Lettre ouverte à l’État et à nos Dirigeants

— Par Florent Grabin, président de l’Association écologique P.U.M.A. —

Afin d’informer la population sur la qualité de l’Eau au robinet, nous vous adressons cette lettre ouverte pour tenter d’avoir le bon éclairage dans cette Eau trouble administrative ; celle-là même qui a traversé des péripéties avant de couler aujourd’hui au robinet de très nombreux consommateurs.

Nous sommes sortis de très loin et parvenons à passer à travers les gouttes, des postillons des joutes verbales de nos différents élus, qui pour justifier leur incapacité à gérer ce dossier EAU, se livrent à différentes vannes et autres élucubrations pour tenter de s’accuser mutuellement.

Depuis 1870, année de la première pose d’une canalisation de 6 km pour alimenter la Ville de Saint-Pierre à partir du captage de la Source Morestin, au Morne-Rouge. Depuis il y a eu des investissements pour tenter d’approvisionner en Eau toute la population en Martinique.

En 1856, Fort-de-France captait l’Eau de la Rivière Absalon et alimentait ainsi, par un canal à ciel ouvert, la fontaine Gueydon dont la cascade spectaculaire agrémentait les abords de la Rivière Madame. Par souci d’hygiène, l’orientation de la fontaine et sa construction en marches d’escalier étaient conçues pour assurer au mieux une stérilisation par aération et exposition aux ultraviolets, ce qui n’empêcha pas de fréquentes épidémies telles que la typhoïde.

C’est à partir de 1946 que furent construites les usines de traitement actuelles et réseau de distribution d’Eau sous pression. Grâce au jeune Médecin, Pierre ALIKER, de retour au pays, il a été introduit la dépollution bactérienne par la chloration à l’Usine de Didier ainsi que dans les autres usines, c’est la DASS qui assurait le contrôle sanitaire.

Depuis les choses ont évolué, la dépollution de l’Eau n’est plus seulement une question bactérienne, nous avons été rattrapés par la patrouille chimique, qui agit en bande organisée. C’est là que nait toute l’ambigüité, donnant des tirades administratives de l’ARS qui écrit des interprétations des analyses de l’Eau livrée au consommateur. Nous, PUMA, avons dans les années 2000 mis la pression sur les Directions de la DASS, devenue aujourd’hui ARS, pour obtenir que les analyses se fassent au Laboratoire de Valence. Au paravent, c’était celui de Lille, leur prestataire qui faisait les analyses sans rechercher les pesticides, car n’étant pas équipé pour et surtout ne recevaient pas cette demande. En 2008, le résultat de la recherche du Laboratoire de Valence a permis d’obtenir enfin la vérité, et confirmer nos craintes, il y avait bel et bien une véritable ‘’bombe chimique’’ dans la production de l’Eau du robinet du consommateur.

375 molécules ont été détectées, à différentes doses ne dépassant pas la limite autorisée… BRAVO, ‘’roulez jeunesse’’. Dans le même temps, il est clairement indiqué : Comme attendu, des traces de Chlordécone sont retrouvées au robinet, mais à des niveaux très inférieurs aux seuils de potabilité (0,1µl/l). En effet, le charbon actif a un rendement déterminé (en l’occurrence supérieur à 97 %) et ne retient pas l’intégralité des pesticides, mais permet d’atteindre les normes de potabilité.

En revanche il est curieux d’observer la présence d’anthraquinone, diuron et monuron (toujours en dessous des seuils de potabilité) sur le réseau de distribution, puisque ces molécules ne sont pas retrouvées de façon usuelle au niveau de la ressource en eau brute (prise sur la Rivière Lézarde ou la Capot) Les distributeurs d’eau en ont été informés.

Sans avoir fait de grandes études, le consommateur ingurgite depuis des années tous ces polluants très dangereux, l’ARS, différents producteurs et autres dirigeants nous indiquent que notre Eau est contrôlée, pas de problème braves gens continuez à avaler ce cocktail de pesticides.

Nous PUMA, sommes parvenus à faire la population se manifester, un contre-feu de l’ARS a été allumé en 2020, de nouvelles analyses sous le dossier n°19-17648 ont été faites, plus de 436 molécules ont été recherchées, et rebelote ‘’des niveaux très inférieurs aux seuils de potabilité (0,1µl/l).’’ ; cependant, le diable se cache dans les détails dans la rubrique : ‘’Commentaire : Analyse représentative de l’échantillon réceptionné. Délai d’acheminement trop long et température >+5°C +/-3°C’’

Pourquoi avoir caché cette information, qui vient confirmer que la CTM a perdu l’agrément pour le Laboratoire Territorial d’Analyse de Martinique ? Pourquoi la CTM n’a-t-elle pas procédé à ce renouvellement ? Cette perte nous met en contravention avec le Code de la Santé, qui impose que les analyses soient faites en moins de 5 h.

Par respect pour ceux qui souffrent de différentes maladies chroniques, y compris certains cancers, nous ne pouvons pas garder sous silence ce non-dit scientifique. Il n’y a pas que dans nos légumes que l’on trouve tous ces résidus chimiques, les différentes études scientifiques confirment que dans l’Eau de boisson il existe des polluants chimiques dont il est impératif de les extraire avant transport au robinet.

L’ARS a pour mission d’assurer le contrôle sanitaire de toutes les consommations, afin de garantir une bonne santé à la population, nos politiques ont pour impérieux devoir de garantir la bonne exécution des missions des Services de l’État. Considérant qu’il y a eu défaillance à l’ARS, nous avons vu la digne réaction de nos administrés lors de la pandémie de la Covid-19, refusant les injonctions de l’État et de tous ceux qui comme des perroquets savants répétaient en boucle le discours officiel pour se préserver.

La première victime de la guerre c’est la vérité, il n’y a pas de place pour la tendance à remettre au lendemain ce que l’on doit faire, par paresse, négligence, manque d’intérêt, etc. c’est la base de la procrastination.

Ce comportement général nous inquiète, l’ARS va perdre la confiance de la population, le risque est énorme, l’EAU c’est la vie, elle est indispensable à la bonne santé, à notre économie, en aucun cas il ne peut y avoir des composants chimiques dans sa production. Avant qu’il ne soit trop tard, il ne faudra pas attendre de compter les cercueils alignés en rang de petits pois, pour réagir. On peut tromper certains, on peut tromper certains pour toujours, mais on ne peut pas tromper éternellement.

Nous avons tous une part de responsabilité dans la question de la qualité de l’EAU, alors que nous donnons les documents à l’ARS lors de nos échanges, c’est souvent que l’on nous demande des éléments de preuves, ce à quoi nous répondons Pour Une Martinique Autrement, certes, les scientifiques l’admettent : ‘’ce que l’on sait est beaucoup plus restreint que ce que l’on ignore.’’, dans ces conditions respectons la santé des vivants.

Pour l’association écologique PUMA

Le Président, Florent GRABIN

 

Première et dernière pages du rapport :