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« La Nuit caribéenne », d’Alfred Alexandre, m.e.s. Ewlyne Guillaume, jeu Serge Abatucci & Philippe Calodat

Jeudi 10 Novembre 2022 – 19h30 Tropiques-Atrium

Texte : Alfred Alexandre
Mise en scène : Ewlyne Guillaume
Avec : Serge Abatucci, Philippe Calodat
Crédit photo : Ronan Lietar

Création 2022
Ils sont au chômage après avoir exercé le métier de « dogues » : hommes de main d’un parti politique. Deux frères de sang, deux « frères de couleur », deux dogues, deux chiens errants, chiens parmi les chiens… Chiens sans maîtres : voilà le malheur !
Frantz, est « l’éternel serviteur ». Collé à son île, il est inscrit dans la punition, la privation. Il choisit la vie à petit prix.
Quant à Georges, tout indique sa fragilité vitale, il est incapable de s’émanciper de sa souffrance, il est « otage de sa propre douleur ».
La pièce au-delà du « drame de la jalousie fraternelle » se termine par le meurtre de Georges tué par son frère… Dans une société au bord du précipice, il ne nous resterait donc plus qu’à nous entre dévorer ? Ou bien, s’agirait-il ici, de la venue annoncée des quatre cavaliers de l’apocalypse : vecteurs de bouleversements féconds ?

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« La ballade de Leïla Khâne », texte d’Alfred Alexandre, m.e.s. Psyché Anne-Alex

  Jeudi 27 & samedi 29  octobre à 19h. Vendredi 28 octobre à 9h (spécial scolaire) au T.A.C.

La Compagnie KUUMBA régit par l’association Ujima Spectacle présente sa première création théâtrale.
Metteur en scène : Psyché Anne-Alex
Avec
Psyché Anne-Alex (conteuse)
Yannick Eugène (la voix du désert et voix off de Majnoun)
Lindy Callegari (Leila Khane)
Création lumière : Vivianne Vermignon

Regard extérieur / mise en scène : José Exélis

La ballade de Leïla Khane est un grand poème ou peut-être un étrange bateau. Leïla nomme l’absence. Cette légende fait de l’amour une île qui évite aux amants la mort et la folie. C’est encore Leïla qui dit l’exil, les ports, les déserts, les océans et les villes.

Leïla dit que certains jours nos îles meurent
l’après-midi au bord de l’océan
Leïla dit que depuis qu’elle m’a aimé
sa soif est une soif d’îles qui nagent vers les continents
Leïla dit que longtemps elle a cru ne jamais mériter
même la caresse d’un grain de sable
cherchant du bout des doigts l’amour sur son visage

Point de vue de l’auteur

« La ballade de Leïla Khane est une variation autour du mythe de Laylâ et Majnoun

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Petites forme 2021 : Evan Placey, Ina Césaire, Alfred Alexandre

— Par Selim Lander —

Ces filles-là : rafraîchissant

Traiter un thème grave sans jamais se prendre au sérieux : n’est-ce pas le premier secret du théâtre moral ? Car on peut bien parler de « théâtre moral » à propos de cette pièce. Il ne s’agit pas en effet ici de dénoncer les injustices dont seraient victimes une catégorie sociale – comme l’exploitation d’une classe par une autre – auxquelles un changement de politique pourrait remédier, mais de faire prendre conscience d’un travers qui semble inhérent à la nature humaine, à savoir la recherche d’un bouc-émissaire : soit comment « oublier » ses propres travers en désignant un responsable de tous nos maux. Ainsi, en Martinique, on chargera la « caste béké » du péché du chlordécone comme si l’île « toute entière », c’est-à-dire plus précisément les planteurs petits et gros et les élus, avec la complicité des syndicats, ne s’étaient pas entendus pour demander dérogations sur dérogations (ce qui n’exonère évidemment pas une administration structurellement trop complaisante).

Evan Placey s’intéresse à un cas particulier de bouc-émissaire : le souffre-douleur des cours de récréation, ou plutôt la souffre-douleur, en l’occurrence.

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« Le dernier jour d’un condamné », d’après Victor Hugo, adaptation Alfred Alexandre, m.e.s. José Exélis

Victor Hugo rencontre plusieurs fois le spectacle de la guillotine et s’indigne de ce que la société se permet de faire de sang-froid ce qu’elle reproche à l’accusé d’avoir fait. C’est au lendemain d’une traversée de la place de l’Hôtel-de-Ville où le bourreau graissait la guillotine en prévision de l’exécution prévue le soir même que Victor Hugo se lance dans l’écriture du Dernier Jour d’un condamné qu’il achève très rapidement2. Le livre est édité en février 1829 par l’éditeur Charles Gosselin mais sans nom d’auteur. Ce n’est que trois ans plus tard, le 15 mars 1832, que Victor Hugo complète son roman par une longue préface qu’il signe de son nom.

Synopsis :
Ce roman se présente comme le journal d’un condamné à mort écrit durant les vingt-quatre dernières heures de son existence dans lequel il raconte ce qu’il a vécu depuis le début de son procès jusqu’au moment de son exécution, soit environ cinq semaines de sa vie. Ce récit, long monologue intérieur, est entrecoupé de réflexions angoissées et de souvenirs de son autre vie, la « vie d’avant ».

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«Au bout du pays» d’Alfred Alexandre

Vendredi 25 janvier 2019  à 19H Salle La Terrasse

Mise en lecture avec : Dominik Bernard (Lecture) & Alex Bernard (Contrebasse)

Dans le cadre d’un compagnonnage entre l’auteur Alfred Alexandre et la Cie Les Enfants de la Mer, en résidence à Tropiques Atrium Scène nationale

Alfred Alexandre est né le 14 décembre 1970 à Fort-de-France (Martinique). Il suit des études de philosophie à Paris pour ensuite revenir en Martinique en tant que professeur de philosophie et chargé de cours à l’université des Antilles et de la Guyane.

Bord de canal, son premier roman publié en 2005, est gratifié l’année suivante du Prix des Amériques insulaires et de la Guyane. Sa première pièce de théâtre, La Nuit caribéenne (2007) est saluée par Etc_Caraïbe qui lui octroie en mai 2009 une résidence d’écriture à Québec. Cette même pièce est mise en lecture au théâtre Foyal (Fort-de-France), à la scène nationale de Bourgogne (Creusot) et mise en scène en 2010 par Arielle Bloesch (à Fort-de-France et représenté à Dakar dans le cadre du Festival mondial des arts nègres). Sa résidence d’écriture canadienne au Centre de la francophonie des Amériques (CEAD) lui donne l’occasion de présenter son texte théâtral Le Patron.

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« Ici,au bord de l’ailleurs »… rencontre artistique autour du théâtre d’Alfred Alexandre

Mardi 29 mai à 18h45 à la B.U.

La BU du campus de Schoelcher est heureuse de vous inviter, mardi 29 mai à 18h45, à la représentation de « Ici, au bord de l’ailleurs », libre adaptation chorégraphiée et dansée par Laurent Troudart (Cie Art & Fact) de La Nuit caribéenne et de Le Patron, d’Alfred Alexandre.

La Nuit Caribéenne et Le Patron, sont deux pièces réunies en un recueil paru en 2016. Un seul ouvrage rassemblant des personnages, des cadres de temps, d’action et de lieux qui se renvoient en écho le singulier d’existences abîmées se débattant à huis clos. Métaphore de nos société antillaises guidées par une boussole incertaine, soumises à un ordre social étouffant, fatiguées d’elles-même mais toujours en demande, ces deux pièces d’Alfred Alexandre éclairent d’une lumière crue les marges où des âmes errantes se réunissent encore en d’improbables dialogues, soutenues par un instinct de survie à la flamme chancelante mais jamais éteinte.

Co-fondateur de la compagnie Art&Fact qui, depuis 2012, nous a livré plusieurs créations « interrogeant les héritages qui affectent les corps noirs ou les regards qui les enferment » (*), Laurent Troudart a souhaité se porter ainsi à la rencontre de ces deux textes selon une démarche de création relevant de la libre adaptation, et selon un angle d’approche particulier.

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« Le bar des Amériques » par Alfred Alexandre

le_bar_des_ameriques« Le bar des Amériques » par Alfred Alexandre édité chez « Mémoire d’encrier »
L’écrivain martiniquais Alfred Alexandre présentait son dernier roman au festival « Etonnants Voyageurs » de Saint-Malo (du 14 au 16 mai 2016). « Le bar des Amériques » conte l’amour perdu entre deux protagonistes dont l’existence dérive. L’auteur écrit sur les désirs, les manques et les douleurs. Projecteur sur la plume d’un écrivain qui fait des vagues…
Les îles sont propices à la littérature, qu’elles soient bretonnes ou caribéennes… A Saint-Malo, le festival « Etonnants Voyageurs » qui vient de s’achever, a réuni des écrivains aux univers variés. Parmi eux Alfred Alexandre, l’un des chefs de file de la nouvelle génération d’écrivains antillais, au parcours auréolé de plusieurs prix littéraires.

Après des études de philosophie à Paris, Alfred Alexandre retourne en Martinique, où il vit et exerce actuellement la profession d’enseignant-formateur en français. « Bord de canal », son premier roman publé en 2005 a obtenu le « Prix des Amériques insulaires et de la Guyane 2006 ». Son premier texte théâtral, « La nuit caribéenne », avait été choisi parmi les dix meilleurs textes francophones au concours général d’ETC Caraïbe en 2007.

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« Aimé Césaire, la part intime », d’Alfred Alexandre

cesaire_part_intim-2Vient de paraître chez Mémoire d’encrier Aimé Césaire, la part intime, essai d’Alfred Alexandre, dans la collection Cadastres.
Avec Aimé Césaire, la part intime, Alfred Alexandre propose de revisiter l’oeuvre poétique d’un auteur fondamental. Les poèmes de Césaire se montrent à la lumière de cet essai dans ce qu’ils ont de plus déchirant, de plus profondément humain. Un bonheur que cette petite anthologie secrète de Césaire.
Point de vue de l’éditeur
Poème après poème, Aimé Césaire construit et conquiert sa part de liberté. Recueil après recueil, l’aventure du poème de Césaire est revendiquée pour sa part collective. La part intime est ainsi noyée, dans la foule à côté du cri. Alfred Alexandre nous dit que la poésie de Césaire est avant tout récit de soi, conjurant les démons de l’histoire et les mauvais vents de ces poussières d’îles déportées. Aimé Césaire, c’est une parole d’abord intérieure, bien que prophétique, un jaillissement interne qui deviendra plus tard cadastre. Un sujet libre qui regarde souverainement le monde, et qui rêve de magies, de cris et d’armes miraculeuses.
Point de vue de l’auteur
« Alors que l’habitude est de lire la poésie de Césaire à partir de sa théorie de la culture et de sa pensée politique (très postérieures, à vrai dire, à son engagement poétique), le pari de l’essai est de dégager le texte poétique du vacarme idéologique qui l’entoure.

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Les villes assassines d’Alfred Alexandre

aux éditions Écriture

Dans ce quartier où règnent l’inaction et le dénuement, Slack impose ses règles. Qu’il sillonne les rues dans son hummer ou les arpente entouré de ses milices, on le craint autant qu’on le respecte. Il est à la fois le garant d’un certain ordre et le pourvoyeur des plaisirs des vendredis et samedis soirs. Dans l’impasse de la rue Sans-Retour, au rythme de la musique de Big Time, son cheptel de danseuses ravit les spectateurs. Evane, le narrateur, n’a d’yeux que pour Winona, qu’il sait intouchable. Le hasard et le désespoir finissent pourtant par rapprocher ces deux âmes écorchées, les conduisant loin de la ville, sur les collines où ils ne sont guère dérangés que par le bruit du vent et des vagues. En construisant ce fragile bonheur, Winona et Evane enfreignent des lois tacites. Et la riposte de Slack ne tarde pas à venir.

Cette lecture offre une manière de tragédie classique, projetée dans le XXIe siècle des bas-fonds antillais. L’amour interdit, le crime de lèse-majesté, du sang et des larmes. On devine la fin très vite, tant le schéma de l’intrigue en rappelle d’antérieurs.

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Patrick Chamoiseau et la complexe question des « langues régionales » et des « langues officielles » : une invitation au débat

 — Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue, Montréal —

Le romancier martiniquais Patrick Chamoiseau a publié un article qui doit être lu avec la meilleure attention, « Si nous restons à patauger dans l’imaginaire colonial, la guerre des langues restera en vigueur » (Madinin’Art, 3 septembre 2023). Il s’agit d’un texte intéressant à plusieurs égards et il est tout à fait indiqué que l’un des plus talentueux écrivains de la Caraïbe offre en partage sa réflexion sur des questions linguistiques. Pour mémoire, il y a lieu de rappeler que des écrivains et intellectuels martiniquais de premier plan ont auparavant réfléchi, avec compétence et de manière fort pertinente, sur les langues en contact dans l’aire caribéenne, sur la langue créole, la créolité, la « décréolisation », etc. Du romancier et essayiste Édouard Glissant au linguiste Jean Bernabé, du romancier et lexicographe Raphaël Confiant au philosophe et romancier Alfred Alexandre, l’apport des écrivains et intellectuels martiniquais tant à la littérature qu’à la créolistique mérite d’être revisité et il contribue à enrichir notre réflexion.

Parue dans la revue « Carnets » (Deuxième série, 13/2018) de l’Association portugaise d’études françaises, l’étude trop peu connue d’Adelaide Gregório Fins, « Créolité et voix de résistance chez Édouard Glissant » explore une thématique-clé de l’œuvre d’Édouard Glissant en ces termes : « Édouard Glissant évoque dans Le discours antillais (1997) la nécessité de revenir à la langue créole, ou plus exactement, à une voix française créolisée.

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Du côté des créateurs d’outremer

—  Par Dominique Daeschler —

Chapelle du verbe incarné. TOMA.

Si Pina m’avait demandé de Marion Schrotzenberger

Il y a de la fraîcheur et du culot dans ce « prenez-moi comme je suis ». Une danseuse qui élève seule ses enfants, change d’appartement, manque d’argent et de contrats nous fait entrer dans sa vie : l’école, le coup de fil qui annule un contrat, les jeux des enfants qui déconcentrent, le fouillis de l’appartement. Pour sublimer tout cela, les répétitions à la maison, avec Pina Bausch comme ange tutélaire et modèle. Tonique. De Marion Schrotzenberger on retiendra plus le travail de comédienne que celui de la danseuse. La gestuelle épurée de Pina Bausch est étouffée par un va et vient incessant de changements de costumes qui paraît gratuit, une évocation de diverses formes de danse qui donne un côté catalogue même si on y décèle une énergie pleine d’humour. De même, la présence sporadique du personnage masculin paraît anecdotique. Il reste que Marion Schrotzenberger a choisi la difficulté en nous embarquant dans son univers, quitte à s’y perdre parfois.

12h10.Jusqu’au 12 juillet.

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« Kannari ka di chodyè », de Joël Jernidier, m.e.s. José Exélis

Dimanche 9 Juillet 19h ➜ Théâtre Aimé Césaire
➽ 9h Brunch au Théâtre
➽ 19h Pièce de théâtre
L’histoire : 2 hommes, un Martiniquais, Martin et un Guadeloupéen, Ernesto, 2 amis qui se détestent à bord d’un vol transatlantique
Paris Pointe-à-Pitre/ Fort-de-France.
Vol de non retour ? Vol de tous les possibles ?
De fil en aiguille nous est livré un lourd secret liant et déchirant ces deux hommes, où le comique tutoie le tragique et vice versa. La pièce, dans des tonalités tragi comique, sombre et cocasse, nous donne à voir et à entendre toute une cosmogonie de nous-mêmes, entre terre et ciel, entre béton et goudron, entre pawols djoks et pawols qui déparlent..
Dans la pawol de ces 2 Antillais défilent, passé, présent, avenir. Où sont évoqués une série de personnages attachés à leur histoire personnelle, à leur non dits…
Entre Le temps de dire : Aïe coco merlo.
Ou an mitan lanmè, ou pé pa jouwé manman rétjen

– Durée : 1h15
– Auteur : José Jernidier
– Dramaturgie : Alfred Alexandre
– Mise en scène : José Exélis
– Comédiens : Joël Jernidier, José Dalmat.

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« La nuit caribéenne » mise en scène par Ewlyne Guillaume, ou l’art du ratage !

Comment passer à coté d’un texte!

— Par Roland Sabra —

Tout commence par un poncif. À l’entrée du spectateur ils sont déjà sur scène, Frantz l’aîné sur un bidon et Georges, le cadet, sur une poubelle, face à la salle, de part et d’autre d’un vague échafaudage. Visibles, mais pas pour autant présents. Stanislavski parlait des acteurs qui sont sur scène mais qu’on ne voit pas. La pièce, écrite par Alfred Alexandre, se construit autour du thème de la trahison. Ils sont frères et se sont engagés dans le service d’ordre d’un leader politique, en espérant, la victoire acquise, intégrer les forces de l’ordre institutionnelles, ou obtenir une quelconque reconnaissance. Le leader a trahi, il est passé du coté de l’ennemi. Les deux frères sont des laissés pour compte des promesses d’intégration sociale inaccomplie. Cette trahison politique redouble une autre, familiale celle-là. Frantz est un salop. Il a violé une femme, l’a tué, mis le feu à sa masure pour faire disparaître le corps, et fait endosser l’incendie par son petit frère, en lui confiant au moment de la découverte du crime une boite d’allumette.

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Où est Leïla ?

À propos de « La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché

— Par Roland Sabra —

Louis Aragon, dans Le Fou d’Elsa, s’inspirant du poème Medjoûn et Leïla de Jâmi (1414-1492), réinvente l’histoire de Leyla et Medjnûn en la transposant dans la Grenade de l’Andalousie arabo-musulmane du XVe siècle finissant. Le décalque est clairement revendiqué puisqu’en arabe « Fou de Leyla » se dit Medjnoun Leyla et « Fou d’Elsa » Medjnoun Elsa. Il met en scène, dans le contexte dramatique de la chute de Grenade, en 1490-1492, coïncidant avec la découverte de l’Amérique, la société andalouse, mêlant musulmans et juifs pétris de rationalisme.

La réinterprétation du mythe par Alfred Alexandre, tisse le lien entre la Carthagène des Indes, important centre de traite des esclaves et de transit de l’or issu des pillages des empires aztèque et inca, or destiné à l’Espagne et La Carthage tunisienne que Rome accusa longtemps de sacrifier des enfants, pratique qui va initier, dans les familles de notables, la coutume d’adopter un enfant d’esclave pour cet usage.

Revenons sur le mythe.

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« La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché

Par Selim Lander —

Elle elle s’appelle Leïla Khane
Et la grâce où je l’exile lui donne le courage des vents du large

Les Martiniquais connaissent bien Alfred Alexandre (né en 1970 à Fort-de-France) essayiste, romancier et auteur de théâtre, sans oublier son action en faveur des auteurs martiniquais au sein de l’association ETC (Écritures Théâtrales Contemporaines) – Caraïbe qu’il préside. La Ballade de Leïla Khane ne se rattache à aucun des genres précédents. Dans ce long poème amoureux, une certaine Leïla s’adresse à son amant, lequel rapporte ses paroles, d’où l’anaphore « Leïla dit ».

Leïla promène (ou « balade ») son interlocuteur des îles du Rosaire en face de Carthagène des Indes en Colombie, jusqu’à Santa-Maria au nord du pays, et au-delà jusqu’à Carthage dans l’actuelle Tunisie. Elle ne vient pourtant pas de l’antique Carthage, laquelle a donné son nom à la Carthagène espagnole et par ricochet à celle de Colombie. Comme l’indique l’auteur dans le prologue, son prénom évoque l’héroïne d’un conte arabo-musulman, qui rendit fou d’amour le poète Qaïs au point qu’on le surnomma « Majnoun Leïla » (le fou [d’amour] de Leïla).

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« Samuel ou la nuit des gens libres »

Texte : Ali Babar Kenjah
Adaptation : Alfred Alexandre
Mise en lecture : José Exélis
Avec Rita Ravier, Charly Lerandy, Christian Charles-Denis, Joël Jernidier et David Khatile

Production : ETC Caraïbes

Kenjah a ainsi mené plusieurs conférences de restitution de ses travaux à Tropiques Atrium, dont la dernière, la conférence « De l’autonomie martiniquaise, 1646-1956 » a clôturé le cycle le mercredi 30 juin (plus d’infos).

La deuxième de ces conférences « Habiter la clameur » ayant été menée via un live Facebook, est encore en accès libre, en replay ici.

Ali Babar Kenjah – « La nuit des gens libres » – théâtre
Philippe Alain Yerro, dit Ali Babar Kenjah, est un poète martiniquais. Chercheur en sciences sociales et Rastafari, il interroge les relations entre sociétés et culture. Diplômé de sciences politiques, d’un DEA du GEREC et d’un master de l’EHESS, il poursuit une thèse populaire sur modernité et colonialité à Marseille, archéologie d’une infusion du capital colonial antillais dans la modernisation de la France.

Après le mouvement social de 2009, il s’installe à Marseille et entame en 2012 un recyclage décolonial de ses modes d’intervention.

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Vitalité du théâtre en Martinique

— Par Selim Lander —

En Martinique on cultive les lettres de longue date et si elle sont moins connues que sa poésie, Césaire s’est également illustré par ses pièces de théâtre. Bien que les auteurs contemporains soient contraints de s’en tenir à des formats plus modestes que le maître, la tradition se perpétue avec de belles réussites. L’association ETC (pour Ecritures théâtrales contemporaines) – Caraïbe, présidée par Alfred Alexandre, lui-même auteur talentueux, est au service des dramaturges martiniquais, guadeloupéens et, dans une moindre mesure, conformément à sa raison sociale, caribéens. Elle a organisé les 9 et 10 novembre 2021, en relation avec l’Université des Antilles, des « Théâtrales » qui sont autant d’occasions de rencontres avec des auteurs et des textes d’aujourd’hui. Des Antilles ou d’ailleurs car les auteurs doivent s’ouvrir au monde, particulièrement sur une île. En l’occurrence, c’est un auteur venu de France qui est venu apporter le vent du large.

Chemin forgeant de Bernard Lagier

A tout seigneur tout honneur, il est logique de commencer cette brève revue par celui qui fait désormais office de doyen du théâtre martiniquais.

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Lettre d’information de la Direction des Affaires Culturelles de Martinique

Édition du 3 mai 2021

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Surprise! : « Le Condamné à mort », n’était pas celui qu’on attendait!

— Par Roland Sabra —

Alfred Alexandre n’est pas le premier à vouloir adapter « Le Dernier Jour d’un Condamné » ce roman à thèse de Victor Hugo. Pièces de théâtre, films, bande dessinée, opéra se succèdent dans le monde entier depuis 1829. Le livre, incontournable dans le parcours de tout lycéen, appartient au domaine public, il est en conséquence téléchargeable gratuitement en pdf et en version audio. C’est donc un texte connu que l’on s’attendait à retrouver dans l’interprétation de Dominik Bernard mis en scène par José Exélis le 27 mars 2021 à Tropiques-Atrium. Ce ne fut pas tout à fait le cas. Euphémisme! Le texte hugolien n’a été que le prétexte d’un autre texte qui a souffert de la comparaison. Rappelons d’abord quelques éléments pour mémoire. Le roman a été écrit en trois semaines, par l’auteur révulsé par plusieurs rencontres, dès 1822 avec le spectacle de la guillotine. S’il est écrit à la première personne, si le narrateur n’est pas identifié, si son crime n’est pas précisé au-delà d’une brève reconnaissance de culpabilité «« moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang !

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De « Moi dispositif Vénus » et de « Moi, Kadhafi » au Festival des Petites Formes 2021

— Par Roland Sabra —

D’Adeline Flaun, nous avons déjà vu en Martinique, la mise en scène de «Pas vu pas pris, qui ne dit mot consent et autres croyances populaires » une  libre interprétation de Liars Club de l’auteur américain Neil LaBute . Un an auparavant, en 2017 elle avait collaboré avec Arielle Bloesch, à la direction d’actrice d’ Aliénation(s) qui avait révélé au grand public Françoise Dô. De son travail théâtral nous n’aurons été privés, ici à Fort-de-France, que de sa mise en scène d’« Un parfum de Mongolfière » du stéphanois Alberto Lombardo. Dans « Moi dispositif Vénus », texte, m.e.s. et interprétation par elle-même, elle reprend la thématique qui semble être le fil d’Ariane de son travail, celui de l’exacerbation du désir, de la sexualité et de ses avatars, comme blessure et comme substitut à une demande d’amour qui faute de pouvoir se dire reste sans réponse, comme portée sur le vide.

Soit une île imaginaire dans laquelle la classe dominante de PK (péké,?) change son fusil d’épaule, abandonne, à la suite d’une crise systémique son monopole dans le domaine alimentaire (la canne ?,

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« Moi Kadhafi! », texte de Véronique Kanor

MOI KADHAFI !
« Un homme : il est perpétuellement en colère,
il s’interroge douloureusement.
Pendant ses crises, il voit comme dans un miroir brisé, déformé, des fragments de lui même entremêlés comme dans les tableaux cubistes des effilochures de kéfié, un demi profil buriné qui n’est pas le sien, des mirages tremblotants sous un soleil dur…
Les bouts de réalités, d’univers parallèles où d’impressions de déjà vu, ils les saisit avec le même émerveillement et la même précaution que l’on éprouve à ramasser au creux de la paume les plaques de mica dans les rares savanes de Guyane. Elles s’effritent aussitôt en minuscules paillettes lumineuses : témoins de mémoires inventées, ou de correspondances terribles. »

Ewlyne Guillaume
directrice artistique du centre dramatique Kokolampoe

*****

C’était pas facile d’écrire Kadhafi, l’impérialisme, le Diable, les revanches, les impuissances, la folie, nos folies… Mais j’y suis arrivée. Fin de l’écriture. Place maintenant au théâtre, aux corps, au jeu, à ce que je ne connais pas. Place à Alain Timár, le metteur en scène et à Serge Abatucci, le comédien.
C’était un honneur de finaliser l’écriture avec ces deux grands messieurs qui sont des théâtres à eux tout seuls.

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Entrevue avec Yanick Lahens, co-lauréate du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue—

À l’occasion de l’attribution à Paris, le 24 octobre 2020, du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020 à la romancière et essayiste Yanick Lahens, le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol, collaborateur régulier du journal Le National, s’est entretenu avec l’auteure de « Bain de Lune » (Prix Fémina 2014). Cette année, fait inhabituel, il s’agit d’un prix conjoint, le jury du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020 ayant récompensé trois auteurs, Élie Stephenson (Guyane), Yanick Lahens (Haïti) et Alfred Alexandre (Martinique). Yanick Lahens est la première titulaire de la Chaire Mondes francophones créée par le Collège de France avec l’Agence universitaire de la Francophonie, l’AUF. Elle a prononcé le 21 mars 2019 sa conférence inaugurale qu’on peut retrouver sur le site du Collège de France. L’enseignement de Yanick Lahens au Collège de France est consigné dans le livre « Littérature haïtienne : urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter » (Éditions Collège de France / Fayard, 2019). Le linguiste Hugues Saint-Fort a fait une remarquable recension de ce livre dans l’édition du 20 octobre 2020 du journal Le National.

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« OFFRANDES », de Philippe Bourgade

Exposition de photographies, Galerie André Arsenec, à Tropiques Atrium

« Offrandes », l’exposition vue par…

Claude Cauquil

Un parcours artistique s’évalue sur la durée d’une vie et l’on ne peut appréhender l’Œuvre d’un créateur que dans sa totalité ; pourtant certaines périodes, séries s’identifient dès leur réalisation comme marquantes. Il est des expositions charnières qui s’imposent comme l’aboutissement d’une recherche avant même d’accéder aux cimaises.

OFFRANDES que nous soumet Philippe Bourgade est de celles-là. Elle baigne d’un éclairage nouveau son travail photographique et l’ancre définitivement dans le patrimoine culturel caribéen.

Sa grande sensibilité plastique est évidente dans la somme d’images qu’il nous a livrée depuis trois décennies, mettant en place la transmission visuelle d’une Martinique des Mornes, travail en noir et blanc pour pérenniser le souvenir. Philippe nous a raconté son pays d’une manière qui a permis à beaucoup d’éclairer leurs propres réminiscences d’une aura de poésie. Aujourd’hui, les personnages ont déserté le visuel pour laisser la place à de simples éléments de nature. Ici ce n’est plus le photographe qui tel un réalisateur construit son image. Il se fait observateur, passeur de l’infini vers le visible.

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Le Discours antillais : la source et le delta

Colloque international les 4, 5 et 6 novembre 2019 en Martinique & Guadeloupe

Organisé par Dominique Aurélia et Laura Carvigan-Cassin

La fortune critique qu’a connu et que connaît encore Le Discours antillais quant à la réception de l’oeuvre conceptuelle d’Édouard Glissant doit certainement beaucoup à l’allure exhaustive de l’étude, tout entière placée dans son inspiration comme dans son ambition intellectuelle, sous l’épigraphe de Frantz Fanon : « une tâche colossale que l’inventaire du réel ». Or, c’est aussi cet aspect qui a étonné lors de la publication de l’ouvrage en 1981 au Seuil : il faut croire que cette ambition d’embrasser le réel de la société antillaise a également dérouté quant à la liberté de sa méthode, cette « hardiesse méthodologique » dont se revendique alors celui qui a déjà une œuvre littéraire derrière lui. Ce double effet dit en lui-même une fascination et un étonnement qui n’a pas cessé depuis la publication, dépassant les classifications. Ce paradoxe d’une réception critique dit certainement aussi la difficulté à percevoir correctement la place de l’ouvrage dans la réflexion d’Édouard Glissant, dont on a pu constater ultérieurement qu’elle ne pouvait s’apprécier qu’au gré du paradigme du mouvement.

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Les mots de l’aimée

— Par Zoé Courtois ( Le Monde des Livres)—

La légende perse d Leila et Majnoun raconte la passion d’un jeune homme pour Leila dont on lui refuse la main. Éperdu de douleur, il se met à entendre une voix terrible et magnifique qui sans cesse lui susurre le nom de son amour. Mais lorsque l’aimée vient enfin s’offrir à sa porte, le mjnoun ( le fou) gagne le désert. Car vivre avec Leila, dit-il, l’empêcherait de penser à l’amour qu’il a pour Leila. Autrefois visitées par Aragon et Darwich et même par Éric Clapton, ces célèbres figures de l’amour impossible trouvent dans ce fin et superbe poème d’Alfred Alexandre un nouveau visage. Ce n’est pas ici au poète qu’i incombe de chanter sa muse, mais à lui d’être le récipiendaire et le héraut des mots de l’aimée qui, comme dans la légende, s’est éloignée au profit de sa seule voix. D’où une anaphore qui insuffle au long poème son souffle singulier ( « Leila dit que »); d’où également l’amertume poignante du poète à qui l’absente refuse tout autre rendez-vous amoureux que celui qu lieu dans la poésie elle-même.

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