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En Martinique, pas pour le plaisir : de l’exil à la prostitution

— Par Yves-Léopold Monthieux 

De la dissidence au Bumidom, le révisionnisme à l’envers

Même pour les plus avertis, quel que soit son format, il y a toujours quelque chose à apprendre d’une intervention de Gilbert Pago, historien engagé à qui on peut faire crédit de son honnêteté et son effort de neutralité. En ce petit pays, cela s’appelle aussi avoir du courage. Lorsque ses amis communistes, PPM, rouge-vert-noir, maoïstes, ou même trotskystes lui reprochent de dire certaines choses, “mais c’est l’histoire !” », s’écrit l’ancien élève de l’anthropologue Jacques Soustelle, l’un des pères, gaulliste, du statut des départements d’Outre-Mer. “Tout historien a une opinion personnelle”, pourvu qu’il soit “objectif et honnête”, rappelle le co-leader du mouvement indépendantiste du Groupe Révolution Socialiste (GRS). N’est-ce pas cette aptitude à suivre cet étroit chemin de crête qui rend incontournable l’historien martiniquais ? Qu’ils me pardonnent ce compagnonnage, j’ai retrouvé ce sens de la nuance qui n’est pas toujours bien compris chez Raphaël Confiant au cours d’une soirée littéraire consacrée à Frantz Fanon.

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Disparition du Dr. Serge Châlons : un héritage de dévouement et d’humanité

Le Dr. Serge Châlons, pédiatre émérite et humaniste engagé, s’est éteint à l’âge de 71 ans. Sa vie dévouée à soigner les enfants de la Caraïbe, en particulier ceux d’Haïti, a laissé une empreinte indélébile dans la région. Son engagement sans faille contre les injustices, son refus tenace de toutes les oppressions et son sens aigu de la solidarité ont marqué ceux qui l’ont connu et aimé.

En tant que responsable du réseau périnatal en Martinique, le Dr. Châlons a coordonné une vaste équipe de spécialistes pour venir en aide aux enfants de divers horizons, de Sainte-Lucie à Haïti. Son action ne se limitait pas aux soins médicaux, mais s’étendait à des combats essentiels pour la justice et la santé publique. Il a été un fervent défenseur de la cause des victimes de la pollution au chlordécone, militant infatigable pour la vérité, la justice et les réparations.

Son dévouement envers Haïti était profondément enraciné, et ses voyages fréquents dans le pays avec Médecins du Monde témoignent de son engagement envers les plus vulnérables. Son association, Enfants Soleil Avenir, a été un pilier de soutien pour les enfants de la région, incarnant sa vision d’une approche communautaire en santé publique.

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Les sœurs Nardal, A l’avant-garde de la cause noire

 — Par Dominique Daeschler —

Fraîchement paru aux éditions Autrement, un long plaidoyer pour la reconnaissance du travail des Sœurs Nardal ( antiracisme, féminisme, élaboration d’une conscience noire…), écrit par la journaliste Léa Mormin-Chauvac dont on a pu récemment voir le documentaire qui leur est consacré (en collaboration avec MC Gambart) sur France Télévisions.

Les Nardal ? Sept sœurs, un clan, une tribu qui vit dans une famille cultivée ( père ingénieur, mère musicienne) hors d’une société de classes où les mulâtres et les francs-maçons tiennent le haut du pavé. Pour leurs congénères, les Nardal sont excentriques. Les sept filles voyagent, partent à Paris faire des études dans les années 20 (Sorbonne pour Paulette et Jane les plus connues) et ne tardent pas à tenir salon le dimanche dans leur appartement de Clamart. Un salon où le brassage des idées fait loi…

Cette appétence à discourir, cette capacité à assembler les sœurs Nardal les tiennent d’une éducation singulière pour l’époque où l’on mélange idées, théâtre, concerts( piano, orgue, violon, flûte) dans la grande maison de bois de la rue Schoelcher dont elles se partageront plus tard les étages.

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« Avant l’extinction… » & « Pour échapper aux mailles du filet… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Avant l’extinction…

Peut-on encore sauver la Nature sauvage ?
En avons-nous le temps ?
Aura-t-on le courage
de tourner cette page
du “tout industriel”
et ses pollutions mortelles
avant le carnage ?
De renverser le tout-puissant dieu Fric
en lui coupant les Bourses pour le rendre impuissant
et libérer l’Afrique
d’un postcolonial joug économique ?
La vie de sens est vide
et ressemble au suicide
de cette humaine espèce !
Car la chute est bien proche
quand, pour certains, ne comptent que les espèces
sonnantes et “trébuchantes” qui remplissent leurs poches…
Alors, ne loupons pas le coche
car ce monde est trop moche
et ouvrons grand les yeux, les esprits et les cages !
Si corrompus sont tous les politiques
que je ne reconnais l’autorité d’aucun état à présent,
sauf de l’état sauvage !

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L’éphéméride du 9 mai

Début de la Grande Dépression (1873-1896) le 9 mai 1873

La Grande Dépression ou plus exactement Grande Déflation est une période de ralentissement économique mondial entre 1873 et 1896 et qui démarre par un épisode brutal, la crise bancaire de mai 1873, lequel n’est ni à l’origine ni la cause de ce phénomène.

Après la crise de 1929, l’expression Grande Dépression devient inadéquate. Surtout, cette locution ne révèle absolument pas la réalité économique de cette période. Le terme de Longue Dépression lui a été préféré. Mais les deux expressions de Grande Dépression ou Longue Dépression sont aujourd’hui jugées impropres car il s’agit d’un ralentissement économique ou d’une stagnation économique, ponctué par des périodes de déflation, et non d’une dépression, puisque le PNB a continué à croître sur la période qui va de 1880 à 1896.

Il faut raccorder cette période aux profondes mutations industrielles d’alors qui perturbent le champ économique, provoquant de forts mouvements de capitaux se dirigeant vers de nouveaux secteurs d’avenir : entre 1870 et 1910, le volume de la production mondiale va doubler.

Contexte
Article connexe : Histoire des bourses de valeurs.

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Diên Biên Phu, étape phare de la décolonisation

Le 7 mai 1954 les troupes du Viêt Minh infligent une sévère défaite aux forces coloniales françaises!

— Par Jean Samblé —

La bataille de Diên Biên Phu, souvent désignée comme l’une des étapes phares de la décolonisation, résonne comme un symbole poignant de la fin de l’ère coloniale française en Asie. Ce conflit, s’étendant de mars à mai 1954, oppose l’armée populaire Viêt Minh, sous la direction du général Giap, aux forces françaises commandées par le général Navarre.

Au cœur de cette confrontation se trouve Diên Biên Phu, un modeste village au nord du Vietnam, où les Français ont érigé un camp retranché dans une cuvette, pensant pouvoir bloquer l’avancée des troupes vietnamiennes vers le Laos. Cette initiative spectaculaire, orchestrée par le général Navarre en 1953, révèle l’ultime effort de la France pour maintenir son emprise sur l’Indochine.

Cependant, la réalité sur le terrain se révèle impitoyable pour les forces françaises. Malgré une préparation minutieuse, le camp de Diên Biên Phu devient rapidement un piège mortel. Les troupes vietnamiennes, habilement positionnées sur les hauteurs environnantes, encerclent progressivement les positions françaises, les isolant et les submergeant.

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Guillaume Guillon Lethière : un grand peintre français né esclave en Guadeloupe

Guillaume Guillon, connu sous le nom de Guillaume Guillon Lethière, est né le 10 janvier 1760 à Sainte-Anne, en Guadeloupe. Fils d’un magistrat colonial et d’une Afro-descendante affranchie, il porte en lui les racines mêlées de l’histoire coloniale des Caraïbes. Sa mère, Marie-Françoise Dupepaye, était une esclave affranchie, tandis que son père, Pierre Guillon, était un colon blanc et un haut fonctionnaire colonial.

Dès son jeune âge, Guillon Lethière montre un talent exceptionnel pour la peinture. Son père, reconnaissant ses dispositions artistiques, l’emmène en France pour parfaire son art. À Rouen, il étudie sous la tutelle de Jean-Baptiste Descamps, avant de poursuivre sa formation à Paris auprès du peintre du roi, Gabriel-François Doyen.

En 1784, il remporte le prestigieux prix de Rome, une reconnaissance majeure qui lui ouvre les portes de l’Académie de France à Rome. De retour à Paris en 1792, il s’engage pleinement dans la Révolution française, immortalisant les exploits du général Dumas, lui-même issu de la diversité.

Sa carrière artistique exceptionnelle le conduit à devenir directeur de l’Académie de France à Rome, poste qu’il occupera pendant neuf ans.

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« L’adonne antillaise – Ressemblance et politique » de Harry Jean

« Les Antilles prêtes à partir, à se défaire du carcan colonial s’inventent un but médian, celui d’une mise en concordance des moyens et des besoins. De fait : que valent la planification, les programmes et à plus forte raison la revendication de réparation face au phénomène de l’échéance électorale érigé en superstructure ? »

« Ce que Bernard Fricoteaux rapporte comme étant un métalangage de la société guadeloupéenne n’engage la capacité de Noir à faire peuple, à faire pays ou à se concevoir comme acteur libre de la politique, mais désigne les affaires judiciaires conçues et portées par un outillage juridictionnel affûté, des magistrats à la solde, pilotes et arrangeurs d’élections truquées au moyen de décisions d’injustice mettant en cause notamment Hégésippe Légitimus et écartant du pouvoir les récalcitrants ou ceux que l’on ne peut plus tenir… » 

« Et l’on aura compris ce qu’insinue cette provocation grossière, au croisement d’une mode littéraire et d’un replâtrage de la colonisation de « papa ». Romans d’espions ambassadeurs de leur sang, feignant la détestation des îles, (d’insignifiantes ant-îles) et qui nous annoncent la disparition de toute forme d’espèces et de coutumes locales (faune, flore et leur usage) par sélection naturelle… par épuisement de la ressource combative… préparant ainsi l’esprit à une sorte de remplacement !

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L’éphéméride du 4 mai

Le pape Alexandre VI promulgue la bulle Inter caetera, qui confirme le partage de toutes les terres à découvrir entre le Portugal et l’Espagne le 4 mai 1493

Inter Cætera est une bulle pontificale émise par le pape Alexandre VI et adressée aux souverains catholiques du royaume de Castille, Ferdinand et Isabelle, le 4 mai 1493.

Cette bulle donnait à l’Espagne toutes les terres à l’ouest et au sud d’un méridien à 100 lieues (418 km) à l’ouest ou au sud de toutes les îles des Açores et du Cap-Vert (soit à 36°8’W). Déjà, dans la bulle Æterni regis, le pape avait donné au Portugal tous les territoires de l’Afrique et le droit de s’approprier toutes les terres nouvelles que les Portugais découvraient à condition de les évangéliser. Le traité de Tordesillas entre l’Espagne et le Portugal en 1494 changea un peu la ligne de démarcation, à 39°53’W.

En 1533, le roi de France François Ier demanda au pape Clément VII de changer la bulle en faveur de la France. Le pape précisa donc que la bulle n’affecte que les territoires occupés par l’Espagne ou le Portugal, toutes les terres nouvelles non occupées pouvant être réclamées par d’autres monarques chrétiens.

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Un Institut Sciences Po Antilles, c’est non seulement possible mais souhaitable dans un proche avenir !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

L’insuffisance de cadres de haut niveau dans les administrations et grandes entreprises en Guadeloupe est une problématique complexe aux implications identitaires profondes. Au cœur des enjeux socio-économiques de la Guadeloupe réside une question cruciale et complexe : l’absence de cadres de haut niveau au sein des institutions et des entreprises locales. Cette réalité, loin d’être anecdotique, alimente des ressentiments et des tensions identitaires palpables, soulignant les défis persistants auxquels la société guadeloupéenne est confrontée. Ainsi par exemple, pour l’anecdote, un fait interpellateur édifiant s’est produit très récemment dans la mairie d’une ville de la Guadeloupe ainsi que dans une communauté d’agglomération d’une île du Sud. En effet cette municipalité  a procédé à un appel à candidatures pour un poste de directeur général des services. Le résultat de cet appel à candidatures est pour le moins stupéfiant, dans la mesure où sur 13 candidats postulants à ce poste, 2 seulement étaient originaires de la Guadeloupe et en provenance du crû, alors que tous les autres postulants étaient de la France hexagonale. Idem pour la communauté d’agglomération qui finalement a dû se résoudre à embaucher un cadre métropolitain comme directeur des services, alors quelles sont  les raisons de cette absence de cadres locaux en mesure d’occuper des postes à responsabilité que ce soit dans l’administration ou les entreprises en Guadeloupe ?

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L’éphéméride du 3 mai

Victoire du Front Populaire le 3 mai 1936.

Le Front populaire est une coalition de partis de gauche qui gouverna la France de mai 1936 à avril 1938. Il réunissait les trois principaux partis de la gauche : la SFIO, le Parti radical et le Parti communiste (qui soutenait les deux premiers sans participer directement au gouvernement), mais également toute une nébuleuse d’autres mouvements1.

Le gouvernement Léon Blum, premier issu de la nouvelle majorité, fut surtout le premier de la IIIe République dirigé par les socialistes. Il initia plusieurs réformes sociales importantes et constitue encore actuellement une des références incontournables de la mémoire et de l’histoire de la gauche française : les congés payés (15 jours), la réduction du temps de travail avec la semaine de quarante heures et l’établissement des conventions collectives. Il fut suivi de trois autres (deux dirigés par un radical, Camille Chautemps, et un dernier dirigé à nouveau par Léon Blum).

L’assemblée élue lors des élections de mai 1936 demeurera en place jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, malgré l’arrestation de 49 députés communistes en septembre 1939[réf.

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La corruption au Fonds national de l’éducation en Haïti 

Ce que nous enseignent l’absence d’états financiers et l’inexistence d’audits comptables entre 2017 et 2024

  —Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Publié le 20 avril 2024 sur plusieurs sites en Martinique, en France et aux États-Unis, traitant d’un sujet majeur de société et amplement diffusé par courriel auprès de milliers de destinataires, notre article « Le Fonds national de l’éducation en Haïti, un système mafieux de corruption créé par le PHTK néo-duvaliériste » a eu un écho considérable comme en témoignent les correspondances qui nous ont été acheminées. Par son approche analytique et documentée, cet article a mis en lumière le fait que le Fonds national de l’éducation (FNÉ), à l’instar du PSUGO, est au sommet d’une vaste entreprise de corruption et de détournement des ressources financières de l’État dans le système éducatif national haïtien. Les nombreuses et pertinentes références documentaires que nous avions fournies, en plus d’éclairer et de conforter notre analyse, ont permis aux lecteurs de mieux comprendre en quoi consiste la corruption systémique qui sévit au Fonds national de l’éducation. Le présent article approfondit l’analyse élaborée dans celui du 20 avril 2024 et il explore amplement, documents à l’appui, l’une des caractéristiques majeures du FNÉ, à savoir l’invisibilisation des données financières qui est au cœur du dispositif de la corruption systémique au Fonds national de l’éducation.

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Non, la précarité sociale ne suffit pas seule à expliquer la violence des jeunes en Guadeloupe !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Dans une récente déclaration faite dans un journal de la place, le sociologue Ary Brousillon a pour l’essentiel attribué la montée de la violence chez les jeunes à la précarité sociale et à la pauvreté qui règne dans certaines familles notamment monoparentales. Cependant, cette explication simpliste occulte d’autres facteurs essentiels qui contribuent à ce phénomène alarmant.Il est indéniable que la précarité sociale exerce une pression considérable sur les jeunes, les privant souvent d’opportunités éducatives et professionnelles, et les exposant à des environnements défavorables. Cependant, réduire la violence juvénile à cette seule dimension est réducteur. Un facteur souvent négligé est l’affaiblissement de l’autorité parentale. Dans de nombreux cas, les parents sont confrontés à des défis multiples, tels que le chômage, le stress financier et les conditions de logement précaires, qui compromettent leur capacité à exercer une autorité efficace. Cette fragilité de l’autorité parentale peut laisser les jeunes livrés à eux-mêmes, sans guidance ni supervision adéquate, ce qui favorise l’adoption de comportements violents et d’un phénomène d’abandon aux traffics de substances illicites. C’est là une conséquence de la recherche à tout prix de l’argent facile au détriment de la valorisation de l’effort du travail.

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Analyse d’une œuvre de l’art contemporain… humour…

— Par Patrick Chamoiseau —
1 – L’artiste capture de manière saisissante un bain familial au bord de mer, sans doute pour signifier l’importance du rapport à l’écosystème naturel dans l’équilibre des rapports sociaux en général et familiaux en particulier. L’inextricable du rapport entre nature et culture semble aussi y être abordé.

2 – La démesure du soleil nous alerte sûrement sur l’effet thermique du changement climatique et l’urgente nécessité d’agir. Pour renforcer cela, elle nous montre un ciel vide, sans papillons, sans oiseaux, tout comme la plage et la mer dépourvues de toute faune, comme pour rappeler l’effondrement actuel de notre biodiversité.

3 – Toujours dans cet ordre d’idée, l’artiste choisit de représenter la mer de manière très inachevée, à demi gribouillée, pour signaler à coup sûr le ralentissement des grands courants marins, le blanchiment accéléré des coraux, et la disparition de la vie marine.

4 – Les personnages avancent dans l’eau ensemble, de manière un peu solennelle, forme allégorique de la solidarité humaine face aux effondrements inéluctables, mais les sourires sur les visages semblent vouloir ouvrir une espérance, et nous inciter à une prise de conscience affirmée dans l’action.

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L’ignorance militante de la Réforme foncière martiniquaise

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Rien de ce qui suit ne figure aux programmes des Écoles et de l’Université. Dans les années 1960 – 1970, parmi les décisions faisant suite aux évènements de décembre 1959, trois mesures majeures ont été décidées par le gouvernement. Elles ont marqué de façon indélébile la société et l’histoire martiniquaises, mais aussi sa géographie. On les nomme BUMIDOM, SMA, Réforme foncière. Fruits d’un volontarisme incontestable, ces mesures s’étaient heurtées à l’opposition de la gauche classique (PCM, PPM, PS) et des mouvements indépendantistes. Regroupés à la marge du parti communiste sous le vocable ”gauchiste”, ces derniers se recommandaient des idées maoïstes, trotskystes, castristes et autres. Un condensé sulfureux qui a pu s’expérimenter lors des événements de Chalvet, en février 1974.

Tandis que le BUMIDOM est devenu la victime expiatoire de la lutte anticolonialiste et que le SMA (service militaire adapté) a su s’arracher à l’accusation d’“armée d’occupation coloniale”, les adversaires de la Réforme foncière usèrent et usent encore d’un artifice intellectuel inédit : le silence militant et la tenue des Martiniquais dans une totale ignorance de ce moment de leur histoire.

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« Volition » & « En attendant le bus… »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Volition

Si difficile est le chemin
qui mène du rêve au réel,
bien plus beau sera le destin
quand l’envie peut donner des ailes…

Car rien n’est alors impossible
et celui qui le veut vraiment
à la fin atteindra sa cible,
c’est juste une question de temps…

Patience et puis persévérance
sont ce qu’exige l’existence
pour un bon accomplissement…
Et si le chemin est souffrance,
plus belle au bout la récompense !

En attendant le bus…

Chaque jour déverse son flot de tristesse et misère
mais dans les verres coule l’oubli…
À 50 degrés de lassitude,
au milieu des sargasses flotte cette île sur la mer.
Y trop pique son Cancer
de drogue et violence

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A l’impossible nul n’est tenu : Les élus locaux et économistes de l’IEDOM face à une incertitude qui brouille la vision de l’avenir  !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Un débat sur la problématique de l’octroi de mer s’est tenu hier soir sur le plateau de Guadeloupe première et force est de constater que nous sommes bel et bien resté sur notre faim. En effet il semblerait que la substantifique moelle de la réforme ait totalement échappé à l’ensemble des experts et élus participants au débat contradictoire. Et pour cause, les véritables tenants et aboutissants de cette réforme controversée n’ont pu être mis en exergue pour cause de manque de réflexion prospective. On sentait bien que l’affaire était déjà pliée et que les experts sur le plateau était tétanisés par une certaine incompréhension sur les contours de cette réforme. Les élus sont d’ores et déjà piégés par le gouvernement. Et pour y remédier à l’avenir il faudrait créer au sein de la région Guadeloupe un comité de veille stratégique et de prospective  qui est généralement mis en place dans les organisations, les entreprises ou même au niveau gouvernemental pour plusieurs raisons :

– Anticipation des changements: Il vise à identifier les tendances émergentes, les risques potentiels et les opportunités futures dans l’environnement économique, technologique, politique et social.

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L’éphéméride du 27 avril

Décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848

Le deuxième décret de l’abolition de l’esclavage en France a été signé le 27 avril 1848 par le Gouvernement provisoire de la Deuxième République2. Il a été adopté sous l’impulsion de Victor Schœlcher. L’acte français d’abolition de l’esclavage est le résultat d’un long combat commencé avec la controverse de Valladolid en 1550, poursuivi dans les colonies et en Europe, avec les Sociétés des amis des Noirs particulièrement.

La première abolition de l’esclavage
En France sur le territoire métropolitain
En France, sur le royaume de France continental, l’esclavage est aboli par Louis X en 1315 via l’édit du 3 juillet 1315, qui affirme que selon le droit de nature, chacun doit naître franc et que par tout notre royaume les serviteurs seront amenés à franchise. Suite à cet édit, tout esclave qui pose le pied dans le Royaume est automatiquement affranchi3. Malgré cet édit, Louis XIV autorise en 1671 le commerce triangulaire, permettant aux ports de Bordeaux, Nantes et La Rochelle de pratiquer le commerce d’esclave à destination des colonies4. Cette traite d’esclave ne remettait pas en cause le traité sur l’esclavage en métropole3.

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Le scandale du chlordécone exposé en Argentine!

— Le n° 345 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

À Mar del Plata, devant 700 militane·s, membres de plus de 65 pays, et dans le cadre de la cinquième assemblée du Mouvement Populaire pour la Santé (MPS), tenue entre le 7 et le 11 avril, une délégation martiniquaise répondait à une invitation faite à l’Union des Femmes de la Martinique et à Lyannaj Pou Dépolyé Matinik (LPDM) (2 militantes de L’UFM et une de LPDM). C’était l’occasion de poursuivre le travail d’internationalisation de la résistance, des organisations martiniquaises engagées dans la lutte pour l’égalité, la justice et les réparations contre l’État français et les pollueurs associés.

MPS est un réseau mondial de militane·s, représentant·e·s d’associations, d’organisations, d’institutions académiques et universitaires, de personnes de la société civile, et d’activistes. Il est né en l’an 2000, et fait de la Santé des peuples, donc du constat de leur dégradation planétaire généralisée, un angle d’attaque contre le système capitaliste mondialisé et l’impérialisme.

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Déclaration des organisations patriotiques de Martinique, Guadeloupe et Guyane

— Communiqué de presse —

Déclaration des organisations patriotiques de Martinique, Guadeloupe et Guyane réunies en Martinique le 20 avril 2024

Le samedi 20 avril 2024 s’est tenue en Martinique une rencontre marquant la volonté des organisations patriotiques de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane d’affirmer la solidarité de nos pays dans la lutte contre la domination coloniale de l’État français.

Le PALIMA et le MODEMAS pour la Martinique, le MDES pour la Guyane et, pour la Guadeloupe, l’ANG, le KSG et l’UPLG (délégation du « collectif Sanblé pou Nasyon Gwadloup ») se sont réunis afin d’échanger sur la situation respective et les perspectives politiques de chacun de nos trois pays.

L’objectif de cette rencontre consistait aussi à mieux coordonner nos actions, en particulier sur le plan international.

Nos organisations se sont accordées pour retenir que la période actuelle est caractérisée par de profondes mutations des rapports de force au niveau mondial, le déclin progressif des anciennes puissances coloniales européennes et l’émergence de nouvelles puissances capables de rivaliser avec les États-Unis.

Ces phénomènes, liés à l’impasse de la mondialisation conçue par l’impérialisme et au retour du protectionnisme, suscitent tensions et conflits qui expo-sent le monde à des risques de guerre mondiale.

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L’éphéméride du 26 avril

Naissance de Gerty Archimède le 26 avril 1909 à Morne-à-l’Eau
Création du BUMIDOM le 26 avril 1963
Massacre du 26 avril 1963 en Haïti

Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, ou Bumidom, fut un organisme public français chargé d’accompagner l’émigration des habitants des départements d’outre-mer vers la France métropolitaine. Fondé en 1963, il disparaît en 1981 pour céder la place à l’Agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’outre-mer (ANT), renommée Agence de l’outre-mer pour la mobilité ou LADOM depuis 1992.

Origines et développement
Le Bumidom a été créé en 1963 par Michel Debré à la suite d’un voyage effectué à La Réunion en 1959 avec le général de Gaulle. Ses statuts sont publiés au Journal officiel de la République française le 7 juin de cette même année1. Ils précisent que « la société a pour objet de contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d’outre-mer. » Société d’État dotée de la personnalité civile et de l’autonomie financière, le Bumidom est placé sous la tutelle du ministère des DOM-TOM et du ministère de l’Économie2.

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L’éphéméride du 25 avril

Révolution des Œillets le 25 avril 1974

La révolution des Œillets (Revolução dos Cravos en portugais), également surnommée le 25 avril (25 de Abril en portugais) est le nom donné aux événements d’avril 1974 qui ont entraîné la chute de la dictature salazariste qui dominait le Portugal depuis 1933. Elle doit son nom à l’œillet rouge que les conjurés portaient à leur boutonnière en signe de ralliement2.

Ce que l’on nomme « révolution » a commencé par un coup d’État organisé par des militaires qui se sont progressivement radicalisés par rejet des guerres coloniales menées par le Portugal. Ce coup d’État, massivement soutenu par le peuple portugais a débouché sur une révolution qui a duré deux ans, marquée par de profondes divisions sur la façon de refonder le Portugal, mais qui, finalement, a profondément changé le visage de celui-ci.

La révolution des Œillets a la particularité de voir des militaires, porteurs d’un projet démocratique (mise en place d’un gouvernement civil, organisation d’élections libres et décolonisation), renverser un régime, sans pour autant instaurer un régime autoritaire.

Cet événement est le début de la démocratisation du sud de l’Europe, celui-ci étant suivi par la chute des dictatures espagnole et grecque.

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« Haïti brûle, cessons de regarder ailleurs. »

 Un appel du conseil d’administration de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage en faveur du peuple haïtien.

Dans une déclaration adoptée par son conseil d’administration le 4 avril 2024, la FME appelle à la solidarité en faveur du peuple haïtien, alors que la capitale et une partie du pays sont otages des gangs criminels. Le CA de la FME demande plus particulièrement au gouvernement français :

-d’assumer son rôle de puissance membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies en travaillant à une réponse internationale rapide, à la mesure de l’ampleur de la crise ;

-d’adapter sa politique d’accueil des réfugiés haïtiens, notamment en suspendant toutes les obligations de quitter le territoire français vers Haïti, au regard de l’extrême gravité de la situation dans le pays ;

-de mobiliser davantage en faveur d’Haïti les outils qu’elle a mis en place ou auxquels elle participe, comme le programme PAUSE pour les scientifiques et les artistes en exil, ou l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit ;

-d’ouvrir la question de la réparation à l’égard du peuple haïtien, comme nous y invite un mouvement mondial dans lequel d’autres démocraties européennes se sont déjà engagées, comme l’Allemagne et les Pays-Bas ;

-d’inviter les institutions françaises dont l’histoire est indissolublement liée à l’histoire d’Haïti à s’associer elles aussi à cette démarche de reconnaissance, comme l’ont fait avant elles des institutions telles que les banques nationales d’Angleterre et des Pays-Bas.

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L’éphéméride du 24 avril

Claude Levi-Strauss, André Breton, Wifredo Lam sont contraints de faire escale à Fort-de-France le 24 avril 1941
Fin de la conférence de Bandung le 24 avril 1955

Fin avril 1941 le vapeur Capitaine Paul Lemerle arrive enfin dans la baie de Fort-de-France un mois après son départ de Marseille avec à son bord trois cents cinquante intellectuels européens pourchassés par le nazisme triomphant. Le bateau a vingt ans d’âge, poussif il est au deux tiers de sa vie. Il ne dispose que de sept couchettes réparties entre deux cabines. Les passagers s’entassent dans les cales sans air ni lumière sur des lits de fortune, ou ce qui en tient lieu, des grabats plutôt. Qui y-a-t-il parmi cette « racaille » selon les termes employés par la police « collaborationniste » de Marseille ? André Breton, Claude Levi-Strauss, Victor Serge, Anna Seghers, Wifredo Lam, des artistes, des savants, des communistes, des juifs, des anarchistes, des républicains espagnols. Une fondation étasunienne l’ « Emergency Rescue Committee » (ERC) est chargée par son gouvernement de sauver les personnalités intellectuelles menacées par l’hitlérisme qui en échange accepteront d’offrir à la grande Amérique le service de leur savoir.

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« Césaire – Serreau, une rencontre au fondement du champ théâtral caribéen »

Du mercredi 24 au vendredi 26 avril à la Villa Chanteclerc et sur le campus de Schœlcher

— Par Hélène Lemoine —

Au cœur de la dynamique théâtrale caribéenne, la cinquième étape du chantier « Jean-Marie Serreau – Nouvelles humanités » explore l’impact et les enjeux du compagnonnage entre Aimé Césaire et Jean-Marie Serreau. Cette collaboration a marqué profondément le paysage culturel des îles, stimulant la créativité artistique et catalysant le Festival de Fort-de-France. Sous le signe des tempêtes, à la fois climatiques et politiques, cette rencontre entre deux figures emblématiques du théâtre s’est révélée être bien plus qu’une simple alliance artistique. Elle a incarné le symbole même de la décolonisation pour Serreau, imprégnant ainsi le champ théâtral de sens et de résistance.

Organisé par l’Université Sorbonne Nouvelle en collaboration avec l’Université des Antilles, ce colloque invite à une réflexion pluridisciplinaire sur les implications de cette relation exceptionnelle. Politique culturelle, esthétique, dramaturgie, anthropologie, éco-poétique et éco-conception sont autant de domaines explorés pour comprendre la profondeur de cette connexion humaine, intellectuelle et artistique.

Pendant trois jours, la Villa Chanteclerc et le campus de Schœlcher seront le théâtre de débats, de conférences et d’animations variées.

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