« Le clou du spectacle » : virtuose !

Par Selim Lander

le clou du spectacleDeux jeunes comédiens brûlent les planches au Guichet Montparnasse dans un spectacle délirant qui met surtout en évidence le talent des deux interprètes, l’aisance avec laquelle ils passent sans transition d’un personnage à l’un des quinze autres qui peuplent tour à tour la scène. Il s’agit en effet de jouer Roméo et Juliette, ce qui n’est pas une mince affaire, on le reconnaîtra aisément. La preuve : au commencement de la pièce, Julien et Denis sont face à saint Pierre qui les interroge sur les circonstances de leur mort, avant de décider de leur sort. La suite nous apprendra pourquoi et comment la représentation du chef d’œuvre de Shakespeare a très mal tourné. La pièce – co-écrite et co-créée par Mathieu Davidson et Alexandre Foulon et désormais interprétée par Mathieu Davidson et Yam Koen – est donc une satire du théâtre. Très drôle de bout en bout, même si la deuxième partie, celle où, après les répétitions et autres préparatifs, on passe à la représentation elle-même, vire un peu trop – à notre goût – à la grosse farce.

Quoi qu’il en soit, on ne cesse de s’ébaudir de la virtuosité dont font preuve les deux interprètes pour camper autant de personnages différents, tous très typés, parfois le temps d’une seule réplique, sans aucun accessoire. On gardera longtemps en mémoire l’administratrice du théâtre, avec sa voix cassée de grosse fumeuse, le machiniste qui mange à moitié les mots, ou ce vieux comédien cassé par les ans dont la seule fonction consiste à servir du café à tout le monde. Et le café se renverse et tache, bien sûr…

Les gags s’enchaînent, les personnages gentiment caricaturés se succèdent sur un rythme effréné, les deux comédiens sont, chacun dans son genre (costaud ou fluet), séduisants. Quant au clou du spectacle, il existe bel et bien et sera l’instrument d’une première catastrophe, avant l’apocalypse finale.

Au Guichet Montparnasse, rue du Maine, à Paris, les vendredis jusqu’au 26 juin.

 

PS : Dans la même salle, à d’autres horaires, un aspirant comédien présente un monologue en vers dont il est l’auteur. C’est donc en vers qu’on lui répondra :

Comment peut-il à Molière se comparer
Et sans cesse vouloir pousser l’alexandrin ?
On lui pardonnerait s’il nous faisait marrer
Mais qui accepterait son mauvais baratin ?