Mois : avril 2015

Boko-Haram: plus de 2000 femmes enlevées depuis les lycéennes de Chibok

boko_haramAu moins 2000 femmes et jeunes filles nigérianes ont été enlevées par Boko-Haram depuis 2014 et réduites à l’état d’esclaves sexuels ou forcées à combattre. C’est le triste bilan dressé par Amnesty International, à l’occasion des un an de l’enlèvement des 270 lycéennes par la secte.

Intitulé « Notre métier est d’abattre, de massacrer et de tuer. Boko Haram fait régner la terreur », ce rapport est fondé sur près de 200 témoignages, dont 28 émanent de femmes et de filles ayant échappé à leurs ravisseurs. Il dresse un tableau accablant des exactions commises par la secte. Un an après le rapt à Chibok de 270 lycéennes qui a soulevé une vague d’indignation dans le monde entier, 219 d’entre elles sont toujours manquantes. Avec au moins 2000 enlevées depuis, les femmes et les jeunes filles restent des cibles privilégiées pour Boko Haram. Elles servent d’esclaves sexuelles, de kamikazes autant que de combattantes. Celles qui refusent les mariages forcés ou de combattre pour la secte sont abattues sur le champ.

« Les récentes victoires militaires représentent peut-être le début de la fin pour Boko Haram, mais il reste encore énormément à faire pour protéger les civils, résoudre la crise humanitaire et entamer le processus de reconstruction », souligne Amnesty, imputant à la secte la mort d’au moins 5.500 civils en 2014 et début 2015.

→   Lire Plus

« L’histoire de Poncia », de Conceição Evaristo

histoire_de_ponciaConceição Evaristo peut, à juste titre, être considérée comme l’une des plus importantes voix de la littérature afro-brésilienne, et plus particulièrement des femmes afro-descendantes au Brésil. Elle récupère une mémoire collective effacée par le discours colonial, et y mêle l’histoire non officielle et la mémoire individuelle. conceicao_evaristo
Née en 1946, deuxième enfant d’une famille de neuf, elle passe les premières années de sa vie dans une favela de Belo Horizonte (Minais Gerais). Avec le temps, bicoques en bois et habitants furent déplacés, l’avenue fut prolongée, de nouveaux immeubles virent le jour et les impasses et ruelles de l’enfance trouvèrent pour unique refuge la mémoire affective de la future écrivaine…
Malgré les difficultés, Conceição termine sa scolarité dans les écoles publiques et passe le concours d’institutrice en 1971.
Elle déménage quelques années plus tard à Rio de Janeiro, où elle fera toute sa carrière dans les écoles élémentaires publiques. Elle reprend ses études à 40 ans passés, et obtient un Doctorat en littérature comparée en 2011⋅
Elle commence à publier ses nouvelles et poèmes dans les années 1990, dans une anthologie annuelle de référence, Cadernos Negros, qui rassemble des textes d’écrivains afro-brésiliens⋅
L’histoire de Poncia, son premier roman, a été publié au Brésil en 2003 et a été traduit en anglais (américain) et espagnol.

→   Lire Plus

La Nuits des Molières : les Nommés 2015

les_molieresLa première cérémonie des Molières a eu lieu le 23 mai 1987 au Théâtre du Châtelet, retransmise en direct sur Antenne 2. Ces trophées récompensent chaque année les artistes et les spectacles les plus remarquables de la saison théâtrale.L’association a salué, au cours de ses vingt-six premières éditions les comédiens et artistes les plus talentueux et révélé de jeunes talents unanimement reconnus aujourd’hui Les Molières ne sont pas seuls au monde, ils ont deux proches cousins : les Tony Awards du théâtre américain, à Broadway, et les Laurence Olivier du théâtre anglais, dans le west-end londonien. Et comme parents éloignés, ils ont les « César » du cinéma français,
nés il y a 37 ans ; et encore plus lointains, les Oscars qui ont 84 années
d’existence.
Toutes ces cérémonies, qui célèbrent un art vieux de 100 ans pour le cinéma et de plusieurs siècles pour le théâtre, fonctionnent selon une procédure de vote à bulletin secret, sous contrôle d’huissier La force des Molières : à ce jour, il s’agit du seul organisme professionnel présentant chaque année le panorama de la création théâtrale en France, en réunissant en son sein théâtre public et théâtre privé.

→   Lire Plus

« Préservez cet état de Bonheur »

— Par Lucien Cidalise Montaise —
c_t_m_972Notre 5e saison arrive à grands pas, faisant oublier les quatre autres, essentielles elles aussi : la Noel, le Carnaval, les Pâques et les Grandes Vacances ! Il s’agit des élections pour la Collectivité Territoriale de Martinique. Très particulières, car d’une grande  clarté , elles sont comme l’auberge Espagnole, dont on ne sait pas grand-chose. Et ce malgré les efforts de tous.
Même d’anciens parlementaires toutes  tendances  confondues s’y sont mis et appellent la population à une lecture permettant « une vision appropriée du développement du territoire » (sic)  et l’incitent à faire le choix « d’une action politique pour un mieux vivre ensemble » ! (ré sic) ! . Donnent-ils raison à Césaire qui affirmait en parlant de ces dirigeants de Gauche « Ce sont des libéraux sans fanatisme  » ! Bouleversant en effet. Le changement souhaité par ces nouveaux réclamants, ne doit en rien remettre en cause l’actuelle orientation conventionnelle, sinon banale du développement territorial de la Martinique. En aucun cas, aspirer à dévier cette politique  affectueuse ! de reconnaissance de notre profonde attente qui ne brisera jamais la Solidarité Nationale !!!

→   Lire Plus

Snow therapy : regarde l’image des hommes tomber

De nouveau à l’affiche le vendredi 24!

snow_therapy-2

— Par Roland Sabra —

Tout est dans le premier plan, comme souvent dans les grands films. Filmé de dos, un gamin en tenue de ski, dans les pissotières d’un grand hotel d’une station d’hiver est concentré sur sa tâche. Il pourrait pisser en regardant ailleurs, la tête en l’air. Non le regard est fixé sur l’observation de ses attributs. On le voit se secouer, se rhabiller, puis disparaître hors champ, côté cour dirait-on au théâtre. Et si la masculinité ne tenait qu’à ça ? Et si tous les malheurs du monde ne tenaient qu’à cette survalorisation fétichiste de l’objet ? Telle pourrait être la grille de lecture du beau film d’ Östlund. En effet de quoi s’agit-il ? D’un rien. Ce rien qui fait basculer l’univers de représentations que nous habitons et qui nous habite. Une famille suédoise, très middle class, très convenue, mari, femme, deux enfants, fille et garçon, fait un break dans une station de sports d’hiver en France. Besoin d’une bouffée d’air pour le couple et la famille car l’homme était très occupé.

→   Lire Plus

Marcus Miller célèbre la tolérance

— Par Fara C.—

marcus_miller

Le musicien, touche-à-tout de génie, livre son CD « Afrodeezia » : une éblouissante fresque sonore.

Alors que Marcus Miller présente, en tournée, son CD Afrodeezia, fruit d’une quête assidue sur ses origines africaines, il a reçu en plein cœur la nouvelle de la mort de Walter Scott, quinquagénaire afro-américain qu’un policier a tué en lui tirant dans le dos. « Chaque fois qu’une bavure policière meurtrière se réitère, le traumatisme de l’esclavage et de la longue ségrégation raciale qui a suivi ressurgit avec véhémence au sein de la diaspora afro-américaine », confie-t-il. Pour lui, l’outil premier pour lutter contre tout type de stigmatisation, c’est l’éducation. « Je tente d’apporter ma contribution comme porte-parole de l’Unesco pour la commémoration de la Route de l’esclave. Je vais discuter, dans les villes où je me produis, avec des jeunes sur l’absolue nécessité de la tolérance. »

En avril, après son Olympia (le 13 avril), il jouera à l’Unesco, lors de la Journée internationale du jazz (le 30, à Paris), lancée, rappelle-t-il, par l’institution onusienne et des musiciens soucieux de promouvoir la paix.

→   Lire Plus

La dette publique et la croissance – le cas de la France

— Par Michel Herland —

Palais-de-lÉlyséeAu-delà du cas grec, qui est en quelque sorte caricatural, l’exemple français mérite réflexions. En 2013, dernière année pour laquelle on dispose de chiffres quasi-définitifs, les dépenses de l’État se sont élevées à 373 milliard d’euros et les recettes (hors emprunt) à 302 milliards. Plutôt que de présenter le déficit de 70 milliards environ en pourcentage du PIB, chiffre passablement abstrait, il est plus parlant de le rapporter aux dépenses de l’État. Le calcul est vite fait : l’État français s’avère incapable – et ce de manière récurrente – de financer un cinquième de ses dépenses, parfois davantage, autrement qu’en recourant à l’emprunt. Quelle entreprise, quel ménage, pourrait vivre indéfiniment sur un tel pied ? Autre chiffre à retenir : en 2013, toujours, alors que les prélèvements obligatoires atteignaient 46% du PIB, les dépenses publiques s’élevaient, elles, à 57% du PIB.

→   Lire Plus

Naomi Klein : « La crise climatique renforce les valeurs de la gauche, autant qu’elle la défie »

tout_peut_changerTout peut changer. Capitalisme et changement climatique, le nouvel essai de Naomi Klein

Notre modèle économique est en guerre contre la vie sur Terre. Nous ne pouvons infléchir les lois de la nature, mais nos comportements, en revanche, peuvent et doivent radicalement changer sous peine d’entraîner un cataclysme. Pour Naomi Klein, la lutte contre les changements climatiques requiert non seulement une réorientation de nos sociétés vers un modèle durable pour l’environnement, mais elle ouvre aussi la voie à une transformation sociale radicale, transformation qui pourrait nous mener à un monde meilleur, plus juste et équitable. Tant par l’urgence du sujet traité que par l’ampleur de la recherche effectuée, Naomi Klein signe ici son livre sans doute le plus important à ce jour.

Entretien réalisé par Marie-Noëlle Bertrand :
Dans « Tout peut changer, capitalisme et changement climatique »,la journaliste et essayiste Naomi Klein remonte à la source du réchauffement et démonte un capitalisme toujours plus avide de ressources. L’altermondialiste canadienne exhorte aussi la gauche à articuler lutte climatique et lutte contre l’austérité.

Votre livre décrit un conflit économique, idéologique, écologique. Est-on en guerre, et qui se bat contre qui ?

→   Lire Plus

François Maspero, héraut de toutes les luttes

— Par Claire Devarrieux —

editions_masperoIndépendance de l’Algérie, révolution cubaine : l’éditeur et libraire engagé, devenu écrivain sur le tard, est mort samedi à 83 ans.

L’éditeur et écrivain François Maspero est mort à Paris le 11 avril. Son ami médecin, le rhumatologue Marcel-Francis Kahn, raconte dans quelles conditions sur le site de Mediapart, où il a annoncé le décès le soir même : «Alerté par une fuite d’eau, on l’a découvert dimanche mort dans sa baignoire. Il avait passé la journée du vendredi 10 avec moi, qui l’avais amené dans une clinique de banlieue où il a subi un examen radiologique demandé par le spécialiste qui le suivait. Il avait 83 ans. Hier, on honorait la libération de Buchenwald où est mort son père. Je connaissais François depuis près de quarante ans et, au fil des ans, il était devenu mon meilleur ami.» Tous ceux qu’il a édités entre 1959 et 1982, à l’enseigne des éditions Maspero, tous les militants qu’il a soutenus, tous les lecteurs de l’œuvre personnelle qu’il a entreprise à partir des années 80 : il y a beaucoup de monde dans la cohorte de ceux qui se souviennent de lui.

→   Lire Plus

Oraison pour Henri Corbin

— Par André Lucrèce —

henri_corbin-400Le monde ne garde souvent à l’esprit dans une société humaine que l’état du pire, la graveleuse condition dans laquelle on s’épie.

Et puis, se penche vers vous, sans que cela ne soit dû au hasard, la possibilité d’une rencontre dans l’estime. C’est là que j’ai rencontré Henri Corbin, cela fait bien longtemps. Comme il me l’écrivait lui-même : cette longue et affectueuse amitié sous l’investiture des clartés nouvelles. Nous nous sommes, en effet, rencontrés au lieu de la poésie pour laquelle il avait le souci de la minutie portée à la pointe de la parole, là où se joue, dans la chose écrite, l’horizon du poème.

Cette rencontre avec Henri Corbin relève de cette joie rythmée par les mille eaux des intrigues de la langue. Ne point répudier son utopie consubstantielle – au lieu même où on risque de se brûler les ailes – pour dire l’essentiel : le murmure enchanté des retrouvailles avec sa terre, sa passion pour le monde des humbles, la beauté de l’amitié. Et puis il y a la femme et la danse violente du désir.

→   Lire Plus

Convoi pour Henri Corbin

— Par Patrick Chamoiseau —

gerbe_mortuaire

Ce sont maintenant les routes qui s’ouvrent

Plénières

Elles disent les énergies de l’archipel
les chairs aimantes du continent
(ce sont les langues qui chantent

créole des Bitations et langue de France gâchée
dans ce que l’Amérique a fait de l’espagnol)

C’est cette force tremblante
Cette solitude en liberté qui empoignait d’emblée tous les rivages connus
Toutes les saisons
Tous les possibles
Du soleil de Marseille aux sentiments de Saint-Domingue

Des profonds de l’ici jusqu’aux passions vénézuéliennes
Le lieu mis sans bornages sous l’étendard des Amériques

Le lieu mis solidaire

René char disait que pour un poète
ce sont les traces et non les preuves qui font rêver

Ami

J’ai connu ta tendresse pour notre soleil commun

J’ai su entendre dans le recoin des confidences le chant des femmes captives
et l’incroyable des aventures

(chevelure gominée et couteaux de voyou)
Rien de fixe ou de banal dans cette vie soumise à poésie très pure
Tu plongeais dans les ombres et vivait de lumière !

Pas de tombeau !

Les tombeaux de l’exil sont tristes, disais-tu

Pas de tombeau quand l’exil est vaincu et que l’errance nous verse à Relation !

→   Lire Plus

Uruguay: décès de l’écrivain Eduardo Galeano

eduardo_galeanoL’écrivain et journaliste uruguayen Eduardo Galeano, auteur notamment de « Les veines ouvertes de l’Amérique latine« , est mort aujourd’hui à 74 ans des suites d’un cancer à Montevideo.

Paru en 1971 en espagnol puis traduit dans une vingtaine de langues, « Les veines ouvertes de l’Amérique latine », réquisitoire sans appel contre l’exploitation du sous-continent depuis l’arrivée des premiers colons espagnols, était devenu un des ouvrages de référence de la pensée de gauche des années 70 et 80 puis de l’altermondialisme.

Eduardo Galeano est issu d’une famille catholique et paienne. À quatorze ans, il entre comme débutant au journal socialiste El Sol (es), où il brosse des caricatures d’hommes politiques tout en assurant la chronique des arts et du théâtre. Il est censuré par le président Jorge Pacheco Areco. À vingt ans, il devient chef de rédaction au grand hebdomadaire Marcha et, en 1964, directeur du journal Epoca à Montevideo.

À la suite du coup d’État militaire de 1973, il est emprisonné avec des milliers d’autres opposants, puis s’exile en Argentine.

→   Lire Plus

« Petra von Kant » de Fassbinder : un mauvais béguin chez les L(G)B(T)

— Par Selim Lander —

Petra von KantRainer Werner Fassbinder (1945-1982) a écrit aussi bien pour le théâtre que pour le cinéma, passant de l’un à l’autre comme ce fut le cas pour Les Larmes amères de Petra von Kant, une pièce créée en 1971 par sa troupe (baptisée Anti-Teater), avant de faire l’objet d’un film, l’année suivante, avec Hanna Schygulla dans le rôle-titre. Pas d’intrigue dans cette pièce mais la descente aux enfers d’une bourgeoise arrivée, créatrice de mode en vogue, Petra, qui s’est prise de passion pour une jeune et ravissante prolétaire, Karine. L’argent ne peut pas tout acheter : la morale de la pièce est donc politique, en ce sens, mais le sujet principal est bien celui des ravages de la passion.

Deux personnages qui s’affrontent, deux femmes bisexuelles : Petra sort d’une mauvaise expérience avec un homme ; Karine, mariée, est prête à courir vers son mari dès qu’il se manifestera. Cela ne l’empêche pas de faire le premier pas vers Petra, en venant lui donner un baiser. Et Petra s’embrase immédiatement.

→   Lire Plus

Gauguin superstar à Bâle

 

Cette exposition hors du commun organisée à la Fondation Beyeler fait un tabac et réunit 50 œuvres magiques de celui a révolutionné l’art moderne.

C’est l’exposition de tous les superlatifs. Cinquante Gauguin sont réunis à Bâle dans les salles hautes et lumineuses de la Fondation Beyeler. Les prêts émanent de treize pays – du Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid au Museum of Modern Art de New York en passant par les légendaires collections du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg ou du musée Pouchkine de Moscou –, ce qui n’est pas une mince affaire à réunir si l’on en croit Sam Keller. Le directeur de la fondation est manifestement heureux d’être venu à bout d’un projet qui a exigé plus de six ans de préparation et fait exploser tous les plafonds d’assurance : 2,5 milliards de francs suisses.

L’exposition aligne les chefs-d’œuvre avec une rectitude quasi horlogère. On compte notamment pas moins de cinq autoportraits, de la toile fringante de 1893-1894, où l’artiste se figure palette à la main, chapeauté d’astrakan, au tableau plus sombre de 1903, année de la disparition de Gauguin.

→   Lire Plus

Mort de Günter Grass, prix Nobel de littérature

—Par Pierre Deshusses —
gunther_grassC’était un écrivain de  cœur et de gueule, sans conteste le plus célèbre des auteurs allemands de l’après-guerre. Günter Grass est mort lundi 13 avril, dans une clinique de Lübeck, a annoncé la maison d’édition Steidl. Il avait 87 ans. Prix Nobel de littérature en 1999, il était aussi un homme politiquement engagé à gauche, qui avait activement soutenu le chancelier Willy Brandt dans les années 1970 et farouchement critiqué la réunification dans les années 1990, sans compter ses multiples prises de positions en faveur des opprimés de tous les pays.

C’est en 1959 que Günter Grass fait son entrée en littérature. Une entrée fracassante sur la scène internationale avec son premier roman, Le Tambour (Die Blechtrommel), imposant par son volume, dérangeant par son propos, époustouflant par son style. Ce roman de plus de six cents pages rompt avec les deux singularités de la littérature allemande d’après-guerre : d’un côté la littérature des ruines (« trümmerliteratur ») représentée par Heinrich Böll, d’un autre la littérature expérimentale, dont le représentant le plus singulier est Arno Schmidt. Dans Le Tambour, Oskar Matzerath a trois ans lorsqu’il décide de ne plus grandir.

→   Lire Plus

Quand la bombe monétaire explosera

— Par Robert Saé —

bombe_monetaire1 / Un système en bout de course
L’histoire est ainsi faite ! Quand un système est devenu obsolète rien ne peut empêcher qu’il se délite. Pour sauver les meubles, les gouvernements qui gèrent le système capitaliste imposent des politiques et des mesures visant à concentrer au plus vite le maximum de richesses entre les mains d’une caste de plus en plus minoritaire. Conscients, cependant, que rien ne peut cacher les conséquences du saccage économique, notamment sur le plan social, ceux qui en profitent mobilisent leurs économistes et leurs médias pour détourner l’attention de l’opinion vers des leurres. Ce qui serait en cause, c’est « l’absence de compétitivité », « l’état d’esprit du marché et des investisseurs », « la baisse du nombre des cotisants » et « l’insuffisance de sacrifices ! » Comme si on pouvait attendre du criminel qu’il donne le nom du poison utilisé et qu’il livre l’antidote à celui qu’il veut tuer ! En réalité, c’est le système lui-même qui est atteint d’une maladie incurable.
Chacun sait que la monnaie joue un rôle central et fondamental dans le fonctionnement du système capitaliste.

→   Lire Plus

« Un obus dans le coeur » : mort et renaissance dans le silence de la mère

—Par Roland Sabra —
obus_ds_le_coeurC’est un moment d’émotions d’une rare intensité que nous a offert Hassane K. Kouyaté en programmant Un obus dans le coeur, le magnifique texte de Wadji Mouawad interprété par Julien Bleitrach qui signe la mise en scène avec Jean-Baptiste Epiard. C’était une nuit. Une nuit de rage. Une tempête sur la ville et dans la tête. Il neigeait et elle agonisait sur un lit d’hôpital.   Le téléphone avare de mots avait juste lancé : « Viens vite !  » Elle ? La mère ! Lui, Wahab le fils se dit : « Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier ! »» mais aussi : « Le clignement de mes yeux fait fondre le givre de mes cils et c’est l’hiver au complet qui pleure sur mon visage « . Même attendue, la mort est toujours une surprise. Elle survient au détour d’un chemin. « Nawal. J’étais dans l’autobus. Sawda, j’étais avec eux! Quand ils nous ont arrosés d’essence j’ai hurlé :  Je ne suis pas du camp, je suis comme vous!

→   Lire Plus

Conception assistée.

« Toutes les filles de Galilée sont programmées pour accueillir en leur sein le messie ».

annonce_marie—Par Jean Rouaud —

L’impossible équation que pose Dieu Lui-même en créant l’Homme à son image : Dieu, hors sol, hors temps = l’Homme, la terre et le temps. Pour tout le monde, ça fait deux poids deux mesures, pot de fer contre pot de terre. Et pourtant, pour ce qui est de la question de la représentation, tout va se jouer dans cet entre-deux. Comment passer de l’un à l’autre, de l’invisible au visible. Comment donner forme humaine à un principe créateur, comment faire tenir l’infini dans une mangeoire et l’éternité dans le cours d’une vie, comment blottir la toute-puissance divine dans les bras d’un nourrisson ?

Mais quand même on y parviendrait, 
comment identifier ce Dieu fait homme ressemblant à s’y méprendre au charpentier du coin ? Et d’abord, comment va-t-on le concevoir ? À la grecque. Pardon ? En s’inspirant du vieux fonds mythologique méditerranéen. Un dieu s’accouple avec une terrienne en se déguisant, par exemple, en cygne, et de leurs amours zoophiles naissent deux enfants d’un même œuf, Castor et Hélène (Pollux n’est que le demi-frère de Castor, et Hélène est celle dont la beauté va enflammer Troie).

→   Lire Plus

« Conducta », du cinéaste cubain Ernesto Daranas reçoit une mention à New York

conductaNew York – Le film cubain Conducta, du cinéaste Ernesto Daranas, a reçu une mention spéciale lors du gala de l’Association des Chroniqueurs du Spectacle de New York (ACE) durant la 47e édition de ses traditionnels prix.

Durant le gala qui a eu lieu dans le Kaufman Center de Manhattan, le film qui relate les vicissitudes d’un jeune étudiant et le grand effort de son institutrice pour faire sortir tout son potentiel positif, a reçu cette mention par son haut contenu humain.

Une des protagonistes du film, l’actrice Silvia Águila, est montée sur la scène pour recevoir le prix de l’ACE, que préside le journaliste dominicain Fernando Campos.

Le film mexicain Cantinflas, réalisé par Sebastián del Amo, a été élu le meilleur pour la façon originale avec laquelle il narre des passages de l’histoire personnelle du légendaire acteur et comédien mexicain Mario Moreno (Cantinflas).

Le prix a été remis aux producteurs du film, Alejandro Barrón et Vidal Cantú, qui ont souligné « la capacité du cinéma mexicain à être à la fois commercial et global pour arriver dans les salles étasuniennes ».

→   Lire Plus

« Le clou du spectacle » : virtuose !

Par Selim Lander

le clou du spectacleDeux jeunes comédiens brûlent les planches au Guichet Montparnasse dans un spectacle délirant qui met surtout en évidence le talent des deux interprètes, l’aisance avec laquelle ils passent sans transition d’un personnage à l’un des quinze autres qui peuplent tour à tour la scène. Il s’agit en effet de jouer Roméo et Juliette, ce qui n’est pas une mince affaire, on le reconnaîtra aisément. La preuve : au commencement de la pièce, Julien et Denis sont face à saint Pierre qui les interroge sur les circonstances de leur mort, avant de décider de leur sort. La suite nous apprendra pourquoi et comment la représentation du chef d’œuvre de Shakespeare a très mal tourné. La pièce – co-écrite et co-créée par Mathieu Davidson et Alexandre Foulon et désormais interprétée par Mathieu Davidson et Yam Koen – est donc une satire du théâtre. Très drôle de bout en bout, même si la deuxième partie, celle où, après les répétitions et autres préparatifs, on passe à la représentation elle-même, vire un peu trop – à notre goût – à la grosse farce.

→   Lire Plus

« Célimène et le Cardinal», de Jacques Rampal au T.A.C.

Jeudi 16 avril 2015 à 19h 30

celimene_&cardinalCardinal ! C’est, vingt ans plus tard, Ie destin qui attendait Ie Misanthrope imaginé par Molière ! Voici Alceste dans la situation très confortable d’un homme coupé d’un monde qu’il réprime de sa main de fer : au XVIIème siècle, Ie pouvoir d’un prélat est considérable. Vingt ans après, il s’invite donc chez son ancienne amante pour trouver une jolie quadragénaire, qui, loin de la Cour qu’elle a « trahie » en épousant un bourgeois, semble parfaitement comblée avec ses quatre enfants. Mais qu’est donc venu faire I’égal de Mazarin chez cette mère de famille sans histoire ? Convaincu d’être l’ambassadeur de Dieu auprès des hommes, Alceste décide de confesser cette brebis égarée, trop heureuse pour être honnête. Cette « confession », tour à tour cocasse et émouvante… tournera vite à Ia joute oratoire entre un janséniste ancré dans son époque et une libertine avant l’heure, figure de proue, selon Alceste, d’un XVIIIème siècle qui arrive à grands pas. Mais de ce conflit seul I’Amour sortira vainqueur.
Avec : Gaëlle Billaut-Danno : Célimène /Pierre Azema : Alceste Le Cardinal

 Au Théâtre Aimé Césaire (T.A.C.)

→   Lire Plus

Tony Allen perpétue la flamme Afro-Beat

tony_allenINTERVIEW – Il fut l’architecte rythmique de l’afro-beat, cette musique éruptive de combat et de la fierté noire inventée par Fela à l’entame des années 70 à Lagos, capitale bouillonnante du Nigéria. Batteur d’exception, célébré par nombre de ses pairs afro-américains mais aussi des artistes pop comme Damon Albarn, Tony Allen poursuit une carrière féconde en solo. Il sera en concert samedi à La Gaité Lyrique dans la foulée de son nouvel album, Film of Life.

Avec Film of Life, vous semblez prendre vos distances avec l’orthodoxie afro-beat…
Je suis mon propre chemin. Je refuse de m’enfermer dans un style, une grammaire, ce serait ennuyeux pour moi. Secret Agent était différent de Lagos No Shaking, qui était différent de Home Cooking etc… Alors parfois le public peut être surpris par certains morceaux. Tant mieux, je ne cherche pas à lui donner ce qu’il veut entendre. Mais le rythme, le « Beat » de l’Afro-Beat est bien présent. Et il peut s’accommoder de toutes les sauces musicales. On ne mange pas la même nourriture tout le temps. Il faut varier les plaisirs.

→   Lire Plus

Festival : Ma parole, c’est Mythos!

— Entretien réalisé par Victor Hache —

mythosDepuis près de vingt ans, le festival Mythos de Rennes défend la question de l’oralité au travers des histoires qu’il met en avant de manière originale. Aujourd’hui l’événement a élargi sa proposition pour englober les arts de la parole au sens large du conte, au récit, du théâtre à la chanson (1). Une programmation délibérément éclectique qui propose une cinquantaine de spectacles à l’occasion de la 19è édition de Mythos. Rencontre avec Mael Le Goff, son directeur artistique.

Mythos depuis sa création met en valeur les arts de l’oralité. En quoi est-ce important de défendre la parole dans nos sociétés contemporaines?

Mael Le Goff : J’ai le sentiment qu’aujourd’hui on communique beaucoup mais qu’on ne se parle plus vraiment. On voit bien qu’un certain nombre de propositions artistiques mettent en avant la forme, les images. On reproduit ce qui attire les gens par des images un peu choc et des choses à consommer facilement. Aujourd’hui il s’agit de reformer le cercle, de redonner place à cette parole millénaire qui a toujours existé, que les sociétés traditionnelles entretenaient de génération en génération.

→   Lire Plus

Henri Corbin, mort d’un poète de la Caraïbe

— Par Sylvie Glissant —

couronne_mortuaire« La mort est superbe

 elle met fin à la faiblesse de notre argile » ,

 l’oiseau des ruines ( page 69) , extrait des poèmes inédits envoyés par Henri Corbin il y a quelques semaines…

Le grand poète Henri Corbin vient de mourir en Martinique. Édouard Glissant, son frère en poésie, le saluait dés 1962 dans la Revue Esprit comme étant « sans aucun doute l’un des plus doués parmi les jeunes poètes antillais » lors de la publication de son recueil Le lys et l’ébène. Il ajoutait :  » le titre de ces poèmes résume bien leur propos qui est de cerner la ligne de partage entre les deux univers du poète. Il témoigne ainsi pour la douloureuse ambiguïté qui fut longtemps le lot des antillais. Il faut augurer que bientôt, une fois « les prisons vides » , il nous dessinera, comme il y convie lui-même, « d’autres lunes » .

Premier prix Frantz Fanon en 1987 pour Le Sud rebelle (relatif aux révoltes qui ont amené le  22 Mai 1848 l’abolition de l’esclavage en Martinique), l’édition de 1996 : Le Sud rebelle (Édition La Ceiba, Caracas 1990) est Mise en scène par  Yvan Labejof.

→   Lire Plus

« Pour un théâtre de la vérité et de l’inexplicable »

Message International de la Journée Mondiale du Théâtre 2015

— Par Krzysztof Warlikowski —

krzysztof_warlikowskiLes vrais maîtres du théâtre se trouvent généralement loin de la scène. Et ils n’ont souvent que peu d’intérêt pour le théâtre en tant que machine à copier les conventions et à reproduire les clichés. Ils recherchent plutôt la source de l’impulsion, les courants de vie qui ont tendance à éviter les salles de spectacles et les foules promptes à copier un monde ou un autre. Nous copions au lieu de créer des mondes ciblés ou même dépendants de débats avec un public, et d’émotions sous-jacentes. Alors qu’en réalité, il n’y a rien qui révèle mieux les passions cachées que le théâtre.

Le plus souvent je me tourne vers la prose pour me guider dans la bonne voie. Chaque jour qui passe, je me rends compte que je pense à des écrivains qui ont décrit il y a plus de cent ans, de façon prophétique mais contenue, le déclin des dieux européens, le crépuscule qui a plongé notre civilisation dans une obscurité qui doit encore être illuminée.

→   Lire Plus