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« Le “philanthrocapitalisme” de Bill Gates n’est que du colonialisme »

OGM, perte de la biodiversité, chaos climatique… La militante indienne Vandana Shiva revient dans son dernier ouvrage sur les maux causés par notre système économique et le pouvoir des super-riches. Elle esquisse des chemins pour mener la bataille qui vient. Entretien.

C’est l’une des figures de l’altermondialisme. Depuis 35 ans, l’indienne Vandana Shiva a mené bataille sur tous les fronts. Elle rejoint d’abord le mouvement Chipko contre la déforestation. Elle se rendra célèbre dans la lutte contre les OGM et leur principal promoteur dans le monde, Monsanto. Privilégiant toujours le collectif et l’action de terrain, elle a créé Navdanya, un réseau de gardiens de semences, et un centre de formation agricole où 10 000 fermiers se sont approprié les méthodes de l’agroécologie. Starifiée par certains, elle n’en a cure et veut surtout faire passer un message : l’avenir de l’humanité est menacé par les 1 %, qui détruisent la planète et nous divisent.

Votre dernier ouvrage décrypte le pouvoir des super-riches, ce 1 %, qui a pris en otage l’économie mondiale, qui sont-ils ? Et comment se sont-ils imposés ?

En 2010, 388 milliardaires contrôlaient autant de richesses que la moitié la moins riche de l’humanité.

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Ce que la psychanalyse nous apprend de la pensée « décoloniale » et « intersectionnelle »

— Par Sabine Prokhoris —

Psychanalyste et philosophe, elle est l’auteur notamment de Au bon plaisir des « docteurs graves » – À Propos de Judith Butler (Puf, 2017)

Sabine Prokhoris revient sur la polémique qui a opposé des psychanalystes sur la pensée « décoloniale ». Pour elle, cette mouvance mène à une impasse identitaire.

Une vive controverse a opposé ces dernières semaines, par tribunes interposées, un collectif de psychanalystes, et « plus de 150 psys et intellectuels » au sujet de la mouvance intellectuelle dite « décoloniale », et des formes d’analyse militantes qui se revendiquent de l’intersectionnalité. Ces dernières, qui ambitionnent de décrire « l’intersection de genre, de culture, d’ethnicité, de classe », et d’examiner « le croisement des rapports de domination sans les hiérarchiser » (selon l’argument du colloque « Psychanalyse, études de genre, études postcoloniales » organisé en décembre 2018 à Paris VII par certains des signataires de la réponse au collectif psy), semblent néanmoins subordonner l’ensemble de ces rapports à la question de la « colonialité ». Cela à travers une attaque en règle de « l’universalisme abstrait » , dont le dessein hégémonique doit être « déconstruit » – et combattu.

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« Le travail colonial », sous la direction de Eric Guerassimoff et Issiaka Mandé

Engagés et autres mains-d’œuvre migrantes dans les empires 1850-1950

L’histoire du travail colonial s’est développée vigoureusement dans les pays du Sud depuis la fin du XXe siècle. Elle replace au centre la figure du colonisé, non seulement comme victime, mais aussi comme agent à part entière des sociétés coloniales. C’est dans cette dernière perspective que les contributions réunies dans le présent volume veulent s’inscrire. Ces études soulignent spécialement l’expérience de l’engagisme, la forme dominante entre 1850 et 1950 de ces relations de travail, examinent avec attention les moyens déployés par les engagés pour s’adapter à la coercition, ou bien y résister, et parfois, tourner les circonstances à leur avantage, dans les espaces coloniaux diversifiés (Antilles, océan Indien, Asie, Pacifique). Situées au carrefour de la recherche récente en histoire des migrations internationales au Sud et en histoire globale du travail, ces études ambitionnent de préciser le rôle joué par les institutions, les employeurs et l’intervention des migrants eux-mêmes dans la constitution des marchés coloniaux du travail.

Eric Guerassimoff, historien, professeur de civilisation chinoise contemporaine au sein de l’UFR Langues et Civilisations de l’Asie Orientale (LCAO) de l’université Paris-Diderot, est membre du Cessma (UMR 245 IRD/UPD).

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« Ennemis mortels : représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale »

Cette étude traite de la place de l’islam et des musulmans aujourd’hui, au regard de leurs représentations nées entre le XIXe siècle et la guerre d’Algérie par le biais des élites intellectuelles françaises. L’auteur montre comment la diffusion de stéréotypes présentant les musulmans comme dangereux et rétifs au progrès affecte encore le présent et l’islamophobie actuelle.

Rencontre avec Olivier Le Cour Grandmaison, politologue du passé colonial français

— Par Sabine Cessou —
C’est l’une des voix les plus critiques, en France, sur la question du passé colonial, mais pas forcément l’une des plus écoutées. Son dernier livre, Ennemis mortels, revient sur la construction des images péjoratives de l’islam et des musulmans.

Un pavé dans la mare ? Tel n’est pas vraiment l’effet recherché par le politiste français Olivier Le Cour Grandmaison avec son nouvel ouvrage, Ennemis mortels, représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, à paraître le 17 octobre chez La Découverte. Ce livre tombe à pic, pourtant, tant les polémiques sont nombreuses, notamment au sujet des discours de haine du chroniqueur et essayiste Eric Zemmour.

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« Discours sur le colonialisme » d’Aimé Césaire

Samedi 5 octobre 2019 à 19h au Théâtre Aimé Césaire.

Dans le cadre du Festival Le Mois Kréyol #2, la Cie Moun San Mélé présentera sa version théâtrale du Discours sur le Colonialisme d’Aimé Césaire.
Troupe Moun San Mélé dirigé par Mariann Mathéus
Mise en scène de Mariann Mathéus
Avec Mariann Mathéus, Patrick Karl, Ahmed Barry, et Jean-Emmanuel Fatna

Le Discours sur le colonialisme est un essai anticolonialiste d’Aimé Césaire publié pour la première fois par Réclame, maison d’édition liée au Parti communiste français, le 7 juin 1950, avec une préface de Jacques Duclos.

Perspectives
Aimé Césaire, dans cette édition, a choisi de mettre en exergue, cette phrase du dirigeant communiste : « Le colonialisme, cette honte du xxe siècle ». Il s’oppose aux actions violentes et criminelles commises dans les colonies, l’exploitation des peuples et le pillage des ressources.

Dans une perspective communiste, Césaire critique la position de la classe bourgeoise qu’il qualifie de décadente, car ne connaissant plus de limites dans le mal qu’elle commet au travers du système économique capitaliste. Il estime également que la colonisation, loin d’une « œuvre civilisatrice », a au contraire décivilisé les colonisateurs : « Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser les colonisateurs, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral »1.

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Derrière l’idéologie du «racisme anti-Blancs», la persistance française de la question coloniale

— Par Edwy Plenel —

Le « racisme anti-Blancs » est une construction idéologique destinée à relativiser le racisme systémique, social et culturel, subi en France par les Noirs et les Arabes. Son ascension dans le débat public témoigne de l’aveuglement français à la question coloniale, à sa longue durée comme à sa persistante actualité.

L’extrême droite peut se réjouir : sa stratégie d’hégémonie culturelle a encore marqué un point. Après avoir réussi à imposer l’insécurité, l’immigration et l’islam comme obsessions médiatiques et gouvernementales, détrônant les ambitions sociales et les aspirations démocratiques, la voici qui parvient à relativiser et à banaliser le racisme par la promotion d’un « racisme anti-Blancs ». Il aura suffi d’une déclaration de Lilian Thuram, à propos des insultes racistes visant les joueurs noirs dans les stades, pour que se diffuse, dans le débat public, de France Inter à Mediapart, une docte réflexion sur les supposées dérives d’un antiracisme qui serait aveugle à ce nouveau « racisme anti-Blancs » dont Valeurs actuelles, évidemment, proclame l’existence avérée.

Une de l’hebdomadaire Valeurs actuelles du 12 septembre 2019 Une de l’hebdomadaire Valeurs actuelles du 12 septembre 2019
Aucun individu n’est à l’abri, en raison de sa culture, de son peuple ou de son origine, des préjugés discriminant, méprisant ou violentant d’autres cultures, d’autres peuples ou d’autres origines.

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La pensée “décoloniale” renforce le narcissisme des petites différences »

80 psychanalystes s’insurgent contre contre l’emprise croissante d’un dogme qui, selon eux, ignore la primauté du vécu personnel et dénie la spécificité de l’humain.

— Manifeste —

« Les intellectuels ont une mentalité plus totalitaire que les gens du commun », écrivait George Orwell (1903-1950) dans ses Essais, Articles et Lettres.

Aujourd’hui, des militants, obsédés par l’identité, réduite à l’identitarisme, et sous couvert d’antiracisme et de défense du bien, imposent dans le champ du savoir et du social des idéologies racistes. Ils usent de procédés rhétoriques qui consistent à pervertir l’usage de la langue et le sens des mots. Ils détournent la pensée de certains auteurs engagés dans la lutte contre le racisme qu’ils citent abondamment, comme Frantz Fanon (1925-1961) ou Edouard Glissant (1928-2011) et qui, au contraire, reconnaissent l’altérité et prônent un nouvel universalisme.

La pensée dite « décoloniale » s’insinue à l’université. Elle menace les sciences humaines et sociales sans épargner la psychanalyse. Ce phénomène se répand de manière inquiétante. Nous n’hésitons pas à parler d’un phénomène d’emprise, qui distille subrepticement une idéologie aux relents totalitaire en utilisant des techniques de propagande.

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Comment l’imaginaire colonial représente-t-il les femmes et les hommes par qui le métissage arrive ?

Jeudi 26 septembre 18 h 30 Tropiques-Atrium

Stéphanie Mulot

Aux origines du métissage dans les sociétés colonisées

Comment l’imaginaire colonial représente-t-il les femmes et les hommes par qui le métissage arrive ?

De gré ou de force, quelles étaient les origines et les conditions du métissage ?

Comment ces traces continuent-elles à influencer notre imaginaire des relations sociales, raciales et sexuelles ?

En interrogeant les images des couples mixtes, de la colonisation à nos jours,

Stéphanie Mulot propose un voyage anthropologique interactif dans les fondements de nos sociétés post-coloniales, via la sexualité.

Stéphanie Mulot est Docteure en anthropologie de l’EHESS de Paris,

Professeure des Universités en sociologie à l’Université de Toulouse Jean Jaures et Chercheure associée au Laboratoire caribéen de sciences sociales de l’UA.

La matrifocalité caribéenne n’est pas un mirage créole
Stéphanie Mulot

La matrifocalité fait l’objet de nombreuses controverses depuis des décennies. Organisation et système relationnel familial décrits dans les sociétés caribéennes postesclavagistes, la matrifocalité a tantôt été présentée comme une spécificité, tantôt comme une illusion, voire comme un biais idéologique. Cet article propose de revenir sur les différentes analyses des relations dans les familles antillaises, et de les confronter aux résultats d’enquête récents.

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L’insurrection du Sud et la justice coloniale

— Par Huguette Bellemare pour Culture Egalité —

L’Insurrection du Sud

Bref rappel des faits, Rôle des femmes

Septembre 1870, 22 ans après l’abolition : Un jeune artisan noir au travail, Lubin, est cravaché par un colon blanc qui estime qu’il ne lui cède pas le passage assez rapidement. Lubin porte plainte, mais il est débouté. Quelques jours après, il se fait justice. Il est alors condamné à 7 ans de bagne en Guyane. La population s’indigne, se solidarise avec lui et profite de la défaite de Sedan et de la proclamation de la 3e République pour réclamer justice. C’est le début d’une insurrection qui mobilise pendant 5 jours la petite paysannerie noire, et au cours de laquelle un béké particulièrement nostalgique de l’esclavage, Codé, est tué et des plantations, pillées et / ou incendiées.

Les femmes (très jeunes, en général) jouèrent un rôle important dans dette révolte. On connaît surtout le nom de Lumina Sophie, de Rosanie Soleil et de Madeleine Clem, mais il y en eut bien d’autres. Même si les autorités judiciaires (et un peu aussi leurs compagnons de lutte) s’efforcèrent de réduire leur participation au rôle d’appoint traditionnel, elles n’en payèrent pas moins par de lourdes peines (prison, déportation) la grande peur infligée aux possédants.

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Le « décolonialisme », une stratégie hégémonique : l’appel de 80 intellectuels… et sa critique

— Collectif —
Ils sont philosophes, historiens, professeurs… Ils dénoncent des mouvances qui, sous couvert de lutte pour l’émancipation, réactivent l’idée de « race ».

C’est au rythme de plusieurs événements universitaires et culturels par mois que se multiplient les initiatives militantes portées par le mouvement « décolonial » et ses relais associatifs (1). Ces différents groupes sont accueillis dans les plus prestigieux établissements universitaires (2), salles de spectacle et musées (3). Ainsi en est-il, par exemple, du séminaire « Genre, nation et laïcité » accueilli par la Maison des sciences de l’homme début octobre, dont la présentation regorge de références racialistes : « colonialité du genre », « féminisme blanc », « racisation », « pouvoir racial genré » (comprendre : le pouvoir exercé par les « Blancs », de manière systématiquement et volontairement préjudiciable aux individus qu’ils appellent « racisés »).

Or, tout en se présentant comme progressistes (antiracistes, décolonisateurs, féministes…), ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l’émancipation individuelle et la liberté, au profit d’objectifs qui leur sont opposés et qui attaquent frontalement l’universalisme républicain : racialisme, différentialisme, ségrégationnisme (selon la couleur de la peau, le sexe, la pratique religieuse).

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À la Cartoucherie, un Canada malade de son passé colonial

Dans « Kanata », spectacle inabouti mais prometteur, le metteur en scène québécois entrecroise les temporalités et les récits.

— Par Joëlle Gayot —
Sur les sièges du Théâtre du Soleil, samedi 15 décembre, les spectateurs de la première représentation de Kanata – Episode I – La Controverse, mis en scène par Robert Lepage, ont trouvé un avertissement les inclinant à la bienveillance : « Ceci est une répétition ! », titrait la feuille imprimée. Répétition ovationnée par le public, même si ce qu’on a vu à la Cartoucherie de Vincennes (et qui sera présenté au Printemps des comédiens, à Montpellier) en était encore, au jour J, au stade des (bonnes) intentions, sans avoir décollé de ce qui ressemblait à une suite de séquences mises bout à bout. Et ce, malgré une certitude : tout est en place dans ce projet pour qu’opère la magie.

Lire l’entretien avec Robert Lepage : « Artistes, qu’avons-nous le droit de faire ? »

Lire la critique de Michèle Bigot :« Kanata » : le résultat n’est pas à la hauteur

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Exposition. Le regard des peintres de la période coloniale sur l’autre, barbare sans histoire

Jusqu’au 3 février 2019 au Quai Branly

— Par Pierre Barbancey —

Plus que quelques jours pour aller voir cette magnifique exposition au musée du quai Branly-Jacques Chirac. « Peintures des lointains », de la fin du XVIIIe au milieu du XXe siècle, est une exposition salutaire et intelligente, riche et belle, qui ne cesse d’interroger sur la période coloniale, l’idée de la représentation et de son rôle politico-historique à usage des peuples.
L’exposition actuellement présentée au musée du Quai Branly (1) est étonnante. Etonnante d’abord par son foisonnement, sa richesse. Etonnante encore par l’intérêt historique qu’elle représente. Etonnante enfin par la découverte d’artistes injustement méconnus qui ont pourtant joué le rôle de véritables photos-reporters à une époque où voyager relevait souvent de l’exploit. Il est question de presque deux siècles d’histoire coloniale, du regard porté sur des lieux et des populations d’autres continents. Il est, ici, bien question d’héritage colonial. D’où l’intérêt de cette « promenade » au milieu de ces peintures européennes. « L’exposition s’efforce d’appréhender à travers les oeuvres quelques unes des formes de la relation entretenue par l’Occident avec l’ailleurs, en cette période de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XXe siècle, cruciale pour l’exploration d’autres continents et pour l’impérialisme européen », écrit Sarah Lignier, commissaire de l’exposition.

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Pensée, pratiques et poétiques postcoloniales contemporaines. Monde atlantique et océan indien »

Rencontre avec Rodolphe Solbiac, mardi 11 décembre 2018 à 18h 45

La BU du campus de Schoelcher vous invite à la présentation de Pensée, pratiques et poétiques postcoloniales contemporaines. Monde atlantique et océan indien (L’Harmattan 2018). Le directeur scientifique de l’ouvrage, Rodolphe Solbiac, maître de conférences en Études anglophones à l’UA, poursuit ainsi son travail au long cours d’analyse et de recherche autour des héritages culturel, intellectuel et artistique de la période coloniale, et des conditions dans lesquelles, réappropriés et reconstruits, ces héritages douloureux s’ouvrent à « l’émergence d’une pensée de soi » dans les sociétés concernées.

Riche d’une douzaine de contributions, regards croisés de chercheurs issus de champs disciplinaires différents, cette publication à plusieurs mains est  » un ensemble de réflexions sur l’évolution des sociétés du monde atlantique et de l’océan indien au 20è et 21è siècles. Il explore les créations théâtrales caribéennes et africaines, les arts caribéens de la performance, ainsi que les productions romanesques de la Caraïbe et de l’Océan indien. Une contribution à une matière à penser de nature postcoloniale ». Ce travail se situe dans la continuité du précédent ouvrage de R.

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Érotisme et colonialisme, le piège de la fascination

L’appropriation coloniale des corps est un sujet passionnant. Mais dans « Sexe, race & colonies », la recherche de l’effet esthétique suscite le malaise.

Que, entre la colonisation et la prédation sexuelle, il y ait eu des continuités ou même une relation intrinsèque : l’hypothèse, non seulement relève de l’évidence, mais ouvre des voies passionnantes d’exploration des enjeux anthropologiques de l’ère coloniale. Que les images qui ont alors circulé (tableaux, photographies, cartes postales, pornographie…) soient une de ces voies : ce n’est guère plus contestable, et guère moins prometteur.

Illustration extraite de « Sexe, race & colonies » : « Chinde. Branco & Negro. Black & White », carte postale, Mozambique, 1907. OLIVIER AUGER

D’où vient alors qu’on ne puisse ouvrir sans malaise Sexe, race & colonies, qui aborde l’appropriation coloniale des corps avec une ampleur historique (six siècles) et une richesse documentaire (1 200 documents iconographiques) assez rares ? Comment expliquer ce sentiment d’être face à un objet mal ajusté, faiblement pensé, malgré la contribution de dizaines de chercheurs et l’intérêt incontestable de beaucoup de leurs analyses ?

Aussi bien le livre et le début de sa promotion dans la presse suscitent-ils quelques remous.

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Autonomie : un anticolonialiste est indépendantiste, ou ne l’est pas.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il ne suffit pas, comme dit l’autre, de sauter comme un cabri en criant « Autonomie ! Autonomie ! » pour se voir décerner le label d’ « anticolonialiste ». Un anticolonialiste est indépendantiste, ou ne l’est pas. Tandis qu’un autonomiste anticolonialiste, cela n’a pas de sens. D’ailleurs, on attend en vain que les adeptes de cette autonomie disent en deux phrases ce que recouvre, selon eux, ce mot. D’aucuns s’accrochent au fameux discours de campagne électorale, dit des « Trois voies et cinq libertés », qui s’acheva tristement dans la mort d’un individu. Or 15 ans plus tard, en 1993, comme pour dire que ce mot d’ordre n’était pas satisfaisant, le secrétaire général du PPM, Camille Darsières, annonça que son parti se donnait « huit mois pour définir le contenu de l’autonomie ». A ce sujet Raphaël Confiant écrira que “c’est incroyable de la part d’un parti qui réclame à cor et à cri l’autonomie depuis trente-trois ans” (Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle). Vingt-cinq ans plus tard, rien n’a changé.
En réalité il n’est pas aisé de statufier l’autonomie qui est essentiellement une notion variable et qui, le long d’un curseur, peut avancer ou reculer à l’intérieur d’une même nation.

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La naturalisation de Mamoudou Gassama : une décision « post-colonialiste »

— Par Anna Breteau —

L’écrivain et réalisateur,  Yann Moix, a fustigé ce 7 juin sur BFMTV la naturalisation du héros Mamoudou Gassama par Emmanuel Macron, et ce en comparaison avec le traitement des autres migrants en France. « Distinguer d’un côté le héros (…) et de l’autre le détritus humain, je trouve cela absurde et abjecte », juge-t-il.
« C’est un acte pornographique. La France s’est humiliée en isolant Monsieur Mamoudou Gassama du reste des exilés ». Invité de BFMTV ce 7 juin à l’occasion de la sortie de son documentaire Re Calais, sur les migrants du nord de la France qui attendent de pouvoir rejoindre l’Angleterre, Yann Moix est revenu sur la naturalisation du héros sans-papiers Mamoudou Gassama.

Ce dernier, qui s’est rendu célèbre en escaladant un immeuble sur quatre étages afin de sauver un enfant suspendu dans le vide, bénéficie désormais de papiers français ainsi que de l’assurance de pouvoir travailler auprès des sapeurs-pompiers de Paris. Alors que l’Etat français, Emmanuel Macron en première loge, a décidé de le récompenser par cette naturalisation – une forme de « pornographie », donc, pour Yann Moix – certains élèvent la voix pour dénoncer en parallèle le traitement des migrants « lambda », tous ces invisibles qui ne se sont pas distingués par un acte d’héroïsme.

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Grenoble et l’esclavage antillais, pour une lecture décoloniale de l’Histoire locale

— Par Ali Babar Kenjah —

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Voici la tranquilité assurée pour nos îles, tant pour la traite que pour la liberté des nègres il n’y aura de changements que dans l’Administration et la Justice. Nous avons envoyé à l’Assemblée Nationale notre lettre d’adhésion, au nombre de douze habitants de St-Domingue qui sommes à Grenoble, pour la remercier du décret favorable
qu’elle a rendu pour nos îles.
Antoine Dolle, dit L’Américain (3 avril 1790)

Abandonnez les colonies, au moment où vos établissements sont fondés sur leur possession, et la langueur succède à l’activité, la misère à l’abondance : une foule d’ouvriers, de citoyens utiles et laborieux passent subitement d’un état aisé à la situation la plus déplorable ; enfin, l’agriculture et les finances sont bientôt frappées du désastre n’éprouvent le commerce et les manufactures.
Antoine Barnave, (mars 1790)

 

La colonialité dans l’imaginaire des villes des France

La déconstruction des formes de domination qui accablent la société contemporaine impose à la pensée de prendre la mesure exacte du moment décolonial qui s’affirme chaque jour davantage comme le moment d’une convergence ; convergence théorique, qui pose la colonialité historique de l’État français comme matrice de ses pratiques sécuritaires contemporaines et comme noeud indéfectible de son alliance impériale avec la fraction mondialisée de la bourgeoisie nationale.

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« Macron, les femmes et l’Afrique : un discours de sélection sexuelle et de triage colonial »

— Par Elsa Dorlin —

La philosophe Elsa Dorlin répond au président français sur sa rhétorique « féministe », qu’elle estime douteuse, et sur ses préjugés sur la surnatalité du continent.

Les propos sur la natalité en Afrique tenus par Emmanuel Macron lors du sommet du G20 à Hambourg, le 8 juillet, ont été quasi unanimement qualifiés de racistes. Le président français s’est-il ressaisi au Burkina Faso le 28 novembre ? Non, il a sciemment abordé de nouveau le sujet, sous une autre forme, et il s’agit ici de comprendre pourquoi ; pourquoi aurait-il été trop coûteux de renoncer à parler des « femmes africaines », qui ne sont qu’un butin rhétorique cher à la politique française ?

Les termes utilisés à Hambourg par le chef d’Etat pour appréhender cette question étaient marqués d’un passé impérial qui continue d’imposer l’ordre du discours sur « l’Afrique ». En parlant de « défi civilisationnel », Emmanuel Macron comprenait les enjeux de la « transition démographique » et, en la matière, il rendait hommage à l’un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy, qui, dans l’amphithéâtre de la prestigieuse université Cheikh Anta Diop de Dakar, s’était senti totalement légitime d’expliquer à « l’homme africain » comment s’extraire du temps cyclique de la nature, où il n’y a pas de place ne serait-ce que pour « l’idée du progrès ».

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« L’empire colonial de Richelieu à Napoléon » de Bernard Gainot Prix du livre d’Histoire de l’Outre-mer 2017

Le premier prix du livre d’Histoire de l’Outre -Mer a été remis.

Six livres étaient en compétition:
Bernard Gainot, L’empire colonial de Richelieu à Napoléon, Armand Colin, 2015.
Eric Roulet, La compagnie des îles d’Amérique 1635-1651, Presses universitaires de Rennes, 2017.
Caroline Oudin-Bastide et Philipe Steiner,Calcul et morale cout de l’esclavage et valeurs de valeurs de l’émancipation, Albin Michel, 2015.
Abel A. Louis, Marchands et négociants de couleur à Saint Pierre (1777-1830), L’harmattan, 2015.
Michel Rodigneaux, Victor Hugues L’ambition d’entrer dans l’Histoire 1762-1826, éditions L’Harmattan 2017.
Christian Schnakenbourg, Histoire de l’industrie sucrière en Guadeloupe aux XIXe et XXe siècles,tome 5, Les vingt calamiteuse et la fin de l’économie de plantation (1966-2000), L’harmattan, 2016.

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2017 devra être décoloniale !

Difficile de ne pas bondir, de ne pas se sentir en colère (mais aussi épuisé.e.s) face à tous les phénomènes, représentations, images, propos et petites phrases véhiculant du racisme et du colonialisme, qui traversent encore aujourd’hui les milieux culturels en France. Qui jalonnent le quotidien des artistes et des citoyen.ne.s racisé.e.s français.e.s, comme autant de petites et grandes agressions. Qui offensent au final l’ensemble de la société et de l’humanité.

Nous sommes en 2017 et les relents coloniaux et racistes sont toujours profondément ancrés dans notre pays, toujours prêts à se réactiver dans les consciences, les représentations, les discours. Tout un pan de l’histoire reste méconnu, l’ignorance crasse et les discours erronés s’affichent sans honte. L’exotisme simplificateur et idéalisé tient souvent lieu de représentation des racisé.e.s. Divertissement et humour se font au mépris et sur le dos des anciens colonisés, et de leurs descendant.e.s aujourd’hui citoyen.ne.s français.e.s.

Pendant ce temps, pouvoir, argent, parole, visibilité et légitimité demeurent concentrés aux mains d’un groupe d’hommes blancs privilégiés – caste qui la plupart du temps dénie pouvoir être vectrice de racisme, et qui s’offusque dès qu’on pointe ou interroge ses gestes ou ses discours.

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Un camp d’été «décolonial» interdit aux « blancs »

— Par Eugénie Bastié —
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Des proches des Indigènes de la République ont lancé un camp de formation à l’antiracisme… réservé uniquement aux personnes souffrant du « racisme d’état ». Une revendication de non-mixité de plus en plus présente dans les milieux de gauche radicale.
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Ce «camp d’été décolonial» se présente comme une «formation à l’antiracisme politique». Un stage de quatre jours, du 25 au 28 août, ouvert à 150 personnes, qui aura lieu près de Reims et qui s’inscrit «dans la tradition des luttes d’émancipations décoloniales anti-capitalistes et d’éducation populaire», expliquent sur leur site les organisatrices, qui revendiquent déjà «plus de la moitié des places réservées.»

Une forme d’antiracisme très spéciale, puisqu’elle exclut les personnes blanches. En effet, est-il précisé sur le site: «Le camp d’été est réservé uniquement aux personnes subissant à titre personnel le racisme d’État en contexte français, nous accepterons cependant quelques inscriptions de personnes subissant le racisme d’État mais vivants dans d’autres pays.» Une précision qui exclut de facto les personnes blanches, qui ne souffrent pas selon les organisateurs de «racisme structurel». Une exclusion qui n’est pas sans susciter l’indignation.

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Anti-dreyfusards, va-t-en-guerre, pétainistes, colonialistes: les socialistes sont restés fidèles à leur histoire

L’attitude du gouvernement vis-à-vis des immigrés s’inscrit dans « une tradition socialiste » de fourvoiement en période de crise politique et morale.

poids_des_chaines—Par Shlomo Sand —

L’attitude actuelle des socialistes, à la tête de l’Etat, du gouvernement et du parti, vis-à-vis des principes républicains, de l’immigration, et de l’«autre» pas tout à fait français, a de quoi susciter l’étonnement. La gauche politique n’est-elle pas porteuse de valeurs humanistes ? Des dirigeants comme François Hollande et Manuel Valls ne trahissent-ils pas une longue tradition de combats en faveur de la justice et des droits humains ?

En Europe, le socialisme parlementaire a, certes, constitué un groupe de pression efficace en faveur des classes laborieuses, tout au long du XXème siècle. En période de stabilité et de prospérité économique, il a obtenu des acquis non négligeables en faveur de son électorat: au pouvoir ou dans l’opposition il a notablement contribué à la formation de l’Etat-providence moderne.

Cependant, lors des graves crises politiques et morales, il a failli à se situer du côté de la justice universelle, et de la solidarité humaine. Ceci a pu se vérifier à l’occasion de quatre crises décisives, dans l’histoire politique de la France: l’Affaire Dreyfus, la première guerre mondiale, l’accession de Pétain au pouvoir, et la guerre d’Algérie.

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Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

— Par Sonya Faure —

Connu pour son œuvre sur l’identité comme «Peau noire, masques blancs», l’intellectuel anticolonialiste était aussi un des précurseurs de l’ethnopsychiatrie. Un éclairage essentiel sur les rapports entre colon et colonisé. Des textes inédits publiés par La Découverte.

Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

Frantz Fanon naît il y a quatre-vingt-dix ans en Martinique, et meurt trente-six années plus tard d’une leucémie, à Washington. Trente-six ans seulement, et Fanon a eu le temps de s’engager contre le nazisme au sein d’un bataillon de la France libre, pour l’humanisation des hôpitaux psychiatriques ou pour l’indépendance de l’Algérie – il rejoint le FLN en 1954. Trente-six ans et beaucoup de textes devenus cultes pour ce psychiatre, figure de la décolonisation. Paru en 1961, les Damnés de la terre devient vite la bible révolutionnaire des luttes anticoloniales et du mouvement pour les droits civiques. Dans les années 80, c’est Peau noire, masques blancs (1952) qui alimente les cultural studies qui questionnent les identités et les représentations raciales. Fanon était, avant tout, lu et célébré dans les pays anglo-saxons.

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Qu’est-ce- que la pensée postcoloniale?

colloque_pensee_post_colon23- 25 novembre 2015, UA, Campus de Schoelcher, Martinique

Présentation du colloque

Ce colloque international pluridisciplinaire organisé par Alexandre Alaric dans le cadre du groupe de recherche CRILLASH, se donne pour objectif d’analyser ce que peut signifier la « pensée postcoloniale » aujourd’hui.
De quel type de catégorisation relève-t-elle face aux catégories de « modernité », de « postmodernité » ou de « contemporain » ? En quoi se distingue-t-elle des pensées de la mondialisation, de la créolisation et des nouvelles anthropologies politiques et culturelles ?
Ce colloque d’envergure, regroupant plus d’une cinquantaine de chercheurs spécialistes des questions postcoloniales telles qu’elles se posent dans diverses parties du monde, vise également à initier une véritable réception des recherches et études postcoloniales dans le champ du savoir français et antillais. Si le Postcolonial a été travaillé essentiellement par les approches anglo-saxonnes et caribéennes au sens large, s’il apparait et se développe en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne, en Inde, en Grande Bretagne, en Australie, aux États Unis, et dans la Caraïbe anglophone, il n’est que peu interrogé, comme tel, en France et dans la Caraïbe francophone.

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Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale

juifs_algeriens_ds_lutte_anticolonialeOuvrage paru aux Presses universitaires de Rennes en mai 2015.

Présentation : « Pour nous qui venions à peine d’avoir l’âge de raison en ces jours d’humiliation, ces années de jeunesse ont à jamais marqué notre vie et c’est pourquoi nous sommes fiers de l’injure qu’on nous lançait comme un opprobre : Oui, nous sommes des juifs indigènes algériens… Et après ? Vous n’aurez pas notre cœur contre un certificat de nationalité dont vous vous servez comme d’un couperet de guillotine. »

Diffusées clandestinement durant la guerre d’indépendance, ces lignes ont été écrites en 1957 par des juifs algériens qui, nés citoyens français vers 1930, déchus de la citoyenneté française durant trois années et exclus de l’école sous Vichy, sont devenus des militants communistes algériens après la Seconde Guerre mondiale avant de rejoindre le FLN en 1956.

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De l’entre-deux-guerres à l’indépendance de l’Algérie, une petite minorité de juifs issus de familles autochtones ont suivi des trajectoires comparables, les déplaçant en quelques années des projets sociaux ordinaires de leurs parents – faire de leurs enfants de bons Français plus ou moins juifs – vers le projet politique inouï de s’affirmer Algériens.

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