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Le drapeau vert-rouge-noir n’est pas pour demain.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
En supprimant l’emblème aux 4 serpents, le président de la République n’a pas entendu invalider un drapeau et encore moins un drapeau national. L’objectif avéré de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) est de faire reconnaître la Martinique lors des rencontres sportives dans les Caraïbes, autrement que par le fanion retiré ou le drapeau français. La requête est réputée émaner des ligues sportives qui sont des organismes non politiques. Cependant, pour ceux qui voulaient la suppression de l’emblème il ne s’agit pas d’y substituer un autre, d’égale signification politique. Pour ces derniers, l’objectif est d’adopter une fois pour toutes le drapeau national martiniquais. Le drapeau de l’indépendance avant l’indépendance, en quelque sorte. Mais les porteurs dudit « drapeau de MALSA » ont été pris de court par la soudaineté de la décision présidentielle à laquelle ils n’étaient pas préparés.
Comme je l’avais pressenti dans ma tribune du 19 octobre dernier, le président Alfred MARIE-JEANNE, qui n’a jamais été un accro au drapeau de MALSA, a profité de cette surprise pour « faire un pied de nez à ses anciens amis indépendantistes ».

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Les majorités sont toujours « minoritaires ».

— Par Yves-Léopold Monthieux —
L’insatisfaction institutionnelle de la France étant permanente, on parle de plus en plus de la venue de la 6ème République. C’est même une curiosité française, après le béret, le pain et la bouteille de vin. Mais personne ne dit ce qu’il faudra mettre à l’intérieur de la nouvelle constitution. Sans doute par crainte que sitôt fait le projet ne soit soumis à la critique.

Deux éléments fondamentaux caractérisent la 5ème République : l’élection du président de la République au suffrage universel et l’élection de l’assemblée nationale au scrutin majoritaire à 2 tours. Projeter que le président de la République ne soit plus élu au suffrage universel, il est difficile de l’imaginer à un moment où les gilets jaunes entendent non seulement élire directement leurs dirigeants, mais aussi les révoquer. Par ailleurs, instaurer l’élection à la proportionnelle de l’assemblée nationale, c’est le retour de la 4ème République et à l’instabilité ministérielle. C’est de cette instabilité qu’est née la toute-puissance de la haute administration qui a été conduite à pallier la vacuité du pouvoir. Déjà, si l’assemblée nationale devait être dissoute aujourd’hui, la faiblesse des partis politiques, in-susceptibles de réunir une majorité cohérente, pourrait conduire à une situation d’instabilité proche de celle de la « quatrième ».

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Référendum d’initiative citoyenne (RIC) : la douce folie de la démocratie

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Les référendums ne sont pas organisés, comme les autres élections, à des échéances fixées d’avance par la loi. Par ailleurs, le texte soumis à référendum, comme l’opportunité de la saisine, expriment l’expertise politique de celui qui pose la question et suppose la compréhension du citoyen qui doit y répondre. C’est dire que le référendum qui est le processus démocratique ayant la plus grande force démocratique, peut, lorsqu’il est dévoyé, conduire à de vrais dégâts. On évoque souvent le cas de MAASTRICH en oubliant que ce vote avait été utilisé par la droite et la gauche pour régler des conflits internes aux partis. Le « non » prôné par Laurent FABIUS avait en ligne de mire le leadership du parti socialiste en vue des futures présidentielles.
Par ailleurs, de même qu’il est utile de confier la construction des ponts aux ingénieurs et la santé aux médecins, il convient de confier le fonctionnement de l’Etat à des professionnels ayant un niveau d’expertise équivalent. En France ce sont les diplômés de l’ENA de « Sciences Po » qui remplissent cette fonction, la suppression de ces écoles n’a pas de sens.

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La France va mal, qui vit bien

— Yves-Léopold Monthieux —

La présente tribune peut être regardée comme un complément de mon précédent article : Emmanuel Macron a-t-il été élu trop tôt ? Au moment où tout le monde se veut adepte des Gilets jaunes et que les opportunistes se défilent :« moi je n’ai pas voté Macron ». La France a besoin de coups de pieds au cul est un aphorisme que j’ai souvent utilisé, notamment avant l’élection de Nicolas Sarkozy.

Trois idées ont présidé à mon analyse. D’abord, c’est l’un des pays où l’on vit le mieux en Europe et dans le monde, y compris avec ses DOM qui remplissent les croisières et ses festivaliers qui se lavent au champagne. Sauf que la France vit à crédit avec un endettement de plus de 1000 milliards d’euros. Son ouverture sur le monde devrait l’inviter à ne pas ignorer que des morts-de-faim se saignent à travers le monde et que pour atteindre un niveau de vie comparable à celui des Français, il faudrait à l’humanité une production de biens correspondant à 3 terres. Reste que les Gilets jaunes ont permis, dans une indéniable abondance, de mettre en évidence l’ampleur des inégalités : inégalités dans le partage des richesses, inégalités devant l’impôt, inégalités entre les territoires urbains et non urbains.

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L’ icône Gandhi trébuche

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi donc, à force de vouloir déboulonner les statues on en arrive à des situations inattendues qui, par effet boomerang, explosent parfois aux visages. Au moment où la controverse autour de Mahatma GANDHI prend en Afrique un tour particulier, je vous propose de republier ma tribune « L’icône Gandhi va-t-elle trébucher ? » C’était peu après la pose d’une stèle à FORT-DE-FRANCE en l’honneur de cet homme.

 L’icône Gandhi va-t-elle trébucher ? 

 « Comme quoi, nul n’est complètement « pur » et « clair » dans les référencements historico-raciales… ». C’est par cette phrase qu’Antilla termine l’introduction de l’article parue au numéro 1737, « Gandhi, précurseur de l’apartheid ?… ». A cette affirmation négative qui pourrait être mienne, j’ajouterai, comme Martin Luther King, que tout homme a en lui un raciste qui sommeille. Mais de même qu’il n’y a pas d’amour sans preuves d’amour, en fait de racisme on ne retient que les actes. Les actes que son tempérament, son éducation, ses convictions religieuses, ou plus généralement sa culture, n’ont pas su permettre à l’individu de réfréner. 

En effet, depuis quelques mois monte une petite musique qui tend à remettre en cause la statue de Mahatma  Gandhi.

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Le drapeau martiniquais, au-delà des controverses

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Au moment où l’initiative de la CTM, que j’avais pressentie, est prise de proposer l’adoption d’un drapeau martiniquais, je soumets à une nouvelle lecture la tribune que j’avais publiée le 30 août 2017. Elle a été suivie par deux articles : Un drapeau-emblème régional ou un drapeau national martiniquais (1er juillet 2018) et La fin du roman des 4 serpents (19 octobre 2018).

Je cite :

« Il faudra bien un jour mettre  fin à l’hypocrisie qui consiste à rechercher des  prétextes pour instaurer un drapeau destiné à représenter la Martinique en tant que nation. C’est cette frustration qui se manifeste lors des rencontres sportives auxquelles la Martinique participe dans la Caraïbe. Certains dirigeants vont jusqu’à attribuer l’échec manifeste de la politique du foot-ball martiniquais au fait que la Martinique ne soit pas une nation et n’ait pas son propre drapeau. Forte de promesses financières juteuses, la demande d’affiliation directe à la FIFA de la ligue martiniquaise procède de cette même aspiration nationaliste.

Derrière de drapeau aux 4 serpents c’est le drapeau français qui est visé.

La grande duplicité consiste à inscrire la quête d’un emblème martiniquais dans un besoin de reconnaissance régionale.

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Université : crier « au loup ! » ne suffit pas

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Une opinion piquée sur l’internet m’amène à faire plusieurs observations. L’internaute déclare : « Nos politiciens veulent se retirer du cadre français en se camouflant dans des partis bô caye ; personne ne veut s’intégrer dans les partis nationaux pour afficher le territoire au sein du gouvernement. On se replie sans arrêt et le résultat est devant nos yeux ». Ces mots s’appliquent bien au rapport au gouvernement de la classe politique martiniquaise.
Le repli est incontestable et même provocateur. La Martinique est la seule collectivité de l’Outre-Mer à ne pas être représentée en France par un parti national, de droite ou de gauche. C’est une réalité que la Martinique et les Martiniquais doivent assumer sans pleurnicheries. L’invitation à ne pas voter pour certains partis locaux n’est pas à l’ordre du jour, car plusieurs scrutins ont consolidé la situation d’aujourd’hui. Les résultats sont déjà là, que sanctionnent de nombreux jeunes parmi ceux qui partent ; c’est le succès d’une politique sciemment développée et non une surprise ou un accident. Ce sont les résultats d’une politique constante et transpartisane qui nous distingue de tous les autres territoires et que les différents gouvernements ont reçus cinq sur cinq.

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Emmanuel Macron a-t-il été élu trop tôt ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Je me permets de publier un extrait du texte que j’avais écrit en février 2017, « Emmanuel Macron aura-t-il un destin national ? ».
Compte tenu des circonstances, j’avais pronostiqué que le président qui allait succéder à François Hollande pourrait ne pas finir son mandat et qu’Emmanuel MACRON, après une défaite honorable, surgirait alors d’une courte « traversée du désert ». Je m’étais trompé :
Il est arrivé plus vite que prévu, sans avoir eu le temps de se préparer vraiment.

« Emmanuel Macron aura-t-il un destin national ? »
« …Plus généralement, la vie institutionnelle française avance par à coups : révolutions, coups d’Etat, guerres. Cinq républiques, c’est unique pour un grand pays démocratique. C’est pourquoi le professeur Maurice Duverger avait intitulé son cours de Droit constitutionnel par quelque chose comme « L’inexpérience constitutionnelle de la France ». Ces républiques ont été entrecoupées par l’épopée napoléonienne et des soubresauts de la royauté qui font que, depuis 1789, la France a connu près d’une dizaine de pratiques ou écritures constitutionnelles différentes. On voit bien qu’une 6ème République est inévitable mais laquelle ? Si la France est en crise, seule une circonstance exceptionnellement grave paraît devoir, comme par le passé, conduire à la rédaction d’une nouvelle constitution, laquelle devrait en toute hypothèse conserver l’élection présidentielle au suffrage universel.

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De l’urgente nécessité de réformer les statuts de la Collectivité Territoriale de Martinique

— Pierre-Alex Marie-Anne —
Dans une récente tribune de Politiques Publiques, Yves-Léopold MONTHIEUX a qualifié la C.T.M. de : « machine à fabriquer des dictateurs ».
Il n’a que trop raison et seuls peuvent s’en offusquer ceux qui aspirent dans le présent comme pour le futur à profiter de ce système introuvable.
La Loi du 27 juillet 2011 ayant crée la Collectivité Territoriale de Martinique résulte, on le sait, d’un double viol : d’abord de la Constitution (deuxième consultations pour infirmer les résultats de la première ) ensuite de la volonté clairement exprimée par les électeurs contre l’autonomie de l’article 74, réintroduite néanmoins par le biais d’un statut alambiqué s’inspirant de celui de territoires autonomes, non soumis préalablement à l’avis des citoyens concernés.
Logiquement , cette démarche biaisée ne pouvait enfanter qu’un système mal conçu et déséquilibré.
Les dés sont pipés dès le départ avec l’institution d’une prime majoritaire de 11 sièges, accordée à la liste arrivée en tête au premier tour, pour forcer la constitution d’une majorité ne correspondant pas aux souhaits réels des électeurs.
Ce bonus, apparemment anodin n’est pas sans conséquences :
Sauf à courir le risque in fine d’une élimination quasi certaine, les candidats n’ont pas d’autre choix (quitte à renier père et mère, ce que certains ne se priveront pas de faire allègrement!)

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La fin du roman des « 4 serpents »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Le drapeau aux 4 serpents est supprimé. C’est la première décision concrète prise le président de la république lors de sa récente visite à la Martinique. Elle a été prise le soir même où Victor Monlouis-Bonnaire, l’animateur du Blog MAKAKLA, a interpellé Emmanuel Macron. C’est ainsi qu’entre peut-être dans l’histoire l’homme dont la question avait fait passer quelques frissons sur les lieux de la conférence de presse, et au-delà. D’ailleurs, on n’a pas beaucoup entendu de réactions à cette décision parmi les principaux leaders politiques. A l’exception du député Serge Nilor, l’auteur d’une intervention à ce sujet à l’assemblée nationale et non suivi d’effet. Il s’est fait brûler la politesse par celui qui se considère comme un militant de la MARTINIQUE.

Le 30 juin dernier, dans un article publié sur ce site, j’écrivais qu’ « il n’est pas difficile de convaincre les Martiniquais du rejet de l’emblème aux 4 serpents. Ces animaux étant loin de bénéficier de la côte d’amour des Antillais, les détracteurs de cet insigne marchent sur du velours (…) même si l’image de ces reptiles n’a pas toujours véhiculé que des références négatives.

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Autonomie : un anticolonialiste est indépendantiste, ou ne l’est pas.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il ne suffit pas, comme dit l’autre, de sauter comme un cabri en criant « Autonomie ! Autonomie ! » pour se voir décerner le label d’ « anticolonialiste ». Un anticolonialiste est indépendantiste, ou ne l’est pas. Tandis qu’un autonomiste anticolonialiste, cela n’a pas de sens. D’ailleurs, on attend en vain que les adeptes de cette autonomie disent en deux phrases ce que recouvre, selon eux, ce mot. D’aucuns s’accrochent au fameux discours de campagne électorale, dit des « Trois voies et cinq libertés », qui s’acheva tristement dans la mort d’un individu. Or 15 ans plus tard, en 1993, comme pour dire que ce mot d’ordre n’était pas satisfaisant, le secrétaire général du PPM, Camille Darsières, annonça que son parti se donnait « huit mois pour définir le contenu de l’autonomie ». A ce sujet Raphaël Confiant écrira que “c’est incroyable de la part d’un parti qui réclame à cor et à cri l’autonomie depuis trente-trois ans” (Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle). Vingt-cinq ans plus tard, rien n’a changé.
En réalité il n’est pas aisé de statufier l’autonomie qui est essentiellement une notion variable et qui, le long d’un curseur, peut avancer ou reculer à l’intérieur d’une même nation.

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CTM : le non respect de la règle est l’ennemi de la Démocratie

— Yves-Léopold Monthieux —
La présence récurrente d’éléments allogènes au cours des travaux de la CTM ne pouvait pas manquer de provoquer des dysfonctionnements. Avant 1983, la libre entrée dans l’hémicycle du conseil général n’était pas admise. Ce n’était pas une bonne pratique de la démocratie. L’opposition de l’époque estimait que la limitation des entrées au public relevait d’une décision autoritariste, contraire à la démocratie. Elle était dans son rôle.

Cependant, pour la majorité d’alors, il s’était agi d’une mesure de police interne prise pour tenir compte de l’exiguïté des locaux et la sécurité des personnes. La séparation incertaine dans la salle entre les élus et le public pouvait faire craindre des débordements. Par ailleurs, la mesure ne fut pas étrangère à la volonté d’éviter que la contestation politique, qui était parfois violente dans la rue, ne s’introduisît dans l’assemblée. A tort ou à raison, cette situation avait conduit le conseil à limiter le nombre des visiteurs à deux invités par élu, soit un peu moins de 100 citoyens.

A l’arrivée de la gauche, la nouvelle majorité et les manifestants étant du même bord politique, le calme s’installa aussi bien dans la rue que dans les hémicycles.

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Jean-Philippe Nilor vs Alfred Marie-Jeanne : les indépendantistes jouent la justice française.

—Par Yves-Léopold Monthieux —
On avait cru assister au dernier exploit d’Alfred Marie-Jeanne lorsqu’il s’était fait élire député dans la circonscription du Nord-Atlantique. Dans la foulée, il s’était fait remplacer par son ancien attaché parlementaire dans la circonscription du Sud qu’il avait quittée pour affronter son challenge. Mais, comme pour faire mentir le livre Alfred Marie-Jeanne la fin d’une époque, il a effectué le nouvel exploit de se faire élire pour 6 ans président de la Collectivité territoriale de Martinique. Cependant la fin de la saga Marie-Jeanne avait bel et bien commencé.
L’étoile du Président avait commencé à pâlir dès les élections municipales de 2014. En maintenant à Rivière-Pilote un candidat contre Raymond Théodose qui n’était autre qu’un de ses anciens adjoints et en soutenant le candidat opposé à l’indépendantiste Garcin Malsa, à Ste Anne, il avait créé suffisamment de mal dans le grand sud pour empêcher à Jean-Philippe Nilor de remporter la victoire aux municipales de Ste Luce. Il avait toujours su faire preuve de savoir-faire pour éliminer des camarades du parti qui l’embarrassaient. Ces mesures d’exclusion n’avaient jamais élevé la moindre contestation de la part des militants, si bien que les cris d’orfraie entendus ces jours-ci peuvent faire sourire.

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Les années BUMIDOM en Martinique

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Parler aujourd’hui du BUMIDOM, cet organisme qui a encadré la migration de nombreux Antillais vers la métropole dans les années 1963 à 1981, c’est se risquer sur un terrain miné. Miné par l’idéologie qui veut imposer une lecture univoque, misérabiliste et anticolonialiste du destin de ces personnes de tous âges qui, pour beaucoup, se sont réalisées et même épanouies en métropole ; bien loin d’un exil imposé, voire d’une déportation subie.

Une interprétation plus objective et peu soucieuse de s’inscrire dans un roman nationaliste, soulignera au contraire que le moment du BUMIDOM a correspondu à une phase de développement pour la Martinique. Loin d’être saignée et de dépérir, la Martinique a vu sa population continuer de croître, ses organismes de formation se multiplier (du SMA à l‘Université) accroissant ainsi les compétences et les potentialités…. Bref, ces années furent une manière d’asseoir la départementalisation tant honnie par les idéologues bien installés dans leur statut.

Il est important d’établir un bilan sur le BUMIDOM au moment où la Martinique se trouve à un moment important de son histoire. En faisant preuve de complaisance envers les dérives identitaires, loin de la rendre attractive pour sa propre jeunesse, ce pays crée de la désaffection et de l’exil choisi.

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Les années BUMIDOM en Martinique Volet 3

– Les faux prétextes du faux déclin des années BUMIDOM

 — Par Yves-Léopold Monthieux —

L’objectif n’est pas de défendre une institution qui prend inévitablement la couleur du pouvoir qui l’a engendrée. Que ce pouvoir soit regardé comme néocolonial ou qu’il se recommande du contraire, c’est avant tout des personnes qui sont visées. Lesquelles se trouvaient sans emploi à un moment crucial de leur vie et où il n’y a pas d’équivalent au futur RSA. Plutôt que du traumatisme du BUMIDOM au sujet duquel il est sage de laisser s’exprimer les personnes concernées, il m’a semblé préférable, renonçant au titre prévu du volet, de s’attarder sur la situation réelle de la Martinique dans les années 1960 – 1970, présentées alors comme une sombre décennie. On s’étonne simplement que les déclinistes d’alors soient muets sur la fuite de la jeunesse qui n’a pas confiance en l’avenir que les élus lui promettent.

Un traumatisme entretenu par des militants étrangers au BUMIDOM.

Certes, des postulants peuvent être confrontés à des difficultés inhérentes à l’institution. De plus, certains laissent parfois fructifier leurs mauvais penchants. Sur les 15 000, 45 000 ou 70 000 départs, selon l’historien, il est possible que se soient infiltrés quelques mauvais garçons.

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Oui, j’étais à Génipa…

— Par Ali Babar Kenjah —

Ce ne fut pas seulement un coup de tonnerre, mais un coup de maître. Le tonnerre est toujours précédé de l’éclair qui illumine les ténèbres. Ensuite vient le son. « Faites du bruit » invitent les MC pour réveiller l’assistance. Un coup de tonnerre donc… Secouée dans sa léthargie paresseuse, la société martiniquaise n’a pu ignorer le coup d’éclat mené par une centaine de jeunes martiniquais-e-s et des militants du mouvement panafricain. Les commentaires qui continuent de fuser de toutes parts attestent que les buts poursuivis ont été atteints : créer un rapport de force qui ira crescendo ; marquer les esprits et obliger chacun à choisir son camp ; annoncer le début d’une nouvelle ère dans notre rapport au système colonial : la fin de l’hypocrisie quant à la complicité coloniale objective d’une partie de la population martiniquaise et le début d’une contestation radicale de la pwofitasyon de quatre siècles. Dans les propos qui s’échangent sur les réseaux sociaux, beaucoup d’interrogations sont posées qui préludent à une intense période d’explication et de confrontations de point de vue.

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Les années BUMIDOM en Martinique. Volet 2

– La prise en otage du BUMIDOM par l’idéologie de rupture.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La prise en charge de l’ensemble des opérations, du recrutement des candidats, sur place, dans les îles, jusqu’à leurs premiers emplois sur le territoire métropolitain, en passant par leur transport, leur hébergement et leur formation, confère à l’institution une identité qui l’expose à toutes les stigmatisations.

On est en 1960. C’est l’époque de tous les possibles. Les usines se ferment et, en même temps, les Martiniquais ne veulent plus couper la canne. La décolonisation de l’Afrique s’achève. La guerre d’Algérie est perdue dans la foulée de celle de l’Indochine. La conférence des pays non alignés s’est tenue à Bandung. Fidel Castro s’installe. Les idées séparatrices font rage, les livres de Fanon et de Césaire sont dans toutes les mains. Ca phosphore grave chez les étudiants, au Quartier latin, ce qui fera dire à l’historien Edouard De Lépine que la nation martiniquaise est née sur la rive gauche de la Seine et non à Rive gauche Levassor. Y prend naissance la future bourgeoisie intellectuelle et ses directeurs de conscience.

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Les années BUMIDOM en Martinique. Volet 1

I – La Martinique, d’une terre d’immigration à une terre d’émigration

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Nous sommes en 1900, un peu avant un peu après. Avec environ 150 000 habitants, la composition ethnique de la population post-esclavagiste est à peu près constituée. Les apports successifs qui l’ont formée sont en place. Ils viennent d’Europe (les colons), d’Afrique (les anciens esclaves puis les arrivées suivantes), d’Orient (les Indiens et les Chinois) et du Moyen-Orient (les Libanais et autres). Tandis que les Caraïbes qui survivent se perdent dans le métissage et le rapprochement des deux Indes. Comme toutes les Antilles, la Martinique est désormais une terre d’où l’on part bien plus qu’une destination. Née de l’immigration, la population martiniquaise participe à partir du début du 20ème siècle aux flux migratoires intra-caribéens et ceux des îles vers les continents. L’immigration saisonnière agricole déroge très peu à la règle selon laquelle la Martinique n’attire pas pour des raisons économiques mais pour son niveau de développement humain. Quoi qu’il en soit, toutes proportions gardées, il n’y a pas plus aujourd’hui de Martiniquais à Paris que de Cubains ou d’Haïtiens à Miami ou à New-York.

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Kemi SEBA à Génippa : la cause indépendentiste a-t-elle marqué des points?

— Par Yves-Léopold Monthieux —
A une commémoration de la mort de Frantz Fanon, deux personnalités étrangères avaient été invitées par des anticolonialistes martiniquais. J’avais observé alors que l’évènement n’avait concerné qu’une chapelle et que des militants connus de l’anticolonialisme en avaient été écartés. Je m’étais interrogé sur ce que pouvaient penser les filles de CHE GUEVARRA et de MALCOM X (je crois) à leur retour dans leurs pays respectifs, d’un pays à décoloniser, champion de consommation, comme la Martinique.
Ainsi que l’avait confié un journaliste russe invité en Martinique par un grand parti anticolonialiste, elles pourraient se dire que si tous les pays à décoloniser étaient comme la Martinique, elles signeraient tout de suite pour leur maintien en l’état. En effet, le visiteur russe (URSS) sortait de table. Iil venait de profiter d’agapes inattendues à Clairière de la part des dignitaires du parti. Après avoir vu ce qu’il avait vu du pays, cette débauche de table avait achevé de le déconcerter. Celui qui le reconduisait en fin d’après-midi à son hôtel crut devoir faire un crochet à Volga Plage pour lui montrer un peu de la misère du pays, histoire de remettre l’opinion de son hôte dans le bon sens.

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Une histoire à côté de l’histoire

— Par Yves-Léopold Monthieux —
La Martinique n’a pas de héros. Elle n’a ni Toussaint-Louverture ni Delgrès. C’est une frustration. Comment la compenser ? On ne compte pas le nombre de thèses rédigées sur la date du 22 mai 1848 où ne figure même pas le nom de l’esclave Romain, celui par qui ces incidents sont arrivés. Souvent, la mention « un esclave » suffit. C’est dire l’ambiguïté d’une date dont celui qui en est à l’origine, absent des places publiques alors qu’y figure Alain Plénel, ne parvient pas à trouver une vraie place dans l’histoire martiniquaise. Ainsi donc se développe une histoire martiniquaise en parallèle à l’histoire officielle.
La déférence au 22 mai 1848 est d’abord la réponse à une frustration, celle du manque d’histoire martiniquaise. C’est la correction de cette frustration, la conjuration de l’inconfort d’une abolition obtenue sans révolution, venue du colonisateur, comme l’explique Paul Vergès. Sauf que l’historien Armand Nicolas a recherché et retrouvé cette révolution. Celle-ci a eu lieu en Martinique, bizarrement après la signature de l’acte officiel, un mois plus tôt. Suivi par la meute politique, ce dirigeant du Parti communiste martiniquais écrit que les Martiniquais se sont libérés par leurs propres forces.

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De la Démocratie à la défaite morale en Martinique

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Nous sommes encore en Démocratie, Dieu merci. Même s’il y a mieux dans la Caraïbe, selon certains qui n’y vont cependant que pour chasser le gibier ou se donner une cure de bonne conscience. Avec les yeux fixés sur la date de retour, bien entendu.

Nous avons toute liberté d’être autonomistes, indépendantistes ou attachés à la France. Et d’être tous ensembles, c’est notre coquetterie, des assimilationnistes pratiquants. C’est qu’à travers ces catégorisations douteuses se recrute une armée de faux-culs, avec généraux, officiers, sous-officiers et hommes de troupe.

Nous avons toute liberté et nous prenons toutes les libertés avec la démocratie. Avec le pouvoir et la justice confondus qui, devenus frileux en souvenir d’un passé douloureux, perdent la boussole à l’idée d’entendre les mots « pouvoir colonial » ou « justice coloniale ». Un « hou » dans le dos rappelant ce passé, et la démocratie est comme paralysée.

Nous avons toute liberté mais les affaires ne se jugent plus. Les dossiers se font et se défont, les affaires pointent le nez et s’évanouissent aussitôt : pas de scandale. Au juge « colonial », au préfet « gouverneur », pas touche les Martiniquais, s’il vous plaît !

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Les Affaires : une présomption générale d’irresponsabilité ne grandirait pas les Martiniquais.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Les suites données aux consultations populaires de janvier 2010 ont démontré qu’il n’est pas besoin d’obtenir l’accord du peuple pour modifier le parchemin institutionnel. Il suffit que le pouvoir le veuille, et que la presse et les juges se taisent. Les électeurs martiniquais avaient nettement exprimé leur attachement au département, c’était l’échec des élus évolutionnistes à convaincre le peuple. Nicolas Sarkozy est passé outre la volonté exprimée par les électeurs : le département a été supprimé.

S’affranchir des rigueurs du pouvoir régalien

Plus généralement, l’expérience des 20 dernières années prouve que le statut d’une collectivité peut changer de fait lorsque l’Etat renonce à exercer quelques-uns de ses pouvoirs. L’Etat a en effet compris que contrairement aux déclarations destinées à enfumer les Martiniquais («  la France conservera toujours le pouvoir régalien »), le véritable objectif des évolutionnistes est de s’affranchir des obligations envers ce pouvoir régalien. Le contrôle des actes administratifs des collectivités locales est l’une des prérogatives de l’Etat. Aussi, pour avoir renoncé à deux reprises à remplir cette mission, l’Etat s’est retrouvé complice des actes reprochés à l’ancien président de feue la Région Martinique.

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Lilyan Kesteloot n’est plus, elle était une spécialiste de Césaire

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La presse martiniquaise a salué la mort du professeur d’origine belge, Lilyan Kesteloot, l’une des meilleures analystes de l’œuvre de Césaire. Cette circonstance me conduit à proposer, en vue de sa re-publication, la chronique que les travaux de cette universitaire ainsi que ceux de David Alliot m’avaient inspirée, en 2013, année où Aimé Césaire aurait eu 100 ans. Pour qui veut comprendre l’œuvre du nègre fondamental, la lecture des analyses de ces 2 spécialistes paraît indispensable.

Pourquoi nous ne connaissons pas Césaire ?

Antilla vient de publier des documents jusqu’alors inconnus en Martinique. L’hebdo est allé chercher à l’étranger, où l’on dit que Césaire est mieux connu que chez lui, deux des meilleurs spécialistes du poète et de l’homme politique : David Alliot, écrivain, et Lilyan Kesteloot, universitaire et chercheur. On le voit, les meilleurs spécialistes du poète martiniquais ne sont pas des Martiniquais. Ainsi, j’avais été frappé de constater, lors des obsèques de Césaire, que la conduite de la partie culturelle de la cérémonie fût confiée à des intellectuels de Guadeloupe, un pays que le défunt a peu connu.

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Léon Laurent Valère nous a quittés, il était un juste

— Par Yves-Léopold Monthieux —
C’était à la fin des années 1970, à Fort-de-France, près de la Savane, un vendredi soir de campagne électorale. Les briseurs de conférences venaient d’être empêchés de gravir l’escalier qui conduisait au micro de Maître Valère, candidat à une élection à Fort-de-France. Celui-ci s’exprimait au premier étage de la Rotonde. J’ai retenu la phrase qu’il avait alors prononcée : « nous ne nous arrêterons pas à ces trublions qui ne comprendront jamais que la politique est une affaire d’adultes ». Ses réactions aux coups qu’il recevait n’allaient pas au-delà des répliques de ce genre et du ton modéré de l’homme politique pour qui l’élégance d’esprit était l’arme préférée. Le lundi suivant, au matin, une nuée de tracts envahissait les rues de la ville avec, écrit en gros caractères : « Valère, le candidat de la violence ». C’est comme le voleur qui crie « au voleur ! ». Toute la campagne se poursuivit sur ce ton. Cette injustice et les suivantes, plus généralement le traitement politique dont il fut la victime, ont participé de mes premières indignations politiques.
J’avais apprécié le talent de l’avocat, l’élégance de l’intellectuel, le panache de celui qui osait affronter Césaire et, bien entendu, le discours percutant quoique modéré de l’homme politique.

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En Martinique, l’incorrection et l’obscénité sont devenues la règle du « politiquement correct »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Le comportement déplorable d’Alfred Marie-Jeanne à Ste Luce ne surprend que ceux qui le veulent bien. Sauf qu’arrivée en fin de piste, il a des difficultés à tenir la route. En effet, le parcours politique du « président des Martiniquais » a été jalonné d’outrances qui ont porté jusqu’aux qualités intrinsèques des personnes auxquels il en voulait. Les Pilotins l’ont expérimenté à leurs dépens, ou certains d’entre eux, leur ancien maire n’ayant pas craint de mettre le doigt y compris sur les handicaps physiques de ses opposants. Une famille connue de la commune en aurait fait les frais, dans un climat d’assouvissement des bas-instinct du peuple qui semble en redemander.
En effet, l’électorat étant friand des attaques portées en- dessous de la ceinture, on peut reprocher à l’homme « vertical » son penchant pour le populisme auquel il doit tout et de n’avoir jamais découragé la soif de vulgarité qu’il semble partager avec une partie de ce peuple. Cette vulgarité n’est-elle pas l’un des ressorts essentiels du populisme « marie-jeannien » qui l’a mené au plus haut niveau de la politique martiniquaise.

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