Marcus Miller célèbre la tolérance

— Par Fara C.—

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Le musicien, touche-à-tout de génie, livre son CD « Afrodeezia » : une éblouissante fresque sonore.

Alors que Marcus Miller présente, en tournée, son CD Afrodeezia, fruit d’une quête assidue sur ses origines africaines, il a reçu en plein cœur la nouvelle de la mort de Walter Scott, quinquagénaire afro-américain qu’un policier a tué en lui tirant dans le dos. « Chaque fois qu’une bavure policière meurtrière se réitère, le traumatisme de l’esclavage et de la longue ségrégation raciale qui a suivi ressurgit avec véhémence au sein de la diaspora afro-américaine », confie-t-il. Pour lui, l’outil premier pour lutter contre tout type de stigmatisation, c’est l’éducation. « Je tente d’apporter ma contribution comme porte-parole de l’Unesco pour la commémoration de la Route de l’esclave. Je vais discuter, dans les villes où je me produis, avec des jeunes sur l’absolue nécessité de la tolérance. »

En avril, après son Olympia (le 13 avril), il jouera à l’Unesco, lors de la Journée internationale du jazz (le 30, à Paris), lancée, rappelle-t-il, par l’institution onusienne et des musiciens soucieux de promouvoir la paix. « À une époque où tant de dissensions déchirent des pays et des peuples, nous sommes de nombreux musiciens à vouloir, à travers le Jazz Day, mettre en avant ce qu’incarne le jazz : l’esprit de tolérance et d’échange avec l’autre. » Le 30, une grosse vingtaine de solistes participeront à ce concert exceptionnel, Herbie Hancock, Ibrahim Maalouf, Hugh Masekela, Dee Dee Bridgewater, Al Jarreau, Ravi Coltrane, Femi Kuti, Guillaume Perret, Mino Cinelu, Dhafer Youssef, Wayne Shorter… Celui qui fut le musicien, compositeur et producteur fétiche de Miles Davis a enregistré Afrodeezia (Blue Note) au cours de ses tournées mondiales. Ainsi, dans ce premier album pour le prestigieux label Blue Note, il conjugue sa guitare basse ou sa clarinette basse avec, ici, une kora, là, un steel drum, un accordéon, un djembé, un guembri… À côté de son groupe formé de jeunes extrêmement doués (dont Alex Han au sax, Lee Hogans à la trompette, Adam Agati à la guitare et le batteur Louis Cato), une kyrielle de musiciens hors pair d’Afrique, des Caraïbes et des Amériques apportent leur touche à l’éblouissante fresque sonore qu’est Afrodeezia : Julia Sarr, Cherif Soumano, Lala Hathaway, Robert Glasper, Keb Mo’, Ambrose Akinmusire, le légendaire rappeur Chuck D… C’est le boss de la basse qui officie au guembri, ancestral luth que lui a offert en 2014 le Festival Gnaoua & musiques du monde d’Essaouira, après un concert inoubliable. Quel que soit le type de basse utilisé, Marcus Miller égrappe des grooves grisants, grain après grain, pour mieux nous les faire goûter.