—Patrice Trapier —
Avec l’adaptation de « La bonne âme de Se-Tchouan » de Bertolt Brecht par Jean Bellorini, on a tout pour être heureux.
Une troupe de comédiens qui jouent, chantent et se dépensent sans compter; trois excellents musiciens qui, à la manière de Kurt Weill, ponctuent, accompagnent et s’intègrent à la pièce; un texte aux innombrables échos contemporains; un dispositif scénique beau, puissant, multiple. Shen Té est prostituée dans la capitale du Se-Tchouan, c’est en partie la Chine, en partie l’occident, en partie hier (la pièce a été écrite entre 1938 et 1940), en partie aujourd’hui. Les textes de Bertolt Brecht ont valeur de fable.
Trois Dieux chez Brecht, un seul chez Bellorini incarné par Mel Hondo, la voix française d’Eddy Murphy et Morgan Freeman, cherche(nt) désespérément une bonne âme. Sera-ce Shen Té, malgré son métier de prostituée, malgré les embûches que vont lui tendre les pauvre qui l’entourent (il n’y a jamais d’angélisme chez Brecht, les lois qu’il dénonce s’appliquent à tous), ses ruses, son dédoublement avec le cousin Shui Ta. Karyll Elgrichi incarne ce double rôle avec force, tendresse, fragilité.


Aux côtés de Willem Dafoe, l’ex-star de la danse joue l’absurde dans une farce surréaliste du metteur en scène américain.
Pour la première fois depuis plus de vingt ans, auteurs et spécialistes du théâtre de la Caraïbe, seront réunis à Paris pour échanger autour de du théâtre caribéen et pour le présenter au monde.
En 1976, à l’occasion du centenaire du Festival de Bayreuth, Patrice Chéreau mit en scène le Ring des Nibelungen, dirigé par Pierre Boulez. Aujourd’hui, ce Ring du centenaire est entré dans la légende. Toutefois, l’année de sa création, cette production provoqua un scandale retentissant, chose que l’on a facilement tendance à oublier.



—Dossier de presse de la 7ème édition —
— Par Alexis Campion—

Modelés dans l’argile, les visages des figurines s’inspirent du célèbre tableau de Munch, « Le Cri ».
Cette nouvelle saison sera sans nul doute celle des créations. Elles seront au nombre de sept sur les spectacles programmés et cela sans comptabiliser celles de la rencontre théâtre amateur du mois de mai.
Quand Georges Feydeau écrit en 1911 « Mais n’te promène donc pas toute nue » il est séparé de son épouse depuis deux ans Fatiguée des incartades de son époux, cocaïnomane avéré et bi-sexuel pratiquant, elle a pris un amant et Feydeau, dépité ou soulagé a quitté le domicile conjugal. Dés lors son écriture théâtrale va s’orienter vers une étude plus approfondie de la comédie de mœurs, genre dans le quel il va croquer avec férocité la médiocrité de la classe bourgeoise. L’argument de « Mais n’te promène donc pas toute nue » en témoigne.
Le Festival d’Avignon s’est achevé et avec lui la querelle des nominations à la tête des centres dramatiques nationaux. L’été passera, restera l’impression d’un bal masqué où chacun feint d’ignorer que la décentralisation culturelle n’est plus qu’un édifice rongé par le réel, laissant apparaître l’échec des artistes et des politiques à inviter au théâtre, l’ensemble de la communauté nationale. En France, le théâtre n’est plus ni un enjeu politique ni un enjeu esthétique. Les partis lui réservent deux lignes, en marge de leurs propositions de campagne. Le programme de la décentralisation culturelle et du théâtre populaire est à bout de souffle et le sublime édifice qui nous a tant fait rêver vacille.
Frères de sang est un spectacle théâtral total dans lequel la pantomime la danse, et plus largement la gestualité, accompagnées et rehaussées par le jeu des lumières, des mouvements des déplacements constituent un système de significations des plus denses.