexualités, identités & corps colonisés et le prochain colloque intitulé « Images, colonisation, domination sur les corps », organisé au CNAM, le 3 décembre 2019.

Lire aussi sur Madinin’Art: Autour de Sexe et Colonies 

À l’heure où l’on nous engage à lire les corps avec vigilance, pour en détecter les signes d’une altérité devenue suspecte, faire la généalogie de ce regard posé sur « l’Autre » paraît plus que jamais nécessaire. Six siècles d’histoire coloniale ont construit des imaginaires, des fantasmes et des pratiques, dans lesquels le rapport sexuel au corps colonisé tient une place centrale.

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Autour de « Sexe & colonies »

Exposition – ouvrage – colloque

D’octobre à décembre 2019, plusieurs événements viendront structurer le programme Sexe & colonies, dans le prolongement de l’ouvrage publié en septembre 2018. En tout premier lieu, la présentation de l’exposition Sexe, regards & colonies, inspirée de l’ouvrage édité aux Éditions La Découverte, qui sera présentée pendant 15 jours au Festival des Rendez-vous de l’Histoire de Blois au sein de la bibliothèque Abbé-Grégoire. Le 14 novembre 2019, sera publié au CNRS Éditions le second volet éditorial de ce programme dans l’ouvrage collectif regroupant une cinquantaine de contributions issus des colloques organisés en 2018 et 2019, sous le titre Sexualités, identités & corps colonisés. À l’occasion de l’édition de cet ouvrage, un colloque est proposé au CNAM le 3 décembre 2019 (le premier d’une longue série qui sera proposée en 2020 en France et aux États-Unis), autour de la lecture des images, sous le titre Images, colonisation, domination sur les corps. Cette rencontre sera l’occasion de présenter le nouvel ouvrage.
 

Actualité 1

Exposition « Sexe, regards & colonies »

Du 4 au 19 octobre 2019
Bibliothèque Abbé-Grégoire, Blois

Dans le cadre  des 22e Rendez-vous de l’Histoire de Blois, la bibliothèque Abbé-Grégoire accueillera la présentation de l’exposition « Sexe, regards & colonies », conçue par le Groupe de recherche Achac.

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«Sexe, Race et Colonies» est bien un ouvrage d’histoire

— Par Gilles Boëtsch, directeur de recherche émérite, CNRS —
Le livre qui entend démontrer comment la puissance coloniale s’est aussi exercée par la domination sexuelle suscite de vives réactions : en publiant de nombreuses images de femmes humiliées, il en réactiverait la violence. L’anthropologue Gilles Boëtsch, un des codirecteurs de l’ouvrage, défend un travail de recherche : on ne peut pas déconstruire le passé colonial sans voir, comprendre et critiquer ces images.
Tribune. En réponse à quelques détracteurs de notre travail, comme Philippe Artières (Libération, le 1er octobre) ou Daniel Schneidermann (Libération, le 8 octobre), «Sexe, race et colonies» (éd. la Découverte) est bien un ouvrage d’histoire et d’anthropologie – un ouvrage de sciences humaines et sociales, dont le matériau d’étude est l’image – et non… un livre pornographique. Ce livre est le fruit de la collaboration de 97 chercheurs et spécialistes reconnus pour leurs travaux sur l’histoire de l’esclavage, du colonialisme, de la sexualité ou du corps. Des chercheurs travaillant dans plus de 30 universités ou laboratoires dans le monde entier. Leurs contributions respectives, réparties en 20 articles et en plus de 120 notices, sont illustrées par des sources iconographiques diverses : gravures, peintures, illustrations, affiches, cartes postales, photographies de la culture matérielle, archives anthropologiques et ethnographiques provenant d’institutions muséales européennes ou de collections privées.

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« Quatre siècles de chansons grivoises et paillardes aux  Antilles-Guyane » par Esther Eloidin

Publication aux Caraïbéditions de l’essai de Esther Eloidin, universitaire et musicologue, intitulé Quatre siècles de chansons grivoises et paillardes aux Antilles-Guyane qui sort le le 19 février 2021.

I. DÈS LE BERCEAU…

Chers parents, vous avez tous chanté des comptines à vos enfants. Nous vous faisons grâce des berceuses françaises telles « Au clair de la lune« , « Ne pleure pas Jeannette« , « A la claire fontaine » et bien d’autres chansons obscènes soufflées à l’oreille de vos tout-petits. Arrêtons-nous juste un instant sur notre répertoire antillo-guyanais.

Il n’est pas sûr qu’après avoir découvert le sens caché de ces textes, vous continuerez à les entendre de la même façon.

Cela est aussi vrai pour les chansonnettes des cours de récréation. Certaines, apparues à partir des années 60, relevaient carrément de l’obscénité pure et dure. Pas sûr que ces jeunes d’alors osaient les chanter à tue-tête devant leurs parents ou leurs enseignants.

Au-delà de leur fonction divertissante, que nous révèlent ces chansons ?

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Le voile et l’invention d’une sexualité musulmane

— Par Bruno Nassim Aboudrar —

Le voile sur la tête des femmes, sur leur visage à plus forte raison, n’est pas une prescription coranique. Le verset qui recommande aux femmes de rabattre une étoffe sur leur poitrine (non sur leur face) en présence d’hommes étrangers au cercle familial, n’en est pas moins révélé dans une visée plus générale de maîtrise des pulsions libidinales, et tout particulièrement des regards de concupiscence. Rappelons pour mémoire la sourate XXIV – La Lumière – où se trouve cette fameuse recommandation, dans la traduction assez crue qu’en offre Jacques Berque : « 30 – Dis aux croyants de baisser les yeux et de contenir leur sexe : ce sera de leur part plus net. Dieu est de leurs pratiques Informé. 31 – Dis aux croyantes de baisser les yeux et de contenir leur sexe ; de ne pas faire montre de leurs agréments sauf en ce qui en émerge, de rabattre leur fichu sur les échancrures de leur vêtement[1] »

La teneur érotique du contexte qui impose cette recommandation ne fait aucun doute. En effet, avant ces versets, dans cette même sourate, fornicateurs et fornicatrices ont d’abord été condamnés au fouet ; puis ceux qui calomnient une femme et, vraisemblablement, l’accusent à tort de fornication ; enfin, à des peines moindres toutefois, les indiscrets qui entrent à l’improviste, sournoisement, dans l’intimité des maisons.

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Colonialisme : le réveil des mémoires en Europe

— Par Sabine Cessou (Bruxelles), Anne Le Nir (Rome), Tristan de Bourbon (Londres), Laurent Larcher —

Déboulonner les statues des figures de la colonisation, débaptiser les rues, les écoles et les places qui portent leur nom, ce phénomène relancé dans le sillage de la mort de George Floyd aux États-Unis et du mouvement « black lives matter » touche aussi les anciennes puissances coloniales européennes. Si les gestes se ressemblent, la question coloniale ne se pose pas, pour autant, de la même manière dans chacun de ces pays. En France comme au Royaume-Uni, l’indignation a prévalu face à ces mouvements de colère. Mais pas pour les mêmes raisons.

En France, l’histoire coloniale s’est renouvelée

« Ce mouvement n’est pas acceptable dans sa forme, il est antidémocratique et péremptoire. Il est autant anachronique qu’ignorant. Et enfin, c’est nous engager dans un processus sans fin qui nous conduira jusqu’à Jules César et même aux Grecs », confie Jean-Noël Jeanneney, résumant la position de nombre d’historiens, de Mona Ozouf à Michel Winock. « Il faut expliquer, expliquer et non détruire : c’est la meilleure des fidélités que l’on puisse exprimer aux victimes de la colonisation ».

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Systémique

Contribution au débat sur l’histoire martiniquaise

— Par Ali Babar Kenjah —

La controverse qui accompagne salutairement le déchoukaj organisé le 22 mé dernier par les résistants radicaux RVN, a pour mérite d’ouvrir spectaculairement un nouveau champ de confrontation où chacun est sommé d’argumenter sa position, révélant ainsi les divergences d’approches et les perspectives opposées des uns et des autres. Par un réflexe corporatiste, de nombreux spécialistes des questions historiques ont préféré ignorer la légitimité de ces analyses alternatives pour porter la critique sur ce qu’il considère comme un anachronisme, tout à la défense de la pensée académique qui a soutenu le culte du Libérateur. Culte de la personnalité au service d’une entreprise d’aliénation. Cette posture défensive, le plus souvent arc-boutée à une pratique datée et obsolète de l’histoire, pose de nombreuses questions quant à la bulle de confort intellectuel qui provincialise et ringardise la connaissance du passé de nos sociétés. A mes yeux les tenants de l’historiographie académique martiniquaise pâtissent de quatre tares invalidantes, toutes liées à une approche formatée de leur discipline. Approche que je qualifie d’historicisme et qui privilégie une suite séquentielle de conjonctures au détriment d’une compréhension globale de l’histoire longue.

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Voir, revoir, ne jamais ou ne plus voir, lire ou ne pas lire la saga « Autant en emporte le vent »

Un livre, un film qui font aujourd’hui polémique

Participant à un stage de formation à l’analyse filmique, alors toute jeune enseignante, il me fut donné de travailler sur ce film… et de partager l’émerveillement purement cinématographique et esthétique, de ressentir l’émotion qui fut celle du formateur nous expliquant, outre le procédé technique, la force incomparable du dernier plan long, qui voit de dos, dans un superbe travelling arrière, Scarlett s’éloigner seule vers son domaine de Tara. Dans mon innocence, je regardais d’abord l’histoire de Scarlett et Rhett, Scarlett comme une de ces héroïnes à la recherche de sa liberté de femme, déterminée à s’imposer dans un monde d’hommes, où elle tracerait son chemin, fière et résolue. Il est certain que mon regard, nourri d’autres lectures et d’autres enseignements, sur l’ensemble du film ne saurait être tout à fait le même aujourd’hui. Cependant je ne voudrais me priver de certaines séquences culte à la sauvage beauté, ainsi de Scarlett et Retth traversant avec leur petite fille la ville d’Atlanta en feu…

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« Primitivismes; une invention moderne « 

— Par Philippe Dagen —

Dans un moment où l’histoire des cultures est en cours de réécriture et ne peut plus être réduite à la chronique des avant-gardes occidentales, et alors que les études postcoloniales ont plusieurs décennies d’ancienneté, une notion est demeurée jusqu’ici à l’abri de toute révision critique : primitivisme. Le mot est d’usage courant dans la langue de l’histoire de l’art autant que dans celle de la critique et du marché de l’art actuel. La notion dont il est dérivé, primitif, ne saurait plus être employée. Mais primitivisme résiste, fort de l’autorité qu’acheva de lui conférer une exposition célèbre du MoMA de New-York en 1984 et les noms de ses plus fameux artistes – Gauguin, Matisse, Picasso, Kirchner, Nolde, Kandinsky, Klee, Miró, Giacometti, etc. – et de ses plus illustres écrivains – Jarry, Apollinaire, Cendrars, Tzara, Breton, Éluard, etc. Aussi est-il nécessaire de mettre à nu tout ce qu’il contient de sous-entendus et de stéréotypes depuis que primitif, dans le dernier tiers du XIXe siècle, est une notion centrale de la pensée occidentale. Premier constat flagrant : le colonialisme des puissances européennes, avec ce qu’il suppose de racisme et de conquêtes, est la condition nécessaire du développement de l’ethnologie, de l’anthropologie et des musées.

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« Déconstruire les images de l’éroticolonie »

—Par Sylvie Chalaye et Pascal Blanchard —

Sylvie Chalaye est anthropologue et historienne, codirectrice de l’Institut de recherche en études théâtrales de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Pascal Blanchard est historien, chercheur LCP/CNRS (Paris), codirecteur du Groupe de recherche Achac

 « Sage comme une image » dit la formule populaire… et il est vrai que le danger, ce ne sont pas les images en soi, mais leur performativité, leur capacité à habiter notre inconscient sans que l’on ne s’en rende compte, de manière insidieuse, et surtout subliminale, parce que nous perdons à notre insu notre libre arbitre, nous sommes agis par les images et ce qu’elles contiennent sans prise de distance, sans prise de conscience. L’action des images procède par infusion de la société, une infusion de masse qui entretient un conditionnement dont il est difficile de se défaire.

La littérature d’anticipation et le cinéma ont largement dénoncé la capacité des images à impressionner nos représentations et nos imaginaires, mais l’influence secrète des images du passé n’a pas encore été largement étudiée. C’est à l’évidence un immense chantier pour les historiens et les chercheurs que de s’attacher aux images traitant de la sexualité, de la corporalité et de la domination en contexte colonial.

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Sciences sociales : nouveautés du 24 novembre 2019

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Sauvages, au cœur des zoos humains.

Un film choc… et des images qui choquent

— Par Roland Sabra —

La soirée d’ouverture du Festival International du Film Documentaire de Martinique (FIFDoM?) dont le thème, en cette année  2019, est « Les révoltés du Monde » a fait salle comble à Madiana. Tout le monde n’a pas pu entrer dans la salle pour un voir un film coup de poing.

Le titre en lui-même est une provocation: Sauvages au cœur des zoos humains». Le premier et les deux derniers termes sont inacceptables.

De 1820 à 1940 le système colonial a exhibé des hommes, des femmes et des enfants comme des sauvages, des monstres dans des enclos, des cirques, derrière des grilles dans des expositions universelles ou coloniales, dans de véritables zoos humains. Ils et elles s’appellent Petite Capeline, Fuégienne de Patagonie (Chili actuel), Tambo, Aborigène d’Australie, Moliko, Kali’na de Guyane, Ota Benga, Pygmée du Congo, Marius Kaloïe, Kanak de Nouvelle-Calédonie, Jean Thiam, Wolof du Sénégal. Six parmi les trente-cinq milles montrés comme des bêtes de foire, dans leur «animalité» à un milliard et demi de visiteurs en Europe et en Amérique du Nord.

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Érotisme et colonialisme, le piège de la fascination

L’appropriation coloniale des corps est un sujet passionnant. Mais dans « Sexe, race & colonies », la recherche de l’effet esthétique suscite le malaise.

Que, entre la colonisation et la prédation sexuelle, il y ait eu des continuités ou même une relation intrinsèque : l’hypothèse, non seulement relève de l’évidence, mais ouvre des voies passionnantes d’exploration des enjeux anthropologiques de l’ère coloniale. Que les images qui ont alors circulé (tableaux, photographies, cartes postales, pornographie…) soient une de ces voies : ce n’est guère plus contestable, et guère moins prometteur.

Illustration extraite de « Sexe, race & colonies » : « Chinde. Branco & Negro. Black & White », carte postale, Mozambique, 1907. OLIVIER AUGER

D’où vient alors qu’on ne puisse ouvrir sans malaise Sexe, race & colonies, qui aborde l’appropriation coloniale des corps avec une ampleur historique (six siècles) et une richesse documentaire (1 200 documents iconographiques) assez rares ? Comment expliquer ce sentiment d’être face à un objet mal ajusté, faiblement pensé, malgré la contribution de dizaines de chercheurs et l’intérêt incontestable de beaucoup de leurs analyses ?

Aussi bien le livre et le début de sa promotion dans la presse suscitent-ils quelques remous.

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Parutions : nouveautés du 16 décembre 2017

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Adolescebat autem obstinatum propositum erga haec et similia multa scrutanda, stimulos admovente regina, quae abrupte mariti fortunas trudebat in exitium praeceps, cum eum potius lenitate feminea ad veritatis humanitatisque viam reducere utilia suadendo deberet, ut in Gordianorum actibus factitasse Maximini truculenti illius imperatoris rettulimus coniugem.

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas.

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Le syndrome de Lynch

Intervention  à la demande des enseignants du L.P. Dumas Jean-Joseph Jeudi 09 Février 2017

— Par Robert Saé —

En premier lieu, je voudrais vous parler de la manière dont le texte du discours de William (ou Willy) LYNCH nous est parvenu. C’est un ami rasta qui, Il y a plus d’une vingtaine d’années, me l’a porté. Son épouse qui est d’origine anglophone, l’avait découvert alors qu’elle faisait des recherches dans une bibliothèque londonienne. Elle l’avait traduit et ramené en Martinique avec l’intention de le vulgariser.

A cette époque, je l’ai lu et commenté à plusieurs occasions dans une émission que j’animais en radio. L’objectif était surtout de dénoncer l’application du fameux principe « diviser pour régner ». Nous avons aussi entrepris de diffuser le texte auprès des contacts que nous avions à l’extérieur du pays et nous avons pu observer qu’il a été largement propagé.

A la même période, j’effectuais une recherche, en m’appuyant sur les éclairages théoriques de Frantz FANON, pour tenter de comprendre les contradictions comportementales qu’on pouvait observer dans notre société. Chez une même personne : alternance de l’amour et de la haine envers de mêmes individus, violence circulaire cohabitant avec une extrême générosité ; autodénigrement systématique et, contradictoirement, culture du paraître, volonté de supplanter ses pairs et, en même temps, refus viscéral de la « pwofitasyion», etc.

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« Contre-histoire du libéralisme », de Domenico Losurdo

— Par Jérémy Perrin —
domenico_losurdo-400Victor Hugo passe pour être l’auteur de l’observation selon laquelle « l’amour des Anglais pour la liberté se complique d’une certaine acceptation de la servitude d’autrui. » Si l’on réclame des preuves, c’est du côté de Domenico Losurdo qu’il faut se tourner, avec cette Contre-histoire du libéralisme qui paraît aux éditions La Découverte, traduction bienvenue d’un ouvrage italien, paru en 2006 aux éditions Laterza. Le philosophe d’Urbino, spécialiste de Hegel, nous y propose une enquête attentive sur les angles les moins flatteurs du libéralisme réel. Il insiste en particulier sur la permanence massive de pratiques attentatoires à toute liberté, dans les sociétés britanniques et américaines des XVIIIe et XIXe siècles.

Les premières révolutions « libérales » – celles d’Angleterre, d’Amérique et bien sûr, avant cela, de Hollande – ont largement renforcé l’esclavage. Bien loin de constituer une menace pour lui, leurs principes généreux l’ont conduit à son âge d’or – statistiquement visible à l’explosion du nombre d’esclaves. Domenico Losurdo parle ainsi d’un « accouchement gémellaire » du libéralisme et de l’esclavage racial. Ce thème constitue le point de départ de sa démarche qui, par un jeu serré de citations éclairées par quelques faits de contexte, nous conduit des colonies à la métropole, avant d’aborder la vision mondiale des libéraux classiques, puis de conclure par l’héritage supposé de cette vision dans les catastrophes politiques du siècle dernier.

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Parutions de décembre 2013

 parutionsLE TÉLÉPHONE DE GRAND DANGER
Un téléphone pour sauver des vies de femmes
Patrick Poirret
Pas moins de 38% du total des meurtres de femmes sont commis par des partenaires intimes. Face à ce constat alarmant, le Procureur Général Patrick Poirret cherche à élaborer un dispositif destiné tout à la fois à empêcher le passage à l’acte et à sécuriser les femmes – et les enfants – en très grand danger. Un téléphone d’alerte de grand danger va ainsi être mis en place à titre expérimental. Voici comment ce dispositif a pu exister, faire ses preuves. Sa mise en place à fait l’objet d’une véritable politique de justice partenariale, tout à fait inédite en France. Aujourd’hui il va être généralisé à l’ensemble des départements.

(Coll. Antidotes, 14,5 euros, 140 p., décembre 2013) EAN : 9782343024745

LA CITOYENNETÉ AU FÉMININ
Maudy Piot
Le 11 avril 2013, à l’Hôtel de Ville de Paris, l’association « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir », célébrait son dixième anniversaire. Avec comme mot d’ordre : Femmes handicapées, citoyennes avant tout ! Voici une petite association qui a du mal non seulement à vivre mais à acquérir une visibilité dans un univers à dominante essentiellement masculine, qui bouscule les idées reçues, impose la présence des femmes handicapées au coeur de la société.

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Habiter « le pan d’un grand désastre »

— Par Jeanne Wiltord —

Je remercie, Mme Suzanne Ravis et M. Georges Aliker de m’avoir transmis certains documents sans lesquels je n’aurais pu écrire ce texte.

«Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur à l’abrutir au sens propre du mot… et montrer que chaque fois qu’il y a au Viêt-Nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère…il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.»

A. Césaire Discours sur le colonialisme (1950)

«C’était l’inconscient qu’on leur avait vendu en même temps que les lois de la colonisation, forme exotique, régressive, du discours du maître, face du capitalisme qu’on appelle impérialisme.»

J. Lacan, L’envers de la psychanalyse (18/02/1970)

Dans son numérod’Avril -Juillet 1955, la revue «Présence Africaine» publiait un poème d’Aimé Césaire intitulé :

« Réponse à Depestre, poète haïtien

(Éléments d’un art poétique).

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Qui était vraiment René Maran, le premier Goncourt Noir ?

 — par Selim Lander —

 


Le 14 décembre 1921, l’Académie Goncourt a couronné un jeune écrivain de 34 ans, René Maran, pour son roman Batouala. Au cinquième tour de scrutin ne restaient plus en lice que L’Épithalame de Jacques Chardonne et Batouala. Avec cinq voix contre cinq les deux romans étaient à égalité. Le second l’a emporté grâce à la voix prépondérante du président Gustave Geoffroy. Les autres candidats de cette année-là n’ont guère marqué l’histoire littéraire, à l’exception de Pierre Mac-Orlan qui concourrait avec La Cavalière d’Elsa. Comme le nom l’indique, Batouala est un roman africain. Par contre le nom de l’auteur ne révèle pas qu’il s’agit d’un noir, « le premier Goncourt noir ».

René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui menait ses parents d’origine guyanaise à Fort-de-France. Comme c’est là où sa naissance a été enregistrée, on le présente souvent comme un écrivain de Martinique. En réalité, il n’est resté sur cette île que les trois premières années de sa vie, avant de déménager avec sa famille au Gabon où son père devait poursuivre sa carrière d’administrateur colonial.

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La Mort du Colibri Madère, de Claude-Michel PRIVAT

—Par Fernand Tiburce FORTUNE

 Roman

L’Harmattan

 

 

  par Fernand Tiburce FORTUNE, écrivain

 Le premier contact avec Claude-Michel Privat eut lieu sur les hauteurs du Carbet, au lieu-dit Morne aux boeufs, chez un ami commun en vacances au Pays, et qui m’avait déjà présenté l’ouvrage dans son appartement parisien. Il est toujours agréable de mettre un visage sur celui qui a été habité par l’écriture, de la première idée à la conclusion d’un livre, de celui qui a été tourmenté par la première page qui n’en finit pas d’aboutir, qui a été désespéré par le stylo qui n’avance plus, alors qu’il y a tant à dire, mais comment ? Car ce jour-là, rien ne va, les mots ne s’emboîtent pas les uns aux autres pour faire apparaître le miracle attendu du lecteur. Il est agréable de rencontrer celui qui a maintenant peur de cette œuvre qui ne lui appartient plus et qui va être l’objet de toutes les attentions favorables, comme défavorables, l’objet de critiques, d’approbation, d’émerveillement. Ou alors qui subira une indifférence courtoise ou agacée.

 Le problème de la première œuvre est celui aussi de l’anonymat.

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