Mois : avril 2015

Boat-people en Méditerrannée : le monologue européen

—Par Aminata Dramane Traoré & Nathalie M’Dela-Mounier*—

mounier_&_traore « Il faut en finir définitivement avec des relations totalement déséquilibrées et essentiellement tournées vers les intérêts de l’Europe, de la finance et du commerce. Au risque de voir notre monde sombrer. Le naufrage serait alors global. « 

L’infernale comptabilité macabre
Assez ! Trêve de diversion !
Ils sont, ils étaient, ils seront des centaines, des milliers, des centaines de milliers à partir pour ne jamais arriver. Et comme d’habitude, après le temps de l’émotion et de l’indignation viendra celui de l’oubli et de l’indifférence. Ils sont,  ils étaient,  ils seront tous oubliés parce que des politiques économiques inégalitaires et assassines  continueront à secréter le chômage et la pauvreté de masse, les conflits armés et le réchauffement climatique.
Au cours des vingt dernières années, presque 30 000 personnes ont péri aux portes de l’Europe dont 3 500  en 2014. Depuis le début janvier de cette année 2015 que l’Europe a proclamé « l’année du développement », on estime à 1700 le nombre de morts, voire plus car cette compatibilité macabre est hasardeuse.
L’Europe ne peut contribuer à remédier à cette tendance mortifère de l’évolution du monde globalisé qu’en admettant ce que Michèle Rivasi, députée européenne du parti Europe Ecologie les Verts (EELV), rappelle à propos du Mali : « la nécessité d’analyser l’échec du développement économique qui a délégitimé la démocratie.

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Martinique : climat économique contrasté et marché du travail dégradé

iedomP O R T R A I T à Télécharger sur le site de l’IEDOM

Quelques signes d’amélioration contrariés en fin d’année
Après une année 2013 en repli, l’économie martiniquaise semble montrer quelques signes d’amélioration en 2014. Cette évolution est toutefois contrariée en fin d’année.
Alors qu’il était en amélioration depuis la fin de l’année 2012, l’indicateur du climat des affaires se détériore en fin d’année 2014. L’atonie de la demande et l’absence de perspectives pénalisent l’activité économique. Le marché du travail reste dégradé et l’activité est contrastée dans la plupart des secteurs. L’agriculture et l’agroalimentaire enregistrent des résultats mitigés ; l’absence de projets d’envergure pénalise les secteurs du BTP et de l’industrie ; l’activité commerciale se dégrade en fin d’année. Dans le tourisme, seule la croisière connaît un regain de dynamisme, contrairement à l’hôtellerie qui tend à se détériorer.
En dépit d’une conjoncture morose, les concours des banques au financement de l’économie sont mieux orientés. Cette évolution est en grande partie imputable aux entreprises, dont les crédits d’investissement progressent significativement en 2014, mais concernent, pour une large part, le renouvellement de l’outil de production plus que de nouveaux projets.

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Parentalité : et si on les éduquait…au lieu de chercher à les dresser… !

— Par Gracienne Laurence —

L’enfant est-il un être humain ? Bien fou serait celui qui répondrait par la négative à une question aussi simple que banale. Donc on reconnaît à l’enfant un statut de personne, on lui reconnaît des droits comme à toute autre personne. Donc la déclaration universelle des droits de l’homme le concerne et le protège de tout châtiment corporel c’est-à-dire tout acte commis pour le punir et qui s’il était appliqué à un adulte serait une agression illégale.
Le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies donne la définition suivante des châtiments corporels comme : « Tout châtiment impliquant l’usage ou la force physique et visant à infliger un certain degré de douleur ou de désagrément, aussi léger soit-il. La plupart de ces châtiments donnent lieu à l’administration d’un coup (« tape », « gifle », « fessée ») à un enfant, avec la main ou à l’aide d’un instrument (fouet, baguette, ceinture, chaussure, cuiller de bois,/ Ce type de châtiment peut aussi consister, par exemple, à donner un coup de pied, secouer et projeter un enfant, le griffer, le pincer, lui tirer les oreilles, ou encore à forcer un enfant à demeurer dans une position inconfortable, à lui infliger une brûlure, à l’ébouillanter ou à l e forcer à ingérer quelque chose(par exemple laver la bouche d’un enfant avec du savon ou l’obliger à avaler des épices piquantes) ».

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« L’habitation n’était pas un camp de concentration »

Jeudi 23 avril 2015 18 h à l’Atrium

Docteur en histoire, Bruno MAILLARD est chercheur associé au CRESOI-Université de la Réunion, chargé d’enseignement à l’université de Paris-Est Créteil. Il co-signe avec Frédéric RÉGENT, maître de conférences en histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et avec Gilda GONFIER, directrice de la médiathèque du Gosier (Guadeloupe), ce livre-évènement « Libres et sans fers, Paroles d’esclaves français » qui donne enfin la parole aux esclaves.

Ces trois chercheurs ont pu retrouver des témoignages inédits d’esclaves s’exprimant « libres et sans fers », selon l’expression consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres, entre 1787 et 1848, soit les cinquante dernières années de l’esclavage. Grâce à des interrogatoires et des dépositions d’esclaves qui n’avaient jamais été exploités jusqu’à présent, ces historiens ont pu reconstituer le quotidien de ces hommes, femmes et enfants en Martinique, à La Réunion et en Guadeloupe au XIXe siècle. La majorité d’entre eux travaillaient dans les champs ou les plantations.

 « Le travail que nous avons mené est d’inscrire ces esclaves dans leur humanité »

 Ces précieux textes nous éclairent sur les conditions de vie des esclaves dans les habitations et en dehors, sur les liens qui les unissaient entre eux (solidarité mais aussi violence) ou à leurs maîtres et commandeurs, leur culture et les moments privilégiés où ils pouvaient échapper aux impératifs de leur statut.

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Monseigneur Gaston Jean-Michel : une vie consacrée à l’amour inconditionnel de l’autre

— Par Pierre Pastel, sociologue —

Hommage à un homme de foi et d’action qui choisit l’humilité comme attitude suprême, la constance comme conduite, la simplicité comme mode relationnel.
Cet homme d’esprit se garde de faire la leçon, il éduque.
Il ne fait pas la morale, il fait de l’assistance morale. C’est long, mais il sait être endurant.
Il ne juge pas, n’engueule pas, il éveille la conscience.
Il ne se prend pas pour un Chef Spirituel, il accompagne sur le chemin de la Spiritualité.
C’est un Aimant, il aime l’Humain. Il sait donc être dans la « bienveillance ». Ainsi contribue-t-il à la promotion morale, psychologique, spirituelle, sociale, affective des uns et des autres tout en se disant que Dieu est la Source de toute vraie promotion.
Il prend le temps de s’occuper de son temple : son corps, pour mieux être au monde et pour mieux se donner.
Il n’est pas un « curieux », un homme à « milan », il écoute, il s’informe sans relâche sur les choses de notre monde pour être mieux éclaireur. Car il est parfaitement conscient que pour « Enseigner il faut être Renseigné » comme me le disait souvent mon père dont il a célébré le mariage avec ma mère en cette année 1947 sur les terres de Rivière Pilote.

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70ème anniversaire de la Résistance, la Victoire et de la Libération des camps nazis à Madiana

Vendredi 24 avril 2015 à 9h : Le Métis de la République

raphael_elize400Exceptionnel documentaire sur le destin incroyable et tragique du premier maire noir de France, à Sablé-sur-Sarthe, Raphaël Elizé, (1891, La Martinique – 1945, † Buchenwald), héros de la Seconde Guerre Mondiale.

Dans le cadre de la commémoration du 70ème anniversaire de la Résistance, la Victoire et de la Libération des camps nazis en 1945, un film consacré à Raphaël Élizé, Le Métis de la République, sera présenté à un public composé de collégiens, de lycéen, d’étudiants, d’enseignants et d’anciens combattants, vendredi 24 avril 2015 de 9 h à 13 h au Palais des congrès Madiana à Schoelcher.
Le Métis de la République revient sur le parcours exemplaire, fascinant et tragique de Raphaël Elizé. Né au Lamentin en Martinique en 1891, il entre à l’école vétérinaire de Lyon et obtient son diplôme en juillet 1914 avant d’être mobilisé comme vétérinaire au 36e régiment d’infanterie coloniale. Après la Première Guerre Mondiale il s’installe comme vétérinaire à Sablé-sur-Sarthe. Très vite, cet érudit mélomane socialiste est estimé des nombreux éleveurs de la région et gagne leur confiance.

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Le Journal d’un femme de chambre : érotisme et lutte des classes

— Par Roland Sabra —

journal_femme_de_chambreA Madiana

C’est en 1900 que « l’éminemment » subversif Octave Mirbeau fait paraître Le Journal d’une femme de chambre. L’écrivain est, comme aurait pu le dire Sartre «  irrécupérable ». C’est un contestataire de toutes les institutions, politiques, sociales et culturelles. Le roman n’échappe pas à sa critique. La forme du journal qui juxtapose des épisodes du passé au présent, qui balaie différents registres de genre, qui rompt avec la linéarité du récit romanesque et sa prétendue objectivité réaliste est le mode par lequel Mirbeau va dénoncer jusqu’à la nausée la condition sociale faite aux « gens de maison », aux domestiques. Il le fait sans espoir aucun de rédemption. La servitude est volontaire.
L’ouvrage connait un succès qui, un siècle plus tard ne se dément toujours pas, et a connu plusieurs adaptations cinématographiques et de bien plus nombreuses transpositions théâtrales. Sur les écrans Paulette Godard dans la version de Jean Renoir en 1946 et Jeanne Moreau dans celle de Luis Bunuel en 1964 ont marqué de leur personnalité le rôle de Célestine, car tel est le prénom de l’héroïne qu’incarne aujourd’hui, Léa Seydoux dans le film de Benoit Jacquot.

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La vie de Raphaël Elizé est désormais un roman

« Rendez-vous avec l’heure qui blesse » aux Editions Continents noirs, Gallimard. 195 pages. 17.90 euros.

Gaston-Paul Effa, écrivain et professeur de philosophie, a écrit un roman dans lequel il se glisse dans la peau de Raphaël Elizé.

Il manque toujours au premier maire noir de métropole et maire de Sablé, une réelle reconnaissance nationale. Peut-être l’ouvrage de Gaston-Paul Effa y contribuera-t-il.

«Mon grand-père disait que pour les Noirs la peau est un mystère insondable, et il le disait sans chercher à savoir si nous comprenions, ou si, à Lamentin, on se souciait de la peau des esclaves, la mer, seule, évoquait quelque chose pour nous puisqu’elle n’était jamais bien loin, qu’elle nous nourrissait, qu’elle n’aurait jamais fini de charrier nos expériences originelles. Ce que voulait dire mon grand-père, c’était peut-être que la peau d’autrui et sans doute la sienne, et aussi la mienne aujourd’hui, sont un détroit où l’on ne peut que se perdre.»
Martiniquais d’origine modeste, vétérinaire rejeté puis admiré, Raphaël Élizé, le narrateur, a été le premier maire noir d’une ville de France métropolitaine. L’occupation allemande, au cours de la Seconde Guerre mondiale, mit malheureusement fin à son mandat pour des préjugés de couleur.

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L’ouverture de Cuba : atouts et perspectives

— Par Stéphane Witkowski —

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Les réformes récentes offrent des opportunités pour les entreprises françaises à Cuba, qui sont d’ailleurs déjà présentes dans un certain nombre de secteurs clés.

Matthias Fekl, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l’étranger, s’est rendu à Cuba du 5 au 8 mars. Après la visite de Laurent Fabius en avril 2014, première visite d’un ministre des Affaires étrangères depuis plus de trente ans, ce déplacement a permis de renforcer la coopération francocubaine, notamment dans la perspective de la visite du président de la République à La Havane le 11 mai prochain, la première d’un chef d’Etat français dans l’île. Accompagné par Bruno Bézard, directeur général du Trésor (au titre de président du Club de Paris chargé de la renégociation de la dette cubaine), de Stéphane Mousset, chef du bureau Amériques de la direction générale du Trésor et d’une délégation d’entreprises, Matthias Fekl s’est entretenu avec les ministres cubains du Commerce extérieur, des Relations extérieures, du vice-ministre du Tourisme et avec le président de la Banque nationale. Il a parrainé la signature d’un accord de coopération entre le centre de coopération internationale en recherche agronomique (Cirad) et le ministère cubain de l’Agriculture et a visité la zone de développement du port de Mariel.

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Happy Birthday Mumia ! Bon anniversaire Mumia !

mumia_birthdayMumia aura 61 ans le vendredi 24 avril 2015.
Hommage à Madiana jeudi 23 à 18 h 30

33 ans passés en prison, dont 30 dans l’enfer du couloir de la mort ! Autant d’années de souffrances et aujourd’hui gravement malade.

L’exigence immédiate de soins médicaux par des spécialistes indépendants et de sa libération sans condition est désormais entre les mains de Thomas Wolf, le Gouverneur de Pennsylvanie. Sachez que des marches auront lieu à Philadelphie et à New-York en fin de semaine (voir ci-après) pour soutenir cette exigence à l’occasion du 61ème anniversaire de Mumia.

Nous vous invitons à envoyer une carte d’anniversaire à Mumia en l’assurant de votre soutien et en lui souhaitant une meilleure santé.

Ecrivez en français et envoyer votre carte sous enveloppe affranchie avec deux timbres au tarif prioritaire à l’adresse suivante :

Mumia Abu-Jamal / AM 8335
SCI Mahanoy
301 Morea Road
Frackville, PA 17932
USA

En hommage à Mumia Abu Jamal  « Selma » , à Madiana, à partir de 18h30, ce jeudi 23 avril.

Tarif : 8 euros. Vente de T-shirt, signatures de pétitions.

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Valeska & You

valeska_&_youLe Domaine de Fonds Saint-Jacques, Centre Culturel de Rencontre accueille en résidence de création Annabel Gueredrat (Cie Artincidence) du 13 au 25 avril 2015.
Distribution : Annabel Guérédrat, conceptrice & performeuse danseuse
Joël Julian’s, musicien batteur
Séverine Rième, éclairagiste

QUI ETAIT VALESKA GERT ?
Valeska Gert (1892-1978), était une danseuse cabarettiste, avant-gardiste expressionniste berlinoise des années 1920. L’expressivité intense de son visage, le démembrement de ses bras & jambes, la vulnérabilité qui se dégage dans ses danses m’ont touchée; aussi le fait qu’elle soit dans une forme d’autodérision, comme une danseuse folle, idiote (pour reprendre la figure de Dostoïevski) avec une façon quasidiabolique d’utiliser son corps comme médium. Valeska se surnommait elle-même la sorcière. J’ai eu envie de danser pour elle et avec elle. C’est comme donner une figure à tous ces corps éclatés de la vie moderne, à toutes ces « vies crevées » : les marginaux, les laissés pour compte, les prisonniers, les prostituées.
C’est sa source d’énergie. À son époque, elle passait pour virulente & provocatrice. À mes yeux, elle est l’une des pionnières de la danse contemporaine.

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Cannes 2015 : le jury fait peau neuve

— Par Julia Beyer —
jury_newXavier Dolan, Sienna Miller, Jake Gyllenhaal… Les frères Coen s’entourent de jurés à peine trentenaires pour départager les films en compétition.
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Les jurés du 68e Festival de Cannes, présidé par les frères Coen, viennent d’être dévoilés à travers un communiqué officiel.

Ethan et Joel seront donc entourés d’un jury comme toujours haut de gamme et venu des quatre coins de la planète. Cette année, il sera surtout relativement jeune (ce qui est cohérent avec la sélection qui compte plusieurs premiers films). Ainsi, le cinéaste canadien Xavier Dolan – benjamin du jury du haut de ses 26 ans -, l’actrice britannique Sienna Miller – âgée de 33 ans -, et l’acteur américain Jake Gyllenhaal – d’un an son aîné -, épauleront-ils les frères américains dans la lourde tâche d’établir le prestigieux palmarès avec les longs-métrages sélectionnés en compétition officielle.

Le réalisateur mexicain Guillermo del Toro, la comédienne Française Sophie Marceau, l’actrice espagnole Rossy de Palma mais également la chanteuse malienne Rokia Traoré seront les autres membres du jury du Festival de Cannes, qui se tiendra 13 au 24 mai.

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« Tête d’or » de Paul Claudel, à la Cartoucherie

—Par Michèle Bigot —

tete_d_orTÊTE D’OR
De Paul Claudel,
Mise en scène : Jean-Claude Fall,
Avril 2015, La Tempête, Cartoucherie

Pièce de jeunesse, écrite en 1889, Tête d’or nous revient rajeunie et comme régénérée d’un sang nouveau dans une version africaine mise en scène par Jean-Claude Fall.
Tête d’or, le héros éponyme, est une tête brulée. Ayant tout perdu, femme, parents et toute attache sociale, ce desperado se sent pourtant investi d’un destin hors normes : il sera le « sauveur suprême » d’un pays perdu. En vertu d’une audace indomptable et par la force des armes, il renverse la royauté et toute la légitimité héritée des institutions, retourne la situation politique en sa faveur et finit par exiger les pleins pouvoirs. Figure de despote, prônant les valeurs de l’ordre, de la discipline, de la force virile , de la fierté et de la volonté, il annonce l’homme providentiel du régime fasciste : son culte de la force virile et sa fascination pour la mort ne sont pas non plus sans rapport avec les terroristes d’hier et les djihadistes d’aujourd’hui.
C’est ainsi que Jean-Claude Fall explique trouver un écho de Tête d’or dans les sociétés claniques ou tribales d’aujourd’hui, que ce soit en Afrique ou en Europe de l’est.

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Les vingt ans de « Recherches en Esthétique »

— Par Pierre Juhasz —

recherches_esthetique_01-20La revue Recherches en Esthétique, avec son vingtième numéro, fête sa vingtième année d’existence. Étant un fidèle lecteur de cette revue depuis sa naissance et contribuant, depuis cinq ans, par des articles ou des recensions, à alimenter ses pages, je souhaite, par les quelques lignes qui suivent, participer à cette célébration en évoquant, à travers les vingt numéros parus, ce qui constitue, à mes yeux, la très grande qualité de cette revue et, dans le champ des publications sur l’art, son unicité. Célébration que je souhaiterais sous le signe, non d’une commémoration, mais, comme le dirait Walter Benjamin, d’une remémoration, afin que se dessinent – en plasticien que je suis – les contours du territoire et des horizons ouverts et couverts par Recherches en Esthétique, afin d’esquisser brièvement l’histoire et la géographie qui lui ont donné naissance.

En tant qu’enseignant d’arts plastiques, en tant que plasticien et aussi, parfois, critique d’art, ma réflexion porte sur l’enseignement artistique, sur l’approche discursive des œuvres d’art et plus généralement sur les questions relatives à l’art. C’est ainsi qu’à travers les numéros successifs, l’occasion m’a été donnée de m’interroger sur l’imprévisible dans l’enseignement artistique, sur l’insolite dans l’œuvre de Jean-Jacques Lebel, sur la notion de trouble dans l’Assomption du Titien ou encore, de me pencher sur la question de l’engagement dans l’œuvre de Joan Fontcuberta, ou encore, j’ai eu l’occasion de présenter, dans le dernier numéro, le très bel ouvrage de Jean Lancri sur Etant donné de Duchamp : De l’ombre chez (ou sur) Marcel Duchamp.

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« Penser le nazisme » : Johann Chapoutot publie La loi du sang.

la_loi_du_sangDevant l’ampleur et le caractère inédit des crimes nazis – qu’ils soient collectifs ou individuels –, les historiens butent sur la causalité profonde, qui reste obscure.
Ces comportements monstrueux s’appuient pourtant sur des fondements normatifs et un argumentaire juridique qu’il faut prendre au sérieux. C’est ce que fait ici Johann Chapoutot dans un travail de grande ampleur qui analyse comment les philosophes, juristes, historiens, médecins ont élaboré les théories qui faisaient de la race le fondement du droit et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout : la procréation, l’extermination, la domination.
Une profonde intimité avec une immense littérature publique ou privée – correspondances, journaux intimes –, avec la science et le cinéma du temps, rend sensible comment les acteurs se sont approprié ces normes qui donnent un sens et une justification à leurs manières d’agir. Comment tuer un enfant au bord de la fosse peut relever de la bravoure militaire face à l’ennemi biologique.
Si le métier d’historien consiste à comprendre et non à juger, ou à mieux comprendre pour mieux juger, ce livre jette une lumière neuve et originale sur le phénomène nazi.

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Festival de Cannes, calque de l’état du monde

— Par Michaël Melinard —

festival_de_cannes-2015Quatre Français, trois Italiens, un seul premier film et deux femmes cinéastes ont été retenus 
pour concourir à la palme d’or.

L’ombre de Gilles Jacob planait à la conférence de presse du Festival de Cannes. On ne reste pas impunément quarante ans à la tête de la plus prestigieuse manifestation mondiale du septième art. Néanmoins, le président Pierre Lescure s’est autorisé une boutade, « le Festival aura bien lieu », en forme de clin d’œil au nouveau roman de son prédécesseur, Le Festival n’aura pas lieu. La sélection est rarement complète lors de sa présentation à la presse. Mais, avec une compétition limitée pour l’instant à 
16 films et une sélection de 42 films, nul ne doute que des ajustements seront faits dans les jours à venir. « Je vous livre 90 % de la sélection. Nous avons reçu 1 854 films. Tous les films sont vus. Tout le monde peut postuler », rappelle Thierry Frémaux.

La compétition fait la part belle au cinéma français, signe de sa vitalité actuelle. À l’habitué Jacques Audiard, qui présente Dheepan, autour de la communauté tamoule en France, s’ajoute Maïwenn, déjà primée pour Polisse.

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Les puffins de l’îlet Hardy

Aventures scientifiques en compagnie du Père Pinchon

ilet_hardy-1— Par Roger de Jaham —

Vers le milieu des années 1960, nous étions un groupe d’adolescents plus ou moins cousins, en tout cas bons amis, qui avons eu la chance de croiser la route du Père Robert PINCHON. Non pas au Séminaire collège, où celui-ci enseignait les sciences naturelles, car nous étions tous scolarisés au Lycée Schœlcher ; mais l’un d’entre nous, Hugues, était le fils d’un chef d’entreprise martiniquais absolument passionné par la nature et l’histoire de notre île, matières auxquelles il consacrait alors, outre tout son temps libre, une bonne partie de ses ressources financières.

Émile HAYOT, car il s’agit de lui, le fondateur de la Société d’Histoire de la Martinique, contribuait en effet, avec d’autres « sponsors » dont le docteur MORANGE, tout aussi enthousiaste que lui, au financement des travaux et des « expéditions » du Père PINCHON. Ces trois amis nous avaient recrutés avec autorité pour être les tâcherons taillables et corvéables à merci de leurs diverses recherches. C’est ainsi que Jean-Paul MARRY, Jean-Marc GOUYER, Hugues PETITJEAN-ROGET, Jean-Marc MATHIEU, Hugues HAYOT et moi-même avons par exemple retourné des tonnes de sable au Diamant lors de fouilles archéologiques sur des sites précolombiens ; nettoyé et assemblé des milliers de tessons de poteries caraïbes ; recherché les dents d’un cachalot échoué à l’Anse Couleuvre pour calculer son âge…

C’est dans ce contexte de travaux forcés au demeurant bien amicaux, que le Père PINCHON se donne une nouvelle énigme scientifique à résoudre : il s’agit de la migration des puffins de l’îlet Hardy, près de la baie des Anglais à Sainte-Anne.

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Martinique: décès du doyen des prêtres

gaston_jean-michel-400Mgr Gaston Jean-Michel, doyen des prêtres de la Martinique, s’est éteint ce matin à Fort-de-France, à l’âge de 103 ans.

Le père Gaston Jean-Michel avait vu le jour le 18 décembre 1911 à Fort-de-France. Formé au séminaire d’Alger (Algérie), ordonné prêtre en 1939, il avait été élevé 70 ans après à la dignité de « prélat et familier de Sa sainteté » par le pape Benoît XVI, le 18 octobre 2009. Une distinction qui lui a conféré le titre de « Monseigneur » et le droit de revêtir la soutane violette des évêques.

Mgr Gaston Jean-Michel faisait figure de mémoire vive de l’Eglise de Martinique. Il y a une trentaine d’années, il avait fondé la seule radio catholique du diocèse. Radio Saint-Louis qu’il tenait pour être « l’organe officiel de la communication diocésaine ». Durant de longues années, il a notamment commenté les évangiles au micro de cette radio lors d’émissions interactives.

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« Le Père Gaston JEAN-MICHEL, Témoin de l’Evangile » disponible en Martinique

Entretien avec Frère David Macaire, nommé archevêque de Saint-Pierre et Fort de France le 7 mars 2015, sur « Mémoire martiniquaise et histoire ecclésiale »

Ce livre, sorti en Mars 2013, est disponible en Martinique dans les librairies catholiques.

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La révolte : le cri d’une femme

La pièce de Villiers de l’Isle-Adam fait entendre, avant l’heure, un vibrant plaidoyer féministe.

la_revolte—- Par Annie Chénieux —

Comme chaque soir, Elisabeth est assise à sa table de travail. Mariée à Félix, banquier, elle est aussi sa comptable –elle lui a fait réaliser d’excellentes affaires- et la mère de sa fille. Après avoir terminé son travail, elle lui annonce qu’elle le quitte. Ses affaires sont prêtes, les comptes en règle, une voiture l’attend. Son mari est abasourdi. Elle lui énonce les raisons de sa décision, le renoncement à ses rêves, le désir d’une autre vie, moins matérielle. Elle part. Mais quatre heures plus tard, la voici qui revient, plus meurtrie que jamais. Il est trop tard pour changer de vie, elle a perdu son âme.

Ecrit en 1870, le plaidoyer féministe retentit avec force. Quelques années avant Ibsen et Maison de Poupée, le poète Villiers de l’Isle-Adam, alors trentenaire, donne la parole à une femme et à travers elle, évoque son rapport à la poésie, et à la vie. C’est un texte fort, d’une écriture magnifique, acérée, qui porte haut le cri de la révolte.

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Snow therapy, justement récompensé à Cannes.

*A Madiana Vendredi. 24 avril 15 à 19h30.

snow_therapy-3 —Par Dégé—

D’abord un happy end où le héros Tomas réussit enfin à recoller les morceaux de son manteau de héros en sauvant, cette fois, sa femme dans une tempête de neige où il a aventuré sciemment toute sa petite famille. Tout se passe dans un écran de blancheur purifiante et confuse.

Ensuite comme une excroissance qui aurait inexplicablement échappé au montage, un nouvel épilogue. Le panorama vaste, précis, en pleine lumière, laisse voir une vallée vertigineusement profonde où serpente une route en apique sur laquelle un conducteur d’autobus inexpérimenté peine à ne pas basculer dans le vide. Ebba, la femme de Tomas, lâche à son tour, tremble, veut sortir. Tant la peur est contagieuse, les autres passagers descendent et tous vont rentrer à pied. Sauf une personne. (Peu précautionneuse, seule, reste dans le car une jeune femme qui, ayant laissé en Suède ses devoirs familiaux, a passé chaque jour de sa semaine de vacances avec un homme de son choix. Liberté. Ressourcement. Elle prend tous les risques qu’une vie sans peur et sans reproche lui offre.)

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Cannes 2015 : un hommage à Ingrid Bergman

festival_de_cannes-2015À l’occasion de sa 68e édition (13-24 mai 2015), le Festival de Cannes rend hommage à Ingrid Bergman en la choisissant pour figurer sur son affiche, succédant à Marcello Mastroianni.

Icône moderne, femme libre, actrice audacieuse, Ingrid Bergman fut à la fois star hollywoodienne et figure du néoréalisme, changeant de rôles et de pays d’adoption au gré de ses passions, sans jamais perdre ce qu’elle avait de grâce et de simplicité.

Sur l’affiche, l’actrice d’Alfred Hitchcock, de Roberto Rossellini et d’Ingmar Bergman, qui a donné la réplique à Cary Grant, Humphrey Bogart ou encore Gregory Peck, se dévoile dans l’évidence de sa beauté, offrant un visage serein qui semble tourné vers un horizon de promesses.

Liberté, audace, modernité, autant de valeurs que revendique le Festival, année après année, à travers les artistes et les films qu’il choisit de mettre à l’honneur. Ingrid Bergman, qui fut Présidente du Jury en 1973, l’encourage dans cette voie…

« Ma famille et moi-même sommes très touchés que le Festival de Cannes ait choisi notre merveilleuse mère pour figurer sur l’affiche officielle, l’année du centenaire de sa naissance », déclare Isabella Rossellini.

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L’Amant anonyme : rafraîchissant et délicieusement désuet

— Par Roland Sabra —

chevalier_de_saint_georgeC’est à la générosité de la Fondation d’Entreprise SPHERE, que l’on doit la présentation de l’Amant anonyme le seul opéra du Chevalier de Saint-George qui nous soit parvenu complet. L’argument est d’une grande minceur. Qu’on en juge : Alain Guédé, apôtre zélé de la cause de Joseph Boullongne de Saint-George, rapporte ainsi les circonstances de la création de L’Amant anonyme : « Valcour, un riche aristocrate, est secrètement amoureux de la belle Léontine dont il est devenu le confident depuis que son mari l’a quitté. Mais, n’osant lui déclarer son amour, il lui adresse anonymement fleurs, présents et lettres enflammées. Le cœur de la prude Léontine finit bien vite par balancer entre la présence douce et rassurante d’un Valcour et la passion qui éclate dans les lettres de son amant anonyme. Le dilemme est tranché lorsqu’elle découvre que les deux ne forment qu’une seule et même personne. ».
Le livret est issu d’une comédie homonyme en cinq actes écrite par Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, autrement connue sous son nom de plume  de Félicité de Genlis.

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« Célimène et le Cardinal » : l’émancipation est toujours en devenir

— Par Roland Sabra —

celimene_&_le_cardinal-_afficheIl est des textes de théâtre dont il semblerait qu’ils aient été écrits autour d’un personnage. C’est le cas de cet objet nommé « Célimène et le Cardinal ». Gaëlle Billault-Danno est la septième comédienne à endosser le rôle de Célimène dans la pièce de Jacques Rampal écrite en 1992 et qui se veut une suite en alexandrins, au Misanthrope de Molière. L’idée n’est pas neuve. Georges Courteline en 1905 avait créé La Conversion d’Alceste, elle aussi en alexandrins et bien avant, en 1791 peu de temps avant d’être guillotiné, le révolutionnaire Fabre d’Eglantine avait écrit Le Philinte de Molière, ou la Suite du Misanthrope, une comédie en 5 actes et en vers. On n’oubliera pas, au cinéma cette fois, en 2013, Alceste à bicyclette, le film de Philippe Le Guay , où Lambert Wilson et Fabrice Luchini jouent alternativement le rôle transposé d’Alceste et celui de Philinte.

Célimène a pris vingt ans d’âge. La mondaine, la coquette, la séductrice sans attaches a épousé un riche marchand, dans le cadre très classique d’une alliance entre une aristocratie désargentée et une bourgeoisie en manque de reconnaissance.

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700 migrants noyés et l’Union européenne joue l’irresponsable

bateau_immigrantsCe week-end, le naufrage d’une embarcation de migrants a causé un nombre de morts jamais égalé au large de Lampedusa. Les autorités européennes accusent les passeurs de ce nouveau drame. ONG et responsables politiques de gauche critiquent, eux, l’Europe forteresse.

Dans la nuit de samedi à dimanche, 700 migrants ont perdu la vie en mer au large des côtes italiennes. « La pire hécatombe jamais vue en Méditerranée », a déclaré Carlotta Sami, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), en rendant publique la sinistre nouvelle.

Cette semaine, selon les gardes-côtes italiens, plus de 11 000 personnes auraient fait l’objet d’opérations de sauvetage au large de Lampedusa. Depuis le début de l’année, plus de 1 600 personnes auront, malgré tout, péri noyées aux portes de l’Europe, dont 1 150 ces derniers jours. Ce décompte macabre s’élevait à 50 âmes, l’année dernière à la même époque, alors que l’opération italienne « Mare Nostrum » était encore en place. Pourtant, au mois d’octobre dernier, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, après avoir rencontré ses homologues de l’Union européenne, s’était glorifié d’avoir « obtenu que l’on mette fin à l’opération “Mare Nostrum” pour lui substituer une opération de contrôle des frontières extérieures », faisant référence à l’opération « Triton » diligentée par Frontex.

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Fonds Saint-Jacques : cinéma sous les étoiles

« Des sports et des luttes »

cinema_sous_etoileMercredi 22 & jeudi 23 avril, 19 h
Domaine de Fonds Saint-Jacques
En plein air
Entrée gratuite

Fort du succès,l’année dernière, de son concept original et unique « Cinéma sous les Étoiles », le Domaine de Fonds Saint-Jacques, Centre Culturel de Rencontre reconduit, en 2015, ce moment convivial dans les jardins.
L’occasion est donnée aux petits et grands de découvrir des documentaires de grande qualité en famille.
Pour ce 1er rendez-vous, place est faite au 6e Festival du fi lm documentaire de la Martinique « Les Révoltés de l’Histoire » organisé par l’association Protea avec un programme intense de deux jours mêlant documentaires et rencontres artistiques.

Mercredi 22 avril 2015

Soirée Danmyé-Bèlè
Welcome to Fort-de-France : Danmyé, l’art martial créole
Narinderpal Singh Chandok,
ISP Production, 2013, 52 mn.
Ce film découvrir la splendide Martinique à travers cet art ancestral impulsé par des associations socio-culturelles locales.
Première partie musicale avec l’AM4
Le groupe AM4 fera une présentation de danmyé de type « Fèmen Lawonn » afi n de partager les valeurs de ce sport : esprit, force & courage.

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