Tony Allen perpétue la flamme Afro-Beat

tony_allenINTERVIEW – Il fut l’architecte rythmique de l’afro-beat, cette musique éruptive de combat et de la fierté noire inventée par Fela à l’entame des années 70 à Lagos, capitale bouillonnante du Nigéria. Batteur d’exception, célébré par nombre de ses pairs afro-américains mais aussi des artistes pop comme Damon Albarn, Tony Allen poursuit une carrière féconde en solo. Il sera en concert samedi à La Gaité Lyrique dans la foulée de son nouvel album, Film of Life.

Avec Film of Life, vous semblez prendre vos distances avec l’orthodoxie afro-beat…
Je suis mon propre chemin. Je refuse de m’enfermer dans un style, une grammaire, ce serait ennuyeux pour moi. Secret Agent était différent de Lagos No Shaking, qui était différent de Home Cooking etc… Alors parfois le public peut être surpris par certains morceaux. Tant mieux, je ne cherche pas à lui donner ce qu’il veut entendre. Mais le rythme, le « Beat » de l’Afro-Beat est bien présent. Et il peut s’accommoder de toutes les sauces musicales. On ne mange pas la même nourriture tout le temps. Il faut varier les plaisirs. Cet album est pour tout le monde, les puristes d’Afro-Beat et les autres.

Comment vous pourriez décrire votre jeu de batterie?
C’est un mélange de jazz de rythmes traditionnels africains. J’utilise ma batterie comme un orchestre. C’est un jeu très subtil, il ponctue la musique, l’accompagne, la révèle. On l’entend, mais pas comme dans le rock, ce n’est pas un jeu bulldozer. Je compose des mélodies sur ma batterie. Cela peut surprendre, sembler contradictoire, car la batterie est une affaire de rythme. Il faut traiter la batterie comme une maitresse. Une femme vous l’aimez, vous ne la battez pas. Il faut au contraire l’écouter, la traiter gentiment, avec douceur, la respecter. C’est pareil avec la batterie.

Dans la chanson Boat Journey, vous évoquez le drame des immigrés africains en Europe.
Beaucoup prennent le bateau pour l’eldorado occidental et certains n’arrivent jamais à destination. Mais ils le font, malgré le risque. Et quand bien même ils arrivent à destination, leur quotidien sera terrible….

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