Catégorie : Politiques

Révision constitutionnelle, déchéance de la nationalité : le vote des élus martiniquais

 carte_identite_coupeLa mesure de déchéance de la nationalité, longtemps réclamée par l’extrême droite et mise en place par le  parti « socialiste » à été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale le 10 février 2016.

Il s’en est fallu de peu mais le gouvernement a franchi sans encombre le premier obstacle dans la course à la révision constitutionnelle. Au terme d’un mois de débats houleux, l’Assemblée nationale a voté mercredi le projet de révision constitutionnelle annoncé par François Hollande après les attentats du 13 novembre par 317 voix, contre 199, et 51 abstentions.

Ce texte, qui inscrit dans la loi fondamentale le régime de l’état d’urgence et la déchéance de nationalité pour les auteurs de crimes et délits terroristes, a ainsi totalisé légèrement plus des trois cinquièmes des suffrages exprimés, condition sine qua non pour que la réforme aboutisse au congrès à Versailles. Encore faut-il que le Sénat l’adopte dans les mêmes termes et les mêmes proportions, ce qui est loin d’être acquis.

Pour : Bruno Nestor Azérot 👿
Contre : Alfred Marie-Jeanne, Jean-Philippe Nilor 🙂

Abstention : Serge Letchimy 🙁

Analyse du scrutin n° 1237
Première séance du 10/02/2016

Scrutin public sur l’ensemble du projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation (première lecture).

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La constitutionnalisation de l’Etat d’urgence votée dans une Assemblée aux trois quarts vide

etat_d_urgence-3Les députés français ont adopté lundi soir par 103 voix contre 26 l’article premier du projet de loi qui inscrit dans la Constitution l’état d’urgence. Ils s’attaquent ce mardi à l’examen de l’article 2 qui étend la déchéance de la nationalité française…

Ce premier volet du projet de loi constitutionnelle prévoit que l’état d’urgence sera « décrété en Conseil des ministres » soit « en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public », soit en cas de « calamité publique » (événements naturels).
Comme actuellement, seul le Parlement pourra proroger l’état d’urgence au-delà des douze jours initiaux, par une loi en fixant la durée.
Les amendements votés

Avec l’avis favorable du gouvernement, les députés ont voté peu avant un amendement de l’UDI pour restreindre la durée de prorogation à une période maximale de quatre mois, renouvelable après un vote du Parlement. Le Premier ministre, selon lequel cette durée « ne repose pas sur des éléments précis », a jugé que cette borne de quatre mois « ne modifie pas fondamentalement l’équilibre par rapport à ce qui a été voté de trois mois (pour l’état d’urgence en vigueur ndlr) et donne un peu plus de marge ».

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Toujours plus sur Heidegger

— Par Maurice Ulrich —
heideggerL’historien Guillaume Payen, avec une biographie, et la philosophe italienne Donatella Di Cesare éclairent encore chacun à leur manière la profondeur de l’antisémitisme du philosophe allemand et ses rapports au nazisme.

Un peu plus de soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et cinquante ans après sa mort, où en est-on avec ­Martin Heidegger, longtemps considéré par nombre de penseurs et non des moindres comme le plus grand philosophe du XXe siècle, ayant en tout cas connu pendant quelques décennies une réception étonnamment positive en France ? Deux nouveaux ouvrages viennent de paraître qui éclairent d’une façon toujours plus crue ce que furent son antisémitisme et son rapport au nazisme. Guillaume Payen, docteur en histoire, publie chez Perrin une biographie très documentée, Martin Heidegger, catholicisme, révolution, nazisme, et la traduction française de Heidegger, les juifs, la Shoah, de la philosophe italienne Donatella Di Cesare, publié en 2014 en italien, vient de paraître au Seuil. L’enjeu de ces nouveaux travaux, faut-il le souligner, n’est pas réservé à la philosophie. L’œuvre de Heidegger, qui avait adhéré au parti nazi en 1933 en même temps qu’il devenait recteur de l’université de Fribourg, est contemporaine des deux guerres mondiales et de l’extermination systématique de 6 millions d’hommes, de femmes et d’enfants au seul motif qu’ils étaient juifs.

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Haïti : un gouvernement de transition pour sortir de la crise politique

haiti_election-2016Le chef de l’État haïtien Michel Martelly, dont le mandat s’achevait samedi, et les représentants du Parlement ont signé un accord prévoyant l’installation d’un gouvernement transitoire dans l’attente du prochain scrutin présidentiel.

Haïti a trouvé une solution à la crise que le pays traverse depuis octobre 2015. Samedi 6 février, un accord politique a été signé quelques heures avant la fin du mandat du président Michel Martelly. Le document de quatre pages signale l’élection par le Parlement d’un président provisoire, avec un mandat d’une durée maximale de 120 jours.

« Cela n’a pas été facile mais, comme je l’avais dit, je n’aurais pas laissé ce pays au 7 février aller vers l’incertitude, donc on a travaillé sans relâche ces trois dernières semaines », a déclaré Michel Martelly lors de la cérémonie officielle de signature du document.

L’élection du président intérimaire n’aura lieu que « plus tard », a pour sa part déclaré Jocelerme Privert, le président du Sénat. « Nous allons tenir dimanche matin une séance en Assemblée nationale pour prendre acte de la fin du mandat du président Martelly et demander au Premier ministre et au gouvernement de rester en poste pour liquider les affaires courantes. 

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Fillon : « J’invite les parlementaires à dire ‘non’ à la révision constitutionnelle »

reforme_constitutionTRIBUNE – François Fillon, candidat à la primaire de la droite, explique pourquoi les modifications proposées par François Hollande sont « un aveu de faiblesse » plus qu’un « choix sûr et fort pour la République ».

« Contre les terroristes, il faut être implacable et la nation doit être unie. Les élus de l’opposition et moi-même n’avons jamais marchandé notre soutien au gouvernement lorsqu’il fut décidé de frapper l’État islamique en Irak, puis en Syrie. C’est sans réserve que nous avons répondu présents lorsqu’il a fallu prolonger l’état d’urgence. C’est sans état d’âme que nous nous prononçons pour les sanctions les plus lourdes à l’égard des assassins et traîtres à leur patrie.

N’ayant jamais eu la main tremblante face à la menace djihadiste, je me sens qualifié, avec bien d’autres parlementaires, pour dire que la réforme de notre Constitution, décidée par François Hollande, apparaît plus comme un aveu de faiblesse que comme un choix sûr et fort pour la République.
« La solidité de la République se juge à sa capacité à se poser les varies questions »

Je ne méconnais pas le pouvoir des symboles, mais le débat a tourné au ridicule.

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Etat- d’urgence: 3200 perquisitions, 1 mise en examen pour terrorisme

urgence_etatDans un rapport consacré à « l’impact disproportionné de l’état d’urgence« , Amnesty demande au gouvernement de prouver l’efficacité de ces mesures, en cas contraire de renoncer à sa prolongation. L’ONG a rassemblé de nombreux témoignages montrant les violations des droits humains commises au nom de ce régime d’exception.

« Ce qui m’a surpris le plus, c’est le motif de l’ordre de perquisition… il y aurait eu dans mon restaurant des personnes qui étaient une menace publique. Mais ils n’ont même pas vérifié les pièces d’identité des 60 clients qui y étaient » raconte par exemple le patron d’un restaurant.
Amnesty International relève ainsi toute une série d’exemples illustrant les « violations des droits humains » constatées depuis l’instauration de l’Etat d’urgence dans la nuit du 13 au 14 novembre.

En deux mois, plus de 3200 perquisitions ont été conduites, 400 personnes interpellées et 400 assignées à résidence, mais une seule personne a été mise en examen pour terrorisme. Quatre enquêtes préliminaires sont menées pour des infractions liées au terrorisme et 21 enquêtes pour le motif d’ « apologie du terrorisme ».

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Philibert Duféal : figure de la Sécurité sociale

— Par Eugénie Liber* —

philippe_dufrealLa France a célébré en 2015 les soixante-dix ans de la Sécurité Sociale, mise en place avec les ordonnances d’octobre 1945.
La Sécurité sociale, première grande avancée sociale de la France au sortir de la seconde guerre mondiale est étendue deux ans plus tard aux quatre nouveaux départements d’outre-mer, la Réunion, la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique. C’est le décret du 17 octobre 1947 qui consacre cette avancée majeure pour nos territoires et ouvre le droit de tous à la protection de la santé, à la sécurité matérielle, au repos.
Cette étape importante pour les travailleurs a été rendue possible grâce au travail acharné et à la lutte de militants politiques communistes : Aimé Césaire, Léopold Bissol, Georges Gratiant…mais surtout de syndicalistes, au premier rang desquels Victor Lamon qui sera le premier dirigeant de la Sécurité sociale de la Martinique.
Au nombre des premiers acteurs politiques et syndicaux martiniquais de la première heure, qui ont oeuvré avec acharnement auprès des masses laborieuses pour la mise en place de la Sécurité sociale, Philibert Duféal.
La vie de Philibert Duféal est en effet marquée du sceau de l’engagement politique et syndical, et du sceau du combat pour le développement de la Sécurité sociale en Martinique.

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Christiane Taubira critique la déchéance de nationalité dans un livre surprise

taubira_murmuresDans «Murmures à la jeunesse», essai d’une petite centaine de pages, l’ancienne ministre de la Justice affirme son opposition à cette mesure controversée, portée par le gouvernement qu’elle vient de quitter.

L’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira publie aux éditions Philippe Rey un livre, Murmures à la jeunesse, dans lequel elle critique l’extension de la déchéance de la nationalité qui l’a poussée à quitter la Place Vendôme, selon son éditeur. «Déchéance de nationalité : peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose ? Peut-être serait-il plus raisonnable de laisser passer ? Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience», écrit Christiane Taubira dans une présentation de ce livre de 96 pages publiée sur le site internet des éditions Philippe Rey.

«L’absence totale d’efficacité, unanimement reconnue, suffit-elle pour renoncer à la déchéance ? Non, bien sûr». Mais «osons le dire : un pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux. Que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance considérés comme indésirables ?

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Moi, Halim Abdelmalek, j’ai été assigné à résidence pendant deux mois, accusé à tort

assignation_resistancePour la première fois depuis la mise en place de l’état d’urgence, le 14 novembre, le Conseil d’Etat a suspendu, vendredi 22 janvier, un arrêté d’assignation à résidence. Il visait Halim Abdelmalek, assigné depuis le 15 novembre 2015 à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), soupçonné par le ministère de l’intérieur d’avoir fait des repérages autour du domicile d’un membre de l’équipe de Charlie Hebdo, d’appartenir « à la mouvance islamiste radicale », et d’avoir été « mis en cause » dans une affaire de trafic de véhicules. Trois motifs pour lesquels le Conseil d’Etat a considéré que le ministère de l’intérieur n’a pas pu prouver les faits reprochés.

Français au même titre que les autres mais accusé injustement d’être une menace, j’ai dû faire face aux pires soupçons. Jamais je ne pourrai oublier certains regards suspicieux. Moi aussi je condamne le terrorisme, bien sûr, mais je rêve du jour où les Français musulmans seront dispensés de le faire.

Lire aussi : Comment Halim A. a convaincu le Conseil d’Etat de suspendre son assignation à résidence

Des échanges violents

Devant le Conseil d’Etat, les deux audiences se sont déroulées de façon surréaliste.

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Déchéance de nationalité : Hollande irresponsable

— Par Matthieu Croissandeau —
hollande_gigarettesQuels mots trouvera-t-il pour défendre sa décision […]? On peine à imaginer les contorsions auxquelles va devoir se livrer le président de la République tant il nous paraît impossible de justifier l’injustifiable. Commencée dans l’horreur des attentats, l’année 2015 s’achève dans le déshonneur d’une mesure qui marquera de façon indélébile la chronique du quinquennat. Et l’histoire de la gauche en général.

François Hollande n’a pas inventé la déchéance de nationalité et il faut le rappeler à l’heure où beaucoup s’indignent : cette disposition existe déjà pour les bi-nationaux naturalisés depuis moins de quinze ans, condamnés pour un crime ou un délit portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Il y a donc déjà, de fait, deux catégories de citoyens devant la loi : ceux qui sont susceptibles de perdre leur nationalité et les autres. Etait-ce une raison d’ajouter de l’inégalité à l’inégalité ? Certainement pas.
Une portée emblématique détestable

Il faut rappeler aussi que cette mesure n’a pas pour vocation de dissuader de futurs kamikazes, ni d’empêcher le moindre attentat. Elle n’est pas une arme contre le terrorisme, mais « un acte symbolique fort », a d’ailleurs reconnu le Premier ministre.

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Anti-dreyfusards, va-t-en-guerre, pétainistes, colonialistes: les socialistes sont restés fidèles à leur histoire

L’attitude du gouvernement vis-à-vis des immigrés s’inscrit dans « une tradition socialiste » de fourvoiement en période de crise politique et morale.

poids_des_chaines—Par Shlomo Sand —

L’attitude actuelle des socialistes, à la tête de l’Etat, du gouvernement et du parti, vis-à-vis des principes républicains, de l’immigration, et de l’«autre» pas tout à fait français, a de quoi susciter l’étonnement. La gauche politique n’est-elle pas porteuse de valeurs humanistes ? Des dirigeants comme François Hollande et Manuel Valls ne trahissent-ils pas une longue tradition de combats en faveur de la justice et des droits humains ?

En Europe, le socialisme parlementaire a, certes, constitué un groupe de pression efficace en faveur des classes laborieuses, tout au long du XXème siècle. En période de stabilité et de prospérité économique, il a obtenu des acquis non négligeables en faveur de son électorat: au pouvoir ou dans l’opposition il a notablement contribué à la formation de l’Etat-providence moderne.

Cependant, lors des graves crises politiques et morales, il a failli à se situer du côté de la justice universelle, et de la solidarité humaine. Ceci a pu se vérifier à l’occasion de quatre crises décisives, dans l’histoire politique de la France: l’Affaire Dreyfus, la première guerre mondiale, l’accession de Pétain au pouvoir, et la guerre d’Algérie.

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CTM : Une nouvelle période politique ?

— Pour le GRS Rita Bonheur, Max Dorléans, Gilbert Pago, Philippe Pierre-Charles, Max Rustal —
drapeau_972-tt_couleursIl y a celles et ceux qui voient dans le changement de majorité dans la direction des affaires martiniquaises une « véritable libération » , une « ère nouvelle » , etc. L’avenir ne tardera pas à montrer l’outrance du propos. Mais en ce qui concerne l’autre nouveauté de la période, à savoir l’alliance Marie-Jeanne/Monplaisir, les mêmes commentateurs se divisent en deux : celles et ceux qui y voient une transformation importante inaugurant une coopération profonde, durable, riche de promesses ; et celles et ceux pour qui cette simple manoeuvre électorale ne modifiera en rien la ligne des « Patriotes » .
En réalité nous avons affaire là, à une accentuation assez radicale d’une tendance largement présente dans les orientations marijeannistes. Du fameux « blan douvan/blan dèyè » qui a prolongé le pouvoir RPR d’Émile Maurice en 1989, jusqu’à l’alliance avec Pierre Petit, il y a un fil conducteur d’alliance avec telle ou telle fraction de la droite. L’incorporation ici ou là d’un ou d’une politicienne de droite dans telle ou telle liste « patriotique » avait valeur de confirmation.

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La Dignité n’est pas une boîte de « Vache qui rit »

— Par Lucien Cidalise Montaise —

huile_vinaigre« L’Histoire n’est rien d’autre qu’une tentative de Reconstruction. L’Héritage quant à lui est une vision mystifiée du passé ».

Déchoukage après zanzolage ! L’Ephémère fusion du Vinaigre et de l’Huile parsemée de poivre s’est faite le 13/12/2015 à l’occasion des élections portant sur le devenir du Pays. Les vainqueurs prétendant «  avoir surmonté leurs divergences idéologiques ( sic !) » Les vaincus dénonçant la méthode qui a intégré un mépris affiché pour les électeurs en faisant miroiter « ses intérêts mercantiles, en parlant à son ventre ! ».
Aucun n’a dénoncé l’absence flagrante d’une reconnaissance émancipatrice de la Conscience du Peuple Martiniquais, ni son éthique, ni ses valeurs…Cette réussite dont rêvent tous les cuisiniers, faire des vinaigrettes durables et solidaires nous laissent sceptiques ! Des commentaires dithyrambiques et alambiqués d’une presse qui nous avait habitués à un autre style nous ont aussi interpellés. «  De nouveaux horizons ! » titre un mensuel indépendantiste…Il faut voir loin !
« Au nom d’une conjoncture et d’un contexte bien déterminés, une telle démarche est apparue aux yeux de beaucoup comme une avancée concrète ouvrant une voie possible à l’impensable cohésion (sic !) 

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« Tous les coeurs des gens sont ma nationalité »

— Par Serge Letchimy —

passeports_du_mondeSans intérêt sécuritaire avéré, l’instauration de la déchéance de nationalité se présente aux dires mêmes de ses initiateurs comme une mesure essentiellement « symbolique » . Inscrivant de fait, dans les textes, une distinction fondamentale entre Français de naissance à raison de leurs origines, de très nombreux binationaux, de fait ou de droit, ont ressenti cette mesure comme une atteinte à leur dignité et à leur légitimité. Historiquement proposée par la droite ou l’extrême droite, cette mesure est perçue comme la réminiscence d’une inspiration essentialiste de l’identité nationale française dont la République n’a jamais réussi à se défaire totalement. Or ce modèle dépassé semble méconnaître le pluralisme fondamental du corps social dont la négation ne peut avoir que des effets destructeurs, aussi bien pour la cohésion nationale que pour la sécurité collective.
Ce pluralisme est une réalité contemporaine à laquelle nous autres Antillais demeurons très sensibles. Les sociétés caribéennes sont en effet de multi-appartenances. Multiplicité des origines. Multiplicité des langues. Multiplicité des ancêtres partagés. Multiplicité des phénotypes. Multiplicités des dynamiques identitaires et culturelles. Notre unité s’articule sur la multiplicité d’un archipel et de ses solidarités continentales.

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Les adieux de Taubira : avec panache et sans regrets

— Par Marc de Boni —
christiane_taubiraLa ministre de la Justice démissionnaire s’est exprimée seule dans les locaux de la place Vendôme, et a affirmé appuyer sa décision sur «un désaccord politique majeur» avec l’exécutif.

Jusqu’à son départ du gouvernement, Christiane Taubira aura imprégné d’un style très personnel son passage au ministère de la Justice. Court-circuitant les usages en vigueur, qui veulent qu’un ministre sur le départ parle à l’issue de la passation de pouvoir, la garde des Sceaux a pris la parole seule ce mercredi après-midi, depuis son ministère de la place Vendôme. En l’absence de son successeur Jean-Jacques Urvoas, et alors que les questions au gouvernement battaient leur plein à l’Assemblée. «Ce fut pour moi un immense honneur d’être garde des Sceaux et ministre de la Justice de la France», a-t-elle d’abord lancé. Avant d’évoquer son bilan, sourire aux lèvres, et comme toujours sans notes. La ministre a rendu un hommage appuyé aux fonctionnaires de son ministère ainsi qu’aux magistrats, et rappelé avec une précision comptable ses réalisations.

En rupture de ban avec l’exécutif depuis le mois de décembre dernier, l’ancienne ministre a rappelé les raisons de sa démission: «Je quitte le gouvernement sur un désaccord politique majeur».«J

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Christiane Taubira a démissionné du gouvernement

taubira_n&bLa Garde des Sceaux Christiane Taubira a remis sa démission à François Hollande, qui a nommé aussitot le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas pour la remplacer ce mercredi matin. « Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit. » a-t-elle twitté.

La Garde des Sceaux, Christinae Taubira a remis sa démission ce matin au Président de la République, « qui l’a accepté » annonce l’Elysée dans un communiqué. « Ils ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblé nationale aujourd’hui, en commission des lois. Proche de Manuel Valls, Jean-Jacques Urvoas a été nommé Garde des Sceaux et ministre de la Justice. Actuel président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, Il était à ce titre chargé d’une mission pour trouver une solution à la réforme constitutionnelle de la déchéance de nationalité, à laquelle Christiane Taubira s’était publiquement opposée à plusieurs reprises.

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Coût politique
— Par Laurent Joffrin, Directeur de la publication de Libération —

L’équilibre se rompt.

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NKM, Devedjian, Mariton… : «Nous ne voterons pas la révision constitutionnelle»

etat_urgence_star_warsLes députés Sylvain Berrios (Val-de-Marne), Bernard Debré (Paris), Patrick Devedjian (Hauts-de-Seine), Guy Geoffroy (Seine-et-Marne), Philippe Gosselin (Manche), Jean-Jacques Guillet (Hauts-de-Seine), Nathalie Kosciusko-Morizet (Essonne), Thierry Lazaro (Nord), Hervé Mariton (Drôme), Patrice Martin-Lalande (Loir-et-Cher), Édouard Philippe (Seine-Maritime), Christophe Priou (Loire-Atlantique), Jean-Sébastien Vialatte (Var) et les sénateurs Gilbert Barbier (Jura), Jérôme Bignon (Somme), Jean-Pierre Grand (Hérault), Michel Heinrich (Vosges), Claude Malhuret (Allier), Louis Pinton (Indre), Hugues Portelli (Val-d’Oise).

Depuis plusieurs semaines déjà, la révision constitutionnelle occupe largement le débat public. Ensemble, nous combattons ce projet inutile et dangereux. Nous dénonçons une manipulation politique, et la désinvolture avec laquelle François Hollande la conduit. Nous regrettons enfin l’effacement du débat à droite sur notre position de vote.

Cette révision est d’abord inutile. Que de temps perdu, d’énergie gâchée! Certes les Français attendent des mesures fortes dans la lutte contre le terrorisme. Mais ni l’état d’urgence ni la déchéance de nationalité ne requièrent une révision constitutionnelle. Tout peut se faire dans la loi. Sur l’état d’urgence, le Conseil constitutionnel a répondu dès 1985 aux objections, et à nouveau en décembre 2015. Les termes mêmes de l’exposé des motifs du dernier projet de loi trahissent une forme de gêne: donner un fondement constitutionnel serait «nécessaire pour moderniser le régime» de l’état d’urgence.

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Demande de déchéance de la nationalité française !

gauche_dechueObjet : Demande de déchéance de la nationalité française

À Mr le président de la république française.

Mr le Président, nous vous faisons une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps.

Nous sommes nés dans ce pays, la France, par hasard. Nous n’avons choisi ni de naître, ni de naître en France. Il en va ainsi de tous les êtres humains.

Jusqu’à présent, ce non-choix ne nous posait pas de trop gros problèmes. Nous aurions pu tomber plus mal.

Depuis déjà quelque temps, cependant, entre Notre-Dame-des-Landes et la condamnation de syndicalistes à de la prison ferme, nous avions quelques doutes sur votre capacité à faire rêver d’une France dite pays des droits de l’homme. Vous nous accorderez de ne même pas parler de socialisme.

Avec votre dernier tripatouillage politicard à propos de la déchéance du droit de nationalité, les choses sont claires. Vous jouez avec les allumettes. Vous savez que les terroristes se moquent comme de leur première chemise d’être déchus ou non de… Et pourtant, vous êtes en train de mettre en place un arsenal juridique démagogue qui assigne aujourd’hui à résidence des écolos et des syndicalistes et qui, demain, se retournera contre vous.

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La déchéance de nationalité serait une victoire des terroristes

— Par Nicolas Seydoux —

decheance_democratiePrendre des mesures symboliques ne nous aidera pas à vaincre l’idéologie du djihad. La République doit plutôt déradicaliser ses citoyens qui ont basculé dans le fanatisme

Honte sur nous qui avons élu directement un président de la République, des députés et indirectement des sénateurs qui s’apprêtent à voter la déchéance de la nationalité française.

Dans notre histoire, hélas, un Etat de fait a appliqué cette mesure et c’est un général déchu de notre nationalité qui a restauré notre honneur et notre dignité. Cet Etat de fait, élu par une grande majorité de croupions, ne représentait pas la France. Pour le général de Gaulle, pour d’autres et pour moi, la France était à Londres, à Bir Hakeim, à Koufra, dans les maquis ou dans les geôles des nazis.

Certains, comme Stéphane Courtois (Le Figaro, 9 janvier), vont jusqu’à prétendre que la déchéance de nationalité serait une  » tradition républicaine « . Oui, celle de cette République qui a voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

La déchéance de nationalité est un symbole – nous dit-on –, la mesure ne sera jamais, ou presque jamais appliquée.

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Après le report des élections, les Haïtiens manifestent

haiti_conseil_electoral-1Le second tour de l’élection présidentielle et des législatives n’a finalement pas eu lieu ce dimanche en Haïti, reporté à la dernière minute pour des raisons de sécurité. Si l’opposition, qui refusait de participer à ce qu’elle considère comme « un coup d’Etat électoral » fomenté par le pouvoir en place, s’en réjouit et réclame le départ immédiat du président Michel Martelly, les partisans du candidat du pouvoir, Jovenel Moïse, sont déçus et en colère. Ils estiment avoir été privés de leur droit de vote.

Les passants se frayent un chemin entre les fruits et légumes des marchandes de Jalousie. Dans ce bidonville, la crise électorale est sur toutes les lèvres. « Je ne suis pas satisfait du report des élections. Nous, le peuple haïtien, nous savons qu’un président élu doit être remplacé par un autre président élu, souligne cet homme. J’étais disposé à aller voter ce dimanche. J’ai l’habitude de remplir ce devoir de citoyen. J’ai voté au premier tour pour mon candidat préféré et là, je ne suis pas d’accord que l’on reporte le second tour. »

Un peu plus loin, Montreuil Kenan porte fièrement le bracelet rose de Tet Kale, le parti de son champion, Jovenel Moïse, le candidat du parti au pouvoir, arrivé en tête au premier tour.

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CMT : une nouvelle période politique?

— Déclaration du Groupe Révolution Socialiste —

rubiconIl y a celles et ceux qui voient dans le changement de majorité dans la direction des affaires martiniquaises une « véritable libération », une « ère nouvelle », etc. L’avenir ne tardera pas à montrer l’outrance du propos. Mais en ce qui concerne l’autre nouveauté de la période, à savoir l’alliance Marie-Jeanne/Monplaisir, les mêmes commentateurs se divisent en deux: celles et ceux qui y voient une transformation importante inaugurant  une coopération profonde, durable, riche de promesses ; et celles et ceux pour qui cette simple manœuvre électorale ne modifiera en rien la ligne des « Patriotes ».
En réalité nous avons affaire là, à une accentuation assez radicale d’une tendance largement présente dans les orientations marijeannistes. Du fameux « blan douvan/blan dèyè » qui a prolongé le pouvoir RPR d’Émile Maurice en 1989, jusqu’à l’alliance avec Pierre Petit, il y un fil conducteur d’alliance avec telle ou telle fraction de la droite. L’incorporation ici ou là d’un ou d’une politicienne de droite dans telle ou telle liste « patriotique » avait valeur de confirmation.

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La Ligue des droits de l’homme demande la fin de l’état d’urgence

etat_d_urgence-2Refusons la déchéance de nationalité et la constitutionnalisation de l’état d’urgence

En réaction à l’horreur des attentats qui ont frappé notre société tout entière, l’état d’urgence a été décrété par le gouvernement, puis prolongé pour une durée de trois mois. Un projet de loi constitutionnelle prévoit l’inscription, dans la Constitution, non seulement de l’état d’urgence mais aussi de la déchéance de la nationalité pour les binationaux auteurs de « crimes constituant une atteinte grave à la vie de la nation ».

Sortons de l’état d’urgence

L’état d’urgence conduit à des décisions arbitraires, des dérives autoritaires. Depuis novembre 2015, plus de trois mille perquisitions sont intervenues. Tout comme les assignations à résidence, elles ont donné lieu à de nombreux dérapages, à un accroissement des discriminations à l’égard de populations déjà stigmatisées en raison de leur origine et/ou leur religion supposée ou réelle. Toutes ces mesures, dont l’efficacité n’est pas démontrée, mettent à mal la séparation des pouvoirs : l’exécutif s’accapare le pouvoir législatif et relègue le pouvoir judiciaire hors de son rôle de gardien des libertés.

Lire : Perquisitions musclées, arrestations injustifiées : les abus de l’état d’urgence

Inscrire l’état d’urgence dans la Constitution, c’est graver dans le marbre ce régime d’exception qui permet l’action des forces de sécurité sans contrôle du juge.

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Parlementaire, élu aux régionales et… toujours cumulard

stop_cumulLe 13 décembre dernier, 92 parlementaires français ont été élus aux élections régionales. Parce qu’ils détiennent depuis deux mandats locaux, 42 d’entre eux sont tenus par la loi contre le cumul des mandats de renoncer à au moins une de leurs fonctions.

Pourtant, plus d’un mois après le scrutin, certains ne se sont toujours pas prononcés.

Les textes de lois, promulgués le 14 février 2014, prévoient d’interdire aux députés et sénateurs d’exercer :

  • les fonctions de maire, de maire d’arrondissement, de maire délégué et d’adjoint au maire,
  • les fonctions de président de l’Assemblée de Corse, de président et de vice-président des assemblées et conseils des collectivités d’outre-mer,
  • les fonctions de présidents et de membres des conseils exécutifs de Corse, de Martinique, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et de Saint-Pierre-et-Miquelon,
  • les fonctions de président et de vice-président des conseils régionaux, départementaux et des établissements de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre,
  • les fonctions de président, de vice-président et de membre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française,
  • les fonctions de président et de vice-président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie,
  • les fonctions de président de l’Assemblée des Français de l’étranger, de membre du bureau de l’Assemblée des Français de l’étranger et de vice-président de conseil consulaire,
  • plus largement, les fonctions de président et de vice-président de l’organe délibérant de toute autre collectivité territoriale créée par la loi .

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Aux élus et au nom de la France

carte_identite_coupeAux élus de la République, et au nom de la France, nous vous demandons de ne pas inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution.

Nous faisons nôtre cette réflexion de l’écrivain Patrick Chamoiseau : « Les nationalités révocables dessinent en France un effondrement éthique d’une ampleur sidérante. Une indécence majeure qu’aucun bénéfice politicien ne saurait justifier. De très vieilles ombres sont de retour et nous fixent sans trembler »

Nous condamnons la déchéance de nationalité car en créant deux types de citoyens, les expulsables et les autres, elle signe la rupture du pacte symbolique de l’Egalité inscrit dans la devise de la République Française « Liberté Egalité Fraternité », comme il est inscrit dans la Constitution et son article premier : «Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

La déchéance de nationalité stigmatise une fois de plus les Français binationaux comme « illégitimes » ou suspects et l’ensemble des étrangers comme l’ennemi potentiel. La déchéance de nationalité relance le débat sur l’identité nationale et autorise des atteintes graves aux libertés individuelles.

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Lois anti-terroristes : le cri des hauts magistrats

liberte_expressionIl est rare que les hauts magistrats sortent de leur sacro-saint droit de réserve et de leur légendaire prudence. Leur initiative est donc suffisamment rare pour être soulignée. Dans un texte commun rédigé jeudi 14 janvier, la conférence des premiers présidents de cour d’appel s’alarme contre les dispositions anti-terroristes que la garde des Sceaux Christiane Taubira doit porter dans les toutes prochaines semaines dans son projet de loi contre la criminalité organisée.

Délibération adoptée par la conférence des premiers présidents le 14 janvier 2016.

Dans un pays tragiquement endeuillé et attaqué dans ses fondements démocratiques les plus précieux, l’autorité judiciaire doit, plus que jamais, assumer le rôle et laplace qui lui sont reconnus par la Constitution.

Il est essentiel que le juge judiciaire retrouve l’intégralité de ses fonctions premières de garant des libertés individuelles, notamment de contrôle des mesures d’enquêtes et de privation des libertés.

Les premiers présidents rappellent que c’est dans toutes ses composantes, civiles aussi bien que pénales, que l’institution judiciaire contribue à la paix sociale et au mieux vivre ensemble, indispensables à la prévention de toutes les formes de dérives.

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