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Pour poursuivre la réflexion d’Yves-Léopold Monthieux sur le « génocide par   substitution »

— Karl Paolo —

La question abordée par Yves-Léopold MONTHIEUX au sujet du génocide par substitution est particulièrement complexe, qu’il s’agisse d’affirmer qu’il s’agit d’une réalité ou d’un fantasme.

Cette complexité est accrue par le fait qu’elle est chargée d’affects, de symboles, de tensions et d’idées parfois préconçues pour ne pas dire de préjugés. Il faut donc une certaine dose de courage (ou « d’inconscience » – sic) pour l’aborder, comme le fait Yves Léopold MONTHIEUX. D’autres comme Nadia CHONVILLE (1) ou Claire PALMISTE(2) ont tenté sinon, de déconstruire ce concept à tout le moins de le discuter. Très modestement, je voudrais essayer de poursuivre dans cette voie, afin de tenter d’y voir un peu plus clair, si c’est possible.

Est-ce une question de quantité

En premier lieu, poser le débat en termes statistiques – qui sont-ils ? – où sont-ils ? combien sont-ils ? – ne me parait pas pertinent. En effet, on arrivera immanquablement à se demander où faut-il mettre le curseur. Autrement dit, à partir de quel seuil la présence d’une population étrangère où jugée comme telle est susceptible de constituer ou non un problème ?

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Une colonie sans les mots pour le dire.

—Par Yves-Léopold Monthieux —

De l’art d’être Martiniquais à part entière et citoyen français à part entière dans une société de perroquets. Il en va ainsi de la pensée unique qui submerge la vie politique et intellectuelle martiniquaise. Il est aujourd’hui tendance, de bon aloi et de bonne convenance politique d’éviter tous les mots et expressions qui rappellent la réalité des territoires situés loin de l’Europe et rattachés, d’une manière ou d’une autre, à la France … et à l’Europe. Bref, la Martinique n’est pas la France. Sachant qu’à l’inverse, il est toujours de saison de sortir les armes de la continuité territoriale et du Français à part entière. Miracle, la Martinique est la France !

S’agissant de nos députés, indépendantistes, il semble désormais convenu, lorsqu’ils ne peuvent pas éviter le vocable outre-mer, de le faire par la formule : « qu’on dit » ou « qu’on appelle ». C’est ainsi qu’on entend de plus en plus dans la bouche de ceux de nos élus qui s’expriment, la formule département ou collectivité « qu’on dit d’outre-mer ». Ainsi donc, même si la Martinique est regardée comme une colonie, elle n’est, pour la doxa, l’outre-mer de personne ni la colonie d’aucun colonisateur.

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Le Rassemblement national, l’adversaire utile des « présidentiables »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Prévu par la constitution de 1958 modifiée, le mode de scrutin de l’élection présidentielle, – suffrage universel à 2 tours, le second réservé au 2 candidats arrivés en tête au premier – avait conduit à un faux two party system et au renforcement du président de la République. Reste qu’aucun président n’a jamais été élu au premier tour qui, en réalité, fait fonction de « primaire » pour le second. Le vainqueur n’en a pas moins toujours été, suivant la formule consacrée, le président de tous les Français.

Désormais, il est dénié au président, réputé comptable des seuls suffrages du premier tour, la possibilité de mettre en œuvre ses objectifs de campagne électorale. Ainsi donc, les 27% de voix obtenus au premier tour par Emmanuel Macron ne l’autoriseraient pas à prendre des décisions pour tous les Français. C’est aussi ce que semble corroborer, en creux, l’ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, qui affirme avec un cynisme confondant qu’avec les maigres sondages qui lui sont favorables, le président « contente son électorat ». Ainsi, au moment où le monde s’enflamme, la France retombe dans les jeux de la 4ème République avec la compréhension du fils du Père de la constitution.

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Désintox : le fantasme du génocide par substitution.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ou sont passés tous ces Blancs qui ont été accusés de « génocider » le peuple martiniquais depuis plus d’un demi-siècle ? On ne les voit pas dans les statistiques, on ne les voit pas non plus dans des cimetières dédiés. Le phénomène est pourtant inscrit dans le marbre de la conscience martiniquaise. Ainsi, chaque fois qu’est abordée la question de la baisse de la population en Martinique, chacun, de Ti Sonson au député du coin, y va de son couplet sur le « génocide par substitution ». La locution d’Aimé Césaire la plus répétée depuis 40 ans. Pendant tout ce temps, l’expression magique a suffi pour barrer la route à toute réflexion intelligente sur la fuite de la jeunesse martiniquaise et des conditions à réaliser pour éviter l’exode. Ainsi, l’un des objectifs majeurs du président de la collectivité de Martinique est la mise en œuvre par … Létafransé d’un « BUMIDOM à l’envers ». Alors que la Martinique est en quête de pouvoirs nouveaux, ses élus attendent de l’Etat régalien que celui-ci lui refasse une image attractive.

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La lente agonie de la Martinique sous l’idée fixe d’autonomie est-elle réversible !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Quelle société résisterait à une politique dont l’objectif d’évolution institutionnelle a constitué l’alpha et l’oméga de tous les partis politiques qui ont détenu le pouvoir depuis 1983 ? D’autant plus que pendant ces 40 ans toutes les intelligences littéraires, artistiques, religieuses et médiatiques se sont alignées en quête d’un Graal auquel le peuple se refuse avec la même constance. L’échec ne les a jamais assagis, refusant avec obstination de tirer leçon de la volonté du peuple qu’ils ont entrepris de contourner par tous les subterfuges possibles. Pour le plus connu, le recours à des consultations populaires illisibles et ouvertes à toutes les interprétations.

La Martinique est très certainement la seule démocratie au monde où, pendant toute cette longue période, tous les partis politiques autonomistes ou indépendantistes, y compris groupusculaires, ont participé aux majorités de ses assemblées locales. Seuls des luttes de pouvoir ont conduit les principaux leaders de sembler se renier. Pour empêcher de se laisser piquer par Alfred Marie-Jeanne la mise en œuvre de tout début d’autonomie, le Parti progressiste martiniquais a levé le pied pendant de longues années, mais il n’a jamais tiré le frein à main.

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« Oui Césaire, ton peuple danse !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La guerre fait rage, le Monde est en feu
L’hôpital brûle
Et ton peuple danse !

L’ocelot Poutine est sorti des buissons
Avec « son fusil, son filet, sa muselière »
ou plutôt ses canons, ses bombes, ses avions.
Et ton peuple danse !

Le tamtam bat
Et c’est tous les jours comme ça… Tous les soirs
Ton peuple danse

Le Covid tue
Et ton peuple danse !
Il enterre ses morts et il danse
…Il danse sur ses morts !

Le Brésil veille, Trinidad veille, Ste Lucie veille.
Le Monde entier veille.
Et ton peuple danse !

Oui, Pierre Petit,
Ton peuple de « doucineurs » danse

La guerre fait rage, le Monde est en feu
L’hôpital brûle
Et le peuple martiniquias danse

Oui, Césaire, Ton peuple danse !
Et c’est tous les jours comme ça …Tous les soirs.

 

(Contrechroniques)

Illustration : La Danse d’Henri Matisse

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C.T.M. : pas de vraie démocratie sans séparation des pouvoirs

— — Par Yves-Léopold Monthieux —

Plusieurs curiosités ont pu apparaître lors de la mise en place des nouveaux dirigeants de la collectivité territoriale de Martinique. Elles ont été camouflées par la résolution de tous de ramener la sérénité dans une collectivité qui en avait grand besoin. S’il est normal qu’une collectivité comportant une assemblée avec une commission permanente faisant toujours partie de celle-ci autorise la confusion entre l’exécutif et l’instance délibérante, comme naguère le conseil général et la région, une collectivité qui fait la distinction entre un exécutif et une assemblée (CTM) suppose le respect d’un principe fondamental en démocratie : le principe de la séparation des pouvoirs.
En voulant mettre en place un système qui satisfasse les élus porteurs de l’autonomie de l’article 74 de la Constitution française sans mécontenter la population qui n’en a pas voulu, on est parvenu au système hybride d’un département qui a les couleurs et les rites d’un gouvernement. Les incohérences de ce système devraient déconcerter plus d’un juriste de droit public. Est-ce utile de rappeler l’absurdité qui conduit, en cas d’indisponibilité du président du Conseil exécutif, à la démission d’office des 8 autres conseillers exécutifs ?

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Le vote « blan-douvan-blan-deyè » de Chaben avait compté.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi donc, Serge Letchimy devient le deuxième président de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) avec une voix de majorité. Il redevient en quelque sorte le Mister Président of Martinique qu’il a pu apparaître aux yeux des pays de la Caraïbe lorsqu’il était président de la Région. En effet, en cette dernière qualité il avait eu, pas seulement à l’étranger, la préséance par rapport à sa collègue du conseil général qu’il avait contribué à faire élire, Josette Manin. Sauf l’estime que j’ai pour Lucien Saliber, il devrait en être de même à l’égard du président de l’Assemblée que Serge Letchimy a choisi. On aura vu l’utilité de la disposition statutaire qui fut la plus contestée de toutes, la bonification de 11 élus accordée à l’équipe gagnante. Sans celle-ci l’assemblée serait peut-être ingouvernable aujourd’hui.

Ce n’est pas la première fois que la majorité l’emporte d’une voix, la plus courte qui soit, laquelle n’a jamais nui, en Martinique, au bon fonctionnement de la collectivité concernée. A l’inverse, les troubles des deux dernières assemblées (Région et CTM) sont la preuve que les fortes majorités ne sont pas des gages de sérénité.

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De moratoires en renoncements, c’est bien « la fin d’une époque »

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Faisant écho à un article paru dans la presse où l’échec d’Alfred MARIE-JEANNE, ce dimanche soir, est plus que suggéré, la vraie question peut se poser de savoir quel aura été son bilan politique. On peut s’y coller même si, nouveau miracle, la liste conduite par AMJ sortait en tête ce soir. L’issue de l’élection n’y changera pas grand-chose. Pour la commodité de l’exercice on pourrait comparer ce bilan à celui d’Aimé CESAIRE, les 2 hommes étant les acteurs les plus emblématiques de la politique martiniquaise depuis 1946. CESAIRE est quasiment entré dans l’histoire tandis que le second, qui lui avait prédit d’être jeté aux poubelles de l’Histoire, a toujours souhaité y entrer. C’est cela la rivalité entre les deux hommes et l’intérêt qu’il y a à les comparer.
On retiendra sans doute que CESAIRE sera resté pendant 55 ans maire de Fort-de-France (record de France) et AMJ, un peu moins longtemps, à Rivière-Pilote. Les deux auront connu une fortune électorale durable s’appuyant sur le populisme. Lorsqu’on voit dans quel état s’est trouvé (et se trouve encore !)

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Pourquoi une modification des statuts de la CTM paraît s’imposer.

Par Yves-Léopold Monthieux —
On ne peut que déplorer le mécanisme de mise en œuvre de la loi de juillet 2011 créant la collectivité territoriale de la Martinique (CTM). Les anomalies statutaires sont les fruits amers de dispositions empruntées à une collectivité de l’article 74 de la constitution, que les électeurs martiniquais avaient refusée. Ainsi donc, des statuts prévus pour un petit gouvernement issu de l’article 74 ont été transcrits à la hâte pour la CTM, collectivité de l’article 73. Ces dispositions qui ont voulu sauver la mise aux élus perdants du « 74 » ont donné naissance à un monstre institutionnel dont on ne sait pas vraiment qui des deux présidents est le véritable président de la CTM.
L’une de ces anomalies majeures prévoit que le départ du président du conseil exécutif, pour quelque motif que ce soit, entraine ipso facto la fin de partie pour les 8 autres membres. Cette observation avait longtemps fait sourire. Alors que l’installation d’un nouveau conseil exécutif aura bientôt lieu, il est bon de rappeler qu’on s’était inquiétés quand le président sortant du conseil exécutif avait dû affronter des juges à Paris.

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Alfred Marie-Jeanne – Miguel Laventure, les faux ennemis de toujours

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La Martinique politique ne s’est pas réveillée ce jeudi matin 10 juin 2021 avec l’image de Miguel Laventure représentant Alfred Marie-Jeanne à une émission organisée la veille par Martinique la 1ère. En effet, on a souvent vu ces deux hommes travailler ensemble. Pourtant l’évènement n’était pas anodin et l’image a pu choquer les « puristes ». L’hypothèse de l’absence du président sortant de l’exécutif au débat électoral télévisé avait été envisagée par la plupart des observateurs. Son éventuel remplacement faisait l’objet de toutes les supputations. Des noms ont été avancés, mais personne n’avait pensé à Miguel Laventure, le meilleur représentant de l’attachement de la Martinique à la France, l’inverse de ce qu’est censé représenter la figure tutélaire de l’indépendance, Alfred Marie-Jeanne.

Ainsi donc, on serait parvenu à l’acmé d’un phénomène que la classe politique, en panne d’arguments électoraux, résume habituellement par l’expression « alliance contre nature ». La chose est claire, c’est bien Miguel Laventure qui s’est rapproché d’Alfred Marie-Jeanne en figurant sur la liste conduite par ce dernier. Cependant Miguel Laventure a-t-il été acquis aux thèses indépendantistes ?

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La captation par les « Sachants » du « Génocide par substitution » : une rare escroquerie intellectuelle.

Par Yves-Léopold Monthieux

« Il n’y a pas de génocide par substitution », ose écrire Mme Nadia Chonville qui dit pourquoi. Dénuée du romantisme habituel qui accompagne le récit national, son argumentation est lumineuse. De la part d’une intellectuelle martiniquaise, l’affirmation est courageuse. Heureusement qu’elle a pu se construire une crédibilité dans la presse locale. Sinon elle aurait rencontré des difficultés à se faire entendre.

Ainsi donc, sous la plume de la sociologue qui pourrait être la petite fille de bien d’entre nous, on peut lire un article iconoclaste sur le « génocide par substitution ». Pour la chercheuse martiniquaise, l’expression de Césaire est un « marronnier de la vie politique antillaise » qui, tel que présenté au peuple ne répond pas à la réalité. Il s’agit d’une formule commode véhiculée par les « sachants » martiniquais qui écrivent « l’histoire à côté de l’histoire ». Elle fait partie de ces « vérités » construites dans le cadre du cahier des charges dicté par les fabricants du roman national martiniquais. Plus précisément, la formule de Césaire est une aubaine.

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Les maires à l’assaut de la CTM

Par Yves-Léopold Monthieux

. Au lendemain du dépôt des listes de candidatures à la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), un phénomène saute aux yeux qui, par son ampleur, pourrait altérer la nature et la vocation de l’institution ainsi que le principe de non-cumul des mandats : la présence massive des maires en situation d’être élus.

. En trustant les premières places les édiles seront les premiers élus. Or, leurs électeurs pourraient être déçus de ne pas les voir aux commandes de la CTM. Ils seront donc nombreux dans l’assemblée où ils pourraient exercer une certaine prévalence. Ils devront certes se contenter d’être membres de l’assemblée, des présidences de commissions juteuses pouvant néanmoins leur être octroyées, au détriment des élus qui ne sont pas maires. Reste qu’on ne note pas qu’un maire élu à la Région ou à la CTM se soit illustré par une activité débordante au profit de la collectivité, qu’il ou elle ait fait partie de la majorité ou de l’opposition. L’intérêt de leurs communes par ces conseillers d’un genre particulier est souvent leur seul vrai moteur, ce qui donne à l’assemblée l’apparence de l’ancien conseil général.

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Absurdité de croire que s’il était réélu Marie-Jeanne se désisterait en cours de mandat en faveur d’un protégé!

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Il ne faudrait pas se cacher derrière une querelle de mots. Lorsqu’on parle de dictateur à la Collectivité territoriale de Martinique, chacun sait de quoi on parle. On sait qu’il y a des élections et qu’un parapluie enlève à ce mot son essence. Cette protection s’appelle l’État français, même si celui-ci évite le plus possible d’entrer dans les bisbilles politiciennes entre élus martiniquais. Il y avait bien avant la chute du rideau de fer des pays qui s’appelaient démocraties populaires. On sait pourtant qu’ils n’étaient ni démocratiques ni populaires.

En réalité, le système de la CTM se rapprocherait plus de la « démocrature », vocable récent qui est appliqué aux pays où les dirigeants sont choisis par un vote, souvent vicié, mais s’autorisent dans l’exercice du pouvoir des gestes d’autorité exorbitants du droit commun. Il suffit par exemple que le statut de l’institution contienne des lacunes telles qu’il soit impossible à l’opposition ou aux alliés de la majorité d’en appeler le président au respect de la règle démocratique. C’est le cas pour la CTM. La violence des attaques par d’anciens alliés de la CTM contre les méthodes de la gouvernance finissante atteste d’une réalité qui n’aurait dû échapper à aucun citoyen averti : le président de la CTM a pu faire tout ce qu’il a fait dans le cadre de l’institution territoriale.

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23 avril 1848 : Libération des esclaves de Case-Pilote

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Qui ne se souvient de la Semaine sainte telle qu’elle fut pratiquée, notamment le jeudi saint, le vendredi saint et le samedi gloria ? Les cloches des églises faisaient relâche jusqu’au samedi tandis que les croix, statues et images étaient voilées. Pour remplacer les cloches les enfants de chœur se répandaient dans les rues en faisant crisser des crécelles, sorte de moulinet en bois qui s’appelait rara en Martinique. Ce mot provient peut-être du mot ara qui est une variété de perroquet de l’Amérique tropicale. D’où l’expression courante à l’époque « parler comme un rara ». On retrouve le mot ara à Haïti pour désigner une musique mystique jouée, notamment, au cours de la Semaine sainte, ce qui peut être considéré comme un point commun avec la Martinique. Une autre pratique, le « battre Judas », consistait pour les fidèles de la paroisse à circuler dans les rues en frappant sur des boîtes vides symbolisant Judas, l’apôtre qui a trahi Jésus. Des jeunes dévoyés profitaient parfois pour se livrer à des exactions comme des lancers de pierres sur les maisons. En cette fin de semaine des 20, 21, 22 et 23 avril 1848, le phénomène prit un tour particulier.

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1848, année de l’abolition : Schœlcher, Bissette et le 22 mai, 3 mythes pour une république.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Je n’oublierai pas la phrase de l’un des médecins qui ont rédigé le rapport d’autopsie de la seconde victime de février 1974, le jeune ouvrier en bâtiment Georges Marie-Louise. « Tout peuple qui se construit a besoin de mythes », me dit-il. C’était la réponse sans équivoque à mon interrogation : « Docteur, je pense à vous quand j’entends certaines interprétations des incidents de février 1974 1». Des mythes, en veux-tu en voilà ! N’est-ce pas une méthode d’écriture de l’histoire ou d’histoires à côté de l’histoire qui caractérise trop souvent l’Histoire de la Martinique ?

Dans une récente expression, Marie-Hélène Léotin fait une présentation sans fard de Cyrille Bissette. Selon l’historienne, celui qui fut l’une des parties prenantes de l’abolition de l’esclavage de 1848 se serait caractérisé par son opportunisme et non par l’empathie du propriétaire d’esclaves qu’il était. Ses idées auraient évolué au gré des circonstances et des intérêts des mulâtres qui seraient devenus in fine les alliés objectifs des esclaves. Cette description peu contestée de l’historienne conduit à enfermer les mythes Bissette2 et Schoelcher dans un égal rejet, au seul avantage d’un 3ème mythe, la date du 22 mai 1848.

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« Fusillade » du Lamentin : une autre histoire à côté de l’Histoire.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Quel historien martiniquais, nourri au marxisme ou non, s’est donné le mal de faire des recherches et d’aider à écrire une histoire neutre dans l’affaire de mars 1961 au Lamentin ? De se pencher sur l’épisode du décès, deux ans plus tôt, et de la succession du maire communiste. Fernand Guilon n’était pas en odeur de sainteté au sein de son parti lorsqu’il s’est suicidé. La même question peut être posée pour les évènements de décembre 1959 à Fort-de-France ou de février 1974, la réponse sera la même : aucun historien honnête n’a étudié ces affaires en historien. S’agissant de « 1959 », l’historien de service a été recadré par la commission Stora. Quant aux incidents de Chalvet, deux médecins ont corédigé un document historique essentiel, le rapport d’autopsie de l’une des deux victimes. Mais jusqu’à leur disparition, ces praticiens ont laissé dire le contraire du rapport et couvert par leur silence bienveillant une présentation arrangée de l’affaire. Bien que la gravité des évènements de février 1974 ne soit pas contestable, il est regrettable que soit retenue l’histoire écrite par des historiens marxistes, manifestement à la gloire de leur propre militantisme.

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Département d’Outre-Mer : la plasticité d’un statut de 75 ans

Par Yves-Léopold Monthieux —

Alors que les résultats de l’assimilation sont dévorés à pleine dents dans un consensus à peine écorné, un soin jaloux est apporté à effacer son symbole, le département, comme pour faire juste un écart à la phrase de Musset : « peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». En l’occurrence il s’agissait carrément de jeter le flacon-image, ce qui fut fait après la consultation de 2010 par le remplacement du vocable « département » par « collectivité territoriale ». En effet, dans ce pays où les commémorations et célébrations annuelles se bousculent, c’est toujours avec une gêne non dissimulée qu’est évoquée la date de création du département d’Outre-Mer.

Deux dates de commémoration me reviennent, d’autres ont pu m’échapper. En 1976, le 30ème anniversaire m’avait permis d’assister à un très beau débat public entre le député Victor Sablé, partisan du département et Edouard Delépine qui était encore un leader indépendantiste affûté. Il s’était déroulé à l’Institut Vizioz, l’ancêtre de l’UAG, où les opinions opposées pouvaient encore s’exprimer. Trente ans plus tard, un entretien entre Aimé Césaire et Paul Vergès ne fut possible qu’en visioconférence et diffusé qu’à la Réunion, où il eut fête.

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Décembre 1959 : le nouveau départ de la départementalisation

– Par Yves-Léopold Monthieux —

Quelle leçon peut-on tirer des évènements dits de décembre 1959 en leur 61ème anniversaire ? Bien que cette date fût l’histoire d’un incident fortuit, ses répercussions en ont fait le moment peut-être le plus significatif de l’assimilation, non seulement en Martinique mais dans les 3 autres vieilles colonies. Elle a permis de trancher durablement le hiatus entre le rapporteur de la loi d’assimilation Aimé Césaire et les intellectuels de l’AGEM qui ne le lui ont jamais pardonné. Certains ont vu dans cet évènement l’expression du mouvement émancipateur qui traversait le monde ; d’autres, le sursaut d’un peuple accablé par la misère ; d’autres encore, la révolte de ce peuple contre l’oppression du système colonial. Ce n’était pas encore Moncada ni le coup de main contre la caserne du Fort St Louis, mais on y songeait peut-être. Bref, dans la foulée de la nouvelle découverte du 22 mai par Armand Nicolas et à la veille des déboires des jeunes de l’OJAM, la notion de nationalisme martiniquais pointait le nez. Sauf qu’à la commission qui porte son nom, l’historien Benjamin Stora, célèbre pour ses travaux sur les colonies françaises, infirme les affirmations de la doxa.

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Violences et racisme dans la police : il ne faut pas se mentir (II)

— Par Yves-Léopold Monthieux

L’idée fait son chemin qu’il faille faire un sort à la langue de bois et que l’homme politique doive désigner les choses par leurs noms. Si le vieux monde médiatico-politique tolère encore ce langage et s’accommode de demi-vérités, comme pour laisser à l’homme de pouvoir une porte de sortie, les jeunes sont fermés à cette connivence et n’hésitent pas à le pousser dans ses derniers retranchements. Depuis ce vendredi 4 décembre 2020 où il s’est adressé aux jeunes par un canal bien particulier, Emmanuel Macron fait les frais de cette intransigeance juvénile. Cependant n’était-ce pas finalement le vœu du président de la république de livrer son opinion, en une manière de coming out, par le biais des jeunes ? Car malgré les réactions syndicales, les déclarations que lui ont arrachées ces jeunes seraient sans doute plus mal reçues si elles avaient été proférées dans des circonstances plus ordinaires et moins chaudes. Par ailleurs, si les représentants des policiers ne peuvent pas demeurer sans réactions, c’est aussi leur fonction d’assurer l’interface entre le pouvoir et les policiers, et d’éteindre les feux qui pourraient monter des rangs de ces derniers.

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Césaire et Giscard d’Estaing : la rencontre manquée.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La rencontre entre le président de la République Valéry Giscard d’Estaing et le maire de Fort-de-France Aimé Césaire prévue lors de la visite présidentielle de décembre 1974 en Martinique, était annoncée comme un moment de solennité où le député-maire reviendrait sur l’autonomie. Ce serait en quelque sorte la réponse du maire au succès qu’avait rencontré le président dans l’après-midi sur la place de la Savane. Il était attendu un duel de haut niveau intellectuel entre le champion martiniquais et le président de la république. De sorte que l’annulation de la rencontre a été perçue par certains comme une dérobade de la part du président de la République. On ne connaîtra pas le contenu des projets de discours respectifs prévus par les illustres intervenants. Mais on attendait plutôt la survenue de rapports apaisés. VGE, qui avait déjà pris quelques mesures libérales au plan national, voulait semble-t-il rompre la glace avec les DOM.

En cette soirée de décembre 1974, le Groupe Révolution Socialiste (GRS) a pu être un facteur involontaire du renoncement du président de la République à se rendre à la mairie de Fort-de-France.

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Il ne faut pas se mentir (I), ce silence est raciste

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Suite à un débat télévisé sur la bavure policière dont a été victime le martiniquais Michel ZECLER, j’ai fait quelque part état de la réflexion suivante : « Quand sur un plateau de télévision, le journaliste animateur déclare une demi-douzaine de fois qu’il ne comprend pas pourquoi Michel ZECLER a été traité de la sorte par les policiers, que tout le monde, et sans doute lui-même, tient la réponse au bout de la langue … et que personne ne répond : « PARCE QU’IL EST NOIR », je le regrette, CE SILENCE EST RACISTE ».

Pourtant les intervenants étaient tous des intellectuels et de plusieurs tendances politiques. Tous étaient comme assommés par cette violence qu’ils ont unanimement condamnée. Mais ils n’ont pas su répondre au volubile animateur qui n’attendait sans doute pas et craignait peut-être que la réponse s’invite sur le plateau, d’où son brusque passage à un autre sujet. Ce faisant, les cinq personnes présentes ont donc menti par omission et se sont menti à eux-mêmes. Ils n’ont pas osé dévoiler qu’en plus du fait de violence caractérisé il se trouvait un fait de racisme avéré et que, plus grave, c’est ce racisme qui a peut-être provoqué la violence.

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Le département : de Gaulle, Monnerville et Césaire

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Devenu chef du Comité français de Libération nationale, le 3 juin 1944, puis du gouvernement provisoire d’union nationale, le 13 novembre 1945, le général de Gaulle ne peut pas ignorer que depuis plus d’un siècle, déjà sous le régime de l’esclavage, les vieilles colonies aspirent au statut de département. Il a connaissance de la participation des soldats originaires de ces territoires aux deux guerres mondiales et même à la guerre du Mexique (1861 – 1867). Il a enregistré le ralliement de la Martinique sous l’égide du compagnon Emmanuel Rimbaud et le départ en dissidence des antillais de Guadeloupe et de Martinique. Ces derniers ont répondu à leurs risques et périls à son appel à la résistance du 18 juin 1940. Comme jadis André Aliker, deux jeunes gens qui se feront connaître plus tard, Frantz Fanon et Marcel Manville – des amis de Lycée – font partie de ces volontaires. Contrairement à Aimé Césaire qui est déjà un intellectuel engagé, et qui, comme André Breton ou Claude Lévy-Strauss, fait le chemin inverse. A cette date, l’auteur de « Cahier d’un retour au pays natal » peut être considéré comme le seul nationaliste des 3, que Fanon et Manville feront plus tard davantage que rattraper.

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Soirée électorale du 3 décembre 2015 : la stratégie suicidaire de Serge Letchimy.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

On le sait, la liste Ensemble pour une Martinique nouvelle (EPMN) conduite par Serge Letchimy, dernier président de la défunte région, était largement favorite à l’élection des 3 et 16 décembre 2015 de la nouvelle collectivité territoriale de Martinique (CMT). On a pu dire que les habits de président de cette collectivité avaient été inspirés par le successeur d’Aimé Césaire, et à ses mesures. Le président du Parti progressiste martiniquais (PPM) avait en face de lui un vieil et redoutable adversaire, Alfred Marie-Jeanne. Mais il avait battu ce dernier aux élections municipales de Fort-de-France, en 2001, et aux élections régionales de 2010. En outre, ce dernier pouvait paraître fatigué sous le poids de l’âge et de ses nombreux combats politiques. Par ailleurs, Serge Letchimy avait su, par le biais de l’EPMN, obtenir l’adhésion de plusieurs maires notamment de droite et paraissait pouvoir compter sur la quasi-totalité des réseaux qui structurent la société civile martiniquaise. Il avait donc de bonnes raisons de croire à la victoire facile.

Une décision singulière, intransigeante et précipitée

En cette soirée électorale du 1er tour, fort de ces assurances ou à cause d’elles, Serge Letchimy allait commettre une erreur capitale, nettement plus décisive sur l’issue du scrutin que les comportements et incidents commis dans l’entourage de certains de ses colistiers.

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Nouvelle-Calédonie : le référendum et la lettre du gouverneur

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Le referendum de la Nouvelle-Calédonie vient à point nommé pour nous rappeler que l’abolition de l’esclavage en 1848 n’avait pas mis fin à la colonisation française et que celle-ci allait s’enrichir en 1853 d’un nouveau territoire. Deux éléments essentiels allaient la distinguer des vieilles colonies : à l’avènement de la colonisation non esclavagisée, les acteurs des anciennes colonies, venus d’Europe et d’Afrique, ont une histoire commune vieille de 350 ans tandis que la présence d’un peuple vieux de 2000 ans s’est maintenu en dépit d’aléas divers. 1848 voit la fin en Martinique d’un système économique et social et non de la séparation d’avec la France (c’est le début de la créolisation), alors que la colonisation de la Nouvelle-Calédonie naît du choc de deux peuples qui ne se connaissaient pas. De sorte que l’insurrection du sud de septembre1870 est sans commune mesure avec ces 25 révoltes qui ont failli mettre fin à la colonisation, de 1853 à 1878, année de la Grande révolte kanak qui se solda par la mort de 200 Européens ou assimilés et de 800 à 1 000 Kanaks.

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