Catégorie : Théâtre

Ce soir on improvise

 par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret

Cette aventure, nous raconte les acteurs en rébellion contre le metteur en scène, refusant l’illusion qu’on leur impose au profit de la sincérité passionnelle.
L’excès de présence et l’emprise du metteur en scène sur les comédiens, encourage le développement de velléités d’indépendance, pour trouver un espace de liberté. Toutes les sociétés sont à des degrés divers confrontés à ce problème et pour y faire face on veut revenir à ses repères. Pirandello déteste l’immobilité par conséquent, les formats, les systèmes tout ce qui fixe un aspect et tout ce qui gêne un songe. Ce théâtre indique que le refus de ce metteur en scène arrivé de France est le prétexte pour justifier un modèle théâtrale pirandellien également porteur d’une charge de méfiance très forte à l’égard de l’autre. Cette incommunicabilité de Pirandello relayée par Adrien, nous atteint en plein cœur, lorsqu’on constate qu’entre les intentions et les actes, se dresse un mur d’incompréhension ; entre l’auteur, et les acteurs déjà acquis à sa cause, peuvent-ils exprimer ce que l’auteur a voulu dire, si ce n’est à travers leur subjectivité personnelle … Sincère mais pas forcément fiable ?

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Le théâtre comme une cérémonie

Par Roland Sabra —

Il n’était pas dans le hall du théâtre à l’arrivée des spectateurs. Peut-être le grand froid hivernal, tombé sur Paris, ou bien l’exiguïté de ce lieu provisoire, les Ateliers Berthier sont en rénovation, ou alors ces deux raisons à la fois. A 20 heures précises les portes de la salle s’ouvrent, l’assistance s’avance silencieuse, les hôtesses murmurent à peine quelques indications de places. On entre dans une église, un temple. Il est là, assis au premier rang, un peu gauche et chaque spectateur est dévisagé, enregistré dans la mémoire du Maître, comme s’Il recevait chez lui et qu’Il voulait saluer chacun de ses hôtes. Combien sont-ils d’ailleurs ? Oh là encore tout est calibré et s’il y a beaucoup d’appelés, il y a peu d’élus. Cinq rangées de vingt places. Pas une de plus. Et l’on s’installe. Et si l’un ou l’une des participants échange avec son voisin, Il fait savoir par bouche à oreille, qu’Il réclame le silence. Et le fautif de se taire. Quant à celui qui pensait finir son casse-croute avant le début de la cérémonie, le Maître d’un regard sans appel lui fait comprendre l’inconvenance sacrilège d’un tel comportement.

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L’Arte Povera de Jandira Bauer : Psychose 4:48


par Selim Lander

Soirée mémorable, ce lundi 18 mai 2009, au Théâtre de Fort-de-France : c’était la première de la nouvelle création de Jandira De Jesus Bauer. Après la mise en scène « vaudou » des Bonnes de Genet, qu’elle avait proposée dans ce même théâtre l’année dernière (avant de la faire voyager jusqu’en Avignon), réussirait-elle à frapper encore plus fort ? D’une certaine manière, la réponse est oui.

« Proposer aux comédiens » (et suppose-t-on également aux spectateurs) « une autre réflexion sur le théâtre contemporain », indique le manifeste de sa compagnie, Activ’Art. Outre Genet, Becket fait partie de ses références les plus anciennes. Elle apprécie particulièrement la manière qu’a le second auteur d’exprimer « l’image de l’esprit aliéné du corps ». Il n’est donc pas trop étonnant que J. Bauer ait choisi de nous présenter le dernier texte de Sarah Kane, une auteure et comédienne qui fut aliénée au point de suicider à l’âge de 28 ans.

Les lecteurs de ce papier ne savent peut-être pas tous qui fut Sarah Kane (1971-1999). Elle est moins connue chez nous qu’en Angleterre où elle gagna une sorte de célébrité grâce au scandale suscité par sa première pièce, Blasted.

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« La Barque le soir », mise en scène de Claude Régy : le théâtre comme une cérémonie

— Par Roland Sabra —
Il n’était pas dans le hall du théâtre à l’arrivée des spectateurs. Peut-être le grand froid hivernal, tombé sur Paris, ou bien l’exiguïté de ce lieu provisoire, les Ateliers Berthier sont en rénovation, ou alors ces deux raisons à la fois. A 20 heures précises les portes de la salle s’ouvrent, l’assistance s’avance silencieuse, les hôtesses murmurent à peine quelques indications de places. On entre dans une église, un temple. Il est là, assis au premier rang, un peu gauche et chaque spectateur est dévisagé, enregistré dans la mémoire du Maître, comme s’Il recevait chez lui et qu’Il voulait saluer chacun de ses hôtes. Combien sont-ils d’ailleurs ? Oh là encore tout est calibré et s’il y a beaucoup d’appels, il y a peu d’élus. Cinq rangées de vingt places. Pas une de plus. Et l’on s’installe. Et si l’un ou l’une des participants échange avec son voisin, Il fait savoir par bouche à oreille, qu’Il réclame le silence. Et le fautif de se taire. Quant à celui qui pensait finir son casse-croute avant le début de la cérémonie, le Maître d’un regard sans appel lui fait comprendre l’inconvenance sacrilège d’un tel comportement.

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Le capitaine fracasse allume le Théâtre Aimé Césaire

— Vu par José ALPHA

 

  Le Capitaine Fracasse du Théâtre de l’Esquisse de Toulouse a précipité les martiniquais dès le passage de la porte du petit Théatre Aimé Césaire de Fort de France, dans la frénésie de la comédie de cape et d’épée de Théophile Gautier. Les dix comédiens (quatre femmes et six hommes) dirigés par Carlo Boso sur les tréteaux de la Comédia del arte, jouent, déjouent et rejouent avec panache, pour le bonheur du public autant que pour les colères du « directeur de la troupe indisciplinée », les intrigues, les compromis, les complots, les provocations, les duels, les farces, les amitiés et enfin le mariage des amoureux, sur un rythme décapant qui nous est cher surtout quand il nous fait rire de nous mêmes . Un spectacle conçu comme nous aimons le théâtre solaire des Antilles avec la truculence de ses personnages que nous reconnaissons bien au quotidien, avec ses comiques de situations, de mots, d’intentions et d’espiègleries périlleuses. Le spectacle est rodé et bien huilé, il tourne rond depuis 2001 sur les routes du territoire français ; les comédiens sont en bonne santé pour tenir la scène sans « bwa bandé » durant près de deux heures bourrées d’ astuces et de clins d’œil au cirque, à l’opérette, à la comédie musicale et aussi à la société martiniquaise.

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« Porter la plume dans la plaie »

— Par Roland Sabra —

  Ils sont plus de cent cinquante à former  ce qui n’a  de collectif que le nom pour dire leur attachement au label « Scène nationale » et à « une direction indépendante des pouvoirs politiques et de tout groupe de pression« . On ne sait pas trop comment ils se sont trouvés. Une plasticienne martiniquaise a pris son carnet d’adresses, a téléphoné à des amis pour  dire son émotion  face au risque de disparition du CMAC et s’est entendue dire par ses interlocuteurs des choses qui faisaient écho à ses inquiétudes. Que faire alors? Elle s’est souvenue que le droit de pétition, droit à l’expression de l’individu, est reconnu comme un des droit fondamentaux par les textes constitutionnels depuis 1791 :  » Chacun a le droit d’adresser une pétition écrite aux pouvoirs publics afin de provoquer l’examen de problèmes d’intérêt individuel ou collectif « ).  La révolution a commencé par des cahiers de doléances. Elle dit qu’il lui a fallu une semaine pour rédiger un texte  prenant en compte le point de vue du spectateur  et suffisamment consensuel pour qu’en quelques jours plus cent cinquante  connaissances la rejoignent. 

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Atelier théâtre des Trois-Ilets

— Par Roland Sabra —

Il y a trois ans la compagnie les Enfants de la mer » du metteur en scène martiniquais José Exélis ouvrait aux Trois-Ilets un atelier théâtre ouvert ç tous? C’est Arielle Bloesch, elle aussi metteure en scène, on lui doit notamment le travail intéressant autour d’une création martiniquaise « La nuit caribéenne », très appréciée au Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de Dakar l’an dernier, qui était en charge de l’animation. Trois ans plus tard donc, c’est sa propre compagnie « Les Berlick » qui reprend le flambeau, José Exélis étant tout entier à régler la mise en scène du troisième volet, tant attendu de « Folies », l’adaptation de José Pliya du roman de Marie Vieux-Chauvet. Ecoutons Arielle Bloesch nous parler du nom de sa compagnie ! :  « Berlick est le nom d’un personnage du théâtre de Guignol que fréquentait la mère d’Alexandre Dumas. Un diable noir et facétieux qui a donné sa  naissance le surnom de l’auteur des Trois Mousquetaires. Un diable d’auteur dont le sang caribéen bouillonnait d’une imagination qui a passionné des générations de lecteurs dans le monde entier. 

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Mission d’expertise au CMAC : trop tard !

— par Roland Sabra —

La mission du Ministère de la Culture chargée d’une expertise sur les dysfonctionnements du CMAC arrive en Martinique cette semaine. Elle arrive un peu tard puisque mise devant le fait accompli par le coup de force de Georges-Louis Lebon qui en procédant au changement de serrure du bureau de la Directrice du CMAC interdit à l’intéressée d’accéder à son lieu de travail. Il faut bien parler de coup de force puisque le dernier Conseil d’Administration du CMAC le 27 juin 2012 avait décidé de solliciter une expertiseavant de se prononcer sur l’avenir de la Direction du CMAC. Décision qui ne convenait pas à David Zobda, Vice-Président du Conseil Général, membre de droit du C.A. et encore moins à G-L. Lebon, Président, titre plus honorifique que doté de réel pouvoir, du CMAC. L’un et l’autre, très proches, ils se connaissent depuis de longues années, il leur arrive de partir ensemble à des Festivals en France, refusaient d’envisager que la Directrice puisse continuer sa mission. On ne connaît pas encore le degré d’implication du Vice-président du Conseil Général, dans ce coup de force réalisé, en « loucedé », au beau milieu des vacances scolaires, le 31 juillet 2012.

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Julie Mauduech livre « Batailles » pour le théâtre

— par Roland Sabra—

 

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La compagnie « Les comédiens » avec Julie Mauduech, au centre de la photo de France-Antilles

— Dans la famille Mauduech, il y a Camille, la cinéaste et il y a Julie, comédienne et metteure en scène. C’est de Julie et de son travail dont il est question ici. De retour d’un long exil d’une vingtaine d’années à Paris au cours duquel elle exercé ses talents sur différents registres et notamment dans le rôle principal que lui a confié Mathieu Kassovtz dans son film « Métisse, Julie a décidé de faire profiter son pays, la Martinique, de toutes son expérience. Elle crée donc en janvier 2010 une compagnie de théâtre, « Les comédiens », qui répète dans une salle louée route de Didier à Fort-de-France au 80 de la rue du Professeur Raymond Garcin. Le cours de théâtre qu’elle anime repose sur quelques principes extrêmement solides qu’elle énonce ainsi dans un entretien non daté à F-A. : « J’ai expérimenté pas mal de méthodes, selon moi, l’unique qui marche de façon générale c’est l’analyse de soi-même.

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« Petits crimes conjugaux » : de l’usure du couple au théâtre

— Par Roland Sabra —

« Petits crimes conjugaux »
à l’Atrium, à Fort-de-France, les 18 et 19 mai 2012

 

–__-  Léa Galva et Ruddy Sylaire dans « Petits Crimes conjugaux », une pièce de  Eric-Emmanuel Schmitt( photo F-A)

    Ecrite en 2003 par Eric-Emmanuel Smit, « Petits crimes conjugaux » a déjà fait l’objet de nombreuses mises en scène, de la plus célèbre, la toute première,  Charlotte Rampling, et Bernard Giraudeau, mis en scène par Bernard Murat,  à la plus récente celle d’Aurélie Dalmat, aidée d’Hervé Deluge et José Exélis, avec Ruddy Sylaire et Léa Galva à l’Atrium les 18 et 19 mai 2012. Plus que jamais comparaison n’est pas raison. Les moyens des uns ne sont pas les moyens des autres. Alors qu’a-t-on vu à Fort-de-France?

  Au départ il y a une thématique qui pouvait être intéressante, celle des rapports conjugaux après quinze ans de mariage. Gilles, écrivain, est  frappé d’amnésie, à la suite d’un mauvais coup. Il se souvient de ses tables de multiplication, de ses déclinaisons latines mais il ne sait plus quel genre d’homme il est ou était.

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« Lazare et sa bien-aimée » dans une mise en scène José Alpha

— Roland Sabra —

 

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Ressuscité  pour les besoins de la cause!

    Marthe et Marie attendent le retour de Lazare. La veille, le Christ est mort sur la croix. La mère de Lazare, ses sœurs Marthe «et Marie pleurent, non pas la mort du Maitre, de celui qui a ressuscité leur fils et frère, non elles pleurent l’absence de Lazare qui passe désormais ses journées dans les collines et qui ne rentre que fort tard à la nuit tombée. Dés les premiers mots de la pièce de Khalil Gibran «  Lazare et sa bien-aimée » tout est dit de l’égoïsme forcené qui nous fait verser des larmes sur la disparition d’un des nôtres et de l’indifférence murée face aux malheurs des « autres ».

Si Lazare préfère la solitude des mornes à la présence des siens, c’est qu’il a rencontré dans la mort l’illumination, l’accomplissement sous la forme d’un amour infini, immortel et céleste, sa houriya, sa muse,« son cœur jumeau ». On retrouve là le thème du double lié à la mort, vécue non comme une perte mais comme une retrouvaille, comme une plénitude.

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Jandira Bauer lit « Le vieux qui lisait…

— Par Roland Sabra —

  le_vieux_qui_lisaitA El Idilio, dans le trou du cul du diable, en forêt amazonienne, au bord d’un fleuve, Antonio José Bolivar surnommé « Vieux »après avoir connu déboires et malheurs vit comme un reclus. La femme de sa vie est morte des fièvres peu de temps après leur mariage. Initié aux secrets de la forêt par les Shuars , il a du quitter la tribu dans laquelle il a longtemps vécu, faute d’avoir su payer la dette d’honneur à l’indien qui lui avait sauvé la vie Il n’a pour seule distraction que l’arrivée régulière, peu avant la saison des pluies, du bateau d’un dentiste itinérant, plutôt arracheur de dents, qui lui apporte des romans d’amour. Antonio José Bolivar déchiffre plus qu’il ne lit les bouquins, s’arrêtant après chaque phrase pour mieux en mesurer la portée narrative, pour mieux en déployer la scène imaginaire. Ainsi allait la vie avant qu’une pirogue ne rapporte le corps mort d’un gringo braconnier tueur de jeunes jaguars. Les habitants d’El Idilio ; le maire, prévaricateur en chef, accusent les indiens. Antonio José Bolivar reconnaît dans la blessure la trace d’un coup de griffe mortel porté par une femelle jaguar dont on retrouve la peau des petits dans la sacoche du braconnier.

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Une comédie introuvable

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— Par José Alpha —

L’inspiration comique des évènements, des situations et des personnages portée à la scène théâtrale répond généralement au besoin de détente et de distanciation que nous procurent par exemple les humoristes en général, ou les talentueux comiques antillais de plus en plus présents sur les scènes locales et nationales.
Nous avons plaisir à les voir se débattre à notre place, dans des situations de conflits, de frustration, de mensonges, de mauvaises fois et d’impuissance.

Alors quand on annonce « le Tartuffe » de Molière, même si on ne connait pas l’histoire, on s’attend à découvrir comme tout le monde, des développements suffisamment comiques servis par la réputation de l’auteur et surtout par la jeunesse du metteur en scène, de surcroit martiniquais donc bien au fait des relations humaines volcaniques et passionnelles qui nous constituent malgré tout.

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Un beau spectacle à l’Atrium : le Tartuffe de Deluge

— par F. Cuvillier —

  Pas facile, d’apporter quelque chose d’innovant à l’une des pièces les plus jouées du répertoire français ; ni de remettre au goût du public néophyte moderne un texte de trois siècles et demi, ni de faire monter sur les planches des amis dont ce n’est pas le métier premier, même s’ils connaissent la scène : les stars modernes qui se piquent du grand écran ont pour elles des micros, des prises à refaire, et non un direct devant des ados prompts à la dérision…
Hervé Deluge relève pourtant ce défi avec succès, audace et cohérence. Des choix courageux mais pertinents offrent au jeune public des émotions restaurées et un texte dépouillé des longueurs scabreuses auxquelles Molière, en son temps, avait été contraint pour se dépatouiller des dangers de la censure et satisfaire in extremis les nécessités du genre par un coup de théâtre ultime qui rétablissait une affaire pourtant bien sombre…
S’il fallait plaire à la cour en 1665, et ne pas dévoyer au code, Hervé Deluge préfère s’attacher à la signification humaine du texte, métaphoriser le train hypocrite et sans fin du monde, ne pas laisser les pudeurs du verbe classique cacher aux mœurs modernes l’arrogance provocante de Molière, qui lui coûta bien des soucis… (et le metteur en scène moderne de subir à son tour, comme si cette pièce était frappée de malédiction, les turpitudes de la critique, puisque toute action profonde entraîne une réaction équivalente, et que l’adaptation de la mise en scène est stupéfiante du début à la fin.)

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Un « Quichotte » à la belle figure

— par Roland Sabra —

 

     Comédienne et marionnettiste ventriloque (?) ou l’inverse Eva Castro du « Quichotte » mis en scène par Isabelle Starkier réalise une belle performance dans un spectacle qui mêle le rêve et l’illusion au désir de ne pas céder sur les désirs de l’enfance et de l’adolescence. On aurait tort de croire qu’il s’agit là d’un spectacle réservé aux enfants à moins qu’il ne s’agisse de cet enfant-roi qui sommeille en chacun de nous et qu’il nous faut destituer pour devenir enfin adulte. Quichotte refuse de sortir du monde des livres dans lequel il s’est enfermé à son adolescence. Le présent est exécrable, sans qualité, mieux vaut donc se réfugier dans le passé , non pas le passé tel qu’il s’est déroulé mais le passé mythique d’une enfance rêvée, idéalisée parce que relevant du royaume des désirs. Eva Castro est donc tout à la fois Don Quichotte, Sancho, Cardinal et Duchesse parmi tant d’autres. Elle joue de son corps, de sa voix, de ses mimiques à la limite de l’entendement en explorant de façon exhaustive l’étendue de’ la maxime rimbaldienne « Je est un autre ».

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« Ris donc, parterre ! » A propos de « Embrassons-nous, Folleville! »

— par Roland Sabra —

au CMAC les 6 et 7 mars 2012

–__- Eugène Labiche par Desboutins

Labiche, ce « bouffon de l’empereur » (« Napoléon-le-petit ») est l’auteur emblématique d’un genre de théâtre considéré comme mineur par les écrivains du XIX ème siècle, le vaudeville dont l’origine date de plusieurs siècles. Chansons à boire normandes du Val-de-Vire, faciles à chanter construites autour d’évènements du jour, les Vaux-de-Vire gagnent l’ensemble des villes de France et deviennent des vaudevilles. L’intégration avec le théâtre intervient au XVIII ème avec des compositions scéniques sous la forme de dialogues chantés plus ou moins parodiques. C’est au moment de la révolution française, en 1792 que le premier « Théâtre du vaudeville » est créé à Paris mais il faudra attendre le siècle suivant pour que le sens actuel soit fixé et désigne une comédie populaire légère faite de rebondissements, de quiproquo, de grivoiseries autour de relations amoureuses complexes et/ou plus ou moins intéressées.

Le rire provoqué par le vaudeville est un rire respectueux de l’ordre social. Il n’a aucune perspective critique . « C’est un théâtre bourgeois qui rit du bourgeois mais qui n’entend pas changer le monde ».

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« Congre et homard » de Gaël Octavia dans une mise en scène de Dominik Bernard : une vraie réussite

— Par Roland Sabra —

Comment tisser du neuf avec une trame usée jusqu’à la corde ? Voilà la gageure que relève avec brio la mise en scène de Dominik Bernard du texte de théâtre « Congre et Homard » de Gael Octavia, la jeune auteure dramatique née en Martinique. La sempiternelle trilogie mari-épouse-amant est déclinée sous les habits d’une fable animalière aquatique, celle du Congre du poulpe et du homard d ‘après une légende catalane racontée à l’auteure. Il paraitrait que le congre accompagnerait le homard qui lui servirait d’appât dans sa recherche de poulpe dont il se nourrit. Le homard sort du rocher, le poulpe s’avance pour le dévorer, mais le congre plus rapide surgit et se fait un festin du poulpe.

C.(ongre). convoque dans un restaurant désert H.(omard) pour une confrontation directe sans la présence de l’intermédiaire P.(oulpe) qui les réunit. H. interprété en finesse et en retenue par Joël Jerdinier ne sait d’abord rien du motif de la convocation. C. avec Dominik Bernard en puissance et en force dans le rôle, apparaît comme un manipulateur dont la perversité tient à la position de savoir qu’il détient face à H.(omard).

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« Ce soir on improvise »

par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret

ce_soir_on_improviseCette aventure, nous raconte les acteurs en rébellion contre le metteur en scène, refusant l’illusion qu’on leur impose au profit de la sincérité passionnelle.
L’excès de présence et l’emprise du metteur en scène sur les comédiens, encourage le développement de velléités d’indépendance, pour trouver un espace de liberté. Toutes les sociétés sont à des degrés divers confrontés à ce problème et pour y faire face on veut revenir à ses repères. Pirandello déteste l’immobilité par conséquent, les formats, les systèmes tout ce qui fixe un aspect et tout ce qui gêne un songe. Ce théâtre indique que le refus de ce metteur en scène arrivé de France est le prétexte pour justifier un modèle théâtrale pirandellien également porteur d’une charge de méfiance très forte à l’égard de l’autre. Cette incommunicabilité de Pirandello relayée par Adrien, nous atteint en plein cœur, lorsqu’on constate qu’entre les intentions et les actes, se dresse un mur d’incompréhension ; entre l’auteur, et les acteurs déjà acquis à sa cause, peuvent-ils exprimer ce que l’auteur a voulu dire, si ce n’est à travers leur subjectivité personnelle … Sincère mais pas forcément fiable ?

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« Le complexe de Thénardier » de José Pliya : comment tuer sa mère ?

— Par Roland Sabra —

 Une variation moderne de la dialectique du maître et de l’esclave

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Laure Guiré et Nafissa Songhaye

 La fin est au début. De façon plus claire le dénouement de l’histoire qui va nous être contée est posée sur scène dés les premières phrases : « Vido s’en va. Voilà je m’en vais. Vous dormez. Je n’aurai pas votre bénédiction. Ce n’est pas grave. Je reviendrai. » Une manière de débarrasser l’esprit du spectateur d’une question inutile, quelle issue pour ce drame ? pour qu’il puisse se concentrer sur l’essentiel : la langue et sa structure poétique, sa découpe au scalpel, le tranchant des mots et la finesse de leur lame, dans une joute verbale qui décline une variation moderne de l’antique et toujours actuelle thématique du maitre et de l’esclave. « Dans un lieu hors du temps et de l’espace, la mère a recueilli Vido qui fuyait le génocide. Pour se rendre utile Vidomégon, c’est son vrai nom, devient servante, femme à tout faire. Un jour, une nuit, peu importe, Vido décide de s’en aller. Mais voilà comment faire ?

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Ces Airs de théâtre

Le Théâtre Aimé Césaire accueille le Festival Itinérant Margose pour un spectacle en plusieurs parties, dont la pièce principale « Nôrichas » rend hommage à Aimé Césaire dans le cadre de la préparation de son centenaire. A la poésie et à ses enfants : Charles Baudelaire, Susanne Césaire, Victor, Hugo, Khalil Gibran et tous les autres… Ce premier tableau poétique qui rend un hommage particulier à Haïti et au Japon prend la forme de projections de symboles et de lectures qui viennent soutenir des éléments fondamentaux. En collaboration avec le Département Afrique et le Secteur Culture de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) Elle traite de la poésie des rencontres et des arts du monde. La musique, l’image, la danse et les mots tentent d’exprimer la spiritualité universelle des poètes résistants à toutes formes d’esclavage tout en posant la question qui sommes nous par rapport à la nature ? Quel est le bon sens ? Où souhaitons nous aller ensemble et comment ? Cet hommage appuyé à l’homme Césaire, écrivain et poète visionnaire «  Le Nègre fondamental », chantre de la négritude, s’inscrit dans l’esprit d’un projet humaniste soutenu par l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) Le Festival itinérant Margose propose des invitations au voyage afin de ne plus être les esclaves martyrisés du temps.

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Les humoristes contre la dépression sociale

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 par José Alpha

  La chaleur humaine qui se dégageait de la salle Aimé Césaire de l’Atrium provoquée par le talent des humoristes martiniquais et guadeloupéens conduits par le comédien Alex Thobor, était palpable jusque sous l’immense ciel du théâtre. Plus de 800 personnes se sont déplacées, et c’est un fait social, un dimanche soir à 19h vers le Centre culturel départemental de Fort de France pour rire d’eux-mêmes, de leurs frustrations et de leur impuissance face aux dérèglements sociaux et civilisationnels qui écrasent la société martiniquaise.

Les martiniquais sont venus nombreux se détendre comme l’a développé « le philosophe corrosif » de la scène comique locale, et aujourd’hui nationale, Jean Yves Rupert revenu d’une grande tournée des communes de la Martinique après son succès au Zénith de Paris.
Se détendre, oui ! « Se détendre avant tout » comme l’ont martelé les humoristes Thierry Adèle qui atteste d’un parcours professionnel très prometteur, et comme l’ont souligné aussi Prospère et les étonnants frères Bostik de la Guadeloupe.

Détendre, apaiser, calmer, pacifier par le rire, par les larmes et les sentiments qui jaillissent de la scène-miroir « de nos existences morbides » ; n’est ce pas la vocation du Théâtre et de la comédie par ces temps de dépression sociale qui délie les familles, désintègre les relations intergénérationnelles, brise les espoirs de la jeunesse et emprisonne «l’intelligence humaine» devenue très suspecte selon l’humoriste martiniquais Thierry Adèle qui confirme avec la lucidité de Stephen King que « l’humour est presque toujours la colère maquillée ».

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« La loi de Tibi » d’après « Mieux que nos pères »

DON QUICHOTTE…. ET SANCHO PANZA

 Imaginons un ailleurs au milieu de nulle part,  mais marqué par la misère, par un déterminisme prénatal, cette prédisposition au manque de chance, à une victimisation chronique, où le malheur s’écrit en lettres capitales. Ravages de tous les fléaux qui touchent la société. L’avidité et tous les vices de la condition humaine, qui font de ce monde ce qu’il est, dans son masque le plus ténébreux. A ce moment là entre en scène Tibi en «  habit de lumière. » L’Auguste triste mais encore plus joyeux. La mise en scène nous l’impose déplorable et au bout du compte, relativement attachant. Forgé d’humour noir ou d’ironie féroce. Avec un cœur qui respire la communication. Si Don quichotte transparaît dans sa fibre combative, il y a certainement dans un recoin un Sancho Panza dans sa force d’aimer. Comme dans un traveling de cinéma, revenant sans cesse sur «  le séducteur »pour faire jaillir en gros plan son rôle principal , ce voyage , ce formidable questionnement montre un personnage en constantes métamorphoses mentales autour d’un seul axe ; ce monde qui est le notre et dont on ne peut renoncer au nom de l’humain.

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Du théâtre avant toute chose!

— par Roland Sabra —

 

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 Au CMAC les 16 et 17 novembre 2011

  « Le théâtre populaire engagé, orienté, dirigé, dicté par les représentants de l’Etat, par les politiciens, n’est pas un théâtre populaire, mais un théâtre concentrationnaire, impopulaire. Le théâtre populaire, c’est le théâtre d’imagination, le véritable théâtre libre. Les idéologues de la politique ont voulu faire main basse sur le théâtre et l’utiliser à leur profit comme un instrument. Mais l’art n’est pas ou ne doit pas être l’affaire de l’Etat. C’est un péché contre l’esprit que d’entraver la spontanéité créatrice. L’Etat n’est qu’une superstructure artificielle de la société. L’Etat n’est pas la société, mais les hommes politiques veulent utiliser, contrôler la création dramatique pour leur propagande. Le théâtre peut en effet être un des instruments rêvés de toute propagande, de ce que l’on appelle  » éducation politique « , c’est-à-dire de détournements et de bourrage de crâne. Les hommes politiques ne doivent être que les serviteurs de l’art et de l’art dramatique tout particulièrement. Ils ne doivent pas en être les dirigeants, et surtout pas les censeurs.

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Dans « Le cœur d’une mère » : de l’amour et de la haine !

— par Roland Sabra —
Deux protagonistes, Brigitte et Roger, de la pièce de Jean-Michel Dubray[/caption]

C’est ce que déclarent au milieu de la pièce l’ensemble des personnages réunis pour la cause sur le plateau. La mère ? Un homme comme les autres ! Qu’il y ait besoin de rappeler que la mère est un être humain, c’est dire ce qu’il en est de l’« utérococratie » aux Antilles. Un constat que le célèbre pédiatre Aldo Naouri, fidèle auditeur du séminaire de Lacan, ne désavouerait pas. Voilà le beau sujet de comédie que nous propose le T.B.B, Théâtre du Bon Bout, celui-là, crée il y cinq ans et animé par Jean-Michel Dubray. Le metteur en scène à longtemps trainé ses basques du coté du SERMAC avant de voler de ses propres ailes. Le travail présenté confirme ce que l’on sait depuis longtemps, tout en faisant comme si cela n’était pas, que la richesse du théâtre en Martinique se situe du coté de l’amateurisme, avec tout ce que ce qu’il convient de restaurer du positif contenu dans ce mot. De quoi s’agit-il donc ?

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Le cœur d’une mère. Le bon bout du Théâtre créole

— Par José Alpha —

Face à la scène où se déroulait le drame familial que m’invitait à voir au Théâtre municipal de Fort de France la pièce « le cœur d’une mère » de Jean Michel Dubray du « Théâtre-du-bon-bout » de la Martinique, j’entendais les commentaires murmurés, les rires, les approbations et les soupirs d’une salle immergée par la douleur d’une jeune mère durement confrontée au protectionnisme maternel exercé sur le père de sa fille, par celle qui aurait pu être sa belle mère.

Une situation bien connue dans toutes les familles du monde et particulièrement dans les Antilles, les pays latins d’Europe, des Amériques et de la Caraïbe. La mère protège tellement son fils qu’elle en fait un lâche, un profiteur, un « coq en pâte » immature et manipulateur comme ont pu le souligner, avec l’auteur de la pièce, les cliniciens qui tentent encore d’éclaircir le rôle du père dans la famille antillaise. En fait, la mère courage (Solange) qui a élevé seule son fils (Roger), répète son propre échec affectif et conjugal en jetant l’opprobre sur la jeune « intrigante » (Brigitte) qui a tenté de lui dérober par la maternité, ce fils trop « bien aimé ».

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