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En 1879, le maire de Paris était noir

Severiano de Heredia, fils d’esclaves affranchis, fut nommé cette année-là président du Conseil municipal.

À l’occasion des 165 ans du décret de l’abolition de l’esclavage, le 27 avril 1848, Paris sait-il qu’il y a moins de cent cinquante ans son maire était noir? Le livre, Ce mulâtre que Paris fit maire et la République ministre*, du professeur émérite à l’université de Paris-VIII Paul Estrade, retrace le parcours de Severiano de Heredia, tombé aux oubliettes de la IIIe République française.

Franc-maçon, ce fils d’esclaves affranchis d’origine cubaine et cousin direct du poète José Maria de Heredia, représentait à l’époque la modernité et l’évolution de la pensée contemporaine. «Il marchait aux côtés des défenseurs de la presse libre et il soutenait l’effort de la révolution industrielle. Il partageait aussi les idées de Jules Ferry pour la laïcité dans la vie publique», rappelle Paul Estrade.

Severiano de Heredia avait réussi à séduire les politiques. Le 13 avril 1873, il est nommé au Conseil municipal des Ternes. Il est ensuite élu à la tête du Conseil de Paris en 1879, devenant ainsi l’équivalent du maire de l’époque.

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Charte sur la politique des langues dans la Caraïbe créolophone

Compte-rendu et traduction

Rodolf Etienne

Coordinateur Caraïbe de l’Organisation Internationale des Peuples Créoles

Membre de Tous Créoles – Martinique

 

 

Après deux journées de rencontres, la cinquantaine de participants à la conférence délibérait sur les dispositions définitives des articles du document, et produisait la Charte qui dorénavant balisera le cadre régional avec pour mission d’aider à résoudre les problématiques liées aux langues régionales de la Caraïbe créolophone. Le professeur Hubert Devonish, Coordinateur de l’Unité Jamaïcaine des Langues (UJL) et Président de la Conférence Internationale sur le Droit et la Politique des Langues, estime, pour sa part, que l’étape essentielle reste l’approbation, la validation et l’adoption de la Charte par les gouvernements, le secteur privé et les associations de la région Caraïbe.

Plusieurs thèmes étaient débattus durant ces journées : dans le cadre scolaire : le Créole et les Langues Internationales comme langues de l’écrit, médiums de formation et comme sujets dans les programmes d’études ; la formation des enseignants dans le double emploi du Créole et des Langues Internationales à l’école ; tests et évaluations des capacités langagières des élèves ayant le Créole comme langue maternelle ; hors du cadre scolaire : attitude publique et parentale vis-à-vis du Créole et des Langues Internationales à l’école ; droit des langues dans la législation (le Système Légal, l’Administration Publique ; politique sur les Langues Indigènes Menacées (responsabilités des Etats dans la conservation et l’accessibilité publique des Langues Indigènes Menacées dans l’usage et l’information concernant leur histoire, leur structure et leur contexte culturel ; la nécessité (par les Etats) de protéger ces Langues Indigènes Menacées)).

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La « Manif pour tous » contre le droit des autres

— Par Laurent Joffrin, Directeur du Nouvel Observateur—

homosexualite-2L’opposant au mariage homo se bat non pour promouvoir une revendication mais pour empêcher l’autre d’accéder au même droit que soi. Définition même de l’intolérance.
La « Manif pour tous » est devenue la manif contre quelques-uns : tel est désormais le trait principal d’une protestation qui a mal tourné sous l’égide d’une minorité activiste. Réaction pacifique et œcuménique au départ, elle s’est changée en combat acerbe contre le droit des autres. L’histoire retiendra avec quel acharnement, quelle virulence, quelle agressivité une partie de la droite a voulu interdire à une minorité son entrée définitive dans la communauté nationale, en lui déniant l’égalité qu’elle réclame, sans le moindre égard pour son héritage, fait de relégation, de sarcasmes et de discrimination.

On pouvait comprendre, on devait accepter la critique. Le mariage homosexuel est une nouveauté historique qui contredit une immémoriale tradition. Son instauration pouvait choquer, il fallait écouter les objections de bonne foi présentées par ceux qui s’inquiètent de la filiation ou qui craignent pour l’équilibre psychologique des enfants de ces couples nouveaux. Religieuses ou traditionnelles, les convictions sont respectables.

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Sociologie : les avis de parution de mars 2013

 

 

L’ÉCOLE ET LA FAMILLE DANS LES MILIEUX POPULAIRES AU BRÉSIL

Discours parental et apprentissages scolaires
Cristiane Regina Arns de Oliveira
Ce que pensent les parents de l’école et de l’impact de la réussite scolaire sur la qualité de vie future des individus joue-t-il un rôle sur la trajectoire scolaire des enfants ? Les propos de parents d’élèves en situation d’échec ou de réussite dans les milieux populaires d’une ville du sud au Brésil ont été recueillis puis comparés afin de faire émerger « le discours parental sur l’école ». Cet ouvrage dessine les contours du programme d’intervention Ciranda de Pais, mis en oeuvre avec succès au Brésil.(Coll. Recherches Amériques latines, 29 euros, 294 p., mars 2013) EAN : 9782336007052
EAN PDF : 9782296530461  EAN ePUB : 9782336660134

FRAGMENTS POUR UNE SOCIOLOGIE EXISTENTIELLE (TOME 1)
Théories et concepts
Marcel BOLLE DE BAL
Une sociologie existentielle ? Pour quoi faire ? Surtout pour aborder sociologiquement les dimensions cruciales de l’existence humaine : la naissance, la vie, les émotions, la croissance, l’amour, la mort… en étroite collaboration avec les sciences voisines que sont la psychologie et la philosophie.

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Le rôle des Jésuites dans les débuts des « bagnes » coloniaux de Guyane

  — par Danielle Donet-Vincent —

L’Ancien Régime avait ponctuellement eu recours à l’exil afin de débarrasser le territoire d’individus jugés encombrants : condamnés de droit commun, opposants politiques, prostituées avaient ainsi été mis à la disposition d’entrepreneurs chargés de développer certains territoires coloniaux français ; ils avaient été dirigés essentiellement vers le Canada et la Louisiane. La première de nos Républiques inscrivit ce processus dans l’arsenal législatif ; elle envoya en Guyane ses contingents d’indésirables, parmi lesquels les prêtres réfractaires. Le taux de mortalité fut dramatiquement élevé. Supprimée en 1801, la déportation fut rétablie par le code pénal de 1810. Faute de destination établie, la peine a été commuée en détention en forteresse en 1815. Le premier Empire puis les Restaurations étudièrent longuement le moyen de reprendre le processus interrompu pour des raisons essentiellement politiques. En 1816, un Comité fut mis sur pied afin de trouver une solution à cette situation ; il étudia avec attention les mesures prises par les Anglais en Australie. Dès cette époque, la Guyane est pressentie pour recevoir les exilés. L’Angleterre donnait un exemple magistral avec sa colonie pénale d’Australie, et la Deuxième République, déjà en marche vers le Second Empire, s’en inspira pour instaurer ce que nous appelons improprement les « bagnes » coloniaux.

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Droit des femmes : un texte historique signé par les pays musulmans à l’ONU

Amérique du Nord,Assemblée des Nations Unies,édifices,États-Unis,lieux,New York,points de repèreC’est une déclaration historique pour les droits des femmes qui a été signée vendredi à L’ONU. Après deux semaines de négociations à New York entre les 193 états membres de l’organisation, L’Iran, la Libye, le Soudan et d’autres pays musulmans ont accepté un texte qui dénonce les violences faites aux femmes et définit un code de conduite pour les combattre.

Sous les applaudissements et les cris de joies, Michelle Bachelet, directrice exécutive de ONU Femmes, a qualifié la réunion d’  « historique ». Elle a ensuite quitté son poste à l’ONU pour reprendre sa carrière politique au Chili, dont elle a été présidente.

L’ONU très divisée

Au départ, les négociations bloquaient entre l’Iran, le Vatican ou la Russie, qui s’étaient ligués dans une alliance conservatrice, et les pays occidentaux. Ces deniers,  notamment les Scandinaves, poussaient à l’adoption d’un texte vigoureux.

Les pays musulmans s’opposaient à ce que des relations sexuelles imposées à une femme par son mari ou son compagnon soient considérées comme un viol. Les Frères musulmans en Egypte estimaient même que le texte en discussion à l’ONU était contraire à l’islam et conduirait à la « déchéance totale de la société » en cas d’adoption.

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Le Cégom (Collectif des Etats généraux de l’Outre-Mer) présente 6 chefs de revendication

Lors d’un entretien au ministère des outre-mers qui devait initialement se dérouler avec le ministre Victorin Lurel & s’est finalement, ce dernier s’étant excusé, déroulé lundi avec plusieurs de ses conseillers, le Cégom a présenté les six chefs de revendication formulés à l’attention du président de la République François Hollande sur la base de son dernier audit des politiques publiques conduites par l’État en direction des Français/es d’outre-mers, en matière de cherté de la vie, de chômage des jeunes, de santé, de culture, de discriminations & de soutien aux associations. Les conseillers de M. Lurel ont apporté des réponses précises à certaines propositions, soulignant l’entrée en vigueur progressive de la loi pour la régulation économique. Ils ont par ailleurs mis en avant un bilan d’étape encore confidentiel des 30 engagements pour les outre-mers présentés le 10 mars 2012 par M. Hollande, indiquant simultanément que les 137 mesures annoncées par l’État au terme des États généraux de l’outre-mer ne feraient pas l’objet d’un suivi par le présent gouvernement. Le Cégom, qui estime que ces 137 mesures engageaient l’État & regretterait un manque de considération pour les milliers de Français/es d’outre-mers – élu/e/s ou personnalités qualifiées – ayant œuvré à leur formulation, a pris acte de ces précisions.

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Qui a vidé la banque des békés ?

 

 

Par Marie-France ETHEGOIN dans Le Nouvel Observateur 17 janvier 2013 – N° 2515

 

 

Découverts abyssaux, prêts jamais remboursés, largesses accordées aux amis et aux partenaires en affaires. Pendant des décennies, le Crédit Martiniquais tenu par les puissantes familles créoles qui dominent l’économie de l’île, a dilapidé les économies des épargnants. Marie-France Etchegoin relève les dessous d’un scandale qui ravive les brûlures de l’histoire coloniale. La Martinique est un puzzle. Mémoires disparates, blessures séculaires, colères enfouies. Celles des fils d’esclaves contre celles des enfants de colon, des Noirs contre les Blancs, des « petits » contre les » gros ». Fin novembre, à Fort-de-France, il faut grimper sur les hauteurs de la ville pour avoir un aperçu de cette névrose insulaire. Jusqu’à la cour d’appel, qui siège dans un modeste préfabriqué surplombant l’époustouflante baie. C’est là, loin des regards, dans le ronron des climatiseurs, que l’on finit d’enterrer l’une des affaires les plus emblématiques de l’île. Le scandale du Crédit Martiniquais. Charles Rimbaud, 69 ans, crinière blanche et bretelles apparentes sous le blazer, écoute d’un air las les litanies de l’accusation. A la fin des années 1990, les en-cours de cet ex-promoteur en vue s’élevaient à près de 40 millions d’euros.

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De sa prison, Mumia écrit et se bat pour la liberté

« Même dans les moments les plus noirs, j’ai toujours senti que j’étais entouré par l’amour. »

JUSTICE ENTRETIEN

G. D. S. GAËL DE SANTIS Mahanoy (Pennsylvanie, États-Unis), envoyé spécial.

Pour la première fois, l’Humanité a pu rencontrer le journaliste afro-américain, qui, depuis qu’il est sorti du couloir de la mort, continue de purger une peine de prison à vie à la suite d’un jugement inique. Mumia, qui a accueilli notre envoyé spécial en le toisant du mot « liberté » en français, témoigne et évoque ses… projets.

Quand on entre dans le parloir du centre pénitencier de Mahanoy, Mumia Abu-Jamal est joyeux. Immédiatement, son sourire nous marque, son pas de danse aussi. C’est sa manière de nous accueillir. Celui qui a passé trente ans dans le couloir de la mort n’est pas encore libre, mais il l’est déjà davantage. Il peut voir d’autres détenus. Au parloir, il a pu rencontrer sa famille, son fils, qui lui aussi a été incarcéré plusieurs années. Il a pu les toucher, car dans le couloir de la mort, les visites se faisaient derrière une vitre.

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Tous contre le mariage pour tous ?

Par Serge Larcher, sénateur

A l’heure où s’est engagé à l’Assemblée Nationale le débat relatif au projet de loi visant à instituer le mariage pour tous, il m’a semblé utile de faire quelques mises au point. Il s’agit de rappeler et d’expliquer ce que sont mes convictions et ce que sera ma position quant à ce sujet.
J’entends que la quasi-totalité des élus des outre-mer seraient opposés à ce texte. S’il est évident que les plus farouches opposants ne manquent jamais de se faire entendre, j’ai le sentiment que la majorité est bien silencieuse. Nombreux sont ceux qui en réalité ne prennent pas ou ne défendent pas leurs positions.
J’entends que ce silence serait une façon de ne pas se mettre « en porte-à-faux » avec un électorat très majoritairement opposé au mariage homosexuel. J’ignore s’il faut donner foi à cette explication. Dans le même temps, j’ignore également si une étude sérieuse a été conduite quant à l’état de l’opinion sur ce sujet dans les outremer, et singulièrement en Martinique. Pour ma part, non seulement je voterai ce texte, mais je m’efforcerai également de le défendre toutes les fois où l’occasion m’en sera donnée.

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Bérard Bourdon, homme de théâtre, nous a quitté.

–Par Roland Sabra–

Bérard Bourdon nous a quitté. Il était le créateur d’une des plus anciennes structures théâtrales de la Martinique le POUTY I PA TÉYAT dont les activités, outre la production de spectacles concernent aussi bien la formation d’acteurs que celle des intervenants en milieu scolaire ou en animations de quartier. Jeune adolescent il découvre le théâtre à la radio, se rend dans un atelier théâtre de la rue Mouffetard par très loin de chez lui et il découvre un immense bonheur qui ne le quittera plus : celui d’être en scène. Après des études d’art du théâtre, Cours Charles Dullin au Théâtre National populaire ( 1964-1967), il complète sa formation à l’Institut d’Études Théâtrales, à la Faculté de Lettres de Censier(1968-1970) et comme comédien professionnel il travaille avec différentes troupes. De retour en Martinique en 1972, Michel Philippe chargé de mission pour la création du CMAC l’engage comme assistant. Dès 1974, l’animation théâtrale du CMAC ( Centre Martiniquais d’Animation Culturelle à l’époque, le terme d’Action ne fera son apparition que plus tard) se confond avec ses activités multiformes dont celles de metteur en scène.

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Dix jours de Taubiramania à l’Assemblée

Par Sylvain Courage

Dans la nuit du 1er au 2 février, tandis que le débat sur le « mariage pour tous » s’éternise, les parlementaires de la majorité et de l’opposition souhaitent, en chœur, à Christiane Taubira un bon anniversaire. Une trêve dans la guerre de tranchées qui fait rage au Palais-Bourbon ! Aux petits soins, ses amis socialistes lui offrent un ouvrage ancien d’estampes japonaises, et, au petit matin, ils forment pour elle une haie d’honneur à la sortie de l’Hémicycle.

En dix jours, Christiane Taubira, 61 ans, a gagné l’admiration de ses pairs et forcé le respect de ses adversaires. Une rumeur persistante court l’Assemblée qui la dit fatiguée, souffrante. La garde des Sceaux ne commente pas. « Femme debout », elle veut rester « concentrée » et « dans l’action ». Les journalistes qu’elle évite « comprendront d’eux-mêmes ! » dit-elle, sibylline.
Inspiration politique

Mme Taubira siège jour et nuit, rivée sur le banc du gouvernement, un manteau jeté sur ses jambes comme un plaid pour se réchauffer. Le nez dans ses dossiers, le micro à portée de la main, elle taille en pièces les arguments de ses contradicteurs.

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“Lincoln”, de Steven Spielberg, chef-d’œuvre ou pensum ?

–A Madiana–

Critiques | La critique américaine l’a encensé, la rédaction de “Télérama” est partagée. L’interprétation de Daniel Day-Lewis et Tommy Lee Jones en réchappe

Pour : Avec ses douze nominations aux Oscars, le profil de ce Lincoln semble bien peu mystérieux : un grand film prestigieux sur le prestige d’un grand président des Etats-Unis. Heureusement, c’est beaucoup plus intéressant que ça. Plus original aussi.
Le Lincoln que nous montre Spielberg est celui des quelques mois qui précèdent son assassinat, le 15 avril 1865.

La guerre de Sécession fait encore rage, opposant les Etats esclavagistes du Sud aux Nordistes abolitionnistes. L’Amérique est déchirée, mais elle a foi en son Président, aimé, réélu en novembre 1864. Si proche de son peuple qu’il semble presque partager avec lui la même vie, dans la Maison-Blanche, où l’on entre et sort alors librement pour le rencontrer.

Lincoln est pourtant un homme seul, conscient de devoir assumer des responsabilités qui ne pèsent que sur lui – l’interprétation de Daniel Day-Lewis le montre avec finesse. Contre l’avis de tous ceux qui lui conseillent d’entretenir tranquillement sa popularité, il décide de lancer le combat pour l’adoption, par la chambre des représentants, du treizième amendement, qui abolira l’esclavage.

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“Lincoln” vu par un historien : “En simplifiant, Spielberg déforme le sens de la guerre de Sécession ”

 

Entretien | André Kaspi, spécialiste de l’histoire américaine,[…] explique en quoi le réalisateur s’est éloigné de la vérité historique pour raconter la vie d’Abraham Lincoln.

Abraham Lincoln, était-il le grand humaniste abolitionniste dont Spielberg imprime la légende dans son biopic, Lincoln, en salles le 30 janvier 2013 ? Pour distinguer l’homme du mythe, nous avons demandé l’avis d’André Kaspi, professeur émérite à la Sorbonne et éminent spécialiste de l’histoire des Etats-Unis.

Qu’avez-vous pensé du film ?

Le film m’a paru un peu long, parfois émouvant, surtout vers la fin, lorsque le treizième amendement [abolissant l’esclavage] est enfin adopté. Ce qui m’ennuie en revanche, c’est que tout soit centré sur ce treizième amendement. Je comprends que pour des raisons de scénario, de récit, il faille un sujet très fort, mais cela réduit le rôle de Lincoln à un événement qui est très important, je n’en disconviens pas, mais qui n’est pas le seul de sa présidence. Au même moment, le chemin de fer transcontinental est en plein essor : il doit réunir la côte atlantique et la côté pacifique. L’aspect économique de la guerre de Sécession est passé sous silence.

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Le discours historique de Christiane Taubira, la victoire des Lumières

Le discours de Christiane Taubira en faveur du mariage homosexuel est-il entré dans l’histoire ? Le plaidoyer de la Garde des Sceaux, ce 29 janvier à l’Assemblée nationale, semble indéniablement avoir marqué les esprits. À commencer par celui de la philosophe Laura-Maï Gaveriaux.

Les avancées juridiques et politiques marquantes de notre histoire démocratique ont souvent donné lieu à de grands discours devant l’Assemblée nationale, lesquels constituent autant de jalons discursifs dans l’évolution du rapport de notre société au droit, et ce depuis la Première République. Pour les plus modernes, nous en gardons des archives photographiques ou télévisuelles, aujourd’hui consignées dans la mémoire collective.

Dans les pas de Simone Veil et de Robert Badinter

Pour ma génération, c’est l’image de Simone Veil, en 1974, défendant le projet de loi visant à la dépénalisation de l’avortement. Derrière cette photographie d’histoire, recouverte aujourd’hui du voile de la sérénité que permet de la distance du temps, se trouve en fait une succession de débats houleux et parfois même violents.

Pensez que la discussion du texte s’ouvrit le 26 novembre 1974, et que la loi fut votée dans la nuit du 29 novembre.

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Une découverte de Nestor-Azérot : « Un homme et une femme, ce n’est pas pareil »

Dans un discours qui sent bon la calotte et le goupillon Nestor-Azérot fait une découverte fondamentale : « Un homme et une femme, ce n’est pas pareil!« . On reste coi devant le contenu informationnel inouï d’une telle déclaration. On demeure sidéré. Et pourtant!

Le texte dont on prendra connaissance ci-après est une anthologie de truismes, de fausses évidences, et d’incohérences intellectuelles. Ces dernières n’étant que l’expression d’un déplacement de la pensée du registre de la raison à celui de la croyance. Nestor-Azérot verse dans un naturalisme social grand teint. On voudrait lui rappeler avec Maurice Godelier que « L’humanité n’a cessé d’inventer de nouvelles formes de mariages et de descendance« , on voudrait lui dire que « les paradigmes sociologiques les plus opposés s’accordent pour traiter le social et le culturel comme le résultat d’un patient travail de dénaturalisation qui creuse un fossé incompressible entre l’ordre réducteur des causes naturelles et l’ordre respectable, de facture mentale ou sociale, des raisons, entre les instincts de base de l’organisme et la logique de haut-niveau des significations partagées et des normes culturelles » ( Kaufmann-Cordonnier).

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L’émancipation d’Abraham Lincoln

Président en guerre, Abraham Lincoln dut se défaire d’un dilemme entre ses convictions personnelles et son mandat politique.

Le 1er janvier 1863, il y a 150 ans, Abraham Lincoln signait la Proclamation d’émancipation des esclaves. Anniversaire notoire, souligné par la Maison-Blanche, pour un texte décisif mais sans poésie.

Son style juridique tend à faire oublier l’audace qu’il fallut pour le promulguer. Document alambiqué, il n’est pas formulé avec la simplicité qui fit de la Déclaration d’indépendance une référence.

Au moment où Abraham Lincoln s’apprête à refonder la république encore naissante, il choisi d’émettre un décret, plutôt que de chercher une voie plus solennelle pour marquer l’importance de sa cause. Le procédé traduit tout le poids des difficultés auxquelles le président se trouvait confronté.

La Guerre de sécession fait rage. Et Lincoln, comme il l’écrivit, était déchiré entre son « combat pour sauver l’Union » et son « souhait souvent répété que tous les hommes soient en tous lieux libres ».

La formule retenue pour libérer les esclaves, l’émission d’un décret militaire, lui permit de résoudre l’opposition entre ces deux exigences. Il trouva dans ses pouvoirs de commandent en chef des armées (« commander-in-chief ») une voie pour s’exprimer.

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La pan-créolité ou la dynamique d’une identité créole internationale. Le rôle des grandes capitales

par Rodolf Etienne

 

Introduction

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L’exposé qui suit s’inscrit en droite prolongation des arguments énoncés en préface de l’ouvrage Les Indes/Lézenn, traduction créole de Les Indes d’Edouard Glissant, publié en version bilingue français/créole, aux Editions « Le Serpent à Plumes » en septembre 2005.

Il s’attache à démontrer le rôle des grandes capitales dans la pleine valorisation de l’identité pan-créole.

Un peu d’histoire

En soi, l’affirmation d’une volonté pan-créole n’a rien de nouveau. En 1950 déjà, pour parler de la Martinique, le créoliste Gilbert Gratiant auteur de Fab Compè Zicaq (Désormeaux. 1976) affirmait sa volonté (son rêve !) de voir un jour « tous les créoles du Monde réunis ». Plus tard, à la suite de Gilbert Gratiant (qui n’a d’ailleurs jamais cessé d’être un militant pan-créole), la pan-créolité et les réflexions qu’elle soutient ont mobilisé de nombreux créolistes, engagés dans des études avisées en matière d’identité créole.

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De la décolonisation au « désimpérialisme », au Séminaire international à Saint-Vincent

— Par Robert Saé —

Du 23 au 25 novembre le IV séminaire international Afrique, Caraïbe, Amérique Latine s’est tenu à Kingstowsn, capitale de Saint-Vincent / Les Grenadines. Organisé par l’ambassade de la République bolivarienne du Venezuela à St-Vincent et par l’Institut Vénézuélien pour la Culture et la Coopération, il s’inscrivait dans le cadre de la 3ème décennennie pour l’éradication du colonialisme décrétée par l’ONU. Participaient à cette rencontre des délégations de Grenade, Barbade, Saint-vincent, Trinidad et Tobago, Dominique, Martinique, Puerto-rico, Honduras, Argentine, Venezuela,et République Démocratique Arabe Saharoui. Les travaux ont commencé après l’accueil des participants, au nom du gouvernement de Saint-Vincent/ Les Grenadines, par le représentant du Ministre de l’agriculture, de la pêche, de l’industrie et du développement rural.Le séminaire était spécialement dédié à Maurice BISHOP. L’intervention de CURTIS JACOB de Grenade et le témoignage de ROBERT CLARKE de Barbade ont porté de précieux éclairages sur l’expérience de la Révolution grenadienne et l’apport de Maurice BISHOP à la lutte contre le colonialisme. Les interventions de la directrice de l’École Latino américaine de Médecine, Mme Sandra MORANO et du chercheur Marlon PENA ont permis de découvrir l’importance de la coopération mené sur le front de l’éducation et de la formation par l’ELAM et en matière de lutte contre le néolibéralisme.

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Impressions sur les Békés

Par Dominique DOMIQUIN

–C’est difficile pour un Guadeloupéen de prendre position dans une querelle entre Martiniquais. Encore plus lorsqu’il s’agit d’un contentieux entre blancs et noirs. Ce qui suit n’engage que moi. Je ne suis ni un universitaire ni une sommité littéraire mais je vais tâcher d’être honnête : Des chansons du répertoire traditionnel antillais à Petitjean-Roget en passant par Guy Cabort (Masson), Drasta Houël et Clémence Cassius de Linval, on aura tout dit, tout écrit sur les békés.

Pour que la société martiniquaise fonctionne il faut que le béké demeure… le béké ! Et si un béké tente de marronner la bitasyon (un béké riche, s’entend), si les plus conservateurs de ses compères békés ne l’ostracisent pas, les noirs se chargeront de systématiquement l’y renvoyer afin qu’il continue d’occuper son rôle indispensable d’être-à-détester, sans qui tout partirait à vau-l’eau… Je risque une hypothèse : en 2009, au plus fort d’une crise politico-sociale sans précédent aux Antilles, aucun noir Martiniquais n’est allé « koupé tèt boulé kay » du vieux béké symbole, Alain Huygues-Despointes, après sa performance hallucinante, hallucinée et hallucinogène dans le reportage de R Bolzinger, Les derniers maîtres de la Martinique.

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Sociologie : Avis de parution Octobre 2012

 

En librairie

ACCUEILLIR L’ENFANT SOUS DE MEILLEURS AUSPICES
Association Nationale des Placements Familiaux
Comment en placement familial faire une place à l’enfant, prendre en compte ses parents et construire un cadre sécurisant pour développer le soin des liens ? L’ouvrage répond aux interrogations des professionnels de la protection de l’Enfance et aux familles d’accueil au regard de l’accélération du mouvement législatif dans ce domaine, notamment la loi du 5 mars 2007 énonçant l’objectif de travail de collaboration avec les parents.(12,5 euros, 112 p., octobre 2012) ISBN : 978‑2‑336‑00135‑7
EAN PDF : 9782296505490 EAN ePUB : 9782296983731
LES IDENTITÉS MULTIPLES
Joseph Aoun
Avec le développement de la mondialisation, de la technologie, la progression de l’immigration, des mariages mixtes… une nouvelle identité est née et se développe : l’identité multiple. Identités multiplesaborde les questions de codes culturels, du port du voile, du Blanc et du Noir, des accommodements raisonnables, de l’identité nationale, de l’immigration. Les porteurs d’identités multiples représentent presque la moitié de l’humanité. Voici une invitation à un regard plus ouvert, qui refuse l’uniformisation et le repli sur soi.

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Appel pour un débat national sur les réparations liées à l’esclavage

Par Collectif


 



  En France, les réparations liées à l’esclavage demeurent un sujet tabou. Dans les Outre-mer et dans la société française dans son ensemble, les questions liées à l’esclavage sont encore source de colères, de ressentiments et de problèmes non résolus. La traite négrière est l’un des phénomènes qui ont le plus bouleversé l’humanité (conséquences démographiques, politiques, économiques, sociales, culturelles sur plusieurs continents). Elle a laissé des traces profondes et durables.
La question des réparations ne date pas d’hier. Beaucoup de gens l’ignorent, mais, après l’indépendance d’Haïti, les colons français ont exigé des réparations en invoquant le  » préjudice  » que leur faisait subir la liberté nouvelle conquise par les esclaves. En 1825, Charles X a donc envoyé une flotte de guerre de 14 navires. Pour éviter que son peuple ne retombe en esclavage, le président Boyer a alors « accepté » le tribut de 150 millions de francs-or imposé par la France (ramené ensuite à 90 millions grâce au « Traité de l’amitié » signé en 1838). Pour payer cette somme, le peuple haïtien a dû s’endetter jusqu’en 1946.

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Miguel Marajo : Erotisme et créolité


par Frédéric-Charles Baitinger

Les phénomènes de créolisation sont des phénomènes importants, parce qu’ils permettent de pratiquer une nouvelle dimension spirituelle des humanités. Car la créolisation suppose que les éléments culturels mis en présence doivent obligatoirement être « équivalents en valeur » pour que cette créolisation s’effectue réellement.” Edouard Glissant

 Né d’un père aux origines brésiliennes, d’où son nom Marajo, et d’une mère française, arrière-petite- fille d’Antonia Lumière soeur d’Auguste et Louis, les “frères Lumière”, c’est en Martinique, à Fort-de-France, que Marajo a vécu la plus grande partie de son enfance et qu’il a commencé sa vie d’artiste peintre. Fréquentant le milieu intellectuel caribéen, il assista, à peine âgé de vingt ans, aux premières conférences d’Edouard Glissant, fut en relation avec Aimé Césaire et certains de ses enfants dans de nombreuses actions culturelles, notamment au Sermac alors dirigé par Jean-Paul Césaire où il fut cofondateur du groupe Totem. Il fut élève d’Olivier Debré puis d’Henri Cueco lors de sa formation aux Beaux-Arts de Paris.

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Anticipation : Martinique 2015, séisme, cyclone ou éruption ?

  — par Dominique Bruch—

 Entre tourisme, agriculture spécialisée et importations à tout va, la Martinique sera bientôt au carrefour de son destin, avec l’arrivée de la prochaine assemblée unique. C’est sûr ! Quelque chose va bouger en 2015. Reste à savoir sous quelle forme : passage en revue ….

 La Martinique est passée par l’exploitation de toutes les couleurs de l’or : noir (esclavage) 1, blanc (sucre), brun (rhum) 2, puis jaune 3 (banane).

Mais le scandale du Chloredécone, et le coût de production 4, fait chuter rapidement les surfaces de production (35% en 5 ans), avec des surfaces d’exploitation inférieures à 5Ha, à un coût d’outillage agricole supérieur de 50% des prix européens. On constate une chute de 81% du nombre d’exploitations, les ouvriers deviennent des chômeurs urbains 5. Bientôt, la chute probable du dollar verra s’écrouler définitivement la capacité concurrentielle de la banane antillaise. Les subventions européennes empêchent depuis des années le passage à d’autres cultures non subventionnées. Cette situation risque d’empirer rapidement, après l’interdiction de l’épandage aérien 6 des fongicides contre la cercosporiose 7, sans lequel les champs sont voués à une disparition rapide et définitive.

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La couleur dans la peau. Ce que voit l’inconscient

— Par  Sabine Belliard —

 

–__-   Albin Michel, 2012, 272 p., 22 E Article modifié le 23/03/2012

Elle pousse la porte d’une boulangerie. Dès qu’il la voit, le vendeur détourne la tête et la sert sans même la regarder, sauf au moment du paiement, où il consent à lui jeter un coup d’œil de biais, « comme en marchant on sauterait par-dessus une flaque d’eau sale inévitable », racontera-t-elle plus tard, en tentant de décrire tant bien que mal cette expérience violente, sensorielle et solitaire qui s’est déroulée en deçà des mots. « Je savais ce qu’il pensait :  »Une Noire ». Pas une Africaine, là encore ce serait différent, mais  »une Noire », point. Ça immobilisait tout et je ne pouvais rien en dire. Je me sentais coincée par ce que je savais bien qu’il pensait, et qu’il n’aurait jamais admis si je l’avais dit tout haut. »
Nous ne nous voyons pas. Certes, nous avons une représentation interne de notre visage mais à quoi ressemblons-nous précisément ? s’interroge Sabine Belliard, psychologue clinicienne, psychothérapeute et chargée de cours à l’université Paris-Diderot, qui nous donne à découvrir un fort beau livre sur les trajectoires de ces hommes et de ces femmes pour lesquels la couleur de peau fait une identité.

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