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Le centenaire d’Albert Camus (1913-1960) – Camus et le théâtre

Albert Camus

Par Selim Lander – Hasard, bien sûr : deux auteurs français célèbres dont le nom débute par la lettre « C »  sont nés en 1913 (Camus, Césaire), un troisième (Cocteau) est mort en 1963. Un tel télescopage n’a pas aidé à ce que ces anniversaires fussent commémorés avec toute la ferveur souhaitable. Sans compter que 1913 fut également l’année de la publication du premier volume de la Recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, événement considérable qui n’a pas manqué de faire beaucoup d’ombre aux trois précédents. Dans le cas d’Albert Camus, le brouillage a été encore accentué par la polémique autour de l’organisation de la grande exposition commémorative, à la médiathèque d’Aix-en-Provence qui abrite le Fonds Camus.

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Un drame du retour au pays natal

« Nous étions assis sur le rivage du monde » de José Pliya, dans une mise en scène de Nelson-Rafaell Madel

— Par Roland Sabra —

etions_assis_ramu_follyUne femme revient dans son pays. Elle a donné rendez-vous à des amis pour un pique-nique sur la plage de leur enfance , « Le rivage du monde ». Quand elle arrive, ses amis ne sont pas encore là. Elle trouve un homme, qui lui dit que cette plage est privée, que son accès est désormais interdit. Il lui demande de s’en aller. Elle insiste. Elle ne veut pas comprendre. Il finit par lui dire qu’il ne supporte pas sa couleur de peau, que celle-ci est porteuse d’une mémoire qui n’a pas sa place sur le rivage du monde, qu’elle s’en aille !

 Tout comme «  On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve» (Héraclite) le pays de l’enfance que l ‘on a quitté n’est jamais plus celui que l’on croit retrouver. C’est un pays perdu, toujours recomposé dans le travail de la mémoire, livré à l’érosion des sentiments, au ravinement des émotions, au soulèvement de faits que l’on croyait soigneusement enfouis

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Dieudonné, les nègres et le populisme métis.

— Par Jacky Dahomay —

dieudo_theatre_cabuDieudonné, maintenant, ça suffit ! En tant que nègre des Antilles (je ramasse ce mot « nègre » comme une pierre qu’on nous a jetée comme le dit Sartre dans Orphée noir), je ne peux supporter que Dieudonné puisse affirmer, comme on a pu l’entendre sur LCI, qu’il est un représentant des  nègres marrons et que c’est en cela qu’on lui en veut. C’est vraiment insulter la mémoire de nos aïeux ! Rappelons que les nègres marrons étaient les Noirs d’Amérique qui fuyaient leur condition d’esclaves et que c’est sur eux que s’est appuyé Dessalines pour vaincre les troupes de Napoléon et proclamer Haïti la première république noire en 1804. C’est où disait Césaire que la négritude se mit debout pour la première fois, le même Césaire qui aurait déclaré selon Frantz Fanon : « Quand tu entends parler du Juif tend l’oreille, c’est de toi que l’on parle ».

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« Le Métis de la République » : un film écrit aux crayons de douleur

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret  —

metis_repub-325A Madiana
Un zoom avant sur une carte d’état major cernant le département de la Sarthe et en son milieu  la ville de Sablé sur Sarthe qui s’est couverte de gloire  malgré elle en élisant Raphael Elizé premier magistrat noir d’une ville de  France Métropolitaine. « Pour les  habitants de Sablé, Elizé n’est pas noir, ce n’est pas le noir qu’on voit aux actualités dont on nous dit qu’il n’est bon que pour la danse et pour la musique. On connait ce noir personnellement. » Voila comment le film commence, sur  fond assourdi du discours de Martin Luther King : « I have a dream »

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Le retour de Duvalier.

— Par Jacky Dahomay—
la_faucheuse-3Ce texte, sans doute noir, est l’expression d’une expérience personnelle, mais il  se veut un hommage à tous ceux qui sont morts sous les dictatures en Haïti

Je suis en train de déjeuner tranquillement, sous le regard envieux de mon chat, quand je reçois d’Haïti, un coup de fil de Sylvie Bajeux m’annonçant  la triste nouvelle : le premier janvier, date d’anniversaire de l’indépendance d’Haïti, le président Martely est venu à la célébration officielle aux Gonaïves accompagné de Jean-Claude Duvalier. Il y avait aussi un ancien  dictateur comme Prosper Avril ! Le président Martely a fait un appel solennel aux autres anciens dictateurs pour l’aider à consolider son pouvoir. Symboliquement, c’est lourd, trop lourd !
 De rage, j’envoie promener mon assiette de court-bouillon.  Mon chat bondit hors de la cuisine puis revient, sans doute attiré par les éclaboussures de poisson, mais suspend son geste félin en une interrogation muette en me fixant du regard, comme si son étonnement d’animal interrogeait ma propre humanité. Veut-il me signifier que la rage, en politique, est toujours impuissante ? Je reste donc debout mais ma tête vacille.

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« Adresse d’Elisabeth Badinter aux femmes qui portent la burqa » : un bel article?

— Par Roger BELLEMARE—

burqa_niqab-325J’ai reçu récemment dans un e-mail, transféré cinq fois,  la photocopie d’un article de Mme Badinter paru le 9 juillet 2009 (!) dans le Nouvel Observateur, intitulé : « Adresse à celles qui portent volontairement la burqa » avec comme seul commentaire : « bel article ».  J’ai lu et relu cette adresse et, j’en suis désolé, je ne trouve pas que ce soit un « bel article », mais plutôt un article  consternant.
Pour comprendre celle qui parle, il faut savoir qui elle est et d’où elle parle. Elisabeth Badinter est la fille de Marcel Bleustein Blanchet, elle est féministe mais aussi femme d’affaires. Actionnaire majoritaire du conseil de surveillance du groupe Publicis (4° groupe mondial de publicité) créé par son père, ce qui lui donne collectivement avec sa famille la 51ème fortune de France. Elle fait partie de la gauche sociale-démocrate.
Enfin, elle n’ignore pas que l’Article 9-2 de la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales prévoit que : « La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions… que celles… nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.

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Et si Joséphine Baker entrait au Panthéon ?

—Par Régis Debray (Ecrivain et philosophe) —

baker_josephC’est toujours le présent qui se célèbre lui-même en consacrant tel ou tel fantôme tutélaire. Pourquoi, dès lors, ne pas jouer cartes sur table, sans trop se mentir à soi-même ?

En rendant les honneurs du Panthéon à Joséphine Baker, l’époque ne ferait qu’endosser haut et fort ce qu’elle a de singulier, et de plus dynamique. Elle se distingue de ses devancières par ceci que la femme libre, le colonisé, le coloré des confins, le bi ou l’homosexuel, ont fait irruption à l’avant-scène, avec des formes d’art jusqu’alors dédaignées, la danse, le rythme, le jazz, la chanson.

L’esprit des hauteurs a trop censuré le corps, le grand absent des annales homologuées républicaines – même si le sport, la mode et la publicité le rendent omniprésent. Tous ces nouveaux venus, exotiques ou excentriques, n’ont-il pas éventé notre province ? Ils ont, en nous perturbant, beaucoup donné. Notre modernité leur doit son merveilleux, le plus clair de ses battements d’aile et de coeur. On peut leur en rendre grâce.

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« La voix humaine» de Jean Cocteau, mise en scène par Marja-Leena Junker

Jeudi 14, Vendredi 15, samedi 16 Novembre à  19h30 au Théâtre A. Césaire de Foyal

dogue_nicole-2Nicole Dogué, comédienne née à la Martinique impressionne par la diversité de ses registres, à la hauteur du texte (tension, rage, écoute, dignité, amour empêché). Son jeu de scène s’impose dans les sept premières minutes du spectacle où la femme (la voix humaine) attend le coup de téléphone. Avant le premier « Allo », elle se morfond, fait les cent pas, se saisit d’un énorme oreiller consolateur, fume nerveusement

— Dossier de presse —

Avec La Voix humaine, Jean Cocteau signe en 1927 une forme théâtrale singulière à partir de la seule situation d’une rupture amoureuse d’un lyrisme inattendu. L’exploit stylistique lance un véritable défi à son interprète, seule en scène tout au long d’un acte entier de conversation téléphonique entrecoupée de silences. Seule, une femme téléphone à son amant. Victime de coupures de ligne, troublée par la musique qui s’échappe du lieu inconnu dans lequel il se trouve, la femme dévastée par la cruauté d’un amour qu’elle sait déjà perdu semble encore fuir l’évidence. Ou au contraire, face à l’évidence, les mensonges lui permettent de taire ses souffrances à celui qu’elle aime encore.

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Rencontres cinémas : Le court c’est long (parfois) !

—Par Selim Lander —

Quatre films étaient au programme de la soirée court-métrage de ces Rencontres 2013. Le court est un genre à part qui éveille d’autres envies que les films au format habituel. On sait que l’argument restera très simple mais l’on s’attend à une surprise dans le scénario, et surtout on s’apprête à découvrir l’univers particulier d’un auteur qui n’a pas encore, en général, eu l’occasion de l’exprimer.

De ces quatre films, Entre Deux (de Nadia Charlery) est le seul qui remplisse entièrement le contrat et ce n’est donc pas pour rien qu’il a emporté le Prix de court, cette année. Les cinéphiles martiniquais qui ont déjà eu l’occasion de le visionner l’ont revu avec plaisir : l’applaudimètre en faisait foi. L’histoire, fondée sur un qui pro quo téléphonique, fonctionne bien, elle a une fin heureuse et les deux comédiens (y compris celle qui n’est qu’une voix au téléphone) se tirent avec honneur de leur prestation. Enfin – ce qui n’est peut-être pas un détail – Entre Deux, qui dure sept minutes d’horloge, est le seul film vraiment court de cette sélection.

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« Bloody Niggers » : foutus nègres !

ATTENTION ! Rectificatif pour les dates : 13, 14 et  15 au Théâtre Césaire de Foyal à 19 h 30.

bloody_niggers« Pour marquer le centenaire Aimé-Césaire, voici « une création contemporaine totale et un cri politique humaniste. Les trois acteurs entrent en scène comme sur un ring pour nous parler de l’exploitation de l’homme par l’homme, de la religion, de la guerre et de a paix. La pièce est en parfaite adéquation  avec  l’œuvre d’Aimé  Césaire qui a écrit tout comme Victor Hugo, un autre poète tribun, un théâtre d’idées, d’émancipation tout en utilisant la force des mots et Ia poésie ». Elle est un long cri de révolte scandé par les coups d’un pilon comme celui qui a fracassé des bébés et des femmes.  La dénonciation contre tous les génocide répressions et croisades qui ont pillé la terre.[…]. Ce théâtre, selon l’auteur Dorcy Rugamba, est aussi une arme qui dissèque l’expérience intérieure de chacun. » Christian Antourel, dans France Antilles Mag du 1er juin 2013.

C’est vrai mais c’est plus encore. On lira la critique de Selim Lander et celle de Roland Sabra à la suite d’une précédente présentation du spectacle en mai 2009 en Martinique

Un pamphlet : « Bloody Niggers », par Selim Lander

« Bloody Niggers »:  « Le théâtre  un lieu où l’on est l’autre », par Roland Sabra

 

M’A

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Agenda des actions africaines en région parisienne de Juin 2013.

Anniversaire, commémoration, journées mondiales …

 le 4 juin : Journée internationale des enfants victimes innocentes d’agression

 le 5 juin : Journée mondiale de l’environnement

 du mercredi 12 au samedi 15 juin : 6ème édition du Festival du Film Humanitaire centrée cette année sur la thématique « Espoir et résilience ». Cet évènement citoyen et éducatif, a pour objectif de sensibiliser et d’informer sur l’action humanitaire par la promotion de films visant la promotion et la protection de la dignité humaine en temps de conflits, de catastrophes naturelles ou de crises. – Lieu : à Paris et à Créteil. – Rens. ffh.communication@gmail.com http://www.festivaldufilmhumanitaire.com

 le 12 juin : Journée mondiale contre le travail des enfants.

 

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« Le papillon et la lumière » de Patrick Chamoiseau

 iLivres : le coup de cœur de la semaine de Christian Séranot

 papillon_&_lumierePatrick Chamoiseau

 (Philippe Rey, 109 pages, broché, 14,25€

 Gallimard, Poche, à partir du 02/06/13/, 4,56 €)

 Veritatis splendor ! Di fé pwi !1 Patrick Chamoiseau est de toutes les époques et de tous les âges. Sa parole est d’or et de boue, celle d’un écrivain génétiquement constitué par toutes les dimensions de son être en son histoire, qu’il sait rendre au centuple. Elle court les marigots, les échoppes bricolées des puissants, les ciels d’azur ou d’orages, les mythes revisités, les légendes apprises, les parlers écoutés et fait donner la foudre, ce raccourci de l’éclair. Elle conte aussi, dit l’éloge, clame l’indignité, s’insurge et caresse. Revendique la relation, tend au diversel. Poétique, elle se dérobe à ce qui enclot. L’Histoire est passée par là, dont elle se fait l’écho depuis plus de trente livres publiés. Celle de tous les esclavages, des insurrections, des pays dominés, mais pas seulement. Celle de la nature du monde dont elle dit la créolité et défend les richesses menacées. Tous ces écrits font œuvre.

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Un bilan de la création contemporaine en Guyane

— Par Selim Lander —

Une exposition consacrée à l’art contemporain guyanais est installée jusqu’au 12 mai sur les cimaises de la Fondation Clément en Martinique. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le lieu vaut à lui seul la visite. L’habitation Clément est sans doute le plus bel exemple de l’architecture coloniale martiniquaise. La maison des maîtres, parfaitement entretenue, est montrée dans son jus, avec les salles de réception au rez-de-chaussée et les chambres à l’étage. Des dîners sont encore parfois servis dans la salle-à-manger. Ce fut en particulier le cas lorsque le président Mitterrand et le président Bush (père) décidèrent de se retrouver en Martinique. Les communs (cuisine, …) situés conformément à la tradition dans des bâtiments à part, sont également ouvert à la visite.

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« P’tite souillure » : un Enfer sous les oripeaux de l’Eden ou l’inverse…

 — Par Roland Sabra—

Un « Théorème » pasolinien de tous les temps et de tous les lieux voilà ce que nous donne à entendre le texte de Koffi Kwahulé dans la mise en scène de Damien Dutrait et Nelson-Rafaell Madel lors de sa création au Théâtre A. Césaire de Foyal le 28 février 2013. Un inconnu, Ikédia, arrive un soir dans une maison bourgeoise et va servir de révélateur des drames familiaux qui gangrènent la vie d’un père d’une mère et de leur fille, surnommée « P’tite souillure ». Il est venu «  Foutre le feu à la maison » et il le fera. Si la pièce est européenne dans sa structure, son propos dépasse largement cet horizon. Le dramaturge ivoirien dit d’elle : «  C’est la part occidentale, constitutive de mon identité, dont je ne peux me défaire, comme le zèbre ne peut se défaire de ses rayures, que je laisse parler. » « P’tite souillure » est un peu le pendant de « Bintou » l’héroïne éponyme d’une autre pièce de Koffi Kwahulé que la jeune et talentueuse Laetitia Guédon a montée en 2009 à Avignon et présentée peu de temps après à Fort-de-France.

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Le corps des Antillais à la loupe de la philosophie

Par Jean-José Alpha

–La présentation publique de la pensée de Spinoza, philosophe peu connu des Martiniquais et qui aurait pourtant influencé bon nombres de penseurs occidentaux jusqu’à Césaire et Fanon, a effectivement éveillé l’intérêt d’un bel auditoire et de lecteurs invités à la Bibliothèque Schoelcher, juste à la veille des jours gras.

L’écrivain essayiste Roland Davidas, auteur de la surprenante « prosopopée de Spinoza à propos du devenir des Antillais », intitulée Que peut le corps des Antillais ? (ed. Gawoulé), avait invité les martiniquais à échanger vendredi dernier avec Baruch Bento de Spinoza (24 novembre 1632 -21 février 1677 ), philosophe de la joie dont il dit qu’ « imaginer quelque chose de joyeux entraîne parallèlement (mais non causalement) une modification corporelle qui me fait éprouver physiquement de la joie. »

L’étonnement des Amis du Livre, membres de la célèbre bibliothèque foyalaise était perceptible en début de soirée malgré la présentation faite par le philosophe Georges-Henri Léotin et les lectures de José Alpha. Parler d’une philosophie de la joie comme déterminante de liberté et de bonheur dans le contexte sociopolitique vécu notamment par les martiniquais,  n’est ce pas encore une provocation des mentalités antillaises profondément conditionnées par la Tristesse avec laquelle on s’est toujours accommodé ?  

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Le « rangement du paquet » *

par Victor LINA, psychologue-clinicien
–Dans le film de Sarah Maldoror « Eia pour Cesaire »2009, Aimée CESAIRE évoque une angoisse martiniquaise, un malaise martiniquais qu’il associe à l’histoire d’un peuple qui souffre d’avoir été déraciné, la quête martiniquaise serait de retrouver des racines ou de refaire racine. Cette thématique se retrouve chez Edouard GLISSANT dans sa conceptualisation de l’identité qui va de la racine au rhizome.
En regardant ce film, un détail surprend, l’homme CESAIRE est interrogé à Basse-Pointe puis semble-t-il à Grand-Rivière et répond assis sur des rochers donnant le dos à la mer quand soudain ce geste anodin, ce « rangement du paquet » est spontanément effectué par cet homme qui signe son appartenance au peuple, au genre humain.
De nos jours, ce « tic » a quasiment disparu. De quoi s’agit-il ? Il n’était pas rare en effet, il y a quelques dizaines d’années et moins, qu’un homme se touche le sexe en public au cours d’une rencontre entre amis, assis ou debout, tout continuant à participer à l’activité qui motivait ce rassemblement, discussion, jeu, palabres, repas etc.

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Lettre ouverte des artistes martiniquais

lettre_ouverte Madame, Monsieur,
Les responsables politiques,
Nous avons l’honneur de vous interpeller sur un certain nombre de faits et par la même occasion vous livrer notre position et le regard que nous portons sur nombres de pratiques qui perdurent en Martinique dans le milieu artistique et culturel.
Des pratiques et attitudes non conformes aux usages qui voudraient que soient pris en compte sur un territoire, les travaux des professionnels des arts et de la culture du dit territoire, sauf qu’ici en Martinique, ces usages sont loin d’être appliqués car, des préjugés d’un autre temps, qui semblent être encore d’actualité, continuent d’alimenter les choix artistiques faits par tant de fonctionnaires hexagonaux déplacés, mutés ou nommés ici, en charge du développement culturel et artistique, et sans qu’ils ne soient accompagnés de personnes ressources de notre territoire, qui connaissent la valeur des artistes et techniciens martiniquais.

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Pierre Williet en concert au Jedi Mizik

«  Obstination », titre une des qualités d’un musicien aujourd’hui…il doit être obstiné afin de poursuivre son chemin, pas toujours facile… »

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«  OBSTINATION  »

L’album  « Obstination »constitue le 3ème volet de la trilogie «  Bleue Biguine » toujours dans le même axe de recherche et de mélange de musique antillaise et de jazz. Une musique résolument signée biguine –jazz, entre jazz fusion et esthétique caribéenne. Avec un swing impétueux à géométrie variable. Pierre Williet nous confie que « ce sont des compositions originales, dont deux dédiées a ses filles qui font parties de sa source d’inspiration ; les autres titres sont aussi dédiés à des proches ou à des artistes qui ont marqués le monde musical… Un hommage particulier à Eugène Mona « Mona Lizo, Ti mouton »   composition qui souhaite exprimer toute la force et la magie de l’œuvre musicale du maître. Une incursion dans les rythmes caribéens, le bélé et la relecture de standards ». Et un clin d’œil a la sonorité Be- Bop de Charlie Parker. Nous avons apprécié un exemple de son évolution stylistique et de sa créativité.

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Laurence Aury présente son livre « La nuit du secret »

— Par Plerre-Yves PANOR

 

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 Laurence AURRY est originaire de Saint MALO. Elle réside depuis 20 ans à la Martinique et y enseigne les lettres.

Quand on lui demande de parler de son rapport à la Littérature Antillaise, elle répond sans sourciller qu’en sa qualité de professeur de français en lycée, il est important pour elle de promouvoir la culture et la Littérature Antillaise. Que chaque année, elle propose à ses élèves, l’étude d’une œuvre ou de textes antillais et ou caribéen. D’ailleurs ajoute-t-elle: « En ce moment nous étudions en lère « Bicentenaire » de Lyonel TROUILLOT afin de découvrir la littérature haïtienne. L’année dernière, nous avons étudié une œuvre de Maryse Condé et des poèmes de Césaire. L’année précédente, Patrick CHAMOISEAU, Ernest PEPIN et Raphael CONFIANT.

Du point de vue culturel, elle considère que la Martinique regorge de talents et de créativité mais que les moyens font défauts.

Vous l’aurez compris Laurence est une passionnée ouverte et curieuse des cultures. Passion et curiosité qui certainement ont quelque chose à voir dans la publication de son premier roman intitulé « La nuit du secret », une palpitante expérience qu’elle nous raconte avec délectation :

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« Des souris et des hommes » de John Steinbeck : du bon gros théâtre… de qualité!

— Par Roland Sabra —

C omme souvent Michèle Césaire ouvre la saison théâtrale avec une pièce flamboyante Cette année elle nous offre un en hommage aux loosers du rêve a méricain et à tous ceux qui des aurores de l’expansion à la longue nuit des chômeurs ont trainé leurs guêtres et leur misère sur les bancs de toutes les galères du monde. C’est en 1937, au cours de ce qui est resté la plus grande crise du capitalisme que John Steinbeck publie Des souris et des Hommes. Ce sont avec les raisins de la colère les œuvres les plus connues de l’écrivain, prix Nobel de Littérature en 1962. L’histoire ressemble à celle de Moosbrugger dans « L’homme sans qualité » de Robert Musil paru en 1930, dont elle s’inspire mais en l’étoffant davantage. Le titre quant à lui est emprunté à un poème de Robert Burns «  Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ». Le succès du roman est immédiat et vient consolider le statut d’écrivain que Steinbeck avait conquis deux ans auparavant avec Tortillat Flat.

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Biennale de danse 2010 à Fort-de-France

 — par Roland Sabra —

Semaine 1

 

 

  « Une Tentation d’Eve »  qui s’éternise

 Les ressources financières du CMAC-ATRIUM étant ce qu’elles sont il était difficile de programmer les authentiques ballets contemporains de la Compagnie Marie-Claude Pietragalla qui mobilisent de nombreux artistes. Heureusement la chorégraphe propose aussi des pièces intimistes au nombre desquelles on trouve « Ivresse » créée une première fois en 2001, reprise en 2005 avec en accompagnement musical le groupe de musique tsigane Arbat. « Ivresse » nous était donc proposé en première partie, sans orchestre certes mais avec une bande son.

 

La chorégraphe et son compagnon Julien Derouault, seul danseur en scène, ont un goût prononcé pour l’éclectisme artistique. Mêler danse et image d’animation ou arts martiaux ( Marco Polo), danse et cirque ( Sakountala) par exemple est un axe de travail qui caractérise l’intelligence créatrice de la Compagnie. On retrouve jusque dans la façon de danser ce souci d’explorer des rives étrangères. Julien Derouault en donne une illustration splendide avec un déhanché à la limite du déséquilibre qui fait irrésistiblement penser à des scènes de Bruce Lee.

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Théâtre & Politique

 — Par Marius Gottin —

 

marius_gottinMesdames, Messieurs,

 José Exélis a le nez fin, ou creux. Peut être les deux, j’ai oublié la différence. Vous me direz: c’est son côté artiste, d’aucun diraient handicapé, vous savez lorsque certains, souffrant par ailleurs de manques, développent des facultés particulières qui font qu’ils ressentent les choses différemment et c’est ce ressenti particulier qui explique la vision du monde qu’ils nous restituent en tant qu’artiste.

Il y a de cela plus d’un mois, l’intéressé m’appelle et m’annonce qu’il a pensé à moi pour introduire un débat tournant autour du thème : Théâtre & politique…et me revient cette déclaration de l’ancien président du parlement international des écrivains, l’américain Russel Banks: « la fonction de l’écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne puisse s’en dire innocent »

 Ah bon, cela veut dire qu’à un moment ou à un autre, il faut dire les choses, les nommer, les mettre sur la table ? Sur les questions qui agitent le théâtre (et notre société martiniquaise empêtrée dans des questions identitaires) cela fait déjà trois ans au moins que ces questions tarabustent l’auteur, le metteur en scène, le comédien José  Exélis; et qu’il nous invite, cette année encore, à y réfléchir, à la mise en relation, mise en perspective de deux mots recouvrant deux activités dissemblables mais rien n’est moins sûr, « théâtre et politique ».

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Glissant: l’identité-relation contre l’identité nationale

Après la disparition de Césaire et à un mois de la présidence française de l’Union, Rue89 a voulu rencontrer le poète pluriel Edouard Glissant, l’homme du « Tout-Monde ». Pour évoquer la littérature, la mondialité et la créolisation, mais aussi le ministère de l’Identité nationale, et surtout l’Europe-forteresse. Car le dernier ouvrage d’Edouard Glissant questionne en profondeur les fondements de l’identité du Vieux Continent et ses rapports avec le monde.

Pour s’extraire du frigide, du tout-financier et du trop-plein de rationnel, rien de mieux qu’un poète dont les livres forment une véritable assemblée d’archipels. De « Soleil de la conscience » (1956) au « Discours antillais » (1981), de « La Cohée du Lamentin » (2005) au « Quatrième Siècle » (1994), l’œuvre d’Edouard Glissant est une partition poétique unissant passé et présent, imaginaires pragmatiques et utopies. Et surtout, elle est la symbiose de la philosophie, du roman, de l’essai et de la poésie.

Glissant est quelque part un héritier de Césaire: sans la « négritude » du second, la « créolisation » du premier n’aurait pu exister.

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Le théâtre amateur en Martinique est bien vivace

 

De la nécessité d'organiser et de promouvoir le théâtre amateur en Martinique

Le théâtre amateur en Martinique est bien vivace. Michèle Césaire vient de proposer au Théâtre de Foyal les Premières rencontres du Théâtre Amateur, en mai 2008, suivie par la ville de Trinité qui propose elle aussi des rencontres pendant la première semaine de juin. Jandira Bauer de Jesus l’an dernier dans « Madame Marguerite, la jeune Daniely Francisque le 22 mai de cette année, avec Neg Pa Ka Mo, nous ont offert dans des registres très différents, des spectacles porteurs de promesses d’avenir.

La programmation du Théâtre Municipal de Foyal était assez restreinte . Trois pièces, dont une déjà programmée l’an dernier à titre privé. En premier lieu nous avons vu « Le dindon » de Feydeau, mis en scène par Claude Georges Grimonprez  qui dirige  la Compagnie théâtrale Courtes Lignes fondée en 1993  avec  Anne-Marie CLERC. La troupe nous avait gratifié l’an dernier de « Douze hommes en colères. » Il y a dans cette compagnie, un bonheur à jouer dont on ne peut douter, et qui éclate sur scène. C’est cette énergie qui fait oublier les imperfections, les maladresses, inhérentes à cette pratique.

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« Monsieur Jourdain » : baroque et jubilatoire

  — Par Roland Sabra —

Didier Carette n’aime pas Molière. Il a du mal avec le théâtre du XVII ème siècle dont il trouve l’écriture trop « monologuante » et les personnages trop « monolithes ». Le contraire de ce qu’il aime dit-il. Le metteur en scène à des affinités avec Brecht, avec Shakespeare, pas beaucoup avec Jean-Baptiste Poquelin. C’est pour des raisons économiques, pour assurer des recettes, il faut bien vivre, qu’il se contraint à monter « Le Bourgeois gentilhomme » pièce du répertoire dont le grand public est friand. Comme Didier Carette est un homme de paradoxes que les défis stimulent il confie le rôle de M. Jourdain à Georges Gaillard qui lui détestait franchement cette pièce et « Le Medecin malgré lui » avec. Le résultat? Il est jubilatoire! Comme quoi l’art est avant tout affaire de labeur et d’intelligence.

Le travail de Didier Carette se situe dans la veine d’un théâtre baroque qu’il tire vers l’expressionnisme allemand à la Murnau pour inventer, à l’instar du cinéma de même nom, une sorte de théâtre noir, de théâtre d’horreur dans lequel il s’évertue à chercher dans les personnages les plus négatifs ce qu’il y a d’humanité profonde, enfouie.

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