Catégorie : Danses

La Biennale de danse : inventivité, créativité, transgressivité

— par Janine Bailly —

Salut mon frère & I’m a Bruja

À l’heure où le monde de la création semble se chercher lui-même, chercher et parfois trouver de nouvelles voies — frontière abolie par exemple entre théâtre, vidéo, cinéma, ou théâtre comme adaptation d’œuvres littéraires, ou danse conjuguant textes musique et vidéos — ce vendredi soir la Biennale nous a ouvert les portes d’un autre monde, ni tout à fait de la danse ni tout à fait autre chose que de la danse. L’originalité, l’audace et l’engagement pourraient bien être, avec la beauté, les maîtres-mots de cette soirée, déroulée en deux temps, l’un au masculin l’autre au féminin.

Si je n’ai pas compris toutes les intentions de la pièce Salut mon frère, interprétée par le duo de garçons Laurent Troudart et Jean-Hugues Mirédin — pourquoi par exemple ces petits post-it jaunes collés au sol puis sur le torse, et qui enlaidissent la silhouette ? — j’ai aimé voir ces deux corps, l’un plus svelte l’autre plus en muscles, l’un cheveux courts l’autre en dreadloks, se chercher, se trouver, se rejeter pour se revenir toujours. Amour-haine, attirance-répulsion, caresses ou querelles, tendresse ou brutalité, toute une relation intime est ainsi donnée à voir, symbolique de ce que sont par habitude les rapports entre les êtres humains.

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Entropic now : salut mon frère, mon amour, je suis une sorcière

— Par Roland Sabra —

Entropic now

Avec Entropic now Christophe Haleb poursuit indéfectiblement ses recherches entreprises il y a déjà un quart de siècle, lorsqu’il fonde la Compagnie La Zouze, atour des écritures pluridisciplinaires, du travail artistique collaboratif, de la mise en relation d’univers scéniques , plastiques et auditifs, hétéroclites et séparés dans leur apparence mais relevant d’une seule et unique exigence, celle de l’échange. Démarche plurielle donc qui à travers des «installations performées» restitue dans la mouvance de l’instant le reflet bigarré des espaces collectifs en proie aux logiques singulières d’appropriation de foules composites en leur essence. Entropic Now est donc une installation audiovisuelle et chorégraphiée, née d’un dialogue ( trilogue  ou trialogue?) entre des jeunesses de La Havane, de Marseille et de Fort-de-France. Installation dans un endroit de passage, vers l’ailleurs, vers l’étranger, un lieu, anonyme, impersonnel, froid sous le soleil, un espace qui n’est qu’un moyen tendu vers une destination, dans lequel on ne reste pas : la gare maritime de Fort-de-France a été choisie pour la première de cette création. Plus qu’un clin d’œil à l’archipellisation glissantienne du monde il y avait là comme un hommage à la pensée du chantre des créolisations généralisées.

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Neuvième Biennale de danse : « Tel quel » par le CCN de Tours

— Par Selim Lander

« Je te clame à tout vent futur roi buccinateur d’une lointaine vendange » (Aimé Césaire)

Ils sont quatre jeunes du Centre chorégraphique national de Tours, deux danseurs grands et minces, affublés de la barbiche « hypster » de rigueur et deux danseuses de proportion plus modeste (et heureusement sans barbiche !) Ces quatre jeunes gens se produisent dans une pièce intitulée Tel quel chorégraphiée par Thomas Lebrun, une œuvre passionnante par ce qu’elle nous révèle des tendances d’une certaine danse contemporaine. L’expression corporelle, le mime, le music hall sont mobilisés tour à tour, reléguant souvent au second plan la danse stricto sensu. On se prenait même à penser que cette pièce aurait pu tout aussi bien trouver sa place dans un spectacle labellisé « nouveau cirque ». C’est dire combien nous sommes loin de la définition courante du « ballet ».

Les CCN sont des lieux d’expérimentation, Tel quel en est un exemple particulièrement réussi. Cela commence par une marche militaire comme on voit également sur certains plateaux où la danse se conjugue avec le théâtre, par exemple dans le si remarquable Bestie di scena d’Emma Dante[i].

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« Questcequetudeviens? », en clôture de la Biennale de Danse 2018

Samedi 5 mai 2018 à 20h Tropiques-Atrium

Dans sa dernière création, « Questcequetudeviens? », […]] Aurélien Bory propose un spectacle inventif et brillant qui met en scène la solitude de I’être et la vanité de l’existence. De I’enfance aux années d’apprentissage à la vie active – « on commence a bosser » – à la maturité et à la mort, en 50 min défile le parcours d’une rose rouge comme le flamenco à la vie encore plus brève que celle de Ronsard.

Le caractère anodin de l’interrogation qui sert de titre est renversé en une trajectoire sombre où la gravité naît de la dérision. Tout commence bien. Une jeune fille joyeusement fait des gammes de flamenco sur un espace vaste comme une grande plaine. Vêtue d’une robe rouge traditionnelle, riante, joueuse, elle opère une mue magique lorsqu’elle quitte sa robe – ou que sa robe la quitte – comme une poupée change de panoplie et comme on quitte l’enfance. Sans s’en apercevoir. De son pas lent et de son chant plaintif, Alberto Garcia, incarnation fantomatique du temps qui passe, pousse l’être vers son devenir.

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La Biennale, entre poésie et parodie : « Tel Quel »

— par Janine Bailly —

C’est, après ma déception de ne pas voir danser la AD Compagnie, qui dans Balansé II aurait su nous parler de culture universelle autant que de culture antillaise, c’est donc, après cette annulation inattendue, au chorégraphe Thomas Lebrun que revint le soin d’adoucir ma frustration.

Directeur depuis janvier 2012 du Centre Chorégraphique National de Tours, nommé en mars 2017 Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par la ministre Audrey Azoulay, mais se disant lui-même avec humour « artiste militant — diantre ! », Thomas Lebrun a déjà abordé le problème de la norme, et du corps regardé par les autres comme différent, dans Itinéraire d’un danseur grassouillet, dont il était l’auteur et l’interprète. Reprenant des thèmes similaires, et qui lui sont chers, dans sa création Tel Quel il s’adresse aux petits « à partir de sept ans » et cela vient à point pour consoler dans l’adulte que je suis l’âme d’enfant qui demeure. Mais il n’est pas interdit aux parents d’apprécier le spectacle, puisque « la pièce présente plusieurs niveaux de lecture », et qu’ils se réjouiront de « l’art des décalages » mis en œuvre.

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Biennale de Danse 2018 : « Entropic now », « Salut mon frère » & « I’m a bruja »

Vendredi 4 mai 2018 à 18h Gare Maritime puis à 20h Tropiques-Atrium

Entropic now

Quais de Tourelles – Terminal Inter-Isles – 18h

Entropic Now est un projet audiovisuel et chorégraphique, une écriture plurielle qui se construit depuis 2017 sur un mode de coopération artistique entre les villes de La Havane, de Marseille et de Fort-de-France, en collaboration avec des groupes de jeunes et d’adolescents qui nous invitent, à travers des films et une performance, à questionner leurs physicalités, leurs modes de vie et leurs usages des lieux.
Quelle est la place de la jeunesse dans l’espace public ? Qu’est-ce que ça fait d’être jeune aujourd’hui ? Entropic Now ouvre un espace d’immersion qui déploie un archipel d’images et de sons, de corps et de co-présences, de villes et de mouvement, de rêves et d’amitiés.

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La biennale : danser, disent-elles !

Rhizomes, & je danse parce que je me méfie des mots

— par Janine Bailly —

Rhizomes, chorégraphie de Jean-Félix Zaïre

Elles seront quatre, ou deux, ou trois, parfois une seule sur le plateau, et paradoxalement c’est cette présence unique qui pour moi fera naître un lien avec la salle, parce que dans sa solitude soudaine la danseuse saura de son corps et de ses gestes exprimer ce qu’elle est, ou ce qu’elle n’est pas, ce qu’elle cherche et qu’elle voudrait saisir. Quatre jeunes femmes diverses, de couleurs, de costumes et de postures, mais toutes le visage tragique, comme muré dans son intérieur, le regard fixé là-bas sur l’horizon, et jamais ne se regardant vraiment. Quatre aux mouvements démultipliés, et qui cependant ne comblent pas le vide installé entre elles, quatre bonnes volontés qui ne font vibrer ni l’air autour d’elles ni mes émotions, ces dernières comme absorbées dans ce trou blanc d’une scène soudain devenue trop vaste. Ni les corps rapprochés pour soutenir celui qui tombe, ni la chute commune plusieurs fois jouée, ni le duo joliment amoureux et sensuel, interprété avec conviction par deux des danseuses dans un double mouvement d’attraction-répulsion, ne parviendront à nouer ces individualités en un corps que l’on sentirait unique et porté vers le même idéal.

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« Je danse parce que je me méfie des mots » : bouleversant!

— Par Roland Sabra —

Ce qu’ils vont raconter n’est que la suite d’une histoire commencée il y a bien longtemps, dans un autre lieu, dans un autre pays, dans une autre culture et donc quand les portes de la salle s’ouvrent, ils sont déjà en scène, sur laquelle côté jardin trône une énorme sculpture noire. Lui le père, coté cour, assis droit comme uni sur sur une des chaises noires qui bordent le plateau, elle la fille, au milieu, esquisse quelques pas, doigts de pieds écartelés, le haut du corps immobile, tandis que la bande son dévide la litanie des questions dans lesquelles se mêlent futilité, intimité et gravité :: « Pourquoi tu manges la nuit ? », « Pourquoi quand je suis là, tu es toujours fatigué ? » « As-tu déjà trompé ma mère ? », « Tu as peur que je ne sois plus ta fille ? ». « Pourquoi les gens ne se disent pas la vérité? A quoi ça sert de vivre?» La brutalité des formulations est la forme que prennent la timidité pour se dissimuler et la pudeur pour se dévoiler quand l’émotion déborde les mots qui ne peuvent la contenir.

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Neuvième Biennale de danse : Seydou Boro, Kaori Ito

— Par Selim Lander —

Après l’effet de sidération produit par les douze danseurs bodybuildés de la pièce Ce que le jour doit à la nuit (vendredi 27 avril) virevoltant sur le plateau dans un désordre savamment organisé par Hervé Koubi, il fallait une pièce au moins aussi forte pour lui succéder[i]. Quels que soient les mérites de Seydou Boro et de ses danseurs, force est de constater qu’ils supportent difficilement la comparaison avec les diables blancs[ii] d’H. Koubi. On ne dira pas la même chose de Kaori Ito (voir la photo), étonnante danseuse mais dont la pièce pèche, hélas, d’un autre côté.

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Dans un décor évoquant un village de la savane africaine, avec un rideau de branchages en fond de scène, évoluent les quatre danseurs et la danseuse du Cri de la chair, accompagnés par un musicien (chant et harpe traditionnelle) et une chanteuse. Concernant cette dernière, si l’on salue les méandres de son chant a capella, nous sommes obligé de dénoncer l’absence de tout surtitre. Nous pressentons en effet que la danse est ici au service d’un texte primordial (au sens d’originaire) qui nous demeure malheureusement étranger.

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Biennale de Danse 2018 : « Rhizomes » &  » Je danse parce que je me méfie des mots »

Lundi 30 avril 2018 à 20 h Tropiques-Atrium

Rhizomes

Chorégraphie : Jean-Félix Zaïre
Danseurs & Chorégraphes assistants : Emilie Alves de Puga, Rita Ravier, Livia Gercé & Lindy Callegari
Musique : Jordan Beal & Jeff Baillard
Régie technique & Lumière : Dominique Guesdon
Costumes : Laura Gercé

Rhizomes est une réflexion sur notre insularité. Je questionne ces espaces de rupture le long de nos côtes, j’écoute cette mer, si présente, qui forme et déforme. Et j’entends ces hommes comme Glissant, Walcott, Equiano, Morrison et bien d’autres qui disent : le mélange de différentes cultures dans la Caraïbe nous amène à nous inventer à partir de ces multiples racines qui nous traversent. Ce pluriel qui bouscule, aidé par ces petits espaces insulaires, peut provoquer « une douleur psychique », un sentiment d’enfermement.
Cette création est un appel à l’échange, à aller vers l’autre, à se mettre à nu pour sortir de nouvelles tiges. C’est une traversée d’immenses océans afin d’innover et de créer.
Cie Yòn dé moun Rhizomes Coproduction : Tropiques Atrium Scène nationale Avec le soutien de : DAC Martinique & la Collectivité Territoriale de Martinique

 

Je danse parce que je me méfie des mots

Dans ce portrait intimiste Kaori Ito explore ses racines, au travers d’une rencontre artistique et humaine avec son père Hiroshi Ito.

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« Tel quel! » du Centre chorégraphique national de Tours

Mercredi 2 mai 2018 à 20h Tropiques-Atrium

Public : à partir de 7ans

Citons la norme, cette fameuse qui, quoi qu’on en dise, manoeuvre toujours, notamment dans le monde chorégraphique, puisqu’on en est là !

Interrogeons le genre, puisqu’il est au coeur de toute l’évolution et de la construction d’une personne. Parlons de choix, tout au moins de ceux que l’on aimerait faire. Convoquons la tolérance, qui souvent se fait trop discrète, car elle demande de la réflexion, donc du temps !

Glissons dans le rêve, car il est vecteur d’envies, porte l’imaginaire, sauve l’optimisme. Invitons l’humour, car il fait sourire, rire, réfléchir, grandir. « Si touchant, si émouvant et si drôle » – La Nouvelle République

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Interprètes : Julie Bougard, Matthieu Patarozzi, Veronique Teindas & Yohann Têté
Chorégraphie & Costumes : Thomas Lebrun
Création lumière : Jean-Marc Serre
Création son : Maxime Fabre
Régie lumière : Xavier Carré
& Jean-Philippe Filleul
Régie son : Maxime Fabre & Vivien Lambs
© photo : Frédéric Jovino
Production : Centre chorégraphique national de Tours
L’Institut français contribue régulièrement aux tournées internationales du Centre chorégraphique national de Tours
Le Centre chorégraphique national de Tours est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication – DGCA – DRAC Centre-Val de Loire,
la Ville de Tours, le Conseil régional Centre-Val de Loire, le Conseil départemental d’Indre-et-Loire et Tours Métropole

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« Balansé II » d’Agnès Dru annulé

Un accord n’ayant pu être trouvé entre les demandes formulées par AD Compagnie et les possibilités offertes par Tropiques-Atrium la représentation du Mercredi 2 mai 2018 est annulée.

« Tel Quel » du Centre chorégraphique national de Tours est maintenu  et avancé à 20h

Chorégraphie : Agnès Dru
Mise en scène : Agnès Dru & Maud Buquet (regard extérieur)
Clarinette : Jean-Louis Marchand
Création lumière : Raphaël Rubbens
Son : Pascal Rueff
Une chorégraphie à la rencontre de ce que peut-être l’Autre.
Balansé, nom d’une chanson créole de la tradition martiniquaise chantée par Mme Espélizane défunte, aborde la dichotomie apparente entre : modernité et tradition – émotion et structure – écriture et modalité de structuration – production et création – rythme et solfège – improvisation et partition – esthétique française et esthétique anglo-saxonne – culture caribéenne, française, européenne et culture belge flamande.
De cet ensemble dichotomique, la chorégraphe s’associe à Yann Lecollaire rencontré par hasard sur internet. Démarche où débute un travail de rencontre, d’opposition, d’incompréhension et finalement d’écoute où le cheminement de 2 ans, nous amène à la nécessité de ce diptyque : Balansé II, qui a trouvé son espace et le revendique : l’espace du « in between », du « entre ».

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« Ce que le jour doit à la nuit » enchante la Biennale de Danse 2018

— Par Roland Sabra —

Juste avant le levé de rideau Hervé Koubi, le chorégraphe, prononce quelques mots sur le mode d’une improvisation, souvent répétée. Il vient dire ce qu’il en est de ce prénom de baptême très prisé en Bretagne et de ce patronyme énigmatique pour l’enfant qu’il était. Adolescent il apprendra de son père ses origines, né d’une mère kabyle musulmane et d’un père juif algérien. A l’instar du héros du roman éponyme de Yasmina Khadra, dans lequel un enfant, Younes, confié à un couple mixte franco-algérien va découvrir et apprendre à aimer son pays Hervé Kouri, lesté de cette révélation part à la quête de sa propre histoire jusque là occultée. En 2009 il réunit à Alger par intermédiaire des réseaux sociaux onze danseurs de rue auxquels viendra s’ajouter un Burkinabé.

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Avant de découvrir l’art de la danse et de s’y consacrer totalement Hervé Koubi a été « fasciné par le dessin ». Il reste de cette fascination un tropisme saisissant pour une esthétique soignée dans l’élaboration des tableaux scéniques,dans la construction du geste et dans sa mise en espace.

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« Le Cheval » & « Le Cri de la Chair » de la Cie Seydou Boro

Samedi 28 avril 2018 à 20 h Tropiques-Atrium

Dans les yeux des chevaux, on se voit. On voit le tango de nos vies. Comment tenir sa verticalité d’hommes et de femmes dans une société qui se délite ? Comment alors façonner nos convictions politiques d’hommes intègres ? Comment échapper à ce mariage du mensonge et d’intérêt personnel qui tord le cou aux chevaux dignes ?
Cette création tutoie l’animal pour parler des hommes. Ce centaure déchu cherchant son équilibre mais déjà à terre, peine à se relever. La danse est construite dans une tension avec la physicalité du cheval qui finit par se liquéfier, comme ces gens qui abandonnent, se mettant à l’abri, reniant tout combat pour vivre dans la peur et égarant ainsi leur cheval intérieur. La musique est construite comme les claquements du slameur. Les instruments au fur et à mesure se désaccordent. Le monde perd son cheval. 
Après un long compagnonnage avec Salia Sanou, Seydou Boro a choisi de présenter seul cette nouvelle pièce chorale.
Cie Seydou Boro Le Cheval

Coproduction : La Briqueterie – CDC du Val de Marne, Centre des Bords de Marne – le Perreux sur Marne,
Théâtre Jean Lurçat – scène nationale d’Aubusson & Dansstationen – Malmö
Avec le soutien de : l’ADAMI & du Conseil Départemental du Val-de-Marne
Chorégraphie & Interprétation : Seydou Boro

 

Le Cri de la Chair

La danse butôh japonaise (également appelée danse de l’obscurité ou de l’âme) est l’une des sources d’inspiration du spectacle « Le Cri de la Chair » du danseur, chorégraphe et musicien burkinabé Seydou Boro.

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La Biennale 2018 : Quand danser, c’est être libre

Environnement Vertical, Habiter la frontière, Lespri Kò

— par Janine Bailly —

Si l’on peut regretter que n’ait pas lieu cette année la traditionnelle journée offerte dans le parc de La Pagerie aux Trois-Îlets, il faut cependant remercier pour l’aménagement de l’esplanade de Tropiques-Atrium en espace à danser. Un espace ouvert qui en fin de journée se gorge de spectateurs tant assis sur les gradins que debout tout autour de la place, avides de découvrir les belles propositions inscrites au programme de la Biennale 2018. Les représentations des Mystères, ancêtres en quelque sorte d’un pan de notre théâtre occidental, n’avaient-elles pas lieu au Moyen-Âge sur le parvis de nos églises ?

Ce jeudi soir-là, ce fut en ouverture Environnement Vertical, de la Compagnie Retouramont. La nuit enfin tombée, on put voir d’étranges libellules vertes et bleues évoluer sur la façade ocre du bâtiment, complétée pour cette occasion par des panneaux provisoires offrant aux danseuses une plus grande surface d’évolution. Bientôt, la grâce et la légèreté des deux corps suspendus, insoucieux du vide enténébré qui menace, font oublier le harnais qui leur permet ces évolutions dans les airs.

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Ce que le jour doit à la nuit : Hervé Koubi transcende la danse de rue

Ce soir, vendredi 27 avril, 20h à l’Atrium

Voici ce que nous écrivions à propos de cette pièce après l’avoir découverte, il y a cinq ans de celà, à Aix-en-Provence? Selim Lander.

Ce que le jour doit à la nuit est d’abord le titre d’un roman de Yasmina Khadra, cet ancien militaire reconverti dans la littérature qui se trouve actuellement diriger le Centre culturel algérien de Paris. Hervé Koubi est pour sa part un Français issu de l’immigration algérienne (suivant l’expression consacrée). Le titre de sa nouvelle création – qui met en scène douze danseurs hommes, algériens à l’exception d’un seul, burkinabé – traduit son propos plus clairement peut-être qu’il ne le laisse entendre dans ses notes d’intention : qu’est-ce qu’un jeune Français comme lui, éduqué complètement en dehors de la culture maghrébine (études de pharmacie et de danse) doit au pays des origines ?

 

Pour le découvrir, il est parti à la rencontre du peuple d’Algérie et plus particulièrement des jeunes hommes adeptes du hip hop, peut-être la seule danse authentiquement populaire d’aujourd’hui. Sa compagnie est née de ces rencontres.

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Chavela Vargas, Pina Bausch, Ohad Naharin au cinéma

— Par Selim Lander —

Trois artistes exceptionnels étaient au programme des films de Tropiques-Atrium à Madiana en ce mois d’avril 2018. Trois individualités très fortes appartenant pour l’une au monde de la chanson, pour les deux autres à l’univers de la danse, trois personnalités qui nous font rêver, nous pauvres mortels sans grandes qualités, tout en nous communiquant une certaine fierté puisque, après tout, nous partageons avec elles le fait d’appartenir à une même humanité. Il se trouve que, avant de voir ces films, j’avais le projet d’écrire quelque chose sur notre monde d’abrutis (dont je ne m’exclue pas, tout étant dans ce domaine une question de degré) – car il faut être aveugle ou doté d’une bienveillance à toute épreuve pour ne pas voir leur signature inscrite partout (les bouteilles de plastique et les cartons d’hamburgers qui « décorent » nos lieux de promenade n’étant qu’un exemple des plus bénins). Heureux retournement de circonstance, après avoir vu ces trois films j’aurais plutôt envie d’écrire une ode à l’humanité qui engendre d’aussi bons génies.

Chavela Vargas (1919-2012) est une chanteuse populaire mexicaine qui a fait l’objet d’un documentaire de Catherine Gund et Daresha Kyi.

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Biennale de Danse Martinique 2018 : « Habiter… »

 Jeudi 26 avril 2018 : trois spectacles dans les airs et sur les planches

18h30 / 19h30 Façade de Tropiques-Atrium

Environnement vertical

Cie Retouramont – Fabrice Guillot
Chorégraphie : Fabrice Guillot

Voir la vidéo ci-dessous

20h – Salle Frantz Fanon

Habiter la frontière

Cie Le Rêve de la Soie
Conception, Chorégraphie & Scénographie :
Patricia Guannel
Assistant : Patrick Servius
Création lumière & Régie : Paolo Cafiero
Création costumes : Virginie Breger
Peintre & Plasticienne : Françoise Sémiramoth

Par la subtilité d’une métaphore, Patricia Guannel explore le passage à l’acte d’écrire, pour elle-même, une première pièce, en solo. De la romancière camerounaise Léonora Miano, elle emprunte le titre. Des géométries en faux aplats de couleurs incertaines de Mark Rothko, elle retient le trouble des lisières, ce caractère vaporeux et magique des contours qui force le regard à aller plus loin. Habiter la frontière propose l’expérience sensible d’une traversée et interroge ces espaces « entre » à vivre. Des espaces, de vibration, d’attente, de porosité et de transformation.

«Au départ de ce projet deux choses résonnent en moi. Le titre d’un livre deLéonora MIANO, romancière Camerounaise, Habiter la frontière et des peintures de Rothko (Untitled,1969), pour ce caractère vaporeux et magique des contours qui force le regard à aller plus loin.

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Une ouverture de la IXè Biennale de Danse de Martinique en mode mineur

— Par Roland Sabra —

Tout a commencé par un hommage, un peu convenu et sans beaucoup de contenu, rendu à Marie-Hélène Nattes, fondatrice épaulée par Ronne Aul, du Centre Martiniquais de Danse ( CMD), aujourd’hui disparu, remplacé par une petite multitude d’école privées, que s’est ouverte la Biennale. Il faut espérer que le souhait de Christiane Emmanuel d’un livre sur le parcours de celle qu’elle appelle « Titine », se réalise au plus tôt avant que les mémoires ne s’effacent.

Puis une bande de jeunes du Lycée Acajou, s’est emparée, sans avoir été programmée, de la scène comme les artistes en devenir que certains d’entre eux, au vu de leur prestation sont certainement. Avec une belle occupation du plateau, de belles diagonales, quelques bousculades, des kilos de trac et une tonne d’audace propre à cet âge où on ne doute de rien ils se sont attachés à montrer ce qu’il en était d’être « accros » à l’(insu) portable. Visiblement ils en savent quelque chose de ce vivre ensemble dans l’isolement et la solitude fascinée d’une communication sans échange.

A la suite de cette exubérance encadrée autant que se peut « L’Homococotier » de Paascal Miche Séraline a semblé un plutôt aplati.

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Biennale de Danse de Martinique 2018

— Présentation par Hassane Kassi Kouyaté Directeur, Tropiques Atrium Scène nationale —

Tropiques Atrium Scène nationale poursuit le travail entamé par les fondateurs de cet événement en 1999, en offrant au public une programmation de qualité, éclectique, internationale et martiniquaise. Il s’agit d’offir au spectateur une palette des écritures de la danse aujourd’hui, un art qui se développe dans la transversalité et la mixité des cultures. Afin de rappeler l’œuvre accomplie par les géné- rations précédentes, nous dédions cette édition à Melle Marie-Hélène Nattes, pionnière de la danse moderne puis contemporaine en Martinique, qui vient de nous quitter. L’après-midi du 29 avril est dédiée à Jacqueline Lutbert, qui durant de longues années, aux côtés de l’ AM4 a proposé un travail chorégra- phique à partir de la tradition bèlè, loins des clichés doudouistes.

Télécharger le programme

Ce temps fort de la danse dans notre calendrier permet aux compagnies locales de faire connaître leur travail. Mais c’est aussi un espace de mise en avant des pratiques amateurs qui confirment la vita- lité de la vie associative en Martinique, qui tend de plus en plus vers des productions de qualité.

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La Maison Rouge : conférence dansée

23 mars 2018 à 19h Quartier Terres Sainville à FdF

La Maison Rouge:Maison des Arts a le plaisir de vous présenter ,le vendredi 23 Mars 2018 à 19h, le travail du chorégraphe Jean-Hugues MIREDIN et l’artiste Laurent TROUDART (Cie Art&Fact). 
Ils présenteront un extrait de la pièce « Salut Mon Frère » suivi d’un échange autour de la démarche artistique.

A propos de « Salut Mon Frère »
Deux inconnus convergeant d’un pas calme et assuré vers le point de coïncidence d’une rencontre prometteuse. On ne sait trop s’ils se cherchaient mais tout indique qu’ils se sont trouvés.
L’exercice d’approche que nous dévoile le prologue de Salut mon frère, pantomime réjouissant des multiples codes de salutations en cours dans différentes cultures, fournit d’emblée un matériau de choix et une mise en scène engageante pour interroger la question de l’Autre et de l’identité.
Salut mon frère est porté par une chorégraphie inventive qui revisite l’image stéréotypée qui accompagne le Noir – d’être et de corps – depuis des siècles.
Le sérieux du propos s’appuie volontiers sur l’humour et l’autodérision ; les situations et les figures s’enchaînent au gré d’une variété musicale mêlant kora, accents discos et rythmes rocks.

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« Moi Ève, la pire de toutes », une expérience théâtrale

— par Janine Bailly —

De ce titre énigmatique, proposé par Ricardo Miranda pour sa nouvelle création, nous n’aurons l’explication qu’assez tardivement , dans un des rares passages parlés de ce théâtre dansé — ou de cette danse théâtralisée ? Recherche, pour dire la femme dans un univers d’hommes, d’une forme singulière qui, si elle ne semble pas toujours très bien aboutie, a le mérite d’être servie avec enthousiasme et sincérité par trois complices, soit deux femmes, Lindy et Émilie, et un homme, Ricardo lui-même.

Pourquoi donc Ève serait-elle « la pire de toutes » ? Présentée comme figure inverse de Lilith, cette Ève-là, cette « côtelette cruche », avatar de son Adam, incarnerait une forme de soumission, plus signifiante qu’une certaine histoire de pomme, encore que ce “coup de la pomme” ne soit pas oublié — fruit vert à croquer sauvagement par les trois protagonistes, et panier de fruits jaunes déversé sur la tête de la coupable ! Lilith, elle, se targue d’avoir été la toute première, créée non d’une côte de l’homme mais pétrie de la même argile que lui, et donc mise au monde pour être son égale.

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« Teruel », danse de guerre et parade amoureuse

— Par Selim Lander —

Il n’est pas courant d’assister à une pièce de danse dotée d’une telle intensité. Les applaudissements rythmés, à la fin, qui semblaient ne jamais vouloir s’arrêter témoignaient suffisamment de l’état dans lequel se trouvaient les spectateurs de la salle Frantz Fanon de l’Atrium, remplie pour la circonstance. Si jamais des danseuses ont réellement brûlé les planches, les deux interprètes de Teruel sont en bonne position pour renouveler l’exploit, tant elles dépensent d’énergie tout au long de cette pièce dont le climat dominant est celui de l’affrontement et de la violence, même si elle sait ménager quelques moments de répit pendant lesquels affleure quelque chose comme de la tendresse.

Elles sont deux plus un, un homme cantonné d’abord dans un rôle de récitant avant de se mettre lui aussi en mouvement, sans qu’on puisse vraiment parler à son propos de danse véritable, plutôt la manifestation de la brutalité masculine quand il repousse les deux femmes qui voudraient faire sa conquête, ou celle du taureau quand elles agitent devant lui leurs jupes comme des capes de torero.

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« Cri de mes racines » : une réussite paradoxale

— Par Selim Lander —

Un spectacle de danse qui commence par un quart d’heure de projection vidéo, suivi pendant un autre quart d’heure d’un dialogue de théâtre entre les deux interprètes avant qu’elles se mettent enfin à danser une sorte de non-danse, le tout dans une sorte de demi-pénombre, voilà un programme qui pourrait rebuter. Mais les spectateurs n’étaient pas prévenus et l’eussent-ils été, qu’il eût été dommage qu’ils renonçassent car ce spectacle atypique se révèle une réussite de bout en bout. Nous nous laissons conduire à travers les étapes de ce parcours incongru, curieux de découvrir la suite et charmé par l’élégance et la tenue de ce que l’on ne saurait appeler une pièce de danse tant le spectacle apparaît composite.

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« J’habite une blessure sacrée.. » deuxième élément d’un diptyque de Max Diakok

— Par Roland Sabra —

Max Diakok poursuit son travail sur la quête du sens dans un balancement permanent entre polarités opposées et néanmoins complémentaires. Dans le très réussi « Depwofondis » il proposait d’emprunter le chemin qui va du social à l’individu, invitant à se défaire de défroques uniformisantes et oppressantes pour retrouver la primeur d’une saveur humaine enfouie sous les couches successives de la fonction civilisatrice. Dans « J’habite une blessure sacrée.. » le voyage proposé prétend faire le même chemin dans le sens inverse. De l’individu vers le social. Comment « la quête intérieure dialogue avec le besoin de solidarité humaine » nous dit-il dans la note d’intention qui présente son travail. Le parcours est en réalité fait d’aller et retour entre ces deux exigences autour d’un mécanisme qui relève d’un même procès. On retrouve en effet cette idée que l’ordre ancien et/ou présent est un désordre à déconstruire pour qu’émerge un nouvel ordre porteur d’une harmonie en gésine, fragile et précieuse. Sa fragilité tient au fait que « Le ventre est encore fécond… », que « Rien n’est jamais acquis à l’homme … ».

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